mercredi 31 décembre 2008

Comptes de Noël

Elle était assise depuis quelques minutes seulement. Une bande de trottoir soutenait ses fesses douloureuses, usées par une longue soirée. Autour d'elle erraient autant d'âmes perdues que de voitures dans la rue. Des femmes, jeunes en-dehors et pourtant si vieilles en-dedans. Elles se prénommaient Sylvie, Cheryl, Chloée ou encore Maria. Mais ici, elles avaient toutes un surnom. Crystal, Amber, Pamela ou encore Sheila.

Non loin d'eux se promenaient quelques hommes à la recherche de quelque chose qui normalement ne s'achète pas. Ils rodaient, les dévisageant sans gène de haut en bas et de bas en haut. Leur regard s'arrêtait parfois sur un décoleté plongeant ou un g-string bien apparent. Et ils regardaient et regardaient. Les filles, de leurs côtés, les regardaient aussi mais pas du même regard. Pour eux, ils n'étaient pas beaux ni laids. La plus belle qualité qu'ils pouvaient posséder était d'être riche ou au moins, de sembler l'être.

Elle se releva doucement, décidée à se faire un ou deux clients de plus pour arrondir sa fin de soirée mais fut aussitôt attirée dans la ruelle par une main ferme sur son bras. Elle n'en fut même pas surprise.

-Tu sais que Mike te cherche! lui dit une voix rauque.
-Ouais, je sais. Lâche-moi le bras, tu m'fais mal!

L'homme lui lâcha le bras en lui jetant un regard désolé.

-Tu lui dois pas mal d'argent, ma belle. Il s'rait peut-être temps de penser à le rembourser.

La jeune femme recula de quelques pieds jusqu'à sentir le béton contre son dos nu. Elle sortir une cigarette de son étui et s'alluma. La fumée qui sortit de sa bouche alla rejoindre les effluves nauséabondes des poubelles non loin d'eux.

-Tu n'as jamais rêvé de partir? lui demanda t'elle, le regard fixé sur une fenêtre d'où filtrait une douce lumière.

L'homme sourit et alluma une cigarette à son tour. Il la tenait entre le pouce et le majeur, ce qui lui donnait un air de mafiosi.

-Oui, souvent. Mais tu sais, je ne crois pas que ce soit mieux ailleurs.
-Tu as surement raison.

Elle ouvrit son sac à main et sortit quelques billets de vingt de son sac à main, qu'elle tendit à l'homme. Il les prit, les compta et les mit dans la poche arrière de son jean ajusté.

Il la regarda d'une façon qui fit baisser les yeux de la jeune fille. Son regard ne s'attardait pas à ses fesses ni à ses seins. Il fouillait son âme, la seule chose qui n'était pas à vendre.

-Arrête de me regarder comme ça! lui cria t'elle.

Mais le regard de l'homme ne la quittait pas. Il prit une longue bouffée de sa cigarette puis il hésita.

-C'est ton père qui t'a rendue ainsi?

La jeune femme ne le regardait toujours pas. Elle remonta sa jupe rendue trop longue à son goût d'un geste mille fois répété.

-Un cousin, un oncle, un ami? insista t'il.

Elle lâcha un long soupir et lui jeta un regard froid comme le Centre Bell que l'on voyait à l'horizon.

-Pourquoi tu veux savoir? Tu as eu ton cash, non? Crisse-moi patience astheure!

Le jeune homme tâta machinalement sa poche arrière sans la quitter des yeux. Sans comprendre comment il était devenu un prédateur, sans comprendre la raison de son geste, il en sortit le contenu entier, une épaisse liasse de billets de vingt dollars qui devait bien faire dans les quatre chiffres.

-Écoute, il te reste quelque chose dans le regard. Quelque chose que je n'ai pas vu depuis longtemps ici.
-De quoi tu parles? lui dit-elle, la voix intriguée.

Il la prit par la main sans répondre et l'attira en-dehors de la ruelle. Il la traîna ainsi sur plusieurs blocs. Elle se laissa faire, attirée par la liasse de dollars qu'il tenait de l'autre main. À ce prix-là, elle était prête pour n'importe qu'elle nuit.

Ils restèrent ainsi silencieux durant de longues minutes. Lui l'entraînant sur les trottoirs enneigés et elle suivant, les talons hauts glissant sur les ronds de glace. Arrivé devant la gare d'autobus, il s'arrêta net, faisant perdre l'équilibre de la jeune fille.

-C'est ici que tu veux qu'on fasse ça? fit-elle, surprise.
-Non, c'est ici que ta vie change. Tu as déjà rêvé de partir? Fais-le vite avant que ça disparaisse de ton regard.

Il lui tendit les billets et les plaça dans sa main qui n'eut aucune réaction. Il tourna les talons et commença à marcher sur le trottoir, repartant d'où ils étaient venus.

-Qu'est-ce qui ne doit pas disparaître de mon regard? lui cria-t-elle de toutes ses forces, tentant de couvrir le son des voitures et le moteur des autobus qui attendaient non loin d'elle.

L'homme se retourna sans cesser de marcher.

-Ça s'appelle l'humanité, ma belle. Prends-en bien soin avant qu'elle te quitte à tout jamais!

Une larme vint à l'oeil de la jeune fille pour la première fois depuis des années. Comme si son coeur lui demandait à son tour de ne pas l'oublier. Elle entra dans la gare et se dirigea aussitôt vers le guichet. Elle hésita longtemps devant les destinations qui s'offraient à elle.

L'homme revint dans le quartier chaud de tout à l'heure et en sortant son gun pour menacer la vieille Pamela qui n'avait pas payé sa dope depuis plusieurs semaines, il se demanda à quel moment de sa vie ça l'avait quitté.

samedi 27 décembre 2008

Clin d'oeil du week-end (vol.11)

Ma Loutre a reçu un jeu de "Mont à Mots" pour Noël. Il s'agit d'un jeu où un sympathique doit escalader une montagne jusqu'au sommet en trouvant des mots qui riment avec un son ou encore par association.

-O.K., des mots qui ont un rapport avec le corps humain, dit Blondinette.
-Euh... les os!
-Excellent!
-Les aisselles!

Les aisselles?!?

-C'est beau, Léa, répond Blondinette, un petit rictus en coin mais ne semblant pas surprise. Il t'en manque seulement un!

Les aisselles?!?

-Les pectoraux!

Quoi?!?

-Bravo! Tu as réussi!

Il y a vraiment des choses bizarres qui se passent dans cette famille-là à mon insu.

lundi 22 décembre 2008

Noël en juillet

La musique de Noël dans les oreilles depuis bientôt un mois et demi, les chansons préférées de mes filles résonnant en boucle dans la cuisine, je suis prêt. J'ai même hâte. Hâte que ce soit passé? Non, hâte de voir leurs yeux lorsqu'ils ouvriront leurs cadeaux apportés par le Père Noël. Ils sont loin de se douter que le Père Noël possède une carde de crédit Visa, mais bon. On ne peut pas tout leur expliquer.

RA-TA-TA-TAM-TAM

Dans mon enfance, j'avais la même réaction que j'ai maintenant face à un cadeau. Tous ces gens qui me regardent et qui surveillent ma réaction et moi qui n'est pas fort en réactions. Est-ce assez? Est-ce trop? Comment trouver la juste équilibre pour satisfaire tout le monde? Ça ne vous tente pas d'ouvrir un cadeau en même temps que moi?

RA-TA-TA-TAM-TAM

Et puis vient LE cadeau. Six coups de tambours répétés à l'infini, aussi longtemps que l'infini voudra de lui ou d'elle. Des notes rapides, faibles mais pourtant tellement fortes. Mon coeur fait trois tours. En plus, un cadeau offert dans une pièce blanche, sans artifices, avec personne pour me regarder autre que Blondinette et ses beaux grands yeux bleus où vivent l'espoir et l'amour. Tout l'espoir et tout l'amour dont j'ai besoin.

RA-TA-TA-TAM-TAM

Et puis, en plein juillet prochain, alors que la neige aura depuis longtemps fondu, ce cadeau arrivera. Ça ne fait rien que ce soit le troisième que je reçoive dans la même veine car même s'ils se ressemblent, ils sont tous différents, à leur façon. Un troisième petit animal pour venir ébranler la maisonnée, redéfinir notre réalité devenue confortable, pour notre plus grand bien à tous. Il est chanceux, ce cadeau. Il est attendu par ses deux grandes soeurs qui ne cessent de demander le nombre de dodos qui restent avant notre réveillon. Beaucoup, mes amours, beaucoup. Mais en même temps, si peu.

RA-TA-TA-TAM-TAM

Qui a cru que les cadeaux faits à la main étaient quétaines? Je ne trouve pas. Ils ne sont pas parfaits, loin de là. Il n'y en a pas deux pareils. Mais leur signification est tellement grande. C'est comme si Blondinette me disait:
-J'ai le goût de revivre cela avec toi. Je te fais confiance, tu seras un bon père, encore meilleur que les deux premières fois. Et nous nous chicanerons, et nous seront fatigués. Mais à la fin, ça aura valu le coups.

RA-TA-TA-TAM-TAM

Alors, il ne faut pas m'en vouloir si cette fois, je n'ai pas une grande réaction lorsque j'ouvrirai vos cadeaux. Ce n'est pas qu'ils ne soient pas beaux mais celui que j'attends ne s'achète tout simplement pas. Il se donne, tout simplement. Et il plus magnifique que tout ce qui se retrouvera dans vos belles boîtes bien décorées.
Et je t'aime, Blondinette, plus que jamais. Merci pour ce beau cadeau, même s'il est un peu en retard... J'en prendrai bien soin, c'est promis.

lundi 15 décembre 2008

Le p'tit coeur de travers

Il avait l'air d'un vrai vaurien
Avec son p'tit coeur de travers
Qu'il avait eu pour trois fois rien

Y'avait callé tous les docteurs
Qui l'regardaient tous de travers
Quand il racontait ses malheurs


Combien de filles y'avait aimé
Faisant oublier ses travers
Sous une grosse couche de doux baisers

C'est quand il a enfin vieilli
Qu'la vie l'a regardé d'travers
Qu'il s'est avoué toutes ses menteries

Élevé dans l'goudron et la suie
Par deux parents bordés de travers
Il a poussé en pissenlit


Ne connaissant de sa valeur
Qu'un gros sac rempli de travers
Il a fait de lui un taudis

Si vous l'voyez marcher dans' rue
Et qu'il vous r'garde un peu d'travers
Prenez pas d'chance, dites-lui salut

Car avec un peu d'chance, si peu
Avec son p'tit coeur de travers
Peut-être le rendrez-vous heureux

dimanche 14 décembre 2008

Rénovations 101


Vous savez ce que je déteste le plus de mon métier? Ne pas pouvoir fermer la porte de mon bureau et afficher une pancarte où il serait écrit: "Attention, chien méchant!"
Mauvaise fin de semaine chez moi, en moi. Habituellement, mon esprit habite un condo un petit peu défraîchi, mal décoré mais bon, au moins, je connais les fissures des murs. Ce week-end, ça a craqué pas mal fort. Et je ne l'ai pas trouvé beau, ce petit trois et demi. Vraiment pas. Mais bon, tout se passait en moi, alors j'ai su négocier avec.
Demain, ils seront là, à attendre une performance de ma part et je serai bon, je le sais déjà. Me donner en spectacle, c'est dans mon sang. J'aime les surprendre, les faire rire, les faire réagir. Leur donner la chance de m'écouter en leur présentant une bonne émission. Faire passer les connaissances comme un jeu, avec de courtes pauses publicitaires pour détendre l'atmosphère. Je les aurai, je le sais.
Mais en moi, c'est tout croche. Je me suis fait plaisir et lors d'une ballade en solitaire, j'ai écouté Dédé. Et je l'ai compris. Rien d'alarmant, loin de là. C'est juste que lorsque l'image que nous retourne le miroir ou une photographie n'est pas celle que nous espérions, c'est qu'il y a un bug. Et je ne me sens pas la force de creuser en ce moment. Je me contente de ressentir, ce qui relève déjà de l'exploit dans mon petit appart mal éclairé.
Bon, allez, c'est Noël qui s'en vient. Je vais remettre mon masque face aux enfants qui m'entourent et aux collègues qui s'attendront à rire en ma présence. Mais ici, bof, pas trop le goût.
Avec la job de rénovation qui l'attend, je devrais peut-être payer ma psy en-dessous de la table...

samedi 13 décembre 2008

Il y a un an...

