vendredi 29 février 2008

Désobéissance (ou le prix à payer)

Montréal, 2008



Un beau matin, à l'ombre des gratte-ciels, la cloche retentit.

-Allez, tout le monde, on vient prendre notre rang! crie En Saignant.

La plupart des élèves s'exécutent, mais pas Ti-Bum. Il parle à travers la clôture avec son cousins et les amis de celui-ci. Ils portent tous un kangourou avec une cagoule rouge rabattue sur leurs têtes.

-Allez, Ti-Bum, viens rejoindre les autres. On ne t'attendra pas toute la journée comme on attend après un transfert d'autobus...

Mais Ti-Bum ne l'entend pas. Il se voit déjà dans le repère de la gang de son cousin, qu'il a été visiter quelques fois l'an passé, alors que ce dernier le gardait. Il se sent plus grand auprès d'eux.

-Hey, Ti-Bum, je t'ai dit de venir ici. Si tu ne t'amènes pas tout de suite, je vais aller te chercher par la main et tu vas me la tenir jusqu'à 16h30, crie l'En Saignant.

Ti-Bum se retourne vers En Saignant et lui montre le doigt, sous les rires du groupe de garçon.

Quand nous sommes prêts à échanger une retenue contre la popularité instantanée auprès d'une gang de rue, l'école meurt un peu.



Gaspé, 2008



Un beau matin, à l'ombre du Rocher Percé, une voix forte retentit.



-Allez, tout le monde, dans les bateaux! crie En Saignant.



La plupart des élèves s'exécutent, mais pas Ti-Bum. Il parle près de la cabane avec son cousins et les amis de celui-ci. Ils portent tous un sac à dos avec une casquette rouge rabattue sur leurs têtes.



-Allez, Ti-Bum, viens rejoindre les autres. On ne t'attendra pas toute la journée comme on attend après un banc de flétans...



Mais Ti-Bum ne l'entend pas. Il se voit déjà à l'école de son cousin, qu'il a été visiter quelques fois l'an passé, alors que ce dernier le gardait. Il se sent plus intelligent auprès d'eux.



-Hey, Ti-Bum, je t'ai dit de venir ici. Si tu ne t'amènes pas tout de suite, je vais aller te chercher par la main et la mienne, tu l'auras sur les fesses! crie l'En Saignant.



Ti-Bum se retourne vers En Saignant et lui montre le doigt, sous les soupirs du groupe de garçon.



Quand nous sommes prêts à échanger une fessée contre le goût de s'instruire, c'est la tradition familiale qui meurt un peu.



Teheran, 2008



Un beau matin, à l'ombre des dunes, un coup de fusil retentit.



-Allez, tout le monde, on vient prendre notre rang! crie un guerrier.



La plupart des futurs kamikazes s'exécutent, mais pas Ti-Bum. Il parle, assis sur le sable, avec la plus belle femme qu'il n'a jamais vu et les amies de celle-ci. Ils portent tous un voile qui cache tout sauf leurs yeux.



-Allez, Ti-Bum, en ligne avec les autres. On ne t'attendra pas toute la journée comme on attend après une chèvre têtue...



Mais Ti-Bum ne l'entend pas. Il se voit déjà mariée à cette femme, lui faisant l'amour sous la brise du désert. Il se sent plus grand auprès d'elle.



-Hey, Ti-Bum, je t'ai dit de venir ici. Si tu ne t'amènes pas tout de suite, je vais te trouer le corps de balle! crie l'enseignant.



Ti-Bum se retourne vers le guerrier et lui montre le doigt, sous les frémissements des femmes.



Quand nous sommes prêts à échanger notre vie contre l'amour, c'est le terrorisme qui meurt un peu.


À trop d'endroits, trop souvent



Un beau matin, à l'ombre des couvertures, un claquement de porte retentit.

-Allez, Ti-Bum, vient dans ma chambre! crie le beau-père.

Ti-Bum se lève doucement, un goût aigre au bord des lèvres. Il marche d'un pas lent vers la porte de chambre de son beau-père. Il porte un t-shirt et un caleçon.


-Allez, Ti-Bum, dépêche-toi. Je n'attendrai pas toute la journée comme j'attends après ta frigide de mère...

Mais Ti-Bum ne l'entend pas. Il se voit déjà loin, très loin, dans ce monde ou dans un autre. Il se sent libre lorsqu'il pense à ça.


-Hey, Ti-Bum, je t'ai dit de venir ici. Si tu ne t'amènes pas tout de suite, tu vas manger la volée de ta vie et ta mère aussi, lorsqu'elle reviendra de travailler!


Ti-Bum se retourne vers son beau-père et lui montre le doigt, sous les applaudissements de milliers d'âmes perdues.


Quand nous sommes prêts à échanger notre honte contre la fierté, c'est tous les abus qui meurent un peu...

mercredi 27 février 2008

Cinq saisons dans le désordre

Une classe de troisième cycle au primaire, ça évolue au gré des saisons...


L'été

Les frimousses entrent en classe, bien intrigués par le nouveau personnage devant eux. Ils le regardent, le dévisagent, avancent d'un pas vers lui et reculent de deux. Certains se collent et d'autres se méfient. Ils cherchent à le connaître et à se faire reconnaître de lui le plus rapidement possible. Les masques sont bien en places, de part et d'autres, le spectacle commence à peine.


Les efforts sont toujours au rendez-vous lors des premiers travaux scolaires. Les élèves, motivés par le nouveau départ qui s'offre à eux, se font des promesses qu'ils ne tiendront pas, bien souvent.


Le climat s'installe tout doucement, chacun en observation. L'heure des mises à l'épreuve n'est pas encore arrivée. C'est le respect mutuel avec quelques étincelles, certaines dans les yeux, d'autres dans la bouche.

L'automne

Alors que les feuilles tombent à l'extérieur, les carapaces en font de même à l'intérieur. Les caractères s'affirment de plus en plus, . L'enseignant commence à cimenter l'image qu'il a de chacun d'entre eux dans sa tête, alors que le sol gèle à l'extérieur. Il les avait imaginé grands et forts, il les découvre grands et petits, forts et faibles.


Le climat évolue, pour le meilleur et pour le pire. Les habitudes s'installent, bonnes et mauvaises. Les bourrasques commencent à entrer dans la classe, venant faire frémir les plus fragiles au passage. Certains élèves décrochent déjà et commence le réel travail de l'enseignant: ne pas ramasser les feuilles mais les recoller aux branches.


L'hiver


Il fait froid partout. Le soleil disparaît pendant de longues périodes, à l'intérieur comme à l'extérieur. Les flocons excitent les élèves et fatiguent l'enseignant. Tout ce qui avait été cultivé depuis le début de l'année disparaît lentement. Situation temporaire ou permanente?

Le climat est souvent orageux. Des tornades en plein hiver? Oui, dans une classe de sixième année, elles sont fréquentes. Les relations se redéfinissent, se réinventent au gré des coups de tête et des coups de coeur. L'enseignant n'y échappe pas. Ses élèves ont autant besoin de lui qu'ils le repoussent, semblant lui dire: "Un capitaine, ça dirige un navire mais ça ne joue pas aux cartes avec les matelôts. Allez, dans ta cabine!"

Le printemps

La fin de l'année approche et les examens sont à nos portes. Le jeu de la séduction entre les élèves va bon train et vient tout calmer sur son passage. Le secondaire arrive et les efforts se multiplient.

Le climat est plus serein. L'enseignant et son groupe n'ont plus rien à apprendre l'un sur l'autre, sur la façon d'exciter ou de calmer. La discipline est surtout relationnelle. Beaucoup moins de bruit, plus de calme, plus de regards complices, moins de supplices. Entre eux, toujours des yeux fous, mais surtout des yeux doux.

