jeudi 1 septembre 2011

Les p'tites vites

Je ne suis pas le premier à qui ça arrive. Ces deux dernières années ont été plutôt calmes ici. L'Héritier est venu bouffer les minutes qui me restaient dans mes soirées pour venir me répandre ici, surtout répondre aux commentaires (désolé, Zed!).

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La rentrée va bon train. Je suis le nouveau délégué syndical de l'école. Troisième journée dans ce poste et une bombe explose dans l'équipe. Engagez-vous qu'y disaient...

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Un beau groupe de 23 élèves allumés pour faire suite aux deux dernières années de misère me fait le plus grand bien. Reste seulement à me réhabituer à me faire regarder lorsque j'enseigne. Et à justement avoir le goût d'enseigner plus qu'en saigner.

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PMT qui se fait voler son ampli et son Beatles Complete Scores et qui les retrouve miraculeusement dans le dépôt. S'il m'avait expliqué que ça prenait une guitare électrique pour brancher un ampli, il aurait seulement "égaré" ses partitions, le pauvre.

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Une autre idée de fou qui fera peut-être du chemin, on ne sait jamais: je suis maintenant sur twitter. 140 caractères est plus réaliste pour satisfaire ma soif d'écriture, même si je suis à la diète. Pseudo: mondeensaignant. On se reparle plus souvent là-bas si ça vous intéresse...

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Mais on ferme rien ici, hein?

jeudi 25 août 2011

Lu sur Facebook…

“Souviens-toi qu’au régulier, nous avons maintenant des classes d’adaptation scolaire avec des élèves réguliers intégrés”

 

Ouais…

vendredi 12 août 2011

L’été est un réseau social

Dans cette maison, on aime les gens.  Habituellement, on évite les excès, à l’exception de notre famille de Montérégie qui habite la Petite Maison dans Laprairie, histoire de rester socialement agréable.  Deux ermites qui trichent, comme deux végétariens s’envoyant un bon gros steak de temps en temps.  Voilà ce que nous sommes.

Durant les dernières semaines, le végétarisme a pris le bord.  Souper par ici, souper par là.  Tous d’agréables moments passés avec des personnes qui nous sont chères.  Mais pour revenir à l’image du végétarien, disons que le système digestif a besoin d’un bon nettoyage.

Nous partons donc pour notre retraite fermée annuelle avant de recommencer à travailler.  Direction:  Ogunquit. 

Un peu quétaine, mais en format camping, ça nous permet de passer une semaine sur le bord de la mer à peu de frais.  En plus, nous serons complètement dépaysés chez ces voisins du Sud.

Que le bruit des vagues, des oiseaux, de notre tribu qui s’amuse et de Raymond, de Victoriaville, qui s’écriera à quelques pieds de nous:

“Coudonc, Carole, t’as-tu vu l’astie d’crème solaire?”

Comme quoi l’exotisme local nous suit où qu’on aille…

Mais je m’en fous.  Je m’en vais faire le plein de Blondinette qui est toujours aussi belle, de ma Loutre, l’intello de la famille, de mon Koala, notre p’tit clown et de l’Héritier et de son énergie de p’tit homme de deux ans.

On se reparle en septembre, avec plus d’assiduité j’espère bien…

mardi 14 juin 2011

Méritas bien mérités?

Observations du grand chum du service de garde pendant la remise de méritas pour assiduité/ponctualité à 15 élèves de l'école:

-Ils vont presque tous au service de garde, pas dur de ne pas être en retard!

L'avais pas vu, celle-là...

dimanche 5 juin 2011

Ils arrivent demain

Aujourd'hui, petit montage de salle plus rapide qu'à l'accoutumée. Atmosphère un peu morose mais qui devrait se détendre avec l'arrivée de la meute demain. Ils auront les yeux grands ouverts devant le décor qu'ils n'ont jamais vu en entier, surtout pas éclairé comme il le sera avec la fumée et tout.