...tout commençait ici. Une partie de ma vie se terminait du même coup, sans regrets.

Et là, en un samedi suivant une soirée trop bien arrosée, comme l'envie de me réinventer encore un peu, une autre fois. M'en tenir à l'essentiel. Point.

Si vous saviez tous les projets que j'avais pour ce billet historique de ma courte histoire. Ça sera pour une autre fois. On a beau créer dans la souffrance, il existe aussi des moments où on doit s'approcher de nos égratignures jusqu'à les sentir. Sans médium pour prêter à l'interprétation.

Un dernier mot, que je ne vous ai pas dit depuis longtemps mais qui résonne toujours sur ce blogue: merci. Et l'essentiel, ce soir, en ce moment, c'est tout ça.

mercredi 10 décembre 2008

Pourquoi il ne faut pas abuser lors du party de bureau

Voici quelques explications que vous ne voudriez pas avoir à donner le lendemain du party de bureau...

  • "Non, non, je n'avais pas trop bu. Seulement une intolérance alimentaire!"
  • "Ah, non, je ne parlais pas de ça. C'est mon gros pianiste que j'appelle Mike. Je suis chanteur dans mes temps libres!"
  • "PMT? Non, ce n'est pas mon ami! Non, je ne l'allaite pas!"
  • "Ah... J'étais sûr que c'était une fille. Voilà qui explique la joue rugueuse."
  • "J'étais pourtant certain que la chemise à moitié rentrée dans les pantalons était tendance!"
  • "J'encule mon boss, dans le fond, ça peut être pris de plusieurs façons."
  • "J'voulais juste goûter au vin que tu avais apporté, je n'ai rien volé."
  • "Voir si ma mère me ferait encore mes lunchs, franchement!"
  • "Mon nouveau dentifrice donne vraiment une mauvaise haleine."
  • "J't'aime, j't'aime, il existe plusieurs sortes d'amour."
  • "J't'haïs, ça veut pas dire que je ne t'apprécie pas comme collègue."
  • "Pourquoi j'ai hâte que tu prennes ta retraite? Peut-être pour être débarassé de moi, qu'en penses-tu?"
  • "Mon frère jumeau a vraiment une libido très forte. Je lui avais pourtant dit de rester à la maison."
  • "Je suis fait comme ça, moi Dès que je mange des asperges, je me mets à chanter. Une vieille tradition familiale..."

Sentez-vous libres d'en ajouter!

lundi 8 décembre 2008

Huguette qui s'effeuillette

La grosse Huguette, sur sa gal'rie
Regarde le bar l'autre bord d'la rue
Se demandant si Valérie
S'rait pas partie y danser tou'nue

V'là ben des semaines, voire ben des mois
Qu'elle n'a pas eu vent d'sa cousine
Une rumeur court au IGA
Qu'a manque de fric pour ses binnes

La Huguette rentre dans sa maison
Bien décidée d'y voir plus clair
Enlève sa brassière de coton
Pour mettre son p'tit baby-doll noir

Ça doit ben faire que'q mois certain
Qu'a pas mis l'gros orteil dehors
Elle arrête son CD d'Louvain
Ses talons hauts, c't'à soir qu'a sort

Elle déboule jusqu'au coin d'la rue
L'monde qu'y'a croise en r'vienne juste pas
D'la voir marcher en p'tite tenue
Comme un iceberg en Alaska

Le doorman n'a pas l'temps d'péter
Qu'in déjà rentrée dans la place
Criant: "Manon, j'm'en viens t'chercher!"
Entourée d'hommes, seule de sa race

"C'est sur le stage que ça s'passe!"
Crie un saoulon au memb' dressé
Huguette regard' partout dans place
Quarante-huit mâles éberlués

"Mes p'tits cochons, vous allez voir
Le plus gros show de votre vie
Trustez-moi, c'est icitte à soir
Que s'arrêteront toutes vos envies"

Sur ces paroles, la v'là s'a scène
La musique stoppe, tout l'monde s'arrête
Dans une série de gestes obscènes
La v'là tout'nue, la grosse Huguette

A swing après le long poteau
Faisant trembler l'miroir derrière
Les hommes en r'crachent tout leur sirop
Le boss arrive: "Ah ben, ciboire!"

Huguette s'ramasse sur le trottoir
Aussi vite qu'ça prend pour dire cul
Les cochons tout' en ostensoir
Jure qu'y reviendront jamais plus

Manon sort en courant d'l'arène
S'arrête même pas pour prendre son dû
A retrouve sa cousine germaine
Pis à son bras traverse la rue

Le p'tit bar de danseuses tout'nues
A fermé quelques temps après
Huguette pis Manon, toutes émues
Ont vu ouvrir un cabaret

C'est dans la toute première rangée
Qu'a pu applaudir son Louvain
En l'imaginant étouffé
Le nez pogné entre ses deux seins

Et c'est ainsi que se termine
L'histoire d'Huguette qui s'effeuillette
Un p'tit péché écrit en rime
Pour vous faire rire par ce temps frette

dimanche 7 décembre 2008

Ces empêcheurs de tourner en rond

Mes deux filles pratiquent la gymnastique. Bon, ils tournent en rond, essaient de tenir en équilibre sur une poutre, font des étirements d'aine (ouach, quelle expression!) et tout le tralala. De plus, il est écrit sur leur feuille d'inscription qu'ils font de la gymnastique, alors oui, ils pratiquent la gymnastique.

J'adore aller les voir. En plus, on leur a déniché un cours en même temps, le rêve pour tout parent. Et comme je les aime autant que je suis maso, pas question de profiter de cette petite heure pour écrire bien au chaud à la maison, meuh non. J'aime les voir aller, c'est tout. Jusqu'à hier.

J'étais assis à côté des maires de Moronville, je vous jure. Un couple, âgés dans la fin-trentaine ou début-quarantaine, allez savoir. Elle avec un gros derrière qui soupirait sous son poids et lui avec une coupe de cheveux qui rappelait les belles années de Gilles Girard.

Ils sont assis là et leur gueule se fait aller comme une série de pets un 26 décembre. Rien puis PROUT. Un autre cinq minutes de silence puis REPROUT. Et ça pue autant, je vous le jure. Voici quelques extraits de leur conversation chuchotée trop fort pour que ça puisse être considéré une série de secrets:

-R'garde la nouvelle prof! On l'a jamais vu! On dirait une girafe!
-R'garde le p'tit avec sa main dans la bouche, ostie. Pis sa mère qui est là à côté et qui s'en criss.
-Bon, y vont encore faire des niaiseries! R'garde les assis en rond! On dirait qu'y savent pas quoi faire!
-(insérer le nom de leur enfant) était la meilleure. C'est juste qu'elle n'a pas levé ses bras et ils la gossent là-dessus. Franchement!

Et j'attendais en tendant mon oreille. Qu'ils parlent de mes filles juste une fois, juste une. Un tsunami leur paraîtra comme une vague où aller surfer après ma colère, je vous le jure. Mais voilà, mes filles ont gâché mon plaisir. Ils me faisaient des "allo" des mains, m'obligeant à me dévoiler. Et eux, ils ont vu cela. Et eux, ils ont jugé bon de ne pas écoeurer le costaud assis à leur gauche pas rasé et les yeux cernés.

Tout le long du cours, je me suis demandé ce que j'aurais pu leur dire. J'ai fantasmé être le défenseur de tous les gymnastes et de tous les entraîneurs du club. Une sorte de super-héro sans les collants. Qui leur aurait fait la barbe de sa barbe. Mais rien. Niet.

Comme j'aimerais avoir la gueule de la Peste parfois... Mais surement qu'ils n'auraient pas fait le lien entre mes paroles et leurs agissements. Trop centrés sur leur petit nombril ou leur petit pénis.

Okay, c'est le temps des Fêtes qui s'en vient. Mais je vous jure, parole d'En Saignant, que samedi prochain, ce sera leur fête s'ils recommencent.

Note: Je viens de me relire et ce n'est pas mon meilleur billet ni le plus intéressant mais c'est ça qui sort ce matin...

Signé: En Saignant masqué

lundi 1 décembre 2008

Journée mondiale de lutte contre le SIDA




SI DAniel ne s'était pas piqué
SI DAvid n'était pas aux hommes
SI DAny s'était protégé
SI DAniella n'avait pas donné de sang
SI DAphnée ne se prostituait pas
Toutes les raisons sont bonnes
Mais...
SI D'Avantages, on en parlait
On pourrait rêver de ne plus mourir des mains du SIDA
Et peut-être que le SIDA mourrait de nos mains

mardi 25 novembre 2008

Comment j'ai réduit la poitrine de Paris Hilton en chassant un chat

On fait tous et toutes des gaffes dans la vie, non? Que ce soit échapper un pot de mayonnaise, se cogner le genou contre la base du lit ou encore devenir ami avec PMT, chacun a son moment de peu de gloire.

Mais réjouissez-vous car je crois que ce matin, j'ai peut-être fait la gaffe parmi les gaffes. Un peu comme la maman gaffe, si vous aimez mieux. Je m'explique.

Je sors de chez moi et le chat de la voisine est encore couché dans notre plate-bande. Oui, oui, je sais, ce nom me fait aussi penser à une mauvaise baise. Donc, le chat est couché dans la plate-bande et j'en ai assez. Ça fait trois ans qu'il a adopté ce refuge comme sa maison de jour et on a beau tout faire, on ne réussit pas à s'en débarasser. Mais ce matin, il était un peu tanné le monsieur.

Je m'élance vers lui, perdant presque l'équilibre sur la neige-bouette qui tombait en criant comme un forcené. Oui, oui, je sais, ce nom me fait aussi penser à une naissance provoquée. Donc, je cris comme un malade et le chat m'apercevant part à courir vers la rue.

Le voisin promenait son chien juste à ce moment-là et lorsqu'il aperçoit un morceau de viande courant à toute allure qui n'est pas un jambon pressé, il part à ses trousses à son tour. Mais voilà, une voiture s'en venait et mon voisin aime beaucoup son chien. Des rumeurs dans le quartier courent à son sujet mais comme je ne suis pas très rapide, je n'ai jamais réussi à les rattraper.

Donc, mon voisin s'élance après le chien qui lui, court après le chat. Je résiste à l'envie de partir à mon tour à courir après le voisin. Mais je pense tout de même que lui qui est facteur de métier, ça doit lui sembler tout bizarre de courir après un chien.

L'automobile qui arrive tout rapidement dans notre rue toute lente freine du mieux qu'elle le peut mais sous l'effet de la "slush paspire", elle dévie de sa trajectoire et enfonce l'automobile du voisin d'en face. Tout ça en quelques secondes.

La femme du propriétaire sort sur son balcon aussitôt, comme si elle attendait qu'il se passe quelque chose ou que je me penche pour déposer ma boîte à lunch sur la banquette du passager. Il faut expliquer que j'ai toujours un cul formidable lorsque j'accomplis ce geste. Donc, elle sort et glisse sur le trottoir devant sa maison. La situation aurait pu être comique si elle ne s'était pas cognée la tête sur le ciment.

Son mari sort de la maison en courant et s'agenouille devant elle, les deux genoux dans la bouette blanche. Il sort son cellulaire et signale le 911. Moi, je n'ose pas partir travailler. Après tout, c'est mon cri primal qui a causé cet émoi.

L'ambulance arrive et son mari, qui est pilote d'avion, insiste pour monter avec sa femme, le brave. Or, il était supposé partir vers l'aéroport quelques minutes plus tard pour conduire le vol Montréal-San Francisco en fin d'avant-midi. Il ne sera pas du voyage.

Heureusement, son remplaçant est sur place. Mais voilà, c'était son anniversaire la veille et il a un peu bu. Qui n'a pas fait ça? Or, en plus d'être épuisé et d'avoir un mal de bloc terrible, il s'agit de son premier vol depuis ses longues vacances qu'il avait eu la brillante idée de prendre en novembre.

Monsieur s'élance donc de la piste de décollage armé de son manche dans le cockpit. Derrière lui, plus de cinq cents passagers retiennent leur souffle, prêt à admirer Montréal et surtout, espérant avoir une courte vision de l'échangeur Turcot, espérant comprendre du même coup comment ils vont le rénover sans foutre le bordel sur l'Île.