L'été

Elle revient, porteuse de rêves de vacances. Il fait chaud à l'extérieur et dans les coeurs. Et quand l'enseignant ouvre la porte de l'école une dernière fois, c'est une année de sa vie qui s'en va avec les élèves. Et pendant un instant, il se souviendra de l'automne avec un pincement au coeur, un sentiment de bien-être dans les yeux. L'instant d'après, il ira retrouver sa douce et ses deux fillettes pour réinventer le monde, l'instant d'une saison.

dimanche 24 février 2008

De quel bois êtes-vous faits?

Comment se fait-il qu'il y ait des coeurs construits pour les autoroutes et les routes remplies de nids de poule et d'autres, seulement à l'aise sur les pistes cyclables? Je regarde mes élèves et m'interroge.

Il y a ceux qui mènent et les autres qui sont menés. Il y a les populaires et les rejetés. Il y a les coeurs de pierre, les coeurs ouverts et les coeurs misère. Naît-on différents ou grandissons-nous différents?

Imaginons-nous un instant qu'en sortant du ventre de notre mère, nous sommes des planches de bois. La génétique a voulu que nous soyons du pin ou de l'érable, peut-être même du chêne mais nous sommes du bois malgré tout.

Aussitôt sortis, nous passons à l'examen et, si il y a trop d'imperfections ou de noeuds, nous passons au planeur, histoire de nous rendre "modelables". Ensuite, plusieurs ébénistes en chef apprendront à nos mères et nos pères comment prendre soin de nous, histoire de nous garder solides jusqu'au projet qui nous sera destiné.

Dès le retour à la maison, certaines planches seront mal nettoyées, d'autres mal entreposées et ce, des années durant. Les bois durs y résisteront alors que les bois mous s'en trouveront abîmés, marqués par la vie. S'il y avait seulement cela.

D'autres planches, moins chanceuses, seront écorchées, recevront un clou ou deux avant même d'avoir eu la chance de devenir quelque chose. Plus vous trouez une planche, moins elle sera solide, c'est bien connu. En effet, qui veut d'un gruyère pour construire une belle armoire? Mais pour des tablettes dans l'établi, cela peut demeurer utile.

Arrive l'école, qui servira a déterminer ce que ces planches deviendront. Certaines, au fil des années, seront dirigées vers des ébénistes qui en feront des coffres au trésor ou des armoires de Pandore. D'autres, vers des menuisiers qui en feront des manches pour les marteaux ou des bâtons de baseball. D'autres, enfin, resteront des planches car c'est leur caractère propre, croit-elles.

Ce n'est pas la valeur marchande qui sera importante mais la solidité de la planche, de toute façon. Du chêne, qu'il devienne une moulure ou une bibliothèque sera aussi solide que les soins qu'on lui a prodigué lorsqu'il était jeune. La vie se chargera bien de venir l'égratigner et le cogner mais si le fond est bon, il résistera.







J'ai un faible pour les meubles Ikea, je l'ai toujours eu. C'est dans des milieux comme dans celui où j'enseigne qu'on trouve les planches qui serviront de contre-plaqué pour les construire. Il est vrai qu'on doit souvent les réparer et les instructions pour les comprendre sont tellement compliquées.

Mais une fois qu'ils se tiennent bien droits, ils autant fière allure que les antiquités. Il suffit juste de ne pas trop les brasser car alors ressort toute leur fragilité.




jeudi 21 février 2008

100 questions, aucune réponse

Je ne crois pas que vous vous soyiez déjà posé ces questions...


1)Est-ce que les môssieurs qui conduisent des camions de déneigement sont de bons conducteurs lorsqu'ils embarquent dans leurs Swift, après leur quart de travail?


2)Pourquoi les gros messieurs promènent toujours de tout petits chiens?


3)Si PMT était né avec des oreilles proportionnellement aussi grosses que son nez, serait-il encore enseignant de musique ou aurait-il challengé Mozart et les autres grand pianistes?



4)Pourquoi les concierges et les secrétaires n'ont-ils pas de prénoms autres que "le concierge" ou "la secrétaire"?


5)Si j'ai choisi le nom "En Saignant", celà veut-il dire que des élèves, j'en saigne, et si la réponse est oui, qu'est-ce que je fais encore en liberté?


6)Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que les jeunes qui dansent le Tektonik doivent avoir les bras très musclés mais de toutes petites jambes?


7)Pourquoi un homme bien portant qui mange une salade se fait toujours regarder d'avantage qu'un homme maigrichon qui mange une poutine?


8)Si on considère qu'un nourrisson bave autant qu'un St-Bernard, arrive t'il au nourrisson de japer?


9)Si on prend le nom Gooba, qu'on le lit à l'envers et qu'on prononce le g doux, doit-on conclure qu'elle est prof d'éducation physique?



10)Un long concombre est-il plus populaire, auprès des autres légumes, qu'un petit concombre?



11)Si j'avais appellé mon blogue "Accent Circonflexe", aurais-je été accusé de plagiat?


12)Si j'appelle mon aînée la Loutre et ma cadette mon Koala et si un jour, je m'achète un chat, devrais-je vous le présenter sous le nom de Céline?


13)Pourquoi ai-je toujours un doute que Jhon, qui écrit souvent des commentaires ici, a peut-être fait une faute de frappe en écrivant son nom?


14)Pourquoi est-ce qu'à chaque fois que j'essaie de refaire une beauté à mon blogue, il a l'air d'une grippe?



15)Pourquoi est-ce que la blogueuse Grande Dame m'intimide seulement par son nom et me fait sentir comme un petit monsieur?


16)Pourquoi y a t'il des gens qui, pour le plaisir de prononcer des "e" à la fin des mots, sont-ils prêts à en mettre à tous les mots, même quand il n'y en a pas?


17)Pourquoi s'embarquer dans un blogue avec 100 questions à écrire et manquer d'inspiration au bout de 17 questions?


18)Pourquoi ai-je eu l'impression toute ma vie que Serge Savard avait les cheveux gras?


19)Pourquoi n'écris-je pas de tels billets?



20)Pourquoi ai-je écrit de tels billets?





21)Pourquoi est-ce que l'Océan Atlantique, si elle s'était appellé l'Océan Aclantique, se serait-elle prononcée à peu près de la même manière?






22)Pourquoi suis-je surpris de lire une blague dans un commentaire d'un personnage aussi sérieux?






23)Pourquoi souhaiterais-je parfois que Bernard Voyer ne soit jamais revenu de son 55e voyage?






24)Pourquoi est-ce que Lise n'a pas de blogue, alors qu'elle en aurait tellement à nous raconter?




25)Un sprinter olympique a sûrement une petite infusion d'énergie au bout de 25 mètres, alors pourquoi suis-je tellement épuisé au bout de 25 questions?





26)Pourquoi suis-je déçu quand elle n'écrit pas pendant un bout?





27)Pourquoi me suis-je embarqué dans ce débat?





28)Pourquoi vous ai-je menti?





29)Pourquoi suis-je encore devant mon ordi à 23h30 quand je sais que 23 pré-ados en paieront le prix demain?





30)Pourquoi est-ce que je ne leur dirai pas que j'étais encore devant mon ordi à 23h31?





31)Pourquoi, quand je lis certains blogs, ai-je l'impression de lire quelque chose d'aussi intéressant qu'une recette de sauce à spaghat? (pas de liens ici...)





