dimanche 21 septembre 2008

La braise


Ils ne savent pas encore comment me prendre, c'est clair. Depuis trois semaines que je m'éperdue à...


  • Les faire rire mais ils rient peu

  • Les allumer mais ils s'éteignent aussitôt

  • Les apprivoiser mais ils me craignent encore

  • Leur parler doucement mais ils n'écoutent pas toujours

Cette année, ils sont comme ça. Ils me testent timidement et je réagis tout doucement, par peur de les faire fuir. De toute façon, ils ne sont pas difficiles. C'est seulement qu'ils peinent à s'attacher, alors ils s'accrochent maladroitement.


Je les aurai, je le sais. Ce sera seulement un peu plus long que d'habitude. Mais j'ai tellement hâte qu'ils s'allument et qu'ils m'éblouissent.


Souffler sur le feu encore un peu. Patience, patience...



lundi 15 septembre 2008

C'est ça qui est ça...

Un peu plus tôt en soirée, je téléphone au soutien technique chez Vidéotron afin de m'informer sur le branchement d'un nouvel enregistreur Illico que j'ai reçu de ma maman.

(musique d'ambiance avec voix de femme fatiguante qui saute du coq à l'âne en passant par les poulets)

-Soutien technique, xyz, comment puis-je vous aider?
-Bonjour...
-...
-Bon, ma mère m'a donné un abcmachinchouette et j'aimerais savoir si je dois seulement le brancher ou si j'ai besoin de l'enregistrer avant.
-Non, vous ne pourrez pas enregistrer avant qu'il ne soit branché.
-Non, ce n'est pas ça que je veux dire. Euh, dois-je le signaler à Vidéotron ou tout fonctionne tout seul?
-Oh, il doit être activé. C'est avec le soutien à l'activation que vous devez faire cela.
Là, il y a une petite pause. Je me dis que ça y est, il va me donner le nouveau numéro de téléphone et que je vais devoir me taper à nouveau la Castafiore qui rap sur une musique d'ascenseur...
-Vous êtes toujours là, monsieur?
-Oui, oui, désolé.
-Je vous transferts à l'instant.
-Oh, merci beaucoup!
Et là, il éclate de rire. Quand je vous dis qu'il éclate de rire, il vit en direct l'Hiroshima des gloussements. Je suis à l'autre bout de la ligne et juste à l'entendre rire, je ris aussi. J'espère qu'il va me raconter ce qui lui est arrivé. Est-ce un collègue qui est tombé la tête dans la petite poubelle de métal et qui court partout pour se la faire enlever par un âme charitable? Un ami technicien qui imite PKP ou Julie? Et il n'arrête pas de rire. Je décide d'être poli.
-Ça va? (en riant)
-Oui, oui... C'est juste que je vous ai dit que je vous transférais au service à l'activation et vous avez répondu "Merci beaucoup!"
-...
-Je vous transferts!
-...
C'est ça qui est ça...
***
À la rentrée, dehors dans la cours, Prof en Exil revient de son exil d'un an en Europe. Une mère l'aperçoit à travers le troupeau d'enfants et lui crie de l'autre côté de la clôture:
-Prof en Exil, t'es revenue?
-Oui (timidement).
-Ah ben, chu contente en tabarnak!
C'est ça qui est ça...
***
Dans la salle de bain avec mon Koala, assise sur la toilette.
-(chantant) Bonne fête Pipi-Caca, bonne fête Pipi-Caca, bonne fête, bonne fête, bonne fête Pipi-Caca.
C'est ça qui est ça...
***
Vous savez, les ballons qu'on gonfle et qu'on colle sur les portes pour les anniversaires, en paquet de deux ou trois? Après deux semaines, ils ressemblent vraiment à des testicules.
C'est ça qui est ça...
***
Loutre qui s'adresse à Blondinette.
-Maman, je suis sale!
-C'est pas grave!
-Je sais, tu aimes ça faire du lavage!
C'est ça qui est ça...
***
J'ai envoyé à mes cinq "crash-test dummies" le premier chapître de mon premier essai romanesque. Une réponse en vingt-quatre heures. Je leur avais écrit de prendre leur temps avant de me répondre. Je capote.
C'est ça qui est ça...
***
Si quelqu'un a le goût de se rajouter à la liste, écrivez-moi et je vous en envoie une copie dans les prochaines minutes. Mais oubliez la partie de "prendre votre temps" avant de répondre...
C'est ça qui est ça...
***
Ce matin, dans la salle des profs, me plaignant.
-Je ne sais pas ce que j'ai mais ça file pas fort!
-Oui, c'est vrai que tu as l'air poqué...
-Ça doit être une maladie en "ite".
-...
-Bien, je crois que je les ai toutes eues. Bronchite, pharyngite, amygdalite. Y'a à peu près juste la vaginite que je n'ai pas encore attrapée.
-...
Il faudrait que je me souvienne que je ne travaille pas dans une "shop" une fois de temps en temps.
C'est ça qui est ça...

mercredi 10 septembre 2008

Ça (ne) fait pas mal!