Le voyage se déroule quand même bien, à part pour les hôtesses de l'air chargées de faire la liaison avec le cockpit, vue l'odeur de fond de tonne qui se dégage de notre odorant pilote.

À quelques dizaines de kilomètres de la Californie, notre Bozo s'endort au volant. Et il dort, et il dort jusqu'à plus fatigue (dérivée de l'expression "jusqu'à plus soif", qui peut donner de drôles de résultats comme: baiser jusqu'à plus excitation ou encore écrire jusqu'à plus idées...)

L'avion perd rapidement de l'altitude et se dirige tout droit vers le bureau de Mister Bigboobs, éminent chirurgien plastique. Or, Mr Bigboobs est en pleine lecture de dossier lorsqu'il apperçoit le boeing 747 se diriger droit vers la fenêtre de son bureau. Lui qui est un habitué des ballons et des montgolfières, il est un peu perdu, le pauvre. Et le dossier qu'il a dans les mains tombe par terre d'effroi.

De retour dans l'avion, notre pilote se réveille doucement, s'étire le manche et reprend son manche. Il regarde par la fenêtre et sa vision remarque quelque chose de bizarre. Une édifice s'approchant à vive allure avec un monsieur à moustache lui faisant de grands signes. Il tire sur son manche et hop, l'avion reprend de l'altitude. Les passagers seront tous sains et saufs, au cas où vous seriez trop embarqués dans ce marathon de lecture.

Notre chirurgien sort du bureau, haletant, et court se chercher un café. Pendant ce temps, Miss Luvyou, la secrétaire éprise de lui depuis des Lunes, se dirige vers son bureau et replace les dossiers sans prendre soin de s'assurer que les "plannings" de chirurgie se retrouvent dans les bons dossiers.

Donc, un de ces dossiers appartient à l'Héritière. Elle avait pour but de subir une augmentation mammaire pour mieux paraître dans son prochain Home Video, qu'elle tournera pour son copain et elle uniquement, comme il se doit. Mais juste au cas où il devrait de nouveau se retrouver sur le web par mégarde, elle désirerait un peu plus "d'accent" dans la grammaire de son haut de corps.

Donc, Miss Hilton arrive quelques jours plus tard et en sortant de la table d'opération, elle est un peu surprise d'apercevoir, au lieu des deux melons qu'elle avait choisi avec soin, deux petites figues qui la regardent avec frayeur.

Heureusement, en arrivant à la maison, elle prend son chat sur sa nouvelle tablette et le flatte avec amour.

Je suis donc quitte avec la race féline...

mercredi 19 novembre 2008

Suggestions de lecture

Je suis plutôt absent ces jours-ci. De corps et d'esprit. Trop occuper pour expirer et inspirer pour me laisser inspirer par autre chose que mon groupe passif, ma zoo à la maison et mon petit projet personnel qui est, ma foi, de moins en moins petit.

Mais je vous lis, dès que j'en ai une chance. Pas le courage de m'attaquer à un "100 questions, aucune réponse" mais je vous lis, toujours.

J'aimerais d'ailleurs profiter de l'occasion pour faire le tour avec vous de ce que plusieurs se plaisent à identifier comme leur "blogroll". Il s'agit de blogues qui sont sur mon flux et que je lis régulièrement, rattrapant parfois jusqu'à une dizaine de messages de retard dans une soirée, selon mon niveau de paresse.

Enidan: La très productive blogueuse nous jase de tout et de rien, avec ce petit quelque chose dans sa façon d'écrire qui me fait y revenir souvent. J'y fais souvent des découvertes. Certaines que j'aime (Le Vide et tout le trip Sénécal qui a suivi) et d'autres moins (Bashung et son Bleu Pétrole). Mais n'est-ce pas là toute la beauté de la chose? Se faire offrir et décider si c'est pour nous. Et elle est si généreuse qu'on a vraiment le choix.

Zed: Une vieille connaissance de ma jeune vie de blogueur. Je la considère comme notre conscience sociale à tous. Elle est la femme de toutes les causes, offrant son esprit ouvert et sans jugement à qui veut bien l'accepter. Et il recevra en retour une oreille attentive. Et beaucoup d'amour aussi. Un être d'exception qui fait de son blogue un endroit exceptionnel où aller réfléchir et surtout réagir, comme elle aime bien qu'on le fasse.

Amour, vertiges et chlorophylle: Alors là, je suis vraiment plus petit qu'un petit doigt lorsque je visite ce blogue. Parce que c'est un univers que je ne connais pas. Parce que ça parle de Martini et de Dry Gin et que je n'en bois pas. Parce que je n'en suis pas. Pourquoi y aller, alors? Parce que c'est écrit avec une honnêteté déroutante dans une langue fort bien tournée. Il ne sait pas que j'existe je crois bien. C'est mon côté voyeur qui ressort. Et je ne connais pas de plus belle place pour le faire.

Hortensia: Une des premières à laisser un commentaire ici. En vérité, elle avait échappé des miettes de pain que les oiseaux n'ont pas mangées. Et je les ai suivies jusque chez elle. Et quelle découverte ce fut. Rarement le quotidien du monde de l'éducation aura été mieux décrit. Avec ses petites incursions dans le monde de la politique, elle nous offre ses opinions qui divergent parfois des nôtres, mais qui restent toujours aussi intéressantes à écrire.

Missmath: Ici, ça parle pédagogie pas à peu près. Mais pourtant, elle réussit à rendre ce sujet aride des plus intéressants. C'est un des seuls blogs où je vais pour apprendre des trucs. Non pas que je sache tout mais pour apprendre, ça m'a toujours pris un prof qui m'intéressait et elle le fait de belle façon. Beaucoup de talent.

CArthasis: Une amie d'enfance. Je l'ai découvert dernièrement après qu'elle soit venue faire un tour chez nous. Je vais sur son blogue parce que je retrouve les mêmes caractéristiques que je voyais chez elle à l'époque: exigeante avec elle-même, perfectionniste, possédant le verbe facile, un humour toujours présent entre deux voyelles. Un peu comme des retrouvailles hebdomadaires.

The B: Un autre ami d'enfance. Sur ce blog, c'est le coeur qui parle, son coeur. Ses écrits sont tellement honnêtes que c'en est parfois renversant. Dans l'épreuve qu'il nous raconte quotidiennement, il ne cherche pas à être un héro. Il nous fait part de ses bons coups, de ses faiblesses, de son quotidien. Comme quelqu'un qui a toujours quelque chose à dire mais qui est toujours intéressant. Allez-y et vous verrez, vous resterez accrochés. Mon coup de coeur des derniers mois.

Gooba: Une autre vieille connaissance. Elle n'écrit plus aussi souvent qu'avant, sur son blogue et sur ceux des autres. Je la soupçonne quand même de venir faire de petites escapades ici de temps en temps. Avez-vous déjà tombé en amour avec un appart que vous aviez visité? C'est ce qui m'est arrivé chez elle. Ses mots, son absence totale de peur du ridicule, ses petits clins d'oeil... OK, je l'avoue, je m'ennuie un peu!

Intellexuelle: Le talent, tout simplement. Combien de fois ai-je eu le goût d'acheter sa camisole et de la porter fièrement? OK, j'exagère peut-être un peu. Son écriture, ses mots toujours magnifiquement choisis, sa belle sensibilité. Mais bon, je ne vous apprend rien, je le sais bien. Elle a mis la pédale douce dernièrement mais j'aime bien aller y faire une saucette de temps en temps, histoire de voir où elle est rendue.

Daniel Rondeau: Qu'il me fait souvent sourire celui-là. Je pense bien l'avoir aperçu cet été dans un camping en Estrie mais je n'ai pas osé. Il manie le verbe et la virgule de manière fort habile. Je me retrouve un peu dans sa manière d'écrire. Ouais, je sais, c'est prétentieux mais bon. Parfois, je suis impressionné sur l'impact de ses courts billets de quelques lignes qui sont plus efficaces que mes longs écrits. Un bijou.

M. Gronde Lacolère: Le seul blogue écrit avec un clavier espagnol je crois bien, mais en français. J'ai eu la chance de le connaître avant qu'il se mette à écrire. Et je retrouve dans son écriture la même personnalité attachante qui m'a fait l'aimer. Une conscience sociale accompagnée d'un humour incisif. Ici, rarement de mots inutiles. J'adore. Courez lire son périple mexicain et je vous défie de ne pas avoir un sourire accroché aux lèvres.

Marie-Andrée: Ici, on jasait autrefois de rénovation de maison mais maintenant, on assiste, plus rarement qu'avant, à une véritable rénovation intérieure. Un rappel que tout dans la vie peut changer. Son auto-dérision n'a pas son égal sur le net, j'en suis certain. Combien de sourires m'a-t-elle accrochés parce que j'imaginais la scène et le ridicule qu'elle devait ressentir. Une autre qui a ralenti le rythme mais bon, la qualité reste toujours la même.

La Souimi: Ah, elle... Vous vous cherchez une amie? Une source d'inspiration? Ou simplement quelqu'un à qui donner et de qui recevoir, beaucoup? Elle est pour vous. Ses nombreux coups de coeur et ses rares coups de gueule sont toujours un délice pour les yeux. Et la fameuse armoire de son Pops. Mais bon, j'arrête d'en parler de cette foutue armoire, mais je ne peux m'empêcher d'y penser. Quelle belle image.

Miss Klektik: Si certains blogues sont comme des romans pour moi, le sien, je le lis comme un recueil de nouvelles. C'est souvent court mais la qualité compense largement pour la quantité. Une des plus belles plumes du web à mon avis, toutes catégories confondues. Elle sera publiée un jour, j'en suis certain. Et je serai le premier à en vouloir un exemplaire, signé! On arrête chez elle comme on boit un espresso et on y fait le plein de compassion. Magnifique. Et les photos sont pas mal non plus...

Prof Masqué: Lui, c'est mon cerveau qui vient s'abreuver chez lui. Que de choses intéressantes il nous apprend sur le monde de l'éducation et la politique en général. Un blogue qui est resté vrai sur ses origines. Parfois, il nous surprend à nous montrer une belle sensibilité qui nous touche énormément, moi et Blondinette. J'admire beaucoup son esprit de synthèse que je ne possède pas.

Circé: Ici, pas de liens parce que plus de blogue. Je suis pourtant incapable de l'enlever de mes flux. Elle existe quelque part sur la blogosphère, je le sais mais j'ai perdu ses coordonnées. Alors, faisant une Claire Lamarche de moi-même, je l'invite à m'écrire le plus rapidement possible car j'ai plusieurs mois de lecture à reprendre chez elle. Mais ça ne me fait pas peur, ses mots sauront me charmer, comme à chaque coup. Un grand et un beau coeur...

La Peste: Attitude, man! C'est le blogue où la personnalité de l'auteur ressort le plus. Et maudit que je l'aime. Blondinette adore lire ses écrits et moi donc. Biker, fille d'opinion, de controverse, on ne s'ennuie jamais chez elle. Et le tout écrit de façon unique, avec des expressions bien à elle, qu'on croirait l'entendre dire tout haut. Elle me fait toujours sourire.

PMT: Mon petit cinq minutes de bénévolat. Mais non, je l'aime bien, notre blogueur malgré tout. Il a une façon de nous raconter notre quotidien qui est unique. Et en plus, ses histoires sont vraies, je peux en témoigner. Il fait tout pour m'attirer dans un Yullblog quand je sais que dans le fond, tout ce qu'il veut, c'est un lift de retour. Avis: si vous n'aimez pas la controverse, ce blog n'est pas pour vous.

Yano: Un autre qui a une façon bien unique d'écrire, à ma grande joie. Combien de fois il nous a fait rire avec ses histoires et ses clins d'oeil à sa chouchoune chérie. C'est le genre de blogueur que nous voudrions tous avoir comme ami, ce qui en ferait deux dans mon cas... Une écriture contagieuse qui vous donnera la plus belle des maladies: le rire. À lire souvent et avec aucune modération.

Alors, bonne lecture...

vendredi 14 novembre 2008

Perdu dans la campagne

Je suis un gars de la ville. Je m'oriente bien avec des noms de rues posés sur des panneaux qu'on aperçoit aux cinquante pieds. Mais voilà que je me retrouve en campagne, une fois de plus. Et je suis tout perdu.