32)Pourquoi suis-je certain que si j'appellais un billet "Gaz à effets de serre" et qu'il consistait en un seul mot, "Proutt", le premier commentaire serait "Pffffttttttt"?




33)Pourquoi ai-je l'impression que ces blagues ne font rire que moi?




34)Pourquoi est-ce qu'alors qu'on annonce un réchauffement de la planète de plus en plus rapide, on a un hiver où semble nous tomber dessus 9 kilomètres de neige?




35)Pourquoi, après trois mois de thérapie, est-il toujours un Inconnu?




36)Pourquoi ce court vidéo fait-il rire de bon coeur ma Loutre et, par le même coup, fait rire mon Koala qui veut faire comme sa grande soeur?



37)Pourquoi semble t'il que les deuxièmes enfants des familles ont toujours plus de caractère que les premiers?



38)Pourquoi m'arrive t'il de laisser des commentaires aussi niaiseux?



39)Pourquoi est-ce que chaque semaine, un nouveau collègue m'arrive t'il en me disant: "Hey, intéressant ton blog!", alors que je ne leur en ai rien dit?



40)Pourquoi je ne réussis pas à me décider d'arrêter de fumer, même quand je regarde mes filles et que je les imagine plus grandes?



41)Pourquoi ai-je l'impression que j'écoute une des plus grandes interprètes de la francophonie lorsque je mets ce CD dans mon radio?



42)Pourquoi, moi qui suit l'actualité, ne suis-je pas intéressé à faire des billets comme celui-ci?



43)Pourquoi les doubles conssones me donent-elles autant de misèrre?


44)Est-ce de l'art???


45)Si la réponse est non, pourquoi est-ce que Baboune a t'il eu le premier commentaire positif sur quelque chose présenté en classe suite au visionnement de ce clip dans la classe de PMT?



46)Pourquoi ai-je l'impression qu'il y aura un billet là-dessus très bientôt?



47)Pourquoi est-ce que mon blog ne ressemble plus du tout à ça?



48)Pourquoi a t'elle le courage d'écrire un premier paragraphe comme celui-ci et pas moi?



49)Pourquoi est-ce que je viens de ramasser solide, juste là, un de mes élèves qui refusait d'aller vérifier son évaluation une dernière fois avant de me la donner?



50)Qu'est-ce que je fais en classe, en ce moment-même, à avancer ce billet?



51)Pourquoi ne suis-je pas en train de corriger avant que la pile de corrections en retard ne touche au plafond hyper-laid de ma classe?



52)Pourquoi ne me suis-je même pas rendu compte que j'avais passé la moitié de mon objectif?



53)Pourquoi ses mots sonnent-ils si doux à mes oreilles?



54)Pourquoi ai-je l'impression que si je m'étais appellé Z'En Saignant, ça aurait été moins beau que ceci?



55)Pourquoi ai-je menti à Prof en Exil, en lui affirmant que je ne connaissais pas Ron Jeremy?



56)Pourquoi a t'elle cru mon mensonge et m'a t'elle expliqué qui il était?



57)Pourquoi ai-je l'impression que le nombre 57, à part être le produit de 3x19, est un des nombres les plus ennuyants qui existe?



58)Comment celà peut-il être si beau?



59)Pourquoi suis-je certain, après la lecture de ce billet, qu'elle est une mère magnifique?



60)Pourquoi réussit-elle à faire du beau, même avec du laid?



61)Pourquoi est-ce qu'on continue, à la maison, de mettre au frigo le reste d'olives noires tranchées alors que l'on sait très bien qu'on aura à les jetter deux semaines plus tard parce qu'on ne les aura pas utilisées?



62)Pourquoi Koala a t'elle cette façon unique de dire "Papa" et que ça devient automatiquement le plus beau mot de la Terre?



63)Pourquoi les mamans qui lisent ce blogue ne seront sûrement pas d'accord avec cette affirmation?



64)Pourquoi est-ce que je sais, comme elles le savent au fond d'eux, qu'elles ont tort?



65)Pourquoi ai-je l'impression de faire du remplissage alors qu'il me reste tellement de bonnes questions à poser?



66)Pourquoi n'ai-je jamais réussi à décrire la fuite et l'évitement aussi bien?



67)Comment est-il encore un des secrets les mieux gardés du Web?



68)Pourquoi suis-je particulièrement fier de ce texte?



69)Pourquoi ai-je soudainement le goût d'une blague folichonne sur le numéro de cette question?



70)Pourquoi ne lui ai-je jamais demandé c'était pour quoi, son IRM?



71)Pourquoi suis-je un peu jaloux de cette idée et surtout de son titre?



72)Les Yullblog, est-ce vraiment ça?



73)Travaille t'elle pour Léger et Léger Marketing, section sondages pour adultes?



74)Pourquoi ne fait-il jamais assez froid pour m'empêcher de sortir aux récréations mais toujours trop froid pour une de mes collègues?



75)Pourquoi ai-je perdu trois heures de ma vie jusqu'à maintenant sur ce défi personnel qui est d'écrire 100 questions pertinenentes et intéressantes pour vous, chers lecteurs?



76)Pourquoi sais-je que la prochaine fois que je m'embarque dans un tel projet, il s'intitulera "50 questions, aucune réponse"?



77)Pourquoi ai-je le goût de fêter Noël prochain dans cette famille-là?



78)Pourquoi est-ce que ma mère refuse de venir lire mon blogue?



79)Comment fait-il pour avoir ce pouvoir mais ne jamais s'en servir de façon malhonnête avec les élèves?



80)Pourquoi toute cette pression que je ressens avant, pendant et après l'écriture d'un billet?



81)Pourquoi est-ce que tout le monde me parle de ma sensibilité et que je ne la perçois pas autant qu'eux?



82)Pourquoi ai-je l'impression que si ma Loutre voyait cet avatar, elle trouverait ça beau et que si Koala voyait la même image sans Loutre à ses côtés pour lui dire qu'elle doit trouver ça beau, elle aurait peur?



83)Comment a t'il réussi à faire un billet aussi intéressant sur un sujet aussi banal?



84)Comment mon superviseur de stage a t'il fait pour me laisser réussir mon stage en maternelle, il y a maintenant 13 ans?



85)Êtes-vous tannés(ées) comme moi de ça?



86)100-86, ça donne bien 14?



87)Pourquoi mon lectorat est-il constitué uniquement de femmes et d'un artiste?



88)Les pires témoignages peuvent-ils poétiques?



89)Était-ce trop long?



90)Pourquoi suis-je 0 en 12 000 avec les Gabriel dans ma carrière?



91)Comment se fait-il qu'il y a encore des gens qui ne les connaissent pas?

92)Pourquoi la plupart des enseignants d'éducation physique ne voient-ils pas le regard gêné des élèves qui sont toujours choisis en dernier lorsque vient le temps de faire des équipes avec les "chefs"?



93)Pourquoi tant de gens sont frustrés lorsqu'il y a seulement 12 blé d'indes dans leur douzaine plutôt que 13?



94)Pourquoi les hommes persévérants ont-ils disparu?



95)Pourquoi une Mazda, en français, fait-elle "Vroum, vroum" alors qu'en anglais, elle fait "Zoom, zoom"?



96)Pourquoi me suis-je senti si interpellé à défendre des gros poilus de 350 livres?



97)Pourquoi ne sommes-nous pas déjà un pays?



98)Pourquoi Fille Probophobique a t'elle changé au point de devenir normal, juste au moment où j'aurais eu du fun avec elle dans ma classe?



99)Pourquoi avez-vous passé plus d'une heure à lire tout ça?

100)Pourquoi ai-je passé plus de cinq heures à écrire tout ça?