Si vous voulez voir quelque chose d'unique et de très rare dans les milieux défavorisés, c'est votre chance. Il reste des places pour mercredi soir. Simplement m'écrire un e-mail et vous serez conquis, c'est moi qui vous le dit. On aura peut-être même la chance de se serrer la pince.

Ce petit quelque chose d'unique, ça s'appelle la FIERTÉ. Et ils en ont grandement besoin, surtout cette année.

mercredi 1 juin 2011

Le passant

Lui, il se dirige surement d'un point A à un point B. Pour moi, il passe. Chaque matin. À la même heure.

Dans les yeux des autres, il titube. Un pied dans la réalité et l'autre dans les vaps. Il est différent, c'est évident. Et ça réconforte de penser qu'il est fou. Comme ça, aucun danger de contagion.

Dans mes yeux à moi, il a simplement des verres fumés d'une autre couleur qui teinte son quotidien.

Quand je lui ouvre la porte du garage pour lui donner des bouteilles vides, il me jase sans arrêt, les mots se bousculant pour ne pas laisser de vide. Parce que le vide, c'est le silence. Et le silence, c'est réfléchir. Et peut-être même se souvenir.

-Hey, mon frère habite à St-Hyacinthe. Là-bas, ils donnent 10000$ au premier enfant, 25000$ au deuxième et 50000$ au troisième. Ça s'peux-tu?
-Hey, tsé, l'avocat qui habite à la maison où y'a l'wanabago, y vend d'la drogue!

Et je ris. Et il me regarde et il rit aussi. Il croit en sa réalité et je crois en la mienne mais nous nous rejoignons quelque part entre les deux. À mi-chemin entre le lucide et la rêverie.

Ensuite, il me quitte en faisant toujours bien attention de se retourner au bout de cinq pas et de me lancer une dernière boutade:

-Je me sauve, la police va arriver!
-Ouais, dépêche-toi...

C'est toujours à ce moment-là que ma fille se retourne vers moi, le regard inquiet.

-Papa, c'était qui le monsieur à qui tu parlais?
-Un ami, ma Loutre.
-Il est bizarre, ton ami! Il n'est pas comme nous.

Et je la regarde et elle, elle est bien loin de se douter que je la vois avec des ailes d'ange sur le dos. À chacun ses lunettes...

dimanche 29 mai 2011

Discussion avec un merle




Ce matin, un oiseau s'est posé sur la clôture de bois qui entoure mon terrain et il a fait "PIT! PIT!". Pour des oreilles de non-initiés, je suis certain que ça aurait ressemblé à un appel à la femelle ou à un signal d'alerte mais pas à mes oreilles, non, non... En vérité, il m'a dit:

Ensaignant, je sais que l'été tarde à se montrer le bout du bec mais tu te dois de donner signe de vie. L'année scolaire tire à sa fin comme quand je vois un ver de terre et que je le tire à ma faim et tu n'as presque rien écrit sur tes élèves. Tu n'as vraiment pas de classe et tu sais comment on nomme un enseignant pas de classe? Un suppléant...

Un peu surpris par le sens de l'humour de ce merle, je le laissai siffloter d'autres vérités à mes oreilles.

Quoi? Tu pensais vraiment que j'allais laisser tes billets plein d'appitoiement et de larmes mal séchées devenir les derniers mots que tu écrirais ici? Tiens toi droit comme une règle, comme un mètre, comme un maître et agis en conséquence.



Ouais mais le groupe est difficile et la pitié est un peu comme devenue ma spécialité, mon cher pinson.



Mais apprend à cultiver le déni comme je prépare des nids, avec passion et bordel (excuse PMT, tu es loin d'être un serin...), dis à ton lectorat comment tu as réussi à survivre à cette année de merde. Comment à travers les suspensions, les signalements à la D.P.J., les P.I.A., les interventions en classe pendant que la majorité SILENCIEUSE te regardait comme ils avaient regardé tous les enseignants venus avant, tu as quand même réussi à les contrôler.



Contrôler, mince exploit pour quelqu'un former à éduquer.



Moi en tout cas, je suis fier de toi et j'ai trouvé que tu avais le flegme de ceux qui réussissent et qui font réussir, même si les résultats te seront étrangers. Même que si tu étais une femelle, je te donnerais bien trois ou quatre petits coups les ailes battantes, mon cochon!



C'est exactement là que j'ai décroché.



p.s. Drew, il est pour toi celui-là, pour te donner signe de vie avec un punch comme tu les aimes. Je t'embrasse.




lundi 4 avril 2011

Comme une girouette

Encore une fois le goût d'aller voir ailleurs si je m'y trouve. Toujours pris entre cette impression de me répéter et le désir de me réinventer. Ça devient pathétique. Le milieu dans lequel j'enseigne a raison de moi à petit feu. Avant eux, je me sentais un professeur charismatique, motivant qui savait allumer même les élèves les plus éteints. Il me suffisait d'apercevoir un brasier et WOOOFFFF! Ça prenait. Pas cette année. Ils sont là à me bailler en plein visage, à dessiner durant plus longtemps qu'un cours d'art plastique, à se la jouer sans réaliser qu'ils se paient ma tête par le fait même. Pauvreté québécoise de souche qui me donne le goût d'aller à la rencontre de l'autre pauvreté. Celle des ethnies qui sont prêts à tous les sacrifices pour améliorer le sort de leur progéniture, pour empêcher de leur léguer leurs peines et leur désarroi en héritage. Tout le contraire de la moitié des parents de ma classe cette année, qui voit l'école comme un mal nécessaire, un lieu de torture où ils ont souffert eux-mêmes trop longtemps. Je suis aigri à ce point. C'est clair, le quartier est entrain de m'éteindre. Mais bon, si tout se passe comme prévu, je resterai en place. Peur d'affronter l'inconnu une fois de plus. Peur des efforts que je dois donner pour refaire ma place. Peur de beaucoup trop de trucs qui ne m'ont jamais tué. Mais peut-être, après tout, peur de me retrouver face à moi-même, au bout du chemin.

mardi 11 janvier 2011

On est loin d'un K.O.

Dans l'annonce de la deuxième partie du documentaire sur la tournée de notre Céline nationale, elle annonce à Muhammed Ali, atteint de Parkinson sévère:

"I don't feel so well...", la voix chevrotante.

Un peu comme se plaindre à Lucien Bouchard qu'on a des fourmis dans nos deux pieds...

lundi 10 janvier 2011

It's oh, so quiet

J'aime le retour de vacances. Assis dans ma classe, calme. Bon, elle ressemble un peu à un champ de bataille because l'échange de cadeaux du 23 mais tout est calme. J'entends même le bruit des néons, c'est tout dire.

Mon corps est bel et bien assis à mon bureau mais mon esprit est ailleurs. Dans un monde rempli de rires d'enfants et de chatouillis. Il y a aussi un Blondinette et ses calins. Et plusieurs coupes de vin. Mais surtout, un calme intérieur où mon esprit divague dans cette mer dévaguée.

Que me réserve 2011? L'équilibre tant recherché? De nouveaux défis?

À l'aube de la quarantaine, je me rends compte que j'ai encore tant à me dire, encore du temps pour me refaire. Pas me réinventer mais simplement apprendre à respirer, me laisser le temps de grandir encore un peu. Laisser cette sensibilité et ce perfectionnisme de côté et sauter à pieds joints dans la société avec ce qu'elle a à m'offrir de mieux et de pire. Et ne pas juger. Et accepter.

Je vous souhaite une année où règneront l'amour et la simplicité. Et le plus souvent, les deux mélangés ensemble. Et surtout, merci de revenir ici dans mon désert et d'attendre les averses de mots, même si elles se font rares.

Car vous faites aussi partie de mon équilibre, même si je viens vers vous moins souvent...