Je vois la rue du Salaire Minimum et je vire à gauche.
J'aperçois les propriétaires de PME qui me regardent avec leurs grands yeux.
Je vire de bord.

Je prends alors la route de droite mais au loin, il y a MCMario qui me regarde avec son visage de cadavre.
Je vire de bord.

Je prends à gauche et j'aperçois Françoise et son non-charisme et ses idées idéalistes de parti qui ne sera pas au pouvoir.
Je vire de bord.

Je prend donc le rang Central et au bout, Ti-Jean et Pauline me font signe de la main. Je cherche en vain le Fleur-de-Lysée mais il n'est pas à l'agenda.
Je vire de bord.

Il me reste un mois pour me faire une idée. Pris dans un comté rouge au provincial et au fédéral, mon opinion ne fera pas une grande différence au niveau NATIONAL.

Mais si voter, c'est se définir un peu plus, je dois me rendre à l'évidence.

Je suis un tas de glaise.

mardi 4 novembre 2008

La vraie raison pour laquelle Obama doit gagner

Vous devriez la voir. Un visage d'ange que je vous dis. J'ai eu sa soeur il y a deux ans. Au moment où je lui remettais une bourse de cinq fois cinq cent dollars pour payer ses livres au secondaire, la grand-mère s'était levée debout dans la foule et s'était mise à lancer des cris traditionnels africains en tournant sur elle-même. On avait tous eu le frisson.

Maintenant, c'est à son tour de bénéficier de mes qualités pédagogiques (!?!) durant toute l'année scolaire. Une princesse africaine, je ne vous mens pas. Toute la classe et la retenue des grands de ce monde, tout cela appris dans un petit quatre et demi minable du quartier où j'habite. Une famille qui vit de tout petits moyens mais qui garde la tête haute, histoire de voir ce qui vient au loin pour leurs enfants.

Quand j'ai demandé à mes sombres amis, ils sont au nombre de six ou sept cette année dans ma classe, s'ils étaient excités par les élections américaines de ce soir, plusieurs ont répondu.

-J'ai écouté la toune d'Obama sur Youtube hier soir avec mes parents! me disait mon géant.
-Ma mère m'a dit qu'elle pleurerait si jamais il gagnait, a avoué mon macho.

Et puis, ma princesse a levé timidement sa main et a dit, le sourire fendu jusqu'aux oreilles:

-Ma grand-mère a dit qu'elle payait le PFK si jamais Obama devenait président.

Je n'ai pas grand chose à cirer du gagnant de ce soir. Pour le "change" et le "hope", j'aime autant mieux attendre de voir avant d'y croire. Dans le système corrompu des USA, même des jeunes premiers peuvent se transformer en vieux routiers du jour au lendemain.

Mais bon, juste pour le sourire qu'avait ma princesse aujourd'hui lorsqu'elle pensait au luxe que représenterait un repas de PFK demain soir, je veux bien chantonner avec elle:

"We can change..."

Et d'y croire, l'instant d'une soirée.

dimanche 2 novembre 2008

Clin d'oeil du week-end (vol.10)

Partout, dans les médias hier, on disait des paroles qui ressemblaient à cela:

"On recule l'heure cette nuit. Une heure de plus pour dormir!"

Il aurait peut-être fallu que Dora ou Diego l'explique à mes filles...

mardi 28 octobre 2008

Ma relation extra-bloguale


Je ne l'avais jamais compris avant mais je réalise maintenant que les billets que j'écris ici sont des sprints de cent mètres. J'y vais pour la plupart du temps d'un jet, retournant en arrière pour changer un mot ici ou là mais sans plus. Je m'amuse, je joue avec les styles et je laisse ma folie s'évacuer, naturellement.
C'est très rafraîchissant comme style d'écriture et je ne comprends pas comment j'ai pu me passer de cela si longtemps. Finis, les doutes d'en terminer avec ce blogue. Il est essentiel à ma vie maintenant, peu importe la fréquence des mots.
Je ne l'avais pas compris avant mais je réalise maintenant que l'écriture d'un roman tient plus du marathon que du sprint. Vous savez, les quarante-deux kilomètres courus sous une température avoisinant les 40 degrés humidex? Ce genre de marathon.
Lorsque je suis absent ici, ne me cherchez pas. Je suis là-bas. Dans le petit appartement qui habrite trois personnages nés de mon imagination. Trois jeunes dans la mi-trentaine, tentant d'attirer le bonheur à eux chacun à leur façon.
J'ai maintenant 86 pages à mon compteur et la première des trois parties est maintenant terminée. Terminée? Nan. Seulement le premier jet. J'ai commencé ma révision hier soir. Deux heures de travail. Résultat? 3 pages.
Peser chaque mot, chaque virgule. Voir si les descriptions sont assez... descriptives. Se relire avec un oeil objectif et éliminer les tics d'écriture au passage. Laisser entrer un peu de poésie, beaucoup de magie et éliminer le superflu.
Si tout va bien, une première partie achevée à offrir à mes quelques lecteurs triés sur le volet dans le coin de Noël.
Vais-je être publié? Je ne crois pas. Les chances sont minces. Si mon livre accroche un éditeur, ce sera un coup de coeur. Un peu comme ici lorsque vous revenez poser vos pieds sur le pas de ma porte. S'il n'accroche personne, pas grave.
Peut-être que la destination ne sera pas celle que j'avais espéré mais le chemin pour m'y rendre aura été satisfaisant tout de même.
Et vous, avez-vous déjà essayé d'écrire une nouvelle ou un roman? Comment cela s'est-il passé?

dimanche 26 octobre 2008

Le sermon du dimanche



Mes très chers frères,
ne laissons pas entrer la grisaille qui est tout autour de nous dans nos coeurs ce matin. Vous, tous membres de l'Église Bloguale, combattez les tentations et les pensées non chrétiennes.
Il y a, je le crains, des pécheurs parmi nous. Des gens qui, sans le vouloir, contreviennent à la loi de Dieu, se laissant emporter par leur propre voix intérieure qui, avouons-le, ne les guide que vers le malin et ses péchés.
Il y en a certains qui se laissent emporter par dans des discussions vides, emportés par l'orgueil. Certes, il est vrai que le propos ne se trouve pas dans le billet comme tel, mais par quelle hypocrisie réussissent-ils à laisser supposer cette paranoïa à croire que l'homme n'est pas que bonté.
D'autres ont laissé la pratique de leur religion de côté, les égoïstes. Ils vous diront peut-être qu'ils ont de bonnes raisons mais nous savons tous que notre repos éternel dépend de la fréquence de nos offrandes. Autrefois de grands adeptes de notre Église, les voilà perdus dans le plaisir solitaire.
Il y a aussi Frère Masqué qui refuse de plier l'échine et de montrer un peu de respect envers son employeur. Plus qu'une critique, il mord continuellement la main qui le nourrit, comme un fidèle non reconnaissant.
Et puis il y a elle, dont le nom de blogue est annonciateur d'une nouvelle ère, remplie de chaos. La voilà maintenant qui crache son venin, armée de sa plume, telle un glaive, sur un de nos maîtres à penser. Le seul qui nous laisse un peu de place parmi les décideurs, à la façon de St-George. Combattons Zed, combattons le mal.
Finalement, il y a celle qui a deux majuscules dans son nom et donc, qui fait preuve de vanité. Elle pour qui l'exercice physique est plus importante que l'exercice de sa spiritualité. Joignez vos prières aux miennes afin que toujours elle se souvienne que le culte du corps est possible seulement dans un cas: LE CORPS DU CHRIST!
Pour bien se punir cette semaine, parce que c'est ainsi que l'âme pourra trouver son chemin vers la Lumière, allez donc lire ceci, avec une petite pensée pour notre ami perdu dans la jungle, quelque part dans le sud.
Et n'oubliez pas les valeurs qui nous sont chères, plus que la chair mes chers.
Allez en paix.

vendredi 24 octobre 2008

Clin d'oeil du week-end (vol.9)

Blondinette et Koala entrent dans le salon. Les yeux de Koala, qui ne ratent jamais rien, s'attardent sur un morceau de tissu qui traîne sur le plancher. Un morceau avec des Dora et des Babouche qui dansent.

-Maman, c'est quoi ça?
-Je crois bien que c'est ton pyjama! répond Blondinette, avec un air de faux reproches dans les yeux.
-Oh, papa ne l'a pas ramassé! répond mon Koala.

Soupir...

What? My name is... What? My name is...

Ça fait maintenant treize ans que je redoute ce moment. Voilà, c'est fait. Je déteste un élève.

Je ne vous parle pas d'être dérangé par un élève ou d'en aimer un moins que les autres. Je ne vous parle pas de ne pas aimer un élève. Non, je vous parle de détester un élève, pour vrai.

Vous vous souvenez peut-être de Corneille dont je vous avais parlé il n'y a pas si longtemps? Eh bien, c'est lui le malheureux élu. Je vous raconte comment j'en suis arrivé là après seulement deux mois.

Au début, il était dérangeant mais bon, quel enseignant n'a jamais eu un élève dérangeant dans sa classe? Comme dirait Blondinette, une classe sans cet individu, c'est comme "un été sans soleil". Donc, jusque là, rien ne sortait de la normale.

Puis, ses moments durant lesquels il montrait son immense culture sont devenus plus irritants. Près à sortir du sujet pour nous montrer à tous qu'il connait le nom du Premier Ministre ou du candidat démocrate américain. Vous voyez le genre? Mais bon, jusque là, rien de nouveau sous le soleil. Been there, done that.

Et là, les incidents ont commencé.
  • Corneille qui commence à invectiver tout le monde durant le cour d'éduc, malgré les remontrances de Prof en Exil.
  • Qui blesse le poignet de ma Minnie, quatre pieds et deux, en envoyant le ballon de soccer près de sa tête pour évacuer la frustration de ne plus être le gardien. Résultat: une semaine à ne plus pouvoir écrire en classe, bandée jusqu'au coude par les médecins de l'urgence.
  • Qui s'en prend encore à Minnie car il ne veut pas travailler avec quelqu'un qui "ne sait même pas écrire son nom correctement" durant les périodes de travail sur le journal étudiant.
  • Qui s'en prend à Élève Passif Faible en lui disant, durant une période de correction par les autres, qu'il ne corrigera jamais un cahier rempli de fautes comme le sien, bien fort, afin que tout le monde de la classe l'entende.
  • Qui vient me voir et me pose des questions sur le pourquoi d'un travail de classe juste pour me piéger et ensuite me dire, d'une voix ...ante: "Mais tu n'as même pas fait photocopier les feuilles de français!".
  • Etc, etc, etc...

Nous avons un conflit de personnalité majeur ici. Il est un de mes élèves les plus forts cette année, rien à dire là-dessus. Mais il est d'une prétention insupportable, je vous jure. Et les prétentieux, tout comme les "y'ont", je les emmerde, big time.

Ce matin, Prof en Exil est venue pour me parler de lui mais dès que j'ai entendu son nom, je me suis senti devenir agressif. C'est là que j'en suis rendu.

Encore huit mois, en espérant que mes interventions resteront sous contrôle. Même PMT, qui en a vu d'autres, a été surpris de l'intensité de ma colère envers lui la semaine passée. Et un PMT impressionné, c'est un peu rare.

Je vous tiens au courant mais je peux vous dire que j'ai peur d'en saigner un plutôt que d'enseigner aux autres.

mardi 21 octobre 2008

Les y'ont

C'est l'automne et quoi de pire qu'un automne maussade après un été baboune? Moi en tout cas, ça me donne envie de faire une montée de lait.

Combien de conversations ai-je eu dans ma vie qui se déroulaient comme suit:

-Vas-tu écouter la nouvelle série de XYZ ce soir?
-Mets-en, y'ont dit que c'était supposé être bien bon!

Ou encore:

-As-tu été voir le dernier film de ABC?
-Nan, y'ont dit que c'était un navet!

Une dernière?

-J'ai acheté le dernier album de Jean Narrache.
-Ah oui? Y'ont dit que c'était pas fort, fort!

Pourriez-vous, s.v.p., me présenter les y'ont? Vous savez, ceux qui évaluent l'art pour tous les autres? Ceux qui décident ce qui est bon ou ce qui est mauvais, sans rien n'avoir compris? On dirait que les y'ont sont là seulement pour les gens qui se cherchent une excuse pour ne pas regarder cela ou ne pas acheter ceci. Eux non plus n'ont rien compris.