Si vous avez des réponses à ces questions, s.v.p., me laisser le no. de la question pour qu'on s'y retrouve. Bonne lecture!




mercredi 20 février 2008

Être là pour l'autre: de la conception à l'accouchement

Je ne sais pas si ce billet sera intéressant pour vous. Je tente un expérience. Expliquer le processus de création de mon dernier billet, à la fois pour vous le partager et pour l'avoir sur écran, devant mes yeux. Ne soyez pas mal à l'aise de ne pas en terminer la lecture...

Quelque part en automne
Je regarde une émission de danse avec Blondinette. Arrivent ces deux danseurs sur scène sur une musique superbe. J'ai les larmes aux yeux même si je ne comprends pas tout à fait pourquoi. Blondinette non plus, ne comprend pas tout à fait pourquoi.

La semaine passée
Je retrouve le vidéo sur Youtube un peu par hasard et l'écoute à nouveau deux, puis trois fois. Et puis je comprends. Tout y est, les mouvements brusques, saccadés de la danseuse qui expriment les hauts le coeur. L'homme à ses côtés, tantôt solide, tantôt fragile. Le moment juste avant le grand saut, où le danseur perd le contrôle avant de se retourner pour attraper la danseuse...

J'aurais aimé être ce danseur lorsque Blondinette est tombée, comme elle le devient souvent lorsque je tombe.

Dimanche matin
Je cherche en vain un sujet de billet qui saura vous faire rire. Un beau billet du dimanche, léger comme une ostie, mais en vain. Je n'ai que ça en tête alors je m'y mets. J'écris le premier paragraphe, qui restera presque intact dans la version finale. Je dois ensuite quitter pour aller chez mes beaux-parents à l'extérieur de la ville pour la journée. Je me sens frustré, déçu, confus de ne pouvoir terminer mon billet. On dirait que je suis en plein milieu d'une zone d'ombre et je n'ai pas pu l'exprimer pleinement. Blondinette me demande à plusieurs reprises si ça va. Oui, oui, ça va...

Dimanche après-midi
J'ai vendu mon ancien ordi à mes beaux-parents et je suis chez eux, à tenter, patiemment, très patiemment, de leur expliquer comment télécharger les photos de leur appareil numérique dessus. Mais ma tête est ailleurs. Je pense à mon billet, à la forme qu'il prendra, à quelques lignes "punchées", etc.

Dimanche soir
On revient à la maison et après avoir couché les filles, je descends au garage avec mon portable. Le billet s'écrit rapidement.

Les deuxième et troisièmes paragraphes sortent comme un soupir. Je décide de commencer tous mes paragraphes par l'expression "il n'y a pas si longtemps..." mais ça fait bizarre à certains endroits. En plus, je m'apperçois que le narratif et "l'explicatif" se mélangent et, comme il m'arrive souvent, j'ai de la difficulté à y mettre de l'ordre. Je décide donc de mettre le narratif en italique.

Le vidéo est là et traîne en bas de ma page. Je ne sais toujours quoi en faire. Il est l'inspiration de ce billet, je trouve la chorégraphie très belle mais j'ai peur que ça fasse un peu "kitch". Mais je suis incapable de l'effacer car je le regarde continuellement tout au long de mon écriture. Je décide donc de le garder mais ne sait tout simplement pas comment le présenter.

Je trouve l'idée pour les deux derniers paragraphes. J'ai parlé de mon passé avec elle et je suis en pleine évolution. Je me dois donc de parler du présent. En plus, j'ai peur que les gens perçoivent le billet comme une longue plainte d'un ti-cul qui cherche seulement à se faire materner ou paterner. J'écris donc le dernier paragraphe qui parle de mes objectifs et du futur tel que je le vois.

Finalement, je révise mon texte, comme d'habitude en faisant semblant que je le lis pour la première fois. Comme d'habitude, je me pose deux questions tout au long de ma lecture:
1)Si j'étais un lecteur qui tombait sur mon blogue, serait-ce intéressant à lire?
2)Est-ce que les mots sont bien choisis?
3)Puis-je remplacer quelques expressions par d'autres plus recherchées?

Je monte dans la chambre. Blondinette est déjà couchée mais ne dort pas. Je fais lire mon billet à ma pudeur sur deux pattes. Elle le trouve joli et est d'accord pour que je parle d'elle sur le net. Je le publie et voilà.

Elle me regarde et me pose LA question:

-Ce que tu as écrit, c'est vraiment ce que tu penses?

La réponse, je la garde pour nous...

lundi 18 février 2008

Être là pour l'autre

La vie est belle par grands bouts. Il y a des périodes joyeuses et d'autres, plus creuses. C'est une question d'équilibre, voilà tout. Le soleil serait-il si beau sans la nuit pour s'y comparer? Le printemps du Québec serait-il aussi attendu et fêté si l'hiver n'était pas ce qu'elle est? Chaque chose a son contraire et c'est bien ainsi.


Il n'y a pas si longtemps, lorsque Blondinette allait bien, j'allais bien, c'était aussi simple que ça. Lorsqu'elle était sourire ou chatouille, mon coeur dansait avec elle et nos âmes se faisaient de gros calins. Une Blondinette qui rit, c'est un feu d'artifice en permanence dans ma demeure. Elle devient le feu qui réchauffe ma maison.


Il n'y a pas si longtemps, lorsque Blondinette allait moins bien, j'allais moins bien, c'était aussi simple que ça. Lorsqu'elle était baboune ou fuyante, mon coeur s'éteignait avec le sien et mon âme errait au loin. Une Blondinette qui pleure, c'est un incendie dans ma demeure. Elle devient la glace qui refroidit ma maison.



Plus qu'un thermomètre, elle était le foyer et le réfrigérateur de mon corps tout entier. De ses étâts d'âme dépendaient mon élévation ou ma chute. N'est-ce pas beau tout celà?



Non, ce n'était pas beau. Imaginez la pression sur ses épaules, la pauvre. Il est déjà si difficile de s'occuper de nous, d'accepter de grandir et de vieillir avec toutes les responsabilités que cela amène, Amen. Si en plus, il faut s'occuper de l'Autre comme si sa vie dépendait d'une de nos larmes ou d'un rire bien placé...De là nait un de mes plus grands regrets.



Il n'y a pas si longtemps, dans l'année qui suivit la naissance de notre plus jeune, Koala, Blondinette traversa peut-être ce qui a été la pire période de sa vie. Le moral n'y était tout simplement plus. Pourtant, elle a fait du mieux qu'elle a pu pour sauvegarder le moral de son En Saignant préféré. Elle a caché, elle a tut, elle a pleuré en silence sous la douche ou encore lorsque je partais travailler. Seule Koala a été témoin, et encore là, des quelques déluges que son âme se permettait de verser de temps en temps.



Tout pour sauver mon petit coeur et notre maison. Quitte à inventer un soleil, même lorsqu'il fait nuit ou même un printemps lorsqu'il fait trop froid. J'admire sa force mais dans le fond, il n'y a rien à admirer. Elle n'avait pas le choix. Même dans sa position, elle devait nous sauver. Décevant, hein?



Aujourd'hui, il lui arrive de pleurer de temps en temps devant moi. Et il m'arrive de réagir comme un grand. Pas encore un chêne sous lequel s'abriter lorsque le vent se lève comme je l'aurais toujours voulu. Mais un tout petit érable dans lequel coule un liquide de plus en plus sucré par la joie de vivre.



Demain, si la nuit semble éternelle ou que le printemps tarde à arriver, j'aurai, espérons-le, assez grandi pour devenir celui qui la soutiendra. Et alors s'effaceront de moi quelques gestes non-faits, des dizaines d'occasion de rapprochement ratées, des centaines de larmes cachées et des milliers de raisons de ne pas me faire confiance.