Je suis dans le grand ménage ces temps-ci. C'est Blondinette qui sera surprise de lire cela ici, elle qui a besoin de m'annoncer que c'est l'heure du ménage avec le même tact qu'on annonce à un enfant qu'il doit aller chez le dentiste mais c'est vrai. Pas un ménage physique, loin de là. Un petit dépoussiérage intérieur, sans pression. Un lavage sans pression, bizarre...

Il y avait un peu trop de monde chez moi depuis plusieurs années. Un Ensaignant pour chaque membre de mon entourage à part quatre exceptions: Blondinette, ma psy, Collègue Parfaite et ce blog. Certes, j'exagère souvent les faits ici, histoire de les rendre plus intéressants qu'il le sont en réalité mais ce que vous lisez, c'est moi. Les autres, vous avez très souvent eu un Ensaignant-tapisserie avec vous. Désolé de vous décevoir mais c'est ainsi.

Je m'y prennais de la façon suivante: je suis devenu expert au fil des années dans l'art de lire ce que les gens désirent des autres. Difficile à expliquer mais je décèle chaque indice dans le discours verbal et non-verbal des gens que je rencontre afin de coller aux goûts ou dégoûts qu'ils expriment, consciemment ou non. Compliqué? Vous avez pas idée.

Donc, histoire de me faire aimer du plus grand nombre, j'offre aux gens ce qu'ils désirent. Vous voulez parler sérieusement? Je peux vous donner ça, même si je n'en ai pas envie. Vous voulez rire? Ça aussi, aucun problème, même si je me sens terriblement sérieux ce matin. Vous voulez vous faire allaiter? Viens par ici, PMT, même si mes seins me font terriblement mal. Je vous le jure, un expert. Une sorte d'intelligence émotive "one way". Aucune idée de ce qui se passe à l'intérieur de moi mais une méchante bonne idée de ce qui brasse dans le coeur de ceux qui m'entourent.

Et cette semaine, pouf! Un paquet d'Ensaignants sont disparus. Suite à une agréable rencontre avec une vieille connaissance qui s'assume entièrement (il se reconnaîtra) et à des années d'introspection, phénomène accéléré depuis décembre, j'ai eu envie d'essayer autre chose. Juste pour le fun. Juste pour voir si je pourrais être aimable en restant moi-même. Une "long-shot"...

Et vous savez quoi? Je ne me suis jamais senti aussi fort qu'en ce moment. Face à moi, face aux autres. S'assumer pleinement, respirer et prendre le temps de le faire. Je baigne dans la facilité. Et mon contact auprès des autres s'en retrouve amélioré par le même coup.

Décrire tous les bénéfices que je retire de cette situation serait trop long à expliquer et honnêtement, pas mal emmerdant pour vous. Vous méritez mieux que ça. Mais disons qu'à part un nombre incroyablement élevé de personnes qui me demandent si ça va, un regard inquiet sur le visage, tout baigne. La zénitude que je vous dis.

Alors voilà pour les nouvelles. Pas tellement le goût d'écrire ces temps-ci non plus. Le goût de m'occuper de moi un petit peu. Parce que tout d'un coup, je me rend compte que je le mérite peut-être un peu.

Comme disent les A.A., un jour à la fois...

Sérieusement vôtre (pour ce soir!),

Enzénant

p.s. je prends quand même le temps d'aller voir tous vos billets, fil RSS aidant. Vous écrivez de maudites belles affaires. Quelque chose me dit qu'un "100 questions" s'en vient.

dimanche 7 septembre 2008

Dimanche matin à la ferme

Ce matin, après nous être levés tôt, nous sommes embarqués dans la Blondinettemobile pour une escapade à la ferme. Il s'agissait d'une ferme spécialisée dans le formage au lait de chèvre. Mon estomac gargouillait d'anticipation.

Nous nous sommes stationnés dans un grand champ avec des trèfles aussi haut que les portières de l'auto. Puis nous avons marché, ne pouvant parfois éviter cette boue qui, nous l'espérions, était de la boue. Ça fait partie des agréments d'un voyage comme celui-ci.

Arrivés là-bas, Loutre et Koala accrochés à nos pantalons car il pleuvait des chats, nous nous sommes approchés des boucs. Ils s'étaient mis sur leur 31, avec leurs permanentes frisées sur la tête. Je n'ai pu m'empêcher d'en flatter plusieurs au passage, leur trouvant des ressemblances avec quelques frisés de mon entourage. Toujours le même manège: les attirer avec une main en forme de coupe, comme si on allait leur donner quelque chose à manger et hop, la main sur la tête. Toutes ces frisettes, toutes différentes...

Près de nous, le responsable qui a une barbiche qui aurait rendu plusieurs chèvres jalouses. Un roux, un roux à barbiche. Je me méfie toujours des roux, c'est malgré moi. Jamais eu une bonne expérience avec un roux dans ma classe. Même un garçon, qui m'avait donné la "rouille" dans mon enfance, était roux. Je vous raconterai un jour. Il a fini en cure de désintox. Dur, la vie de roux.

Donc, le guide roux était en pleine conversation avec un autre visiteur, brun celui-là.

-Ils ont l'air énervés, les boucs! dit le visiteur.
-C'est pasqu'y sont en rut! annonça fièrement le roux.
-Les avez-vous frisé pour l'occasion? demande une vieille dame, près d'eux.
-Ah, ben non, y s'pissent d'sus!

Quoi? Je regarde ma main, je regarde les boucs, je regarde le roux, je regarde à nouveau les boucs, je regarde encore ma main.

-C'est l'odeur. Les femelles r'niflent ça pis ça les excitent! recommence le roux.

Blondinette, qui était non loin de là, me voit arriver au pas de course vers elle.

-Excuse chérie, tu as un "swamp"? lui demandai-je.
-C'est les boucs? me demanda-t-elle.
-T'as pas idée...

J'voudrais en faire des boucs-émissaires, mais serait-il possible pour les animaux de ferme d'acquérir un minimum de classe?

jeudi 4 septembre 2008

Bouddha, sors de ce corps!

Je les regardais aujourd'hui. Ils avaient la motivation humide et lourde. Ils arrivaient bientôt à la fin de leur première semaine de travail et ça leur pesait.

À cause du projet spécial qu'ils viveront cette année et qui leur coupera 10% de leur semaine, ils doivent mettre les bouchées doubles et même triples durant le temps qu'il leur reste. Une cheeseburger avec ça?

J'aurais aimé leur dire: "O.K., on met ça de côté et on jase un peu, voulez-vous?" Mais ce n'est pas encore le temps. Ça viendra, lorsqu'ils auront bien compris ce qu'est travailler, ce que plusieurs ont un peu de misère à assimiler.

Ce n'est pas que je sois sadique ou méchant, loin de là. C'est seulement que les bonnes habitudes se prennent tôt dans l'année scolaire et deviennent une normalité pour les étudiants très rapidement. Comme la cage d'un chien qui finit par la demander avant son dodo, j'imagine. O.K., je pousse un peu je crois bien.

Moi? Moi, je suis brûlé. Et c'est assez rare que ça m'arrive. Fatigué, parfois. Brûlé, jamais. Mais ce soir, un oeil sur le match entre les Giants et les Redskins et l'autre sur mon portable, je réalise que la fatigue me bouffe. J'espère qu'elle a faim.

Voilà ce que ça donne... Un billet zen, sans trop de contenu et d'émotions fortes. Un billet comme un ciel gris pâle, sans nuages de pluie et sans soleil. Et vous, les profs, enseignez-vous ou vous en saignez cette semaine?

p.s. Pour ceux qui connaissent le chemin et qui auraient envie d'un peu de légèretés, en toute connaissance de cause...

lundi 1 septembre 2008

Clin d'oeil du long week-end (vol.8)

Toutes les personnes dont peut-être certains parmi vous, chers lecteurs, qui avez un grand jardin, vous délectez d'un bon concombre à chaque repas ou parfois même, les coquins, en entrée, trempés dans du vinaigre. N'est-ce pas là un des plaisirs les moins cachés de la période estivale?

Et bien chez nous, point de concombre, chers amis. Est-ce à cause de la température? Est-ce à cause qu'on n'a pas de plants dans notre jardin? Et bien non.

C'est que par chez nous, nous avons des écureuils disons, précieux. Voyez-vous, ils ne veulent plus rien savoir de leur menu habituel. Ils ont décidé que cet été, ce sont les concombres qui consisteraient la base de leur alimentation. Et nous sommes, il faut l'avouer, leur fournisseur le plus important.

Si quelqu'un a un truc pour l'été prochain, qu'il n'hésite pas. Je suis tanné de voir des rats avec de belles queues transportant notre récolte, émettant un cri qui ressemble à un rire sarcastique.