L'art n'est pas là pour être évaluée. Elle est là pour être appréciée ou non et cela, selon les critères individuels qui nous sont dictés selon notre humeur, notre sensibilité du jour ou encore nos intérêts tout simplement. Il n'y a rien de bon et de mauvais dans la vie. Seulement des choses que l'on trouve bonnes ou mauvaises, voilà tout. Est-ce que ça veut dire ne plus s'obstiner, ne plus disctuter? Non, loin de là.

Ça veut simplement dire arrêter de se prendre pour l'un de ses y'ont et tenter d'apposer ou non notre "seal of approval " sur chaque création qui passe entre nos doigts et surtout, arrêter d'avoir l'impression que plusieurs personnes se soucient de notre opinion que l'on tient soi-même en trop haute estime.

Moi, j'aime un paquet de choses que les y'ont tiennent pour quétaine. Vous voulez des preuves?Voilà, je fais maintenant mon coming-out et je vous encourage à faire de même. Vous allez voir, c'est très thérapeutique. Vous êtes prêts?
  • Je regarde Occupation Double depuis le début de la série et j'ai toujours l'impression qu'ils s'aiment pour de vrai!
  • J'adore le CD de Tricot Machine car j'aime entendre ma Loutre chanter "J'ai tué le chasseur avant qu'il shoote...". Le mot "shoote" sonne si bien dans sa bouche.
  • Mais je ne me défile pas: j'aime toutes les autres tounes aussi. Des rimes qui m'accrochent, une tristesse aussi.
  • Mon péché du dimanche, c'est "La Cour des Grands" avec notre (mon) ami Gregory. Ils m'arrachent les larmes à chaque émission. Quelque chose à voir avec une jeunesse souriante et positive.
  • J'adore Grey's Anatomy. C'est pop mais du pop bien fait. J'aime leur sens de l'autodérision et les personnages qui sont bien construits pour une émission d'un réseau public.
  • Je suis encore incapable de réécouter les dernières minutes de Six Feet Under sans pleurer comme un bébé. Voir ainsi la vie résumée en mariages, naissances et morts me donnent l'impression que nous sommes seulement du futur engrais pour les plantes du cimetière.
  • J'adore "Dancing Queen", "Oxygène", "Le Jardin du Luxembourg" et un tas d'autres chansons que les y'ont ont qualifié de quétaines.
  • "Les Filles de Caleb" ont marqué ma jeune vingtaine, autant les romans que la série.
  • J'aime écouter les propos de Denise Bombardier. Je ne suis pas toujours d'accord avec ses propos mais je la trouve intéressante.
  • J'étais un fervent amateur du Doc Mailloux et de son émission. Et non, il n'était pas si pire que ça...
  • J'adore danser le Continental dans un mariage et lorsque je fais le "spinning move" entre chaque claquement de main, je me trouve particulièrement hot.
  • Je trouve encore aujourd'hui que Mitsou est une des plus belles femmes du Québec.
  • Je suis toujours ému par les chorégraphies de Mia Michaels, ma chorégraphe préférée de l'émission "So You Think You Can Dance".
  • Je trouve jouissif de chanter l'intro de cette émission: LA-LA-LA-LA, so you think you can dance, dance, dance, dance. Et ce, avec la voix la plus grave possible. Et quand j'atteints ma note la plus basse, je vois dans les yeux de Blondinette qu'elle est fière de son homme.
  • On a loué "Céline sur les plaines" et on a beaucoup aimé ça, en particulier la finale avec Ginette Reno.
  • J'ai été voir "Les Ex", la pièce de théâtre avec Patricia Paquin et Mathieu Graton et nous avons passé une soirée formidable.

Et pourtant...

  • J'ai trouvé "La Petite Vie" et "Le Coeur a ses Raisons" plates à mort, malgré ce que les y'ont en disaient.
  • Je n'aime pas Mara Tremblay.
  • Je n'écoute rien d'autre que le 98,5 FM, ce qui m'empêche de me tenir au courant des chansons les plus "in" de l'heure.
  • Je n'ai aucun intérêt envers Spider-Man, Hulk et tous les autres super-héros. Encore moins leurs films.
  • Je déteste Malajube.
  • Je n'ai jamais lu les grands classiques de la littérature française, italienne, slovaque ou rwandaise. Mais j'ai lu tous les livres de Mick Foley, l'ancien lutteur.

Vous voyez? Mes jugements ne rendent pas Tricot Machine meilleur ou Claude Meunier pire qu'il ne l'est. J'ai aimé ou n'ai pas aimé. C'est tout.

Allez, si vous passez par ici ce soir, demain ou dans une semaine, laissez votre trace et avouez, à votre tour, que vous avez aimé quelque chose qu'y'ont pas aimé.

Vous verrez, ça fait du bien. Bon, je vous laisse. Je dois aller éteindre mon Ipod. C'est "La Compagnie Créole" qui joue et j'ai peur que mes filles ne réussissent pas à s'endormir. C'est pour eux que j'avais mis cela, vous savez... not!

jeudi 16 octobre 2008

Billet positif et nécessaire

L'école où j'en saigne est très particulière. Humainement parlant, elle est comme la majorité des écoles défavorisées. Un heureux (souvent) ou malheureux (rarement) mélange de jeunesse et d'expérience. En effet, les enseignants semblent venir faire deux choses à notre école: naître ou mourir. Et quelques jeunes cons, se situant entre les deux groupes, viennent tenter d'y vivre un peu. Des exemples? Votre humble serviteur, PMT, Collègue Parfaite et mon Orthopédagogue Préférée.

Nous vivons tous les quatre dans ce que nous nous plaisons d'appeller l'annexe de notre école. Il s'agit d'un étage minuscule constitué de cinq classes, au deuxième étage par surcroit, qui fait en sorte que personne, pas même le directeur qui n'effectue pas plus de cinq voyages dans notre aile par année, n'ose s'y aventurer. "La criss de paix oh yeah!, La vie rêvée oh yé!", comme dirait Desjardins.

Collègue Parfaite est une femme extraordinaire à plusieurs points de vue. Dans la mi-quarantaine, il s'agit de quelqu'un qui a une sagesse et une ouverture d'esprit qu'enviraient plusieurs neurologues. Le respect de l'enfant est pour elle une valeur fondamentale dans son enseignement et dans les rapports qu'elle a avec son groupe. Et ils le lui rendent bien.

J'ai eu plusieurs collègues de cycle durant ma carrière mais jamais, jamais je n'aurais espéré tomber sur quelqu'un qui me ressemble autant. Je vous le jure, une perle!

La classe voisine est occupée par mon Orthopédagogue Préférée. Elle est le coeur de notre étage. Une enseignante qui aime les enfants et dont l'aura de bonté déteint sur tout le personnel et surtout, sur nos petits poqués, ses préférés. Et nous, les chanceux, c'est nous qui l'avons juste à nous.

Il n'est pas rare qu'elle entre en classe durant le travail des enfants, pendant que je suis occupé à corriger certains d'entre eux et elle s'asseoit près d'un de ses clients réguliers et l'aide avec une patience sans limites.

Finalement, il y a PMT. C'est notre animal de compagnie. Cette semaine, par exemple, c'est Collègue Parfaite qui en avait la garde. Elle lui apportait un peu de café, s'assurait qu'il aille aux toilettes régulièrement et qu'il ne morde aucun élève. Bien non, je blague.

PMT, c'est à la fois notre barde et notre vaccin contre l'ennui. Avec lui, jamais les élèves ne s'emmerdent et nous non plus. Si vous êtes des habitués de son blogue, vous connaissez ses opinions tranchées. Surtout en ce qui concerne la musique. Mais bon, avec lui, on a le droit de ne pas être d'accord et c'est très important.

Vous pensez sûrement que j'exagère pour les besoins de ce billet mais vous avez tort. Vous devriez voir le sourire des enfants qui peuvent apprendre dans un climat sans menaces, sans intimidation de la part des adultes qui les entourent. C'est fabuleux.

Et pour moi, comme l'a déjà si bien décrit PMT, ça veut simplement dire pouvoir entrer au travail et avoir ma place, entourée de leur soleil, dont les rayons viennent plusieurs fois par jour pénétrer ma classe. De sentir toute cette amour des jeunes me redonne espoir en la profession.

mardi 7 octobre 2008

S'oublier

Oublier, tout oublier, s'oublier
Parce que c'est le temps
Parce qu'on n'a pas le temps
De penser à se repenser

Les secondes secondent les heures qui se meurent
Parce qu'on attend
Parce qu'on s'entend
Trop rarement, trop faiblement

Chercher autour de nous ce qu'il y a en nous
Parce que ça brille plus fort
Parce que c'est moins d'efforts
Et que c'est dur de s'endurer

Courir partout mais pas vers nous
Parce qu'on ne sait plus
Parce qu'on ne sent plus
Notre propre coeur et ses couleurs

Excusez-la...

jeudi 2 octobre 2008

Les brins d'herbes qui regardent les vaches qui regardent passer le train

Si je vous avais écrit sur mon groupe la semaine passée, je vous aurais parlé du groupe le plus calme de ma carrière. En effet, mes plus grands cas de comportement consistent en une Corneille et un Hamster qui parlent PARFOIS quand ce n'est pas le temps. Wow, quel défi, non?

Je sais, je sais, je me serais plaint le ventre plein. Vous n'auriez essuyé aucune larme sur votre clavier, j'en suis certain. Quelle joie cela doit-il être d'enseigner à un groupe tranquille, silencieux, qui écoute tout ce qu'on leur dit!

Et cette semaine, j'ai trouvé ce qui m'embêtait depuis le début de l'année mais que je n'arrivais pas à déchiffrer. Ce n'est pas que déchiffrer mes émotions et mes pensées soit ma spécialité, soyez-en certains et certaines. Mais il y a un petit quelque chose qui accrochait et que je ne réussissais pas à identifier.

Alors, mesdames et messieurs, mon groupe n'est pas calme. Il est.... (roulements de tambour)...PASSIF!

Totalement, entièrement, passivement passif. Des devoirs non-faits? Pas grave. Des travaux de classe pas terminés? Bof. Un prof qui danse en avant de la classe pour leur expliquer la crise économique de 1929? Ça leur accroche un sourire mais ne les empêche pas de décrocher.

Tellement passifs que même me défier, ne serait-ce que de la façon adolescente usuelle leur semble trop difficile.

Le cross-country, course qui réunit plus de 4000 jeunes de la C.S.D.M. sur l'Île Ste-Hélène, réunira 11 de mes 23 élèves cette année. Je leur en ai parlé aujourd'hui. Leur réponse?

-Ben, il faut s'entraîner quatre fois par semaine...

OK. Touché. Vous avez raison.

Je vais réussir à les aimer, c'est certain. Mais je m'ennuie souvent de mon groupe rock'n'roll de l'an passé et de leurs histoires d'amour, leurs chicanes pour tour et surtout, pour rien, de mes africaines aux cheveux colorés, de ma petite blonde moyenne qui a finit par devenir une belle ado, etc.

Surtout de la façon qu'ils avaient de me faire sentir vivant, même lorsque j'étais mort de fatigue. Leur énergie devenait mon énergie.

En tout cas, si jamais Lucien Bouchard vient visiter notre école, je me sauve avec eux dans le parc, c'est certain. Lui qui attend un Québec plus productif, il ne s'en remettrait pas cette fois-ci.

dimanche 21 septembre 2008

La braise


Ils ne savent pas encore comment me prendre, c'est clair. Depuis trois semaines que je m'éperdue à...


  • Les faire rire mais ils rient peu

  • Les allumer mais ils s'éteignent aussitôt

  • Les apprivoiser mais ils me craignent encore

  • Leur parler doucement mais ils n'écoutent pas toujours

Cette année, ils sont comme ça. Ils me testent timidement et je réagis tout doucement, par peur de les faire fuir. De toute façon, ils ne sont pas difficiles. C'est seulement qu'ils peinent à s'attacher, alors ils s'accrochent maladroitement.


Je les aurai, je le sais. Ce sera seulement un peu plus long que d'habitude. Mais j'ai tellement hâte qu'ils s'allument et qu'ils m'éblouissent.


Souffler sur le feu encore un peu. Patience, patience...



lundi 15 septembre 2008

C'est ça qui est ça...

Un peu plus tôt en soirée, je téléphone au soutien technique chez Vidéotron afin de m'informer sur le branchement d'un nouvel enregistreur Illico que j'ai reçu de ma maman.