La prochaine fois, je serai là pour la rattraper...











samedi 16 février 2008

Éloge à un Nez Malgré Tout

Pour les non-initiés, allez sentir de ce côté-là et revenez lire.

Inspiré par le nez de PMT, coloré par le monologue de Cyrano de Bergerac, pimenté par En Saignant.


Taquinerie amicale: "Mais il doit tremper dans votre tasse!"


Non, ne vous en faites pas, il ne trempe pas dans sa tasse, j'ai vérifié. Mais par contre, il a fallu décoller du mur la table sur laquelle la cafétière était posée car les bras de PMT n'étaient pas assez longs pour s'y rendre et lorsqu'il ne boit pas de café, le PMT, il n'est qu'un NEZ-tourdi.



Taquinerie descriptive: "C'est un roc! C'est un pic! C'est un cap! Que dis-je, c'est un cap? C'est une péninsule!"



Oui, une péninsule. Et vous auriez dû voir les élèves de maternelle y installer leurs tentes. On les a cherchés des jours durant avant que PMT se présente chez l'infirmière-sourire de l'école pour se plaindre que son NEZ lui piquait. Ce n'était pas tant la tente que les piquets. Mais on l'a échappé belle car ils avaient organisé une sortie éducative qui devait se dérouler le lendemain dans deux grottes pas trop loin de leur campement.


Taquinerie curieuse: "De quoi sert cette oblongue capsule? D'écritoire, monsieur, ou de boîte à ciseaux?"



Si PMT était titulaire de classe au lieu d'être un prof de musique récalcitrant, imaginez l'économie d'espace et organisationnel pour ses élèves. Tu veux un crayon? Attends que je me mouche...



Taquinerie gracieuse: "Aimez-vous à ce point les oiseaux que paternellement vous vous préoccupâtes de tendre ce perchoir à leurs petites pattes?"



PMT entretient un lien privilégié avec la plupart des groupes de l'école. Et pas seulement les groupes, si on les considère comme des entités, mais aussi avec plusieurs des élèves qui le composent. Vous devriez voir à quel point il peut être touchant de le voir se promener, comme récompense dans son système d'émulation, avec cette horde assise sur son nez, chantonnant des airs classiques. Il a même fait installé des ceintures de sécurité en bandoulière. Il ferait vraiment n'importe quoi pour que les élèves se SENTENT bien.



Taquinerie naïve: "Ce monument, quand le visite t'on?"



L'organisme École Montréalaise a annoncé en grande pompe sa programmation de services offerte aux écoles défavorisées de l'Île de Montréal. vous auriez les "oh" admiratifs des journalistes lorsqu'on a annoncé qu'une visite de la Statue Malgretew serait offerte. Un journaliste s'est même inquiété du sort qui attendrait un jeune qui en tomberait durant l'escalade mais a tôt fait d'être rassuré par les responsables qu'on se contenterait de la regarder, afin de ne pas mettre la vie d'aucun élève en danger.



Taquinerie pratique: "Voulez-vous le mettre en loterie? Assurément, monsieur, ce sera le gros lot!"



Imaginez un seul instant la foule de participants et surtout, de participantes, dans la Loterie Malgré Tout. Des fans finis de son blogue qui voudraient entendre l'écho encore persistant d'un "Tching Kawong" bien senti, de grands musiciens qui auraient entendu parler de la sonorité de ses orifices, des organismes religieux à la recherche de nouvelles cavernes pour y enfermer un statue de Marie en plâtre, ce serait la cohue.

Et moi, qu'en ferais-je? Sûrement un ornement dans mon salon où j'irais parfois méditer, tantôt dans la narine gauche, tantôt dans la droite, afin d'absorber le plus possible de son FLAIR en ce qui concerne les relations maître-élèves...

vendredi 15 février 2008

Pas O.K.

Elle était arrivée dans ma classe en même temps que les autres. Juste à voir son regard fuyant et le regard pénétrant que les autres portaient sur elle, j'avais deviné. Elle était une transfuge, une recyclée, une expatriée. Non qu'elle fut d'une autre couleur. Elle n'était pas rose, ni violette mais d'un blanc uniformisé comme les étudiants qui eux, parlaient fort, riaient entre eux, contents de se retrouver après deux mois à se voir seulement trois fois par semaine.


Je me suis approché de son bureau et me suis présenté.


-Bonjour! dis-je.

-Bonjour! murmura t'elle.

-Mon nom est En Saignant. Toi?

-Pas O.K., avec un espace entre le "Pas" et le "O.K.".

-Alors, bienvenue dans ma classe, Pas O.K.!



Elle n'avait plus dit un mot durant trois semaines. Non pas qu'elle était amorphe, loin de là. C'était une bonne étudiante, avec des aptitudes marquées en mathématiques. Elle ne levait pas la main mais chaque fois que je voyais son cahier, tout était parfait.



L'automne arriva rapidement et les feuilles autour d'elle tombèrent. Ce n'était pas un conifère finalement, celui qui garde ses épines à l'année longue. Ce n'était pas un chêne non plus, pas assez solide pour ça. Qu'un petit peuplier qui pliait à la moindre bourasque. Elle commençait à se rapprocher d'eux, de moi, de nous. Doucement, lentement, comme le renard du Petit Prince.



Elle s'était fait des amies, une à une, et les garçons la trouvaient drôle, à défaut de la trouver jolie. Sa meilleure amie était Bum, de la même taille qu'elle. Une délinquante comme on les aime, avec un sourire qui nous fait tout lui pardonner. Ils ne se lâchèrent plus d'une semaine, la bouée l'une de l'autre.



Puis vint un cours sur la division et surtout, sur l'abandon du mode "avec reste" que les enfants avaient appris jusqu'ici pour le mode "avec décimales". Et c'est là que ça se produisit.



-Bon, donc, à partir de maintenant, fini les restes. Lorsqu'on y arrive, on met une virgule, on met un zéro et on recom...

-Non, ce n'est même pas vrai, cria t'elle du fond de la classe.



Mes sourcils devinrent interrogateurs.



-Mais oui, Pas O.K., je sais que c'est difficile mais il faudra apprendre à dire adieu aux restes. Ce sont des restes, ils sont habitués d'être les laissés pour compte.

-Non, à mon autre école, on a appris à faire la division avec les restes!

-Je comprends ma chouette, mais maintenant, finis les restes. En sixième année, on travaille avec les nombres à virgule.

-Ce n'est même pas vrai! Tu mens!



Ce fut plus fort que moi, j'éclatai de rire, suivi de près par 25 autres élèves. Bum regarda Pas O.K., lui lança des yeux en l'air en me pointant du nez.



-Et en plus, je ne suis pas ta chouette! me lança t'elle, son regard dur pour bien appuyer ses dires.



Là, j'arrêtai de rire. Je sais, les enfants nous disent bien des bêtises et il ne faut pas les prendre au sérieux mais mon coeur manqua un battement. Certains élèves nous touchent plus que d'autres et c'était son cas.



L'hiver arriva et les remarques se firent de plus en plus acérées. Je ne m'étais pas apperçu qu'il y avait des épines sous cette rose. Mon Koala était maintenant née depuis six mois et nous avions convenu, moi et Blondinette, que je prenne mon congé parental collé sur la semaine de relâche. Six semaines...



Le printemps était à nos portes lorsque je revins en classe, regaillardi par ma reine et mes princesses. Elle me regarda entrer avec un regard sombre qui me fit sombrer. Mon coeur manqua deux battements.



