mardi 24 février 2009

Chose promise, chose due

À Drew, qui voulait en savoir plus sur la reproduction du vers de terre et MissMath, qui voulait des alexandrins...

Il s'avançait vers elle, remuant et gluant
Il n'était pas un mâle, ni même une femelle
Mais pour bien se comprendre, il se cherchait une elle
Même pour un vers de terre, ce n'est pas évident

Avec une seule envie, celle de se reproduire
Connaître le grand frisson, avant de disparaître
De spermatozoïdes et d'ovules il est maître
Il rampe dans le gazon, il la maintient en mire

Son long corps ondulant, il s'offre à sa princesse
Et cherche à y entrer, tout en montrant ses fesses
L'équilibre parfait, aucune frustration

Une fois l'échange conclue, ils repartent tranquillement
Chacun de leur côté, leurs corps se démêlant
Ne se prometant rien, les corps comme des ballons

vendredi 13 février 2009

Billet avec trois fois le mot spermatozoïde dedans


Courts extraits des cinq dernières années...


-C'est qui les meilleures?

-Les filles!

-Grrrrr...


-Regarde, maman, tu as une fourchette bleue, Koala a une fourchette bleue, j'ai une fourchette bleue et papa a la vieille fourchette de métal!

-Gggrrrrrr...


-Bon, bye les filles. Passez une belle journée avec votre maman et pas de chichi, hein?

-Bye papa!

-Bye papa!

La porte même pas encore refermée...

-Yeah, c'est la journée fille!!!

-Ggggggggggrrrrrrrrrrrrrrr...


Il y a cinq mois...


Je prends le micro-jouet de mes enfants et l'ammène dans le garage. Une fois rendu là, bien à l'abri des oreilles indiscrètes et qui pourraient juger mon manège, je baisse mon pantalon. Et là, les testicules à l'air, je leur parle.


-PSSSTTTTT... la gang!

-...

-Est-ce que vous dormez?


Le spermatozoïde dominant, le plus poilu, me répond en premier.


-Qu'est-ce que tu veux?

-Hé, reste poli mon grand. Je suis ton maître, en l'oublie pas.

-Adolescent, tu l'étais. Mais maintenant, avec deux jeunes enfants, disons qu'on a appris à nager tout seuls!


Les spermatozoïdes peuvent vraiment avoir de drôles de personnalités parfois.


-J'ai un service à te demander. Disons que ce n'est pas légal mais je crois que tu es mon homme!

-Vas-y, crache!

-Je cracherais bien mais je ne voudrais pas te perdre...


J'aime niaiser mes spermatozoïdes. Surtout quand ils viennent de se réveiller d'un long, très long, trop long sommeil.


-Ramasse ta gang pis passe-leur le message.

-Quel message?

-Dis-leur qu'à la prochaine "libération", ils ont le droit de mordre, de faire des jambettes, de griffer n'importe quel spermatozoïde qui semble porter un gène féminin.

-Bien compris. Ça fait longtemps qu'on attend ce moment.

-C'est dans le sac?


Dans le sac...


-Une dernière question, au maître paresseux!

-De quossé?

-Pourquoi? Nos deux plus beaux spécimens t'ont pourtant donné deux belles poupounes!

-Je sais mais la démocratie a disparu dans la maison saignante.

-O.K., j'comprends! Nous ferons de notre mieux alors!


Ce matin...


Le médecin me regarde avec un sourire en coin au-dessus de ses lunettes. Je comprends tout de suite ce que ça veut dire. Je suis maintenant la Pauline Marois de la paternité. Encore minoritaire mais on fait du chemin...


Ce soir...


Mes plus vieux lecteurs vont savoir pourquoi. Ostie que j'freake.

jeudi 12 février 2009

Billet pluvieux

Je les regarde travailler ce matin. Tous et toutes appliqués à leur tâche, tentant de me prouver une fois de plus qu'ils valent quelque chose. Ou tenter de se le prouver à eux-mêmes, encore une fois. Allez savoir.

Certains me sourient entre deux coups de crayons. Est-ce un bon signe? Pas toujours. N'a-t-on pas déjà retrouvé de beaux sourires sur les photos de Vision Mondiale? Une fleur ne pousse-t-elle pas dans le désert, parfois?

Je ne vous ai pas beaucoup parlé d'eux cette année. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce qu'ils sont fragiles, ceux-là. Surtout les gars. Toujours les gars.

Un jour, il faudra cesser de se demander comme société ce qu'on fait de mal avec nos garçons. On cherche à leur mettre du plomb dans la tête et ils finissent par s'en mettre eux-mêmes. Assez pathétique comme jeu de mots. Aussi pathétique que la situation.

Moins de blabla, plus d'actions. Moins de tables de concertation, plus de gestes concrets.

On s'inquiète de la grippe aviaire, on achète des vaccins qu'il faudra mettre à la poubelle dans quelques mois mais nos gars qui n'ont plus de modèles dignes de ce nom, on en fait quoi? On les rentre simplement dans les statistiques? On en fait des cas de nouvelles quelques fois par année, durant un jour ou deux, pour avoir bonne conscience?

C'est difficile être au front parfois. Moi aussi, j'aimerais mieux penser à tout cela bien à l'abri de quatre murs, face à mon ordinateur, entre deux réunions ministérielles.

Mais moi, j'ai le résultat de nos choix de société en plein dans la face. Et quelques fois par année, durant un jour ou deux, ça frappe en calvaire.

mardi 10 février 2009

Ma face normale

C'est dans le visage que ça se passe. Tu ne sais pas danser? Pas grave. Fais une face de danseur et hop!, tu danses bien. Tu veux sembler sérieux? Fais une face de sérieux et voilà, tu ressembles à Benoit Dutrizac. Tu veux faire taire tes élèves? Tu sors ta face fâchée et les voilà aussi silencieux que la psychologue de Guy Corneau.

J'ai été à l'hôtel avec mon petit zoo en fin de semaine. Repos, baignade, repos, raquette, repos, vous voyez l'agenda.

En papa responsable que je suis, nous avons pris une chambre non-fumeur. Mais j'ai vite trouvé la faille pour ne pas avoir à aller trop loin pour assouvir mon besoin. Parce qu'il y a toujours une faille, vous savez. Une minuscule porte située à quelques enjambées de notre chambre. La porte ouvrait seulement de l'intérieur mais bon, il suffit d'un briquet bien placé et elle ne se referme tout simplement pas. Ingénieux, le boucaneux.

Samedi soir, j'ai bu une bouteille et trois quart de vin. Blondinette, enceinte, m'encourageait en claquant des mains, heureuse de voir son chum fêter pour eux deux. Enfin, c'était presque comme ça.

Vers la fin de la soirée, je descends fumer une cigarette en pyjama et en t-shirt, botté de mes bottes d'hiver dans mes pieds nus et les cheveux ébouriffés du moins, ceux qui me restent. J'ouvre la porte, allume ma cigarette et place mon briquet mais il tombe par terre et la porte se referme. Elle ne se referme pas rapidement mais tout doucement, comme au ralenti, juste assez lentement pour que je puisse y toucher une ou deux fois de mes doigts pendant que l'hôtel se ferme devant mon nez et que le ridicule m'accueille à bras ouverts.

Pour avoir fait le tour de la place durant la journée, je comprends vite que ma seule issue (ou plutôt entrée) se trouve de l'autre côté du bâtiment. C'est l'entrée principale avec le lobby, les maîtres d'hôtels, les fumeurs de cigare et tout le tralala. Et moi en pyjama, c'est évident.

Je commence donc ma promenade hivernale en passant devant le bain tourbillon extérieur où environ dix adultes relaxant doivent avoir une impression contraire à un déjà vu. Un gars en pyjama, flottant dans ses bottes, qui marche à l'horizon. Et en plus, je titube légèrement. Le cauchemar.

J'arrive devant l'hôtel et un fumeur me voit venir de loin. Il m'observe attentivement, me faisant comprendre que si j'espérais un peu de solidarité de nicotine, je serais bien mal servi. Mais ce n'est pas grave. J'avais mis ma face normale, celle du gars qui n'a rien de spécial à déclarer. La même face que lorsque je passe la douane, quoi.

J'ouvre la porte, accompagné du regard de l'homme dans la quarantaine qui semble avoir même oublié qu'il tenait une cigarette à la main et qu'il devait fermer sa bouche devant un idiot car c'est plus poli et j'entre dans le loby.

Les deux jeunes femmes qui travaillent derrière le comptoir et qui parlaient, je les ai vues par les portes vitrées, arrêtent leur discussion et me fixent, l'air inquiet. Ce n'est pas grave, j'ai ma face normale et avec celle-là, je passe partout. Comme la cannelle et les pruneaux.

Les hommes qui riaient bien grassement, je les ai entendus pendant que les femmes me dévisageaient, arrêtent de rire. Pourtant, ils n'ont pas vu d'ange passer devant eux. Qu'un p'tit con à la démarche malhabile. Vous savez, cette démarche trop rapide et trop droite pour penser pendant un instant que le marcheur est à jeûn? Et surtout, sa face normale, celle qui ferait passer une constipation pour une fête au village.

Plus j'approche de la chambre, moins j'ai l'air bizarre. C'est une question de contexte. Un gars en pyjama dehors, ça fait un peu weird. Un gars en pyjama dans le couloir, c'est seulement quelqu'un qui avait un besoin urgent.

Je suis finalement rentré dans la chambre. Blondinette, qui n'en manque pas une, me demande:

-Ça a donc bien été long! En as-tu fumé quatre?

J'ai mis ma face de clown et lui ai raconté. Elle a bien ri.

lundi 9 février 2009

R.I.P. Bagoo

Une voix lointaine se fit entendre.
-En Saignant, En Saignant! Réveillez-vous! Nous avons une grande blessée dans la salle d'opération 4!
Mes yeux à peine ouverts peinaient à reconnaître le décor. Un beige avec des toiles représentant des paysages qui semblent n'avoir inspiré que le peintre couvraient le mur.
-J'arrive, gromelai-je.
***
Pourquoi blogue-t-on? Il existe tellement de raisons. Parfois, c'est pour tromper l'ennui, d'autres fois, c'est pour embellir un quotidien. Pour partager, parce que notre bouche ne fournit jamais assez ou parce qu'elle ne contient que des légèretés, gardant les vérités bien à l'abris. Et ces vérités doivent sortir de notre tête, où elles tournent en rond.
***
Je n'avais pas encore vu la civière mais je devinais déjà qui s'y trouvait.
-Elle se prénomme Gooba! annonça une infirmière en petite tenue avec un beau bonnet blanc et des bas faisant sembler ses jambes comme deux... oups, je m'égare.
-Non, elle ne s'appelle pas Gooba. Vous avez inversé les lettres. C'est Bagoo!
L'infirmière à la poitrine invitante (merde!) me montra le dossier.
-Eh bien, c'était vraiment Gooba! Je n'en reviens pas!
***
Pourquoi arrête-t'-on de bloguer? Encore là, allez savoir. Parfois, c'est parce qu'on n'a plus rien à dire et que ce qu'on avait à dire, on l'a déjà dit trois fois de trois façons différentes. Ou encore, c'est parce que la vraie vie nous appelle. Et lorsqu'elle nous appelle, elle le fait fort, en criant. Comme si c'était la seule façon de nous enlever de devant notre écran. Peut-être se tanne-t-on et se décide-t-on un bon matin que c'en est assez, tout simplement. Tout simplement.
***
Je parcours le dossier des yeux.
-Tiens, il est écrit qu'elle ne désire pas être réanimée! annonçai-je d'une voix feignant la surprise.
-Mais les deux dernières fois qu'elle a essayé de mettre fin à ses jours, vous l'avez réanimé! annonça la plantureuse infirmière, les cheveux secoués par une fine brise (remerde!!!)
Ces épisodes me revinrent en mémoire. Je partis dans mes pensées, encore une fois.
-Docteur? Que fait-on? Est-ce qu'on la réanime? demanda Natasha en déboutonnant son habit (merde, merde, merde et remerde!)
Je la regardai l'air sérieux.
***
Qui sommes-nous dans la vraie vie? Des gens avec des enfants ou sans. Avec des amoureux ou sans. Dans le fond, toute la mosaïque y est représentée. Avec ses vérités et ses mensonges et le gouffre immense qui se trouve entre les deux. Sur le net, on s'invente des histoires et on en embellit d'autres. On rapetisse notre nez trop long et on change la couleur de nos humeurs. On peut tout faire. Pourvu qu'on ne se prenne pas au jeu d'y croire un peu trop.
***
-Non, laissez-la aller! répondis-je, la voix rauque.
L'infirmière déposa ses instruments sur la table. Ceux-ci consistaient en un masque à oxygène, un scalpel et un dildo grand comme... (oh non!!!)
-Vous êtes certain? demanda-t-elle de sa voix sensuelle.
-Oui, elle a assez souffert.
L'infirmière passa sa douce main dans la chevelure de Gooba.
-Elle me manquera!
-À moi aussi, elle me manquera, annonçai-je, solenellement. Je l'aimais... virtuellement.
***
Pourquoi la mort de Gooba m'affecte-t-elle autant? Je ne sais pas. Peut-être parce que j'ai envie de croire que notre amitié a été vraie, aussi fragile qu'un réseau informatique. Peut-être que j'ai le goût de croire qu'elle fait vraiment les plus grandes bulles du monde avec sa gomme. Ou que l'innondation dans sa cour a été le coup fatal. Ou que ses enfants grandissent et qu'elle a le goût de passer plus de temps avec eux. Ou un mélange de tout ça.
Ou encore parce qu'elle pose la question de sa plume taquine, sans même y avoir pensé...
Et toi, Globule, pourquoi continues-tu? Pour tout ça, Gooba, et un peu pour toi...

jeudi 5 février 2009

Simplement pour suivre le courant

En revenant de travailler hier, Paul Houde m'a appris de sa voix "pierrebruneauesque" que Chorus, la compagnie propriétaire du 98,5 fm mettait à pied vingt-cinq employés à cause de la "conjoncture économique actuelle".

Ils font tous cela. Les compagnies aériennes, les constructeurs automobiles, les banques, les caisses pop, les entreprises de construction, etc. Même à Kanhawake, où je vais acheter mes cigarettes une fois par mois, la femme est rendue seule en arrière du comptoir. Imaginez...

Alors, c'est décidé. Dès demain, j'annoncerai à cinq de mes élèves qu'ils sont congédiés de ma classe. Comme ça, sans explications. Simplement à cause de la "conjoncture économique actuelle".

Serais-je opportuniste?

lundi 2 février 2009

Vieillir

Le quotidien laisse parfois des miettes derrière lui, un peu comme mes filles qui déjeunent à la table. En analysant les graines qui traînent sur leurs chaises, je peux facilement conclure qu'elles ont mangé un muffin aux bleuets pour déjeuner, même si je n'y étais pas. Il est vrai que parfois, c'est un bleuet complet qui est sur la chaise mais bon.

Je me réveille ce matin avec les images d'un SuperBowl à la hauteur de mes attentes. Et pourtant, de minuscules indices me laissent croire que quelque chose a changé. Depuis dix ans. Depuis toujours, on dirait.

Je me souviens, à vingt-cinq ans, dans le sous-sol avec ma gang de chums à analyser les moindres décisions des entraîneurs lors de leur match ultime. Je me souviens des bouteilles de bière qui remplissaient la table basse, laissant peu de place pour nos pieds. Je me souviens des yeux que nous faisions lorsqu'un d'entre nous recevait un appel de sa blonde et ce, bien avant que les téléphones cellulaires envahissent notre quotidien.

On était des hommes, des vrais. On écoutait le football et notre poil poussait d'un centimètre à chaque fois qu'un receveur de passe se faisait clouer par un demi défensif. Et là, on bondissait, tous en même temps, en se tapant dans les mains, comme si c'était nous qui venait de plaquer un adversaire.

Parfois, en sourdine, il y avait une musique rock. Du Metallica, du Pearl Jam, du Rage against the Machine, des trucs doux et mélodieux.

Quand le match prenait fin, après trois quarts écoutés attentivement et un autre à dégriser avant de reprendre le volant, nous revenions à la maison ou encore, nous continuions à fêter jusqu'à tard dans la nuit si notre équipe avait gagné ou jusqu'à tard dans la nuit si notre équipe avait perdu.

Hier, Blondinette a voulu me faire plaisir. Nous avons mangé des assiettes de nachos, devant la télévision. Comme une vraie soirée de SuperBowl. Mon Koala bougeait sans cesse, mettant sa grosse tête devant la télé non-HD, m'obligeant à m'étirer le cou de tous les côtés. Entre le repas et le dessert, ainsi qu'après le dessert, mes petites m'ont attaqué, sautant sur mon dos, montant sur mes épaules. Kurt Warner avait moins de difficulté à retracer ses receveurs de passe que moi à suivre l'action je crois bien.

Avoir voulu, j'aurais pu faire quelques téléphones. Il devait bien exister quelques amis ou connaissances qui se réunissaient pour boire, crier, gérer des estrades...

Mais voilà, je ne bois plus de bière depuis trois ans et demi, je crie rarement et mes filles le font tellement souvent que j'en ai mal à la tête, je devais me lever tôt ce matin car c'était le retour au boulot et ma place est à la maison, tout simplement. Et "Douze hommes rapaillés" n'entre certainement pas dans la catégorie d'album à écouter entre chums en secouant la tête au rythme de la musique.

Si vieillir était tout simplement changer nos priorités? Redéfinir notre quotidien avec les nouveaux acteurs qui s'y retrouvent, parce qu'on le veut bien, parce qu'on leur veut du bien?

Et s'oublier de plus en plus. Et comprendre que c'est bien ainsi lorsque notre plus jeune nous fait une énorme caresse dans son lit lorsqu'on prend deux minutes pour aller lui souhaiter bonne nuit.

Même si ça veut dire qu'on rate la passe de 46 verges de Warner à Boldin...