(musique d'ambiance avec voix de femme fatiguante qui saute du coq à l'âne en passant par les poulets)

-Soutien technique, xyz, comment puis-je vous aider?
-Bonjour...
-...
-Bon, ma mère m'a donné un abcmachinchouette et j'aimerais savoir si je dois seulement le brancher ou si j'ai besoin de l'enregistrer avant.
-Non, vous ne pourrez pas enregistrer avant qu'il ne soit branché.
-Non, ce n'est pas ça que je veux dire. Euh, dois-je le signaler à Vidéotron ou tout fonctionne tout seul?
-Oh, il doit être activé. C'est avec le soutien à l'activation que vous devez faire cela.
Là, il y a une petite pause. Je me dis que ça y est, il va me donner le nouveau numéro de téléphone et que je vais devoir me taper à nouveau la Castafiore qui rap sur une musique d'ascenseur...
-Vous êtes toujours là, monsieur?
-Oui, oui, désolé.
-Je vous transferts à l'instant.
-Oh, merci beaucoup!
Et là, il éclate de rire. Quand je vous dis qu'il éclate de rire, il vit en direct l'Hiroshima des gloussements. Je suis à l'autre bout de la ligne et juste à l'entendre rire, je ris aussi. J'espère qu'il va me raconter ce qui lui est arrivé. Est-ce un collègue qui est tombé la tête dans la petite poubelle de métal et qui court partout pour se la faire enlever par un âme charitable? Un ami technicien qui imite PKP ou Julie? Et il n'arrête pas de rire. Je décide d'être poli.
-Ça va? (en riant)
-Oui, oui... C'est juste que je vous ai dit que je vous transférais au service à l'activation et vous avez répondu "Merci beaucoup!"
-...
-Je vous transferts!
-...
C'est ça qui est ça...
***
À la rentrée, dehors dans la cours, Prof en Exil revient de son exil d'un an en Europe. Une mère l'aperçoit à travers le troupeau d'enfants et lui crie de l'autre côté de la clôture:
-Prof en Exil, t'es revenue?
-Oui (timidement).
-Ah ben, chu contente en tabarnak!
C'est ça qui est ça...
***
Dans la salle de bain avec mon Koala, assise sur la toilette.
-(chantant) Bonne fête Pipi-Caca, bonne fête Pipi-Caca, bonne fête, bonne fête, bonne fête Pipi-Caca.
C'est ça qui est ça...
***
Vous savez, les ballons qu'on gonfle et qu'on colle sur les portes pour les anniversaires, en paquet de deux ou trois? Après deux semaines, ils ressemblent vraiment à des testicules.
C'est ça qui est ça...
***
Loutre qui s'adresse à Blondinette.
-Maman, je suis sale!
-C'est pas grave!
-Je sais, tu aimes ça faire du lavage!
C'est ça qui est ça...
***
J'ai envoyé à mes cinq "crash-test dummies" le premier chapître de mon premier essai romanesque. Une réponse en vingt-quatre heures. Je leur avais écrit de prendre leur temps avant de me répondre. Je capote.
C'est ça qui est ça...
***
Si quelqu'un a le goût de se rajouter à la liste, écrivez-moi et je vous en envoie une copie dans les prochaines minutes. Mais oubliez la partie de "prendre votre temps" avant de répondre...
C'est ça qui est ça...
***
Ce matin, dans la salle des profs, me plaignant.
-Je ne sais pas ce que j'ai mais ça file pas fort!
-Oui, c'est vrai que tu as l'air poqué...
-Ça doit être une maladie en "ite".
-...
-Bien, je crois que je les ai toutes eues. Bronchite, pharyngite, amygdalite. Y'a à peu près juste la vaginite que je n'ai pas encore attrapée.
-...
Il faudrait que je me souvienne que je ne travaille pas dans une "shop" une fois de temps en temps.
C'est ça qui est ça...

mercredi 10 septembre 2008

Ça (ne) fait pas mal!

Je suis dans le grand ménage ces temps-ci. C'est Blondinette qui sera surprise de lire cela ici, elle qui a besoin de m'annoncer que c'est l'heure du ménage avec le même tact qu'on annonce à un enfant qu'il doit aller chez le dentiste mais c'est vrai. Pas un ménage physique, loin de là. Un petit dépoussiérage intérieur, sans pression. Un lavage sans pression, bizarre...

Il y avait un peu trop de monde chez moi depuis plusieurs années. Un Ensaignant pour chaque membre de mon entourage à part quatre exceptions: Blondinette, ma psy, Collègue Parfaite et ce blog. Certes, j'exagère souvent les faits ici, histoire de les rendre plus intéressants qu'il le sont en réalité mais ce que vous lisez, c'est moi. Les autres, vous avez très souvent eu un Ensaignant-tapisserie avec vous. Désolé de vous décevoir mais c'est ainsi.

Je m'y prennais de la façon suivante: je suis devenu expert au fil des années dans l'art de lire ce que les gens désirent des autres. Difficile à expliquer mais je décèle chaque indice dans le discours verbal et non-verbal des gens que je rencontre afin de coller aux goûts ou dégoûts qu'ils expriment, consciemment ou non. Compliqué? Vous avez pas idée.

Donc, histoire de me faire aimer du plus grand nombre, j'offre aux gens ce qu'ils désirent. Vous voulez parler sérieusement? Je peux vous donner ça, même si je n'en ai pas envie. Vous voulez rire? Ça aussi, aucun problème, même si je me sens terriblement sérieux ce matin. Vous voulez vous faire allaiter? Viens par ici, PMT, même si mes seins me font terriblement mal. Je vous le jure, un expert. Une sorte d'intelligence émotive "one way". Aucune idée de ce qui se passe à l'intérieur de moi mais une méchante bonne idée de ce qui brasse dans le coeur de ceux qui m'entourent.

Et cette semaine, pouf! Un paquet d'Ensaignants sont disparus. Suite à une agréable rencontre avec une vieille connaissance qui s'assume entièrement (il se reconnaîtra) et à des années d'introspection, phénomène accéléré depuis décembre, j'ai eu envie d'essayer autre chose. Juste pour le fun. Juste pour voir si je pourrais être aimable en restant moi-même. Une "long-shot"...

Et vous savez quoi? Je ne me suis jamais senti aussi fort qu'en ce moment. Face à moi, face aux autres. S'assumer pleinement, respirer et prendre le temps de le faire. Je baigne dans la facilité. Et mon contact auprès des autres s'en retrouve amélioré par le même coup.

Décrire tous les bénéfices que je retire de cette situation serait trop long à expliquer et honnêtement, pas mal emmerdant pour vous. Vous méritez mieux que ça. Mais disons qu'à part un nombre incroyablement élevé de personnes qui me demandent si ça va, un regard inquiet sur le visage, tout baigne. La zénitude que je vous dis.

Alors voilà pour les nouvelles. Pas tellement le goût d'écrire ces temps-ci non plus. Le goût de m'occuper de moi un petit peu. Parce que tout d'un coup, je me rend compte que je le mérite peut-être un peu.

Comme disent les A.A., un jour à la fois...

Sérieusement vôtre (pour ce soir!),

Enzénant

p.s. je prends quand même le temps d'aller voir tous vos billets, fil RSS aidant. Vous écrivez de maudites belles affaires. Quelque chose me dit qu'un "100 questions" s'en vient.

dimanche 7 septembre 2008

Dimanche matin à la ferme

Ce matin, après nous être levés tôt, nous sommes embarqués dans la Blondinettemobile pour une escapade à la ferme. Il s'agissait d'une ferme spécialisée dans le formage au lait de chèvre. Mon estomac gargouillait d'anticipation.

Nous nous sommes stationnés dans un grand champ avec des trèfles aussi haut que les portières de l'auto. Puis nous avons marché, ne pouvant parfois éviter cette boue qui, nous l'espérions, était de la boue. Ça fait partie des agréments d'un voyage comme celui-ci.

Arrivés là-bas, Loutre et Koala accrochés à nos pantalons car il pleuvait des chats, nous nous sommes approchés des boucs. Ils s'étaient mis sur leur 31, avec leurs permanentes frisées sur la tête. Je n'ai pu m'empêcher d'en flatter plusieurs au passage, leur trouvant des ressemblances avec quelques frisés de mon entourage. Toujours le même manège: les attirer avec une main en forme de coupe, comme si on allait leur donner quelque chose à manger et hop, la main sur la tête. Toutes ces frisettes, toutes différentes...

Près de nous, le responsable qui a une barbiche qui aurait rendu plusieurs chèvres jalouses. Un roux, un roux à barbiche. Je me méfie toujours des roux, c'est malgré moi. Jamais eu une bonne expérience avec un roux dans ma classe. Même un garçon, qui m'avait donné la "rouille" dans mon enfance, était roux. Je vous raconterai un jour. Il a fini en cure de désintox. Dur, la vie de roux.

Donc, le guide roux était en pleine conversation avec un autre visiteur, brun celui-là.

-Ils ont l'air énervés, les boucs! dit le visiteur.
-C'est pasqu'y sont en rut! annonça fièrement le roux.
-Les avez-vous frisé pour l'occasion? demande une vieille dame, près d'eux.
-Ah, ben non, y s'pissent d'sus!

Quoi? Je regarde ma main, je regarde les boucs, je regarde le roux, je regarde à nouveau les boucs, je regarde encore ma main.

-C'est l'odeur. Les femelles r'niflent ça pis ça les excitent! recommence le roux.

Blondinette, qui était non loin de là, me voit arriver au pas de course vers elle.

-Excuse chérie, tu as un "swamp"? lui demandai-je.
-C'est les boucs? me demanda-t-elle.
-T'as pas idée...

J'voudrais en faire des boucs-émissaires, mais serait-il possible pour les animaux de ferme d'acquérir un minimum de classe?

jeudi 4 septembre 2008

Bouddha, sors de ce corps!

Je les regardais aujourd'hui. Ils avaient la motivation humide et lourde. Ils arrivaient bientôt à la fin de leur première semaine de travail et ça leur pesait.

À cause du projet spécial qu'ils viveront cette année et qui leur coupera 10% de leur semaine, ils doivent mettre les bouchées doubles et même triples durant le temps qu'il leur reste. Une cheeseburger avec ça?

J'aurais aimé leur dire: "O.K., on met ça de côté et on jase un peu, voulez-vous?" Mais ce n'est pas encore le temps. Ça viendra, lorsqu'ils auront bien compris ce qu'est travailler, ce que plusieurs ont un peu de misère à assimiler.

Ce n'est pas que je sois sadique ou méchant, loin de là. C'est seulement que les bonnes habitudes se prennent tôt dans l'année scolaire et deviennent une normalité pour les étudiants très rapidement. Comme la cage d'un chien qui finit par la demander avant son dodo, j'imagine. O.K., je pousse un peu je crois bien.

Moi? Moi, je suis brûlé. Et c'est assez rare que ça m'arrive. Fatigué, parfois. Brûlé, jamais. Mais ce soir, un oeil sur le match entre les Giants et les Redskins et l'autre sur mon portable, je réalise que la fatigue me bouffe. J'espère qu'elle a faim.

Voilà ce que ça donne... Un billet zen, sans trop de contenu et d'émotions fortes. Un billet comme un ciel gris pâle, sans nuages de pluie et sans soleil. Et vous, les profs, enseignez-vous ou vous en saignez cette semaine?

p.s. Pour ceux qui connaissent le chemin et qui auraient envie d'un peu de légèretés, en toute connaissance de cause...

lundi 1 septembre 2008

Clin d'oeil du long week-end (vol.8)

Toutes les personnes dont peut-être certains parmi vous, chers lecteurs, qui avez un grand jardin, vous délectez d'un bon concombre à chaque repas ou parfois même, les coquins, en entrée, trempés dans du vinaigre. N'est-ce pas là un des plaisirs les moins cachés de la période estivale?

Et bien chez nous, point de concombre, chers amis. Est-ce à cause de la température? Est-ce à cause qu'on n'a pas de plants dans notre jardin? Et bien non.

C'est que par chez nous, nous avons des écureuils disons, précieux. Voyez-vous, ils ne veulent plus rien savoir de leur menu habituel. Ils ont décidé que cet été, ce sont les concombres qui consisteraient la base de leur alimentation. Et nous sommes, il faut l'avouer, leur fournisseur le plus important.

Si quelqu'un a un truc pour l'été prochain, qu'il n'hésite pas. Je suis tanné de voir des rats avec de belles queues transportant notre récolte, émettant un cri qui ressemble à un rire sarcastique.

vendredi 29 août 2008

Corneille

Deuxième journée avec eux. Je les connais à peine. Ils m'observent, tentent de me catégoriser. Est-ce un chialeux? Un exigeant? Un prof? Un mélange des trois?


Ils sont grands et petits, allumés et éteints. N'est pas venue l'heure des subtilités. Quelques semaines encore et ils seront rentrés chacun dans leurs petites cases. Je me connais.
Il est grand, il m'a regardé toute la journée d'hier, à travers les verres fumés de ses lunettes. Il a les cheveux ébouriffés, à peine peignés avec un sourire qui prend la moitié de son visage. Et il parle, et il parle. Je le connaissais déjà l'an passé et déjà, il parlait.
Ce matin, il entre dans ma classe. Il a le visage éteint, comme si une lumière s'était éteinte. Je le connais assez pour savoir qu'il peut être explosif dans ces moments-là, je l'ai donc à l'oeil le temps de la routine d'arrivée du matin. Soudain, il se lève, s'approche de moi et:
-Mes parents se séparent! Ils me l'ont dit hier! croasse t'il avec sa diction parfaite.
-...
Il retourne à sa place.
-Es-tu sérieux?
Il se retourne vers moi, les yeux déjà humides. Je ne peux m'empêcher de penser à une corneille en le regardant avec ses grands bras qui ressemblent à des ailes, avec ses cheveux hirsutes qui lui font comme un casque de plumes sur la tête.


-Oui, mon frère les a surpris à se chicaner et à parler de ça!
Dit fort devant tout le monde. Quand on reçoit une nouvelle comme celle-là, on se crisse des oreilles indiscrètes.
-Peut-être que ce n'est que passager, qu'en dis-tu?
Je vais te trouver de l'espoir, mon grand, quitte à t'en inventer. Il a un petit sourire en coin où dansent l'intelligence et l'orgueil.
-Ça fait deux mois qu'ils se chicanent tout le temps. Mon père est venu me parler après.
-Et il t'a parlé de se séparer d'avec ta mère?
-Oui. Il m'a dit qu'il achèterait une maison dans le coin afin de continuer de nous voir.
Une question me trottait dans la tête. Je l'ai posé, espérant pour lui qu'il me donne la bonne réponse.
-Ton père, lorsqu'il t'a parlé, avait-il l'air en colère ou calme?
-Il était calme. Pourquoi tu me demandes ça?
J'ai hésité. Il aurait compris si je lui avais expliqué, il est aussi brillant que ça. Il parle toujours mais la plupart du temps, c'est pour dire des choses intelligentes au moins.
-Rien. Écoute, bon courage, nous sommes avec toi.
Les sourires des autres me disaient que j'avais eu raison de lui dire cela. Comme une corneille, ses croassements leur tapent souvent sur les nerfs mais durant un instant, un court moment, ils ont oublié.
Il n'a plus croassé de l'avant-midi.

jeudi 28 août 2008

J'emmerde Dora

Acheter un trampoline pour notre Koala nous paraissait une bonne idée. Après tout, elle aura trois ans dans "deux dodos" et c'est la première fois qu'elle demande quelque chose qui ne se mange pas, alors...


On effectue quelques recherches, Blondinette et moi, et nous fixons notre dévolu sur un 8 pieds décoré sous le thème de Dora et son singe à bottes. Elle va l'acheter chez "Canadian Tired" et l'ammène à la maison lundi, en me proposant d'y jetter un coup d'oeil le lendemain, juste pour voir si ça a l'air compliqué à monter. J'ai envie de lui dire que je n'ai jamais eu besoin d'instructions pour monter quoi que ce soit, vivant ou non, mais je m'abstiens. En vérité, je rechigne un peu, lui disant que ça pourrait attendre mercredi soir. Après tout, sa fête est seulement jeudi, right?


Arrive mardi soir et à la fois pour lui faire plaisir et surtout, parce qu'elle se trompe rarement lorsqu'elle défie ma procrastination, je daigne y jetter un coup d'oeil. Premier constat, sur la boîte, il est écrit "facile à monter". J'ai le goût de rentrer à la maison pour lui faire une blague sur ce qui est facile à monter, vivant ou non, mais je m'abstiens. J'ouvre la boîte, cherche les instructions, bien dissimulées sous quelques poteaux de fer qui serviront à soutenir un Koala et une Loutre qui sautent.

Bon, anglais ou français? Je choisis le français, qui n'est en vérité qu'une traduction mot à mot de la version anglaise. Du déjà vu. Je reviens donc vers la langue de Sir Paul.

Premièrement, je dois monter le "frame", idéalement avec l'aide de deux adultes en santé. Je vous jure que c'est vrai, c'est écrit. Avec une belle image représentant trois rednecks, le polo rentré dans les pantalons et les bas apparents, tenant sans efforts le dit "frame". Comme je suis un brin obstineux, seul et pas en forme, je trouve là la motivation de commencer à monter la bête. J'ai le goût de prendre mon cellulaire et d'annoncer à Blondinette que je m'apprête à monter une bête mais je m'abstiens.

Les poteaux entrent tout seuls dans les intersections en T, c'en est presque décevant. Même pas là la moindre occasion de montrer à mes voisins toute l'étendue de ma force légendaire. OK, je pousse un peu, mais si j'ai de la misère à croire que je suis fort, on parle bien de légende, non? Arrive alors "the" poteau, celui qui s'est déformé par je ne sais pas trop quel choc durant le voyagement ou sa construction dans les sweats shops chinois. Pas grave, je cherche mon marteau, ne le trouve pas et prend une paire de pinces pour corriger le petit défaut de fabrication. Et je frappe, et je manque mon coup, et je frappe, et j'ai peur de l'abîmer sans réussir à rendre le poteau droit et de ne pouvoir la retourner au magasin. Je retourne dans le garage et, après quelques secondes d'efforts, retrouve mon marteau. Trois ou quatre petits coups et ça rentre comme "popa dans moman". J'ai le goût de crier à Blondinette une blague sur trois ou quatre petits coups qui rentrent comme "popa dans moman" mais je m'abstiens.

Avant de ranger le marteau, je prends quelques minutes pour regarder mon ombre armé du marteau et me rend compte que je ne serai jamais un vrai manuel. Pas plus que je serais devenu une nageuse synchronysée si je m'étais mis un bidule en caoutchouc sur le nez.

Vient le temps de poser les ressorts. Rien de plus simple: un crochet dans la toile et un autre dans un trou du "frame". Dans le pamphlet contre la bonne utilisation de la langue française, il est écrit d'accrocher les ressorts à l'opposé l'un de l'autre afin de bien répartir la tension et ensuite, de répéter l'opération. Rien de plus facile, n'est-ce pas? Je prends le premier ressort et l'attache, sans aucun effort. L'autre, à l'opposé, est aussi facile à mettre. Et il en va ainsi, temps durant lequel je pose une quinzaine de crochets.

Je recule pour apprécier mon travail, fier de moi, espérant que Blondinette se pointe à la fenêtre pour m'admirer une fois de plus... Ah, il y a quelque chose de bizarre! Je m'approche, compte les trous restants entre deux crochets: 1, 2, 3, 4, 5. O.K. Combien de crochets, maintenant? Quatre! Pas grave, tout comme Dora, je ne me découragerai pas aux premières difficultés, même si je n'ai aucun singe à mes côtés!

Ah, c'est drôle, le crochet est difficile à enlever. Je force un peu, voilà! Je suis vraiment le champion du trampoline. À moi la job au cirque du soleil. Tiens-toi bien, Laliberté, j'arrive et je n'ai rien d'un contortionniste. Je calcule bien, identifie le bon trou et hop! Euh.... hop! Bien voyons, HOP!!!

Après cinq essais, quelques gouttes de sueur me coulant sur le visage, je réussis enfin. Chaque crochet que je dois déplacer, pour compenser ma première erreur, est de plus en plus difficile à enlever et surtout, à remettre. Imaginez le plus grand effort que vous ayez fait dans votre vie, répétez-la une trentaine de fois en une demi-heure et vous devinez la soirée que j'ai passée.

Bon, deux jours après le début de ce billet, voilà maintenant mes deux puces qui sautent sur le trampoline. Ils trippent à fond et moi, je les regarde, cinq heures de travail plus tard échelonnées sur deux soirées maringouineuses et avec un éclairage quelconque et je me dis que dans le fond, elle est là ma paye.

Mais quand je vois Dora et Babouche bien installés sur des pancartes de chaque côté du monstre, lorsque les filles ne me regardent pas, je leur sors mon majeur le plus droit avec mon plus beau sourire sarcastique en coin. Et le pire, c'est que ça me fait du bien...

lundi 25 août 2008

Parce qu'on finit toujours par rentrer

Dors plus depuis une bonne demi-heure... La tête qui tourne, la valse des questions qui est commencée.

  • La Collègue Parfaite, a-t-elle passé un bel été?
  • Vais-je réussir à trouver la petite aux cheveux noirs un tantinet attachante?
  • De quel opéra va-t'on s'inspirer cette année pour faire notre show?
  • Devrais-je commencer à trouver des commanditaires pour les activités des finissants dès septembre?
  • Prof en Exil est-elle réveillée elle-aussi?
  • Est-ce que je vais avoir quelques garçons leaders cette année?
  • Quelle sera mon horaire de spécialiste?

C'est bien simple, je passerais le "social" et me dirigerait directement vers ma classe cette année. De toute façon, ça m'angoisse ces bébelles-là. Je ne suis pas très fort en grand groupe. Je ne sais jamais quoi dire ou quoi demander. C'est bien simple, si j'étais adepte de natation, je nagerais surement le 100 mètres, peut-être le relais mais jamais la nage synchro. Trop difficile d'être synchro pour moi. Je me sens un peu inapte et socialement déconnecté.

  • Quel impact aura la disparition du petit dynamo de notre équipe-école, partie "en saigner" dans une école du Plateau?
  • Vais-je m'attacher autant à mon nouveau groupe qu'à celui de l'an passé, qui était vraiment exceptionnel?
  • Aurons-nous l'énergie pour transformer notre étage en Paradis pour les grands, tel que nous nous l'étions promis l'an passé?
  • Devrais-je planifier mon année complète d'un seul coup ou y aller une étape à la fois?

La planif... Notre repère à nous, les enseignants. Une fois qu'elle est bien faite, on peut se permettre des escapades en-dehors des sentiers battus. Comme une boussole pour l'explorateur. Ma sécurité. Je crois bien que c'est la première chose que je vais faire ce matin après la réunion. Bon, d'accord, ce sera cet après-midi...

  • Comment se passera la rentrée de Blondinette?
  • Mon Koala s'adaptera-t-elle facilement à son nouveau groupe à la garderie?
  • La journée de ma Loutre sera-t-elle à la hauteur de ses attentes?
  • Mon amie Marie-Soleil, avec qui nous avons passé de merveilleux moments cet été... C'est sa rentrée post-congé de maternité. Y aura-t-il un traffic assez dense sur le Pont Champlain pour lui permettre de sécher ses larmes après avoir laissé sa petite à la garderie?

Il y a moi et les autres. Car mon bonheur passe aussi par là. Comme une croix que l'on traîne sur notre coeur. Je me protège souvent des sentiments parce que je suis ainsi fait: quand j'aime, mon coeur devient un condo.

Comme cent questions auxquelles je n'ai aucune réponse. Comme cent points d'interrogations attendant d'être transofrmés en un millier de points d'exclamation.

Et je pense à vous aussi. Les parents qui se courrent dans les magasins pour faire les dernières emplettes. Un pousse-mine? Des crayons de plomb? Ce chandail est-il trop sexy? Pas assez?

Et finalement, il y a vous qui n'avez eu que deux semaines de vacances cette année... Sachez que j'apprécie ma situation.

Alors, Blondinette, Koala, Loutre, Marie-Soleil, ma BS, La Souimi, PMT, Intellex, PM, Zed, Hortensia, Gooba, Marie-Andrée, Calliopé, Peste, Miss Klektik, Grande Dame, Femme Libre, Mme Gronde Lacolère, Yano, Daniel Rondeau, Benicio, CArthesis, Un autre prof et tous ceux que j'ai oublié ou qui se cherchent encore une identité sur le Web mais qui viennent faire un tour chez moi de temps en temps...

... bonne rentrée, peu importe vers quoi vous revenez!

jeudi 21 août 2008

Sur le manque d'inspiration, "Bodily Delta", Sénécal et quelques autres observations de vacances

Un calepin avec un dauphin dessus, un stylo en simili-bois avec "Ogunquit" écrit dessus, le tout acheté pour la modique somme de "ten dollars" à un magasin qui s'apelle "Ten Thousand Gifts". Quoi demander de mieux?

Les pieds dans le sable, notre petit zoo à nos pieds, ma belle-mère à une distance respectable de moi (c't'une joke!), la mer en toile de fond, tout était parfait. J'allais vous pondre le billet des billets, la pièce d'anthologie qui me permettrait peut-être d'avoir mon premier lecteur russe, pays qui me boude toujours.

Je mets le IPod sur mes oreilles, réfléchis quelques minutes et choisis Marie-Jo Thério et sa chanson "Bodily Delta". Je prends mon stylo d'érable, ouvre mon cahier-Flipper et... rien.

La voix de la Maline a beau chanter tout ce qu'elle aurait pu être, mélangeant les tons graves et aigus en arrière-champ, je regarde la mer et... rien. Je laisse mes outils de côté et vais me lancer le ballon de football en mousse avec le beauf. Ce n'est pas grave, ça ira mieux demain!

Le lendemain, je regarde ma Loutre essayer sa planche de surf sur les vagues qui se retirent, observe mon Koala qui en est déjà à sa deuxième crise du voyage durant une bonne demi-heure et m'installe finalement sur ma chaise bleue Canadian Tire, qui a lacéré mon épaule où était apparu la veille un coup de soleil durant ma longue marche sur le bord de la plage afin de se trouver un coin de plage pas trop peuplé. Je sors mon stylo de chêne et mon "fishy notebook" et... rien. Ce n'est pas grave, je vais m'étendre sur le sable, armé des jouets de plage de mes filles et m'installe pour créer LE château de sable. Pas ceux-là quétaines avec un tas de tours mises les unes à côté des autres mais "the castle". Je cherche mon inspiration mais... rien. À sec comme le pire des alcoolos.

Ce petit manège a duré cinq jours. J'ai tout essayé pour m'inspirer. Philippe Tisseyre, qui m'a donné le fixe en regardant ces moments de joies des familles qui nous entouraient sur une musique mélancolique au possible, la Thério qui m'a fait me demander si j'avais choisi la bonne voie comme métier. Même essayé "Histoires d'hiver" de Rivard comme traitement choc mais rien n'y fit. Qu'un seul mot me revenant sans cesse en regardant les vagues: "infini".

Pour ceux qui se demandent ce que j'ai été faire là, sachez que je vous parle seulement de quelques petits moments très précis des longues heures salées que j'ai passé sur la dune. Le reste n'a été qu'émerveillement et repos, y compris celui du cerveau.

J'ai quand même eu le temps de me taper un livre de cinq cents pages qui m'a tenu en haleine durant toutes ces vacances. Il s'agit du roman "Aliss" de Patrick Sénécal. Si vous êtes capables de passer à travers les moments très trash qui nous attendent toujours avec cet auteur, vous embarquerez aussi, pas le choix!

Maintenant de retour chez moi, je sais que les vacances sont terminées. Pour vous, il me reste quatre jours mais pour moi, c'est le décompte final. Pour un nouveau commencement et des idées de "posts" à profusion. Et trois petites relations rénovées au cours de l'été à conserver.

Pour terminer ce billet encore une fois un peu décousu, quelques observations pour en finir avec le camping et la plage:
  • Je déteste les voyeurs de camping, ceux qui passent devant notre terrain et nous fixent droit dans les yeux. Je les plaints de ne pas avoir autre chose à faire jusqu'à ce que je parte pour les toilettes et que je fasse exactement la même chose qu'eux.
  • Les douches payantes: pas capable. Et en plus, ils ont le "guts" de nous dire que c'est pour la conservation de l'eau. C'est sûr que si je ne payais pas, je resterais quinze minutes sous un mince filet d'eau tiède, entouré de nombreux poils qui ne m'appartiennent pas et de quelques araignées au plafond me regardant comme si j'étais une mouche qui pouvait les nourir durant une année entière. La logique même.
  • Impossible, absolument impossible de se faire un café avec la cafétière qui va sur le "Coleman" sans mâcher la dernière gorgée, la bouche remplie de grains de café. Ost...
  • Le sac de couchage que je me suis acheté lorsque j'étais adolescent a rapetissé. À moins que... nan, j'aime mieux imaginer qu'il a rapetissé.
  • Du sable dans des sandwichs, ce n'est pas si mal si on a une imagination fertile et qu'on s'imagine que c'est du poivre.
  • Pourquoi, lorsque la vague arrive vers moi et que je ne suis pas "saucé", je ne peux m'empêcher d'effectuer ce petit saut qui vient tuer en moi toute trace de masculinité, les deux mains s'agitant en l'air de petits gestes rapides. J'ai vraiment essayé de rester les talons bien au fond mais impossible. C'est plus fort que moi. Que nous?
  • Il faudrait peut-être expliqué aux messieurs que les "speedo", c'est comme les bikinis. Ça ne fait pas bien à tous. Dailleurs, je n'en porte pas.
  • Il faut avoir entendu la phrase suivante de Loutre: "Papa, on fait un château?" pour comprendre que le "on" exclut vraiment la personne qui parle. Et plus je regardais autour de moi, plus je me rendais compte que je n'étais pas le seul paternel à m'être fait prendre.
  • Impossible d'avoir des nouvelles de nos canadiens dans le "USA Today". Par contre, je peux y apprendre que Joe Smith, de Grand Rapîds, a terminé quarante-troisième à une compétition de sport équestre. Peut-être qu'on devrait apprendre à se câlisser d'eux un peu nous aussi...
  • Je pense vraiment avoir aperçu l'un des Denis Drolet sur la plage. Bizarre. Mais dans le fond, quel qualificatif juste dans leur cas.

mercredi 13 août 2008

Et moi qui a peur de tout!

Mes amis d'enfance se sont envolés avec mon départ définitif de la petite ville où je suis né. Certains, sans un aurevoir, d'autres avec un clin d'oeil et enfin, quelques-uns en me donnant une tape sur la gueule. Mais il y en a un qui a fait exception, qui a trouvé une nouvelle façon de s'éloigner. Il est parti avec la glace du fleuve en dérivant, tout simplement. Je le sais, je l'ai vu passer dans la cour de ma maison d'enfance.

Il y a presque vingt ans pourtant, nous étions deux ti-culs nés dans une ville de motard. Je ne me souviens plus comment on s'est connus mais ça importe peu. Lorsque nous étions l'un avec l'autre, rien n'était à notre épreuve. Nous réinventions le monde à chaque seconde, même si nos visions de celui-ci se trouvaient au nord et au sud. Lui était fédéraliste et moi, indépendantiste. Mais pourtant, au milieu, il y avait toujours de la place pour nous deux.

Nous écoutions la lutte à chaque fin de semaine et nous y croyions, même si nous savions que c'était "fake". Parce que c'était plus l'fun ainsi, tout simplement. Lui aimait Roddy Rowdy Pipper et moi, Hulk Hogan. Nous les imitions parfois et avions même fait un grand gala dans sa piscine, déguisés et tout. Une dizaine d'ados qui tentaient de se catapulter à l'extérieur et d'éviter le filtreur. Il avait filmé quelques entrevues avant. Les a-t-il toujours?

Il m'a fait découvrir Richard Desjardins sur une cassette qu'il m'avait enregistré dans sa chambre au toît cathédrale pour me réveiller le matin car j'étais camelot à l'époque. Sept enregistrements différents pour les sept jours de la semaine. Et nous n'étions même pas en amour!

Puis un jour, une anglaise est entrée dans sa vie et deux ou trois québécoises sont passées dans la mienne et c'en était fait de nos niaiseries de jeunesse. Certes, il nous arrivait encore de nous rencontrer pour boire un "pot" ensemble et se souvenir d'un temps plus naïf mais tout ça s'est espacé doucement, pour ne pas que ça fasse mal.

Pourquoi je vous parle de lui aujourd'hui? C'est parce que sur son blogue, j'ai découvert une maladie qui m'a déjà enlevé un être cher et qui est venue lui rendre visite à son tour. 37 ans, sacrament...

Mais j'ai surtout découvert un battant et redécouvert l'homme de coeur qu'il est toujours aujourd'hui. Et moi qui pensait que c'était seulement avec moi.

Je pars pour une semaine à Ogunquétainequit pour mon dernier camping de la saison. Au retour, ce sera la rentrée. Il n'y aura aucun nouveau billet ici. Alors, si l'envie vous en prend, allez le visiter et lisez ses archives pour bien comprendre sa démarche. Vous verrez, son écriture a un petit quelque chose qui vous fera probablement y retourner.

Et si vous l'aimez, même si vous ne l'avez jamais vu, sachez que je l'aime toujours, même si on ne se voit plus.

Bonne semaine!

lundi 11 août 2008

L'éloge de la routine

Une discussion hier soir, lors d'un souper dans la famille Blondinette:

-Moi, si je gagnais un million..., dit le beau-frère.
-Qu'est-ce que tu ferais? demande Blondinette.
-Tout ce que je veux!
-Tu serais capable d'arrêter de travailler?
-Oui, pis je me demanderais jamais quoi faire, tu peux être sûre! affirme le BF.

Se demander quoi faire... Il me semble que j'ai passé ma vie à me demander ça, sans jamais arriver à une réponse satisfaisante. Je vous en avais déjà parlé dans un billet précédent: je ne me connais pas ou à peu près pas. Ce n'est que par l'écriture que je réussis à mettre mes idées en place et à m'exprimer un tant soit peu. À l'oral, ça sort comme... mal! Anyway!

Donc, les vacances qui tirent à leur fin comme nous le soulignent toutes les annonces à la tévé, à la radio, sur internet, partout. Des vacances bien remplies, ponctuées de mini-voyages et d'un plus grand qui s'en vient dans quelques jours. Des voyages entrecoupés de petites escales à la maison pour défaire des bagages, faire sécher la tente, ranger le matériel de camping, se refaire une liste de choses à apporter, sortir le matériel de camping, pondre un billet moyen et repartir. Des vacances tellement occupées que jamais je n'ai eu à me demander quoi faire, ce qui est une bonne chose en soi, étant donné le peu de réponses que ma bouche ose offrir à mes interrogations.

Dans deux semaines, c'est la rentrée. Je ne suis pas amer. J'aime mon travail. Vous devinez pourquoi? À cause de l'horaire, des cloches, de la fin du questionnement. Je n'aurai plus à me demander ce que je ferai le mardi matin, entre 10h20 et 11h20. C'est aussi niaiseux que ça et ça le restera jusqu'à temps que je me connaisse mieux. Mais au rythme où avance ma thérapie, ce n'est pas pour demain...

Vous devez vous dire que je ne suis pas bien chez moi. C'est tout faux! J'ai passé de très belles vacances avec mon petit zoo. Des éclats de rire, des soirées étoilées, des drôles de faces, quelques pets sur la bédaine... Et Blondinette... Je suis vraiment chanceux de l'avoir. Elle me connaît et surtout, me respecte dans ce que je suis et ne suis pas et c'est rare aujourd'hui. Trop rare.

Alors, un autre voyage qui commence bientôt. Un voyage de dix mois avec un équipage que je ne connais même pas ou si peu. Un voyage qui me mènera encore d'un drame à l'autre mais qui se terminera bien encore une fois, même si j'en aurai douté cent fois et me serai remis en question mille fois.

Mais surtout, un voyage organisé où tout est planifié pour nous, où on n'a qu'à suivre le courant avec les vingt-quatre petites vagues qui le surplombent. Peut-être même avec un roman prêt pour être porté au jugement des éditeurs en juin 2009. En tout cas, si ça ne marche pas, je le publie ici même, c'est promis. Un chapître par jour durant 18 jours consécutifs, vous ne croirez pas ça!

Allez, on se revoit bientôt. Car, le croiriez-vous, même savoir quoi écrire ici est une corvée actuellement. Mais je suis certain que lorsque la cloche sonnera...