-Ah ben, t'as décidé de revenir? me lança t'elle.

-Ça a bien l'air que oui. Tu t'es ennuyée on dirait bien...

-Pffffffff



Ce n'était pas le son qui me dérangea mais l'air assurée avec lequel elle le fit. Mon coeur manqua trois battements.



Je remarquai pendant la récréation qu'elle boîtait de son pied gauche. Je m'approchai d'elle et lui demanda ce qui avait bien pu lui arriver.



-Je suis tombée! me lança t'elle d'une voix sèche.



Arriva l'été et la fin de l'année. J'avais organisé un spectacle à l'auditorium de la polyvalente de quartier et un des numéros était un ballet sur l'air d'Évangéline, chantée par des élèves. La finale était une fresque humaine où chaque élève devait aller se placer sur scène sur une pose qu'ils avaient eux-mêmes pratiquée. Elle avait choisi de s'enfouir le visage dans les mains, comme si elle pleurait.



Lorsqu'elle me quitta, elle me sauta dans les bras à trois ou quatre reprises en me criant:



-Je ne veux pas te quitter! Ça fait trop mal!

-Allez, tu vas vivre de beaux moments au secondaire. Vas-y ma chouette!

-Non....



Puis elle partit. Enfin, elle ne partit pas tout à fait.



À l'automne suivant, je faisais mon entrée dans ma nouvelle école et je restai un bon mois sans parler. J'observais, tentant de trouver ma place parmi cette équipe tricotée serrée. Quelle ne fut pas ma surprise de la voir apparaître un vendredi après-midi durant la récréation.



-Pas O.K., qu'est-ce que tu fais ici?

-J'avais envie de te voir et je voulais te dire quelque chose.

-Vas-y!

-Tu te souviens mon pied l'an passé, quand je t'ai dit que j'étais tombée?

-Oui, vilaine chute, hein?

-Ben, je ne suis pas tombée...

-Ah bon! Qu'est-ce qui était arrivée?

-Je m'étais tirée dessus avec le fusil de mon frère.

-...



Mon coeur manqua quatre battements. On jasa un peu mais ma tête était ailleurs, quelque part entre la détonation du fusil et la balle qui pénètre le dessus du pied. Ce n'est pas du sang qui avait du en couler mais des larmes. De Pas O.K., elle était maintenant devenue Poquée.



L'hiver arriva, je tardais à répondre à ses e-mails qu'elle m'envoyait régulièrement et elle se pointa encore une fois, sans prévenir. Elle était accompagnée d'une amie cette fois-là.



-Salut Poquée! Quel bon vent t'ammène?

-Je voulais te montrer quelque chose. Tu es le seul qui peut me comprendre.



Elle défit un bandage qu'elle avait au bras et me montra des entailles faits avec je ne sais quoi, sur une longueur de quelques centimètres. Ça partait de l'avant-bras et ça courrait jusqu'au poignet.



-Ouch, dis-je.

-C'est moi qui s'est fait ça! Ma mère et mon père disent que je devrais aller voir un psychologue mais ça ne me tente pas. J'ai déjà été en voir un et il m'a fait chier avec ses questions.

-Et tu es venue chercher un conseil?

-Oui, je suis certain que je peux te faire confiance.

-Alors, vas-y, cours chez le psy ma chouette. Ça presse...



Elle fit un sourire et repartit. Mon coeur manqua cinq battements.



Le printemps était bien installé et je n'avais aucune nouvelle d'elle à part un courriel auquel je n'avais pas répondu. Je ménageais mon coeur du mieux que je le pouvais. Elle réapparut à mon école encore une fois, accompagnée d'une amie que je ne connaissais pas.



-Je peux te parler? dit-elle.

-Tu devrais me prévenir la prochaine fois. On essaierait d'arranger quelque chose car là, je suis un peu occupé.

-Ça ne sera pas long!

-Vas-y mais je t'avertis, je n'ai pas beaucoup de temps.



Et elle se mit à me raconter qu'elle s'était fait abuser par le technicien de notre spectacle de fin d'année chez elle, pendant que son grand frère était parti au dépanneur. Elle avait contacté les policiers, après s'être confiée à la psychologue de son école et avait porté plainte contre lui. Son frère et ses amis le cherchait et lorsqu'ils le trouveraient, ça serait sa fête. Et elle me racontait celà avec le sourire et les larmes aux yeux en même temps. Mon coeur s'arrêta net.



Je ne l'ai pas revu depuis cette confidence. Je n'ai pas répondu à ces e-mails non plus. Ça fait des mois qu'elle ne m'a pas écrit maintenant.



J'ai eu peur de ses histoires, peur d'elle. Comme j'ai eu peur d'un paquet de gens dans ma vie. Et chaque fois, je me suis sauvé d'eux à une vitesse que je ne me connaissais pas. Courir pour survivre, c'est ce que j'ai fait et plus qu'une fois. Pourquoi?



J'ai été élevé dans le silence, où vivre ses émotions est péché et en partie par un Inconnu, qui a fait de mon coeur ce qu'il est. Un organe fragile et défectueux. Je commence seulement à accepter que je ne suis pas responsable de la souffrance des autres et surtout, que je ne peux pas tous les sauver. Je dois accepter mon cheminement et mon rythme, celui d'un transfuge, d'un recyclé et d'un expatrié.



Et sûrement qu'un jour, je serai capable de m'occuper des Pas O.K., même quand ils deviennent des Poquées.

mercredi 13 février 2008

Deux mois déjà

Ça fait deux mois qu'il y a deux moi. Un En Saignant réel et un En Saignant virtuel. Un blagueur et un blogueur. Un clown et son clone.

Lorsque j'ai commencé, jamais je n'aurais pu penser panser ma personnalité ainsi. J'étais dans un creux de vague et mon estime de moi s'en allait au large. Je ne savais plus trop quoi faire et surtout, comment le faire.

Prof Malgré Tout me parlait depuis plus d'un an de son blog. J'ai commencé par des petites interventions dans ses commentaires sous des pseudonymes tels "The Collègue" et "Poilu". Tout timide, j'éfleurais de mon humour vos commentaires, me cachant en-dessous, au-dessus ou tout simplement en me fondant au travers d'eux.

Puis me vint l'idée de laisser sortir les lettres de mes nombreux cahiers et de vous les partager. Quelques billets à me rapprocher lentement de vous, comme tous les timides savent le faire. Je me cherchais une idendité de blogueur alors que je ne suis même pas certain de savoir qui je suis aujourd'hui dans le monde "réel".

Je sais que vous êtes quelques-uns à venir voir quelques fois par semaine ce que j'ai de bon à écrire. Une voix d'enfant se demande toujours un peu pourquoi mais une voix d'adulte lui répond de plus en plus: "Parce qu'ils doivent y trouver quelque chose".

Merci pour les commentaires qui me font toujours chaud au coeur. Alors que je suis incapable d'accepter le feed-back de ma blonde sur les trop rares lettres d'amour que je lui écris, j'ai appris à apprivoiser les vôtres, surtout quand c'est votre tête ou votre coeur qui les écrivent. Et ceux qui n'osent pas en écrire, allez relire les commentaires de PMT et vous verrez que vous pouvez difficilement faire pire...

J'en ai parcouru du chemin en deux mois, vous n'avez pas idée. Si j'ai su vous faire rire, pleurer ou réfléchir, si vous avez été surpris(es), choqué(es) ou abrutis(ies) par mes paroles, ne serait-ce qu'une seule fois, j'ai atteint mon but. Mais vous devez savoir quelque chose de très important.

Que ce soit à travers vos propres blogues que je lis avec attention même si je ne laisse pas toujours de commentaires, ou encore par vos commentaires que vous laissez ici... vos mots guérissent mes maux.

mardi 12 février 2008

La légende de Yin et Yan (3e partie)

Pour les deux premières parties de l'histoire, aller ici et ici.



-Pourquoi pas une petite compétition pour gagner le droit d'avoir deux étudiantes extraordinaires comme celles-ci? dit le Patron.



Les deux collègues se regardèrent tendus, les poings serrés, un point d'exclamation au bord des lèvres, des points d'interrogations dans les yeux et des points de suspension dans la tête. En Saignant s'interrogea:



-Patron, à moins que je ne sache pas compter, il me semble qu'elles sont deux?



-Certainement, répondit le Patron.



-Alors, pourquoi ne pas simplement les séparer? Une dans chaque classe et le tour est joué! dit En Saignant, de sa voix la plus enthousiaste.



-Oh, sentirais-je un refus de compétitionner de ta part, Mr. Saignant? répondit le Patron.



-Non, c'est juste que...



-Aurais-tu peur par hasard? dit le Patron.



-Non, je veux dire...



-Pok, pok, pok... fit le Patron, descendant de son trône en imitant un poulet.



Les deux fillettes, de leur boîte, se léchèrent les babines en regardant le Patron passer non loin d'elles.



-Mmmmmmhhhh, du poulet, dit l'une.



-Du gros poulet, dit l'autre.



Le Patron éclata de rire, d'un rire que seul un haut poste hiérarchique peut permettre. Un rire fort mais condescendant. Un rire calculé.



-Ne sont-elles pas formidables? s'exclama t'il encore, entre deux coups d'aile. Elles me donnent envie de revenir à l'enseignement.



Le Patron fit encore quelques fois le tour de la boîte en courant, les ailes battantes, jusqu'à ce que l'une des deux fillettes le manque de peu avec un coup de dents bien placé. Il remonta alors sur son trône, haletant.



-Bon, comme première épreuve, pour me prouver que votre niveau de compétence est assez élevé pour mériter de tels élèves dans votre classe, vous allez penser à un projet spontané qui permettrait d'évaluer vos connaissances pédagogiques. Et que ce projet rende honneur en notre désirable projet éducatif, notre sensuel plan de réussite, tout en tenant compte de notre lubrique politique locale d'évaluation.

-You sexy beast, chuchota une voix.

-Qui a dit ça? Qui, qui, qui, qui?

-... lui répondit le silence.

À SUIVRE

dimanche 10 février 2008

La silence est d'or

...


Vous avez entendu? Non? Écoutez bien.


...


Votre radio doit être ouverte. Allez la fermer et venez écouter avec moi. On recommence?


...


Pas mal, hein? Un silence parfait. Aucun mot, même pas un soupir. Qu'une goutte de néant. Qu'une parenthèse dans la cacophonie qui nous entoure. Encore?


...


Aaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhh! Ça doit vous faire du bien, non? Le calme, la sérénité, la relaxation... Comme une messe zen en ce beau dimanche matin. Une dernière fois?


...

Quand on choisit le silence, des moments comme ceux-ci, on les chérit comme les premiers signes du printemps. Lorsque c'est lui qui nous a choisi, on peine à écouter ses murmures.


Le silence, c'est le contraire de la musique et pourtant, ça fait souvent le même effet. Mais le silence, c'est aussi le contraire des cris dirigés vers nous dans notre jeunesse et croyez-le, ça fait aussi le même effet.

Mais ça, chhhhhhhhhhuuuuuuuuuuuuuttttttttttttttttt...

...

samedi 9 février 2008

La légende de Yin et Yan (2ième partie)

Pour la première partie de l'histoire, allez ici.





Sous les ordres de Patron, Prof d'éduc ouvrit le premier rabat de la boîte, puis, après avoir regardé sa planification, le deuxième. Il prit une grande respiration... et laissa l'air pénétrer dans la boîte. Ce qu'il y apperçut le laissa perplexe.





-Patron, venez voir par ici! dit-il.





-Est-ce grand et gros?





-Non, Patron.





-Est-ce syndicaliste?





-Je ne crois pas, Patron.





-Est-ce contestataire?





-Euh... il faudrait leur parler.





Sur ces mots, deux petites têtes aux yeux bridés sortirent la tête de la boîte, toutes souriantes. Patron, d'abord surpris, sentit un grand sourire apparaître sur son visage, sourire qu'il voyait se réfléter dans les lunettes des deux fillettes. Il en profita pour enlever un brin de salade tenace entre ses deux dents d'en avant.





-De nouveaux élèves! C'est vrai, j'avais oublié. Ils arrivent directement de la classe d'accueil de Mme Vee Yen Hissitt. Prof d'Éduc, va tout de suite me chercher En Saignant et Collègue Parfaite. Je dois leur parler. Prof d'Éduc s'exécuta, à petit trot, laissant un odeur de sueur derrière lui.





-Où est le travail? Quand est-ce qu'on commence? dirent deux voix avec un fort accent.





-Ne sont-elles pas magnifiques? dit le Patron, ému. Je vous promets de vous accomoder raisonnablement...





En Saignant et Collègue Parfaite arrivèrent d'un pas lent et relaxé, l'odeur de cigarette bien respirée leur pendant au bout du nez.





-Regardez ce que nous avons reçu! dit Patron.





Les deux petites regardèrent les deux enseignants avec un sourire qui faisait remonter leurs lunettes sur leurs yeux. Leurs crayons étaient déjà sortis, prêts à écrire.





-Mathématiques, quand? cria la première.





-Anglais, quand? cria la deuxième.





-OOOOOHHHHHHH! s'exprimèrent les deux collègues, se questionnant à savoir s'ils devaient commencer à enrichir leur enrichissement.





Patron les regarda, fier comme un père. Une larme se pointant au bout de son oeil droit. Pleurer de l'oeil gauche était très mal vu dans la classe dirigeante.





-Alors, ils sont à qui? dit-il avec un sourire espiègle.





En Saignant et Collègue Parfaite se regardèrent un court instant et déversèrent un déluge de "moi, moi, moi!!!". Des nouveaux élèves comme ceux-ci étaient en effet très populaires auprès de la population enseignante. Patron, après les avoir écouté durant un moment, amusé, prit la parole.

-Pourquoi pas une petite compétition pour gagner le droit d'avoir deux étudiantes extraordinaires comme celles-ci?

À SUIVRE...

jeudi 7 février 2008

Des nouvelles de Baboune

On revient d'une courte sortie dans une école voisine. Une présentation de l'Atelier Lyrique, espèce de club-école pour l'Opéra de Montréal. Comme les Bulldogs de Hamilton pour le Canadien de Montréal. Des stagiaires pour les pédagogues...

Trois chanteurs d'une générosité rare qui se sont amusés comme des petits fous avec les élèves, leur faisant des clins d'oeil et les faisant participer dans les extraits qu'ils avaient choisis. Un exemple? Lors de la chanson Habanera de Carmen, la chanteuse pulpeuse fait venir à l'avant tous les garçons et se promène parmi eux, jouant à une séduction inoffensive mais assez intense. En pleine période d'éveil sexuel, elle vient, croyez-moi, de se tailler une place de choix dans leur imaginaire...

Donc, je fais un retour avec ma classe pour savoir si mon enthousiasme était partagée. Vingt élèves sur vingt m'ont dit avoir adoré la sortie et avec raison. Vient maintenant le tour de Baboune.

En Saignant: Toi Baboune, tu as aimé?

Baboune: Bof...

En Saignant: Tu as aimé, oui ou non?

Baboune: J'ai trouvé ça bizarre.

En Saignant: Bizarre? C'est un peu large comme commentaire, ça.

Baboune: ...

En Saignant: Écoute, un jour, tu embrasseras la future femme de ta vie pour la première fois et ça te fera un effet bizarre. Tu comprends?

Baboune: Huh?

En Saignant: Et un jour, tu apercevras peut-être une femme traînant son chien et son enfant dans une promenade et le chien aura des petits vêtements qui auront couté plus chers que les vêtements que porte son fils et ça te paraîtra aussi bizarre. Bizarre, ce n'est pas assez précis. Tu comprends?

Baboune: Huh?

En Saignant: Alors, comment as-tu trouvé ça?

Baboune: Bizarre...

Soupir. Je vais mettre sa confusion sur le dos de son éveil sexuel.

mardi 5 février 2008

La légende de Yin et Yan (1ère partie)

Tout avait commencé par une boîte trouvée un bon matin dans la salle des enseignants. Les premiers arrivés l'avaient remarquée et après l'avoir oscultée, avaient fait une course vers le bureau du Patron afin d'être LE premier à Lui annoncer la nouvelle. Le premier fût l'enseignant d'éducation physique, comme de raison.

-Pat....Pat....Patron!!! avait-il crié en arrivant, tout essouflé.

-Qui ose me déranger sur mon trône? s'écria une voix pleine d'efforts, qui fit résonner les cloches de l'école.

-C'est m....m....moi, Prof d'éduc... dit-il d'une voix remplie de doute.

Patron tira la chasse d'eau et sortit de la salle de bain, après avoir pris soin de bien se laver les mains avant. Il se dirigea vers son autre trône, posa sa couronne sur sa couronne et fût prêt à écouter le messager.

-Je suis prêt à t'écouter, messager, dit-il d'une voix moins résonnante mais plus autoritaire, comme quoi les trônes ne font pas tous le même effet.

-Il y a du nouveau dans la salle des enseignants, Patron. Un tout nouveau colis!

Patron tira son cahier de gestion et y vérifia la date d'arrivée des nouveaux enseignants qu'il avait commandé. Ils n'étaient pas prévus avant la fin août, et on était seulement au mois d'octobre. Il pouvait cependant y avoir un erreur.

-Cette boîte sent-elle la sueur, la dépression? Entend-on des plaintes et des gémissements lorsqu'on s'en approche?

-Pour l'odeur, je n'en ai aucune idée, Patron. Pour les plaintes et les gémissements, j'en ai entendus mais ils provenaient peut-être de mes collègues ou de la boîte, il faudrait vérifier.

Patron descendit de son trône, demanda au Prof d'éduc de tenir sa traîne et se dirigea vers le salon des enseignants. Ça fourmillait de partout, le personnel déchiré entre les cahiers à corriger, les P.I.A. à rédiger, la planification à cogiter, les parents à rencontrer et l'envie. Plusieurs enseignants choisirent l'envie et se précipitèrent aux toilettes.

Patron s'approcha doucement de la boîte et, afin d'en vérifier le contenu, lâcha quelques gros mots:

-Supervision pédagogique!

-...

-Plan de réussite!

-...

-Je fais un majeur à l'Alliance!

-...

-Patron? dit une voix timide.

-Quoi? répondit-il férocement.

-L'alliance, ce n'est pas à l'annulaire qu'on le porte?

-Ça dépend de quel côté tu te trouves! Moi,parfois, je la porte bien plus bas!

-Ça doit prendre une énorme alliance alors, se permit une voix étouffée.

-Qui a dit ça? Qui? cria le Patron.

-...

Patron revint à la boîte. Il en fit le tour, plusieurs fois, étourdissant Prof d'éduc qui traînait toujours la traîne en traînant de la patte dans son arrière-train. On aurait dit un train électrique.

-Je ne ne sais pas ce que c'est mais ça m'a tout l'air de ne pas être ce que je pensais que ça allait être. Prof d'éduc, ammenez-moi ça dans mon bureau.

-Prof d'éduc, dans le bureau du bourreau! chuchota encore une voix étouffée.

-Qui a dit ça? Qui? Qui? vociféra le Patron.

-...

Prof d'éduc lâcha la traîne du Patron et prit la boîte. Il la porta tout le long du corridor et la déposa, haletant, devant le trône.

Des gromelements se firent entendre, provenant de la boîte. Deux voix bien distinctes. Sous les ordres de Patron, Prof d'éduc ouvrit le premier rabat de la boîte, puis le deuxième. Il prit une grande respiration...

À SUIVRE

lundi 4 février 2008

Le jour où j'ai perdu ma virginité

Les mots, lorsqu'ils sont peu nombreux, laissent place à toute sorte d'interprétation. C'est la leçon de vie que j'ai reçu aujourd'hui et qui explique la disparition de mon "oeuvre" théâtrale. Et qui apportera peut-être plusieurs changements dans un futur proche.



Ceux qui ont suivi mon théâtre-réalité qui est rapidement venu du théâtre-fiction à mesure que la semaine avançait savent que j'y ai été au premier niveau, et pas à peu près. Mes blagues étaient souvent faciles et quelconques. Je me suis bien amusé, beaucoup plus que vous ne pourriez le croire alors que je simulais une pseudo-souffrance dans mon élan créateur. Mais voilà que le plaisir de tout ce processus a pris fin abruptement à 15h00 cet après-midi.



Une collègue que j'estime beaucoup m'a fait venir dans son bureau, se demandant quelle était la perception que j'avais d'elle. Elle était tombée sur mon blogue par hasard et m'avait reconnu à travers certains de mes écrits et ceux de PMT, qui blogue beaucoup plus publiquement que moi. Quelques mots, inoffensifs dans ma tête d'homme, lui avaient laissé croire que je la ridiculisais. Et voilà, j'ai ainsi perdu ma virginité bloguale.



Je lui ai expliqué tout le bien que je pensais d'elle et que les personnes que j'estimais le moins ne faisaient tout simplement pas partie de cette série de billet. Mais plus je me défendais, plus je me sentais mal. La défense n'est-elle pas la première preuve de culpabilité?



Je la comprends. J'ai relu le passage la concernant et je dois avouer que quelques expressions, surtout dans la description des personnages, peuvent être pris à plusieurs niveaux. Mais cette semaine-là, je n'avais qu'un niveau, celle de me distraire, moi et mes six lecteurs.



Maintenant, qu'est-ce que je fais? Par respect pour mes autres collègues, qui pourraient y voir quelque chose d'offensant, j'ai enlevé les cinq derniers billets. C'est une leçon de vie qui pourrait bien me servir longtemps mais qui en même temps, me fait regretter plusieurs choses:



1) Blesser, même involontairement, quelqu'un que j'aime bien est chiant.

2) De m'être affiché si clairement, en particulier ce qui concerne mon ami blogueur.

3) De ne pas avoir pensé à ceux qui tomberaient sur mon blogue par hasard.

4) D'avoir pensé que je resterais anonyme.

Et maintenant, plusieurs options s'offrent à moi:

1) Assumer jusqu'au bout et rendre mon blogue public auprès de mes collègues, mais devoir alors expliquer chacun de mes billets et surtout, m'auto-censurer à l'extrème.

2) Renaître sous une autre idendité tout en vous faisant un clin d'oeil afin que vous reveniez me visiter. Si jamais une femmes de 63 ans avec des poils au menton vous envoient un commentiare.... :)

3) Disparaître aussi vite que je suis arrivé. Mais j'aime bien écrire...

Allez, portez-vous bