lundi 29 juin 2009

It's raining, so what?

Quand j'étais petit, c'était ma chanson préférée. Et ce soir, je pense qu'elle l'est redevenue.

vendredi 26 juin 2009

La fin puis le début

Je les ai laissés aller, les menant à la porte d'un pas sûr de lui. Ils pleuraient mais ça ne m'atteignait pas. Il y a des groupes comme ça.

Ils n'auront pas été détestables, loin de là. Vous avez peut-être remarqué le peu de billets les concernant cette année. C'est qu'il n'y avait rien à dire. Ils auront été ma croisière en Alaska. C'est beau, c'est blanc, quelques banquises se sont détachées sous l'effet du réchauffement planétaire mais rien pour écrire à sa mère. Un beau voyage tranquille dans un paysage silencieux.

Les ai-je aimés? Oui. Comme on aime cette fille qui nous suit partout dans les soirées entre chums et qui cohabite à côté de nous, sans parler. Parfois, on aimerait qu'elle nous engueule mais ce n'est pas dans ses gènes. Elle respire à nos côtés, tout simplement.

L'an prochain, les élèves qui ont déjà réservé leur aller-simple pour ma classe sont faibles mais lumineux. L'inspiration devrait suivre.

Un bel été à tous et à toutes, les enseignants comme les autres. Ceux qui ont deux mois ou deux semaines de vacances. Moi, j'ai un projet à terminer et un autre à commencer. Quelques corrections de tailles et j'enverrai mon roman dans les maisons d'éditions, espérant le miracle et ma page blanche qui devrait naître sous peu et qui commencera à s'écrire devant mes yeux.

Mais on se reparlera, non? J'ai encore tellement de choses à vous raconter.

dimanche 21 juin 2009

Fête des Pères

Pour mon deuxième jogging à vie, inspiré par la Presse de ce matin, j'ai invité ma Loutre à se joindre à moi. C'est que la quarantaine s'est rapprochée un peu plus de moi il y a quatre jours et après quatre années de sédentarité, j'ai décidé qu'il était peut-être temps de penser à moi un peu.

Ses petites jambes multiplient les pas. Elle n'en a rien à faire de garder son énergie. Elle est belle, sa queue de cheval battant le vent, lui indiquant dans quelle direction souffler pour aider son papa qui souffle, qui souffre en arrière d'elle.

Chaque fois qu'on arrêtait de courir, histoire de reprendre notre souffle en continuant à marcher, on se fixait un nouvel objectif. Parfois, c'était un arbre singulier. D'autres fois, un pylone à haute tension qui borde la piste cyclable derrière chez nous. Et nous repartions, moi l'encourageant, elle battant le rythme.

Puis, elle voit un chien au loin. Elle ralentit et vient à mes côtés, se plaçant dans mon ombre dont elle sortira trop vite. Je suis à ce moment-là son paratonnerre, son bouclier, son parapluie contre les intempéries de la vie.

Je lui avais dit qu'on irait jusqu'en face du IGA. Elle ne me croyait pas. Tout est tellement loin dans la tête d'une petite fillette de cinq ans. Un voyage chez ses grands-parents et la voilà rendue dans un autre pays.

Je lui montre l'épicerie et elle sourit et je perçois une lueur dans son regard. Cette petite lueur, tellement difficile à exprimer pour elle mais pourtant si importante. La fierté. On se tape dans la main. Je lui dis que je suis content qu'elle soit venue avec moi et que je l'aime. De sa petite voix, elle me répond: "Moi aussi, je t'aime, Papa!"

Les moments de courses sur le chemin du retour furent de plus en plus long. Elle regardait les nuages qui s'approchaient et commençait à craindre que la pluie nous attrappe. Elle est toujours pressée de rentrer lorsqu'il pleut.

Elle demande si elle peut tenir ma main en courant. C'est très inconfortable mais très réconfortant. De savoir que même à l'aube de son entrée en maternelle, je suis encore là, auprès d'elle. Nos coeurs battent au même rythme.

Une fois rendus près de la maison, où nous avions commencé trente minutes plus tôt, je lui ai dit une nouvelle fois combien j'étais fier d'elle. Elle n'a pas compris que ça dépassait notre petite course, que ce que je voulais lui dire, c'est que la petite fille qu'elle est me ravit. Et que l'adolescente qu'elle deviendra m'éblouit déjà.

Sur le trottoir, elle me regarde soudainement, rougissant.

-Tu sais, Papa, qui sera mon amoureux?
-Non, ma belle. Qui?
-Lucas. Il est drôle!

Puis, elle a éclaté de rire et j'ai entouré ses épaules de mon bras. Ce sera Lucas ou un autre, tu auras toujours un tas de choix, ma Loutre.

jeudi 18 juin 2009

Coup de foudre

Je vous ai peut-être écrit sur le défi de taille qui m'attend l'an prochain. Il n'y aura qu'une sixième année dans l'école et j'hérite d'un groupe de 27 élèves faibles comme ce n'est pas possible. Et il ne se passe pas une semaine sans qu'on ne me rappelle le triste destin qui est le mien, selon certaines personnes pensant bien faire.

-J'espère que tu vas bien te reposer cet été parce que l'an prochain...
-Bonne chance!
-Eh oui, lui aussi, tu vas l'avoir dans ta classe.

Ce n'est pas fait de façon méchante, j'en suis presque certain. Soit qu'ils m'aiment bien et tiennent à ma santé mentale ou bien je ne me plains pas assez de mes élèves dans le salon du personnel et ils me pensent sûrement bien chanceux, oubliant que mes beaux groupes étaient souvent des groupes d'affreux l'année d'avant. Mais j'opte pour la première option car les gens de mon école sont tout sauf méchants. À vrai dire, je suis souvent le plus "bitch" d'entre eux.

N'empêche qu'un message mille fois répété, même faux, finit par faire son chemin. Il y a des semaines où je panique à l'idée de ce groupe qui s'en vient avec un nouveau bébé à la maison. Et à d'autres moments, je trouve ça rafraîchissant car ça demande une remise en question de mon organisation de classe pour l'adapter à leur niveau. La tête dans les nuages ou le nez dans la merde, c'est selon l'humeur du moment.

Je crois vous avoir aussi parlé de l'orthopédagogue qui "sévit" auprès des élèves du troisième cycle. Un être humain d'une valeur inestimable qui représente pour moi un idéal à atteindre en ce qui concerne l'amour inconditionnel qu'elle a pour la majorité de ses petits poqués. Si un élève me tape sur les nerfs, neuf fois sur dix, elle réussira à me faire changer d'idée sur le dit-élève, me rappelant qu'il vaut plus que je ne le crois. Une femme comme chacun en voudrait dans sa vie, je vous le jure.

Or, elle a écrit de courts poèmes avec les élèves de mon futur groupe. Des poèmes qui parlent de leur saison préférée et parfois d'autres sujets. Souvent naïfs, les lire m'aurait sûrement découragé une fois de plus. Mais je ne les ai pas lus, je les ai entendus. Comment? C'est là que le second héros de mon histoire entre en jeu.

PMT, oui, oui, lui-même en personne, a fait enregistrer les poèmes des élèves et les a mis en musique, accompagnés d'un beat hip-hop qu'ils choisissaient eux-mêmes. Il a le don de réussir de petits miracles, plusieurs fois par année, qui nous rappellent la valeur qu'il a dans cette école.

Le résultat? Des slams. De la poésie de rue, assez directe, sans fla-fla. Comme de l'art naïf craché sur un ton monocorde. Comme si les mots n'avaient pas assez de poids à eux seuls et qu'on les ornait des plus belles parures pour leur donner un sens. D'une beauté à émouvoir, lus par des petites bouches qui réalisent du même coup de grandes choses. Comme j'aimerais vous faire écouter le résultat mais le côté légal me dérange quelque peu. Mes mots ne suffisent pas ici.

Ils ne sont pas encore entrés dans ma classe, mes poqués, mais je les aime déjà. Ils sont plus beaux qu'hier. Grâce à un coup de foudre écouté en revenant chez moi qui m'a mis les larmes aux yeux. Et surtout, grâce à deux être généreux pour qui, durant un instant, la plus minime réussite d'un groupe de mal-aimés a été plus importante que les autres tâches professionnelles.

On fait vraiment un beau métier.

dimanche 14 juin 2009

Tu sais que l'année achève quand...

...ta blonde te demande ton plus grand fantasme et tu lui réponds que c'est de terminer la correction de tes examens d'écriture.

jeudi 11 juin 2009

Koala et sa grand-maman

J'imagine la scène, même si je n'y étais pas. C'est arrivé ce matin. On a quelques rénovations d'ordre électrique à effectuer dans la demeure ensaignante cet été et comme je ne suis pas très calé dans la matière, on a demandé l'aide de l'oncle de Blondinette, électricien à la retraite. Or, comme les retraites de certains sont plus occupées que d'autres, ses disponibilités étaient rares pour venir voir le travail à faire et estimer les coûts. Il est donc venu avec la belle-mère et le beau-père pendant qu'on gagnait notre vie et qu'on payait nos impôts aujourd'hui même.

Le parc situé en face de chez nous (oui, nous sommes chanceux...) est souvent visité par la garderie que fréquentent Koala et Loutre. Le coeur de grand-maman de la belle-mère s'est rapidement emballé lorsqu'elle a entendu des bruits d'enfants qui jouaient dans le parc, quelque part vers les dix heures. N'écoutant que son amour immense, elle a traversé a rue pour aller faire un petit coucou à notre plus jeune, Koala.

Koala est à un âge (presque quatre ans) où les univers ne se mélangent pas avec la plus grande aisance. Je l'imagine, fronçant ses petits sourcils en voyant arriver sa grand-maman, les bras en l'air, fière. Voici un extrait de leur conversation.

Belle-Maman: Salut mon amour!
Koala: Allo! Est-ce que tu es dans notre maison?
Belle-Maman: Bien oui!
Koala: Est-ce que maman est là aussi?
Belle-Maman: Mais non, elle travaille.
Koala (après avoir réfléchi quelques minutes): Est-ce qu'elle t'a donné la permission d'entrer dans notre maison?

Parfois, pas besoin de beaucoup de choses pour être fier de sa fille. Héhéhé...

mercredi 10 juin 2009

C'est qui, le clown?

Pour ceux qui auraient envie de m'offrir un bonnet d'âne, j'ai une tête assez volumineuse. Prenez le plus grand que vous trouverez, ça devrait faire l'affaire.

Pour les non-initiés, les enseignants ont droit à une banque de six congés annuels qui ne sont pas monnayables si non utilisés. À cause d'une mauvaise planification de ma part, je suis sûrement le seul enseignant de mon école à ne pas avoir réussi à les écouler. C'est la deuxième année que ça m'arrive. Y'apprend pas vite, vite, le monsieur.

Mais il y a pire que ça. Nous avons droit à une journée et demi de correction pour les examens du Ministère. Et puisque j'ai dû repousser les examens après notre spectacle, je ne pourrai pas prendre ces journées non plus. Avant-dernière semaine trop occupée et élèves absents en début de semaine me forceront en effet à reprendre certains examens et avec un suppléant, les conditions ne sont souvent pas idéales.

Donc, 24 élèves, 24 situations d'écriture, près de 5000 mots et pas de libération.

Pendant ce temps, une enseignante de l'école a trois élèves de quatrième année dans une classe combinée, trois. Et elle, plus intelligente que moi, aura pris sa journée et demi de correction.

C'est qui, le clown?

dimanche 7 juin 2009

L'histoire de Gratien, le garçon qui parlait aux hamsters

Vous avez sur votre écran le 200e billet écrit sur ce site. Enfin, le 200e billet officiel puisqu'il existe cinq billets qui ont été supprimés et un billet écrit en étât d'ébriété et donc, supprimé le lendemain matin mais bon, on ne s'obstinera pas pour quelques maladresses.

Depuis peu, vous avez vu apparaître lors de la refonte esthétique de ce site une drôle de photo. Vous pensez sûrement qu'elle s'y trouve par hasard mais détrompez-vous. Il s'agit d'une image derrière laquelle se cache une histoire dramatique.

J'ai hésité longtemps avant de vous en parler, histoire de vous permettre de profiter de vos longues nuits sereines avant que ne commencent les cauchemars mais je ne puis plus garder tout cela pour moi. Je dois vous le partager, maintenant. Coeurs sensibles, allez chez PMT. Euh... non... Trouvez-vous une nouvelle place à visiter.



Voilà donc commence le drame en question, tel que raconté par Laurent Ensaignant, le numéro 9 sur la photo et grand-père de l'humble auteur que je suis.

Le jour de la prise de cette photo, Laurent (no.9) s'est dépêché de prendre place à l'extrémité droite du banc car il souffrait d'un rare handicap qui déformait ses genoux, les faisant constamment dévier vers sa gauche. Vous pouvez voir l'effet que ça pouvait donner sur la photo. Or, Gratien (cercle rouge), qui aimait beaucoup Laurent, avait voulu s'asseoir à ses côtés mais ce dernier refusa. Gratien était le malheureux propriétaire d'une pilosité précoce qui rendait ses jambes pareilles à des champs d'un foin noire comme la suie. Et Laurent n'aimait pas l'idée de Gratien se tenant à sa gauche et de ses jambes touchant les siennes.

Gratien commença donc à se déplacer vers sa droite et demanda tour à tour un peu de place sur la première rangée à Hervieux (no.8), qui s'était laissé convaincre par sa mère que des bottes longues faisaient très chics chez un garçon, à Romuald (no.7), fils d'un grand styliste qui grâce à lui, partit en ce jour important la mode du débardeur et à Bertrand (no.6), grand-père de l'humoriste François Massicotte mais tous trois refusèrent, ne voulant des jambes velues de Gratien à leur côté.

Gratien partit vers l'arrière avec hargne avant de s'installer dans la deuxième rangée, poussant Géraldin le rouquin vers l'avant. Laurent m'a juré avoir vu une lueur sombre passer dans les yeux de Gratien à ce moment précis. La photo où il se tient, fixant la caméra d'un regard absent, la bouche à moitié ouverte me porte à le croire sur parole.

Plusieurs années passèrent, chacun évoluant au mieux de sa race. Gratien les quitta bien avant leur cour classique, abandonnant l'école sans même que son père fut agriculteur, ce qui en fit le premier "drop-out" de l'histoire du système scolaire québécois. Laurent avait encore des contacts fréquents avec la plupart des jeunes hommes de la première rangée. Entre autres, Maurice (no.5) qui était le petit crisse de la classe et qui devint rapidement le petit crisse du village mais dont le destin s'arrêta brusquement un 31 décembre au soir. Qui sait, peut-être aurait-il pu être élu à l'Assemblée Nationale et ainsi, devenir un autre petit crisse dans cet océan de vieux tabarnacs mais il en fût décidé autrement.

Maurice avait quitté la maison seul, vers les 23h35, après qu'une envie soudaine d'uriner lui ait fait manquer la calèche pour la messe de minuit. Ses parents, que les retards fréquents de Maurice rendaient hors d'eux, avaient décidé de donner une leçon dont Maurice allait se souvenir pour le restant de ses jours. Ils étaient loin de se douter qu'il s'agirait du dernier souvenir de sa trop courte vie.

On le retrouva vers les une heure du matin, frigorifié, nu, étranglé avec ses lacets de bottines, ce qui lui donna un rictus encore plus étrange qu'à l'habitude. À ses côtés, des traces de pas qui se perdaient dans la forêt voisine accompagnés de traces plus petites, semblant provenir d'un rongeur. Cette macabre découverte sema tout un émoi dans le village. Même Honoré (no.4), la victime favorite de Maurice ne put s'empêcher de verser quelques larmes lors du service de ce dernier. Laurent fut-il le seul à s'apercevoir du sourire en coin que garda Gratien lors de toute la cérémonie? Il ne le sut jamais.

Au printemps suivant, ce fut au tour de Joseph (no.3) et Josias (no.2) de ne pas connaître les chaleurs de l'été suivant. On retrouva leurs corps au fond du lac, tout près de la berge, où ils étaient allés pêcher ensemble. Leurs cannes à pêches s'enfonçaient dans leurs gorges et quelle ne fut pas la surprise du médecin de découvrir les hameçons attachées à leurs coeurs lorsqu'il tourna la manivelle, le soir de l'autopsie. Les seuls indices découverts sur le lieu du crime furent des excréments de rongeur.

Un soir de l'été suivant, Laurent marchait avec Wilfrid (no.2) qui ne portait toujours pas de shorts sous son veston alors qu'il entendit un bruit venant des buissons. Il s'agissait de couinements appartenant à un hamster et de rires étouffés. Laurent saisit le bras de Wilfrid dont les poils se levaient sous l'effet de l'énervement et de la froide brise de mai qui venait lui caresser les cuisses nues, lui faisant regretter sa haine des pantalons et des bermudas, tout tissu confondu et ils s'arrêterent. Ils eurent à peine le temps de voir bondir du buisson un Gratien accompagné d'un hamster en laisse, la bave coulant sur le coin de sa bouche toujours ouverte. Ils déguerpirent en courant, laissant les lourds pas velus de Gratien et les petites pattes de Toudoux, son hamster de compagnie, seuls sur le sentier de terre. Les derniers mots qu'il entendit furent:

-Ce n'est pas moi, c'est Toudoux qui me crie les ordres!

On ne revit pas Gratien durant des années. Avait-il quitté le village? S'était-il creusé un trou où il était libre de vivre sa relation tordue avec son compagnon poilu? Les battues se succédèrent rapidement mais aucune trace ne fut trouvée.

Ce n'est que lorsque le téléphone sonna à une heure tardive chez Laurent, une dizaine d'années plus tard, qu'il comprit ce qui s'était passé et surtout, ce qui avait recommencé.

Mais ce sera pour une autre fois, bien enfoui quelque part dans les 200 prochains billets.

Merci de venir me lire. Je vous le dis souvent mais vraiment, ça me fait chaud au coeur encore, toujours. Votre présence m'apporte beaucoup.

PRISE DE PRÉSENCE: Et vous qui passez ici, possédant un blogue ou ne faisant que venir y faire une saucette, que venez-vous chercher? Allez, un petit deux minutes de votre temps et vous ferez ma journée. Encore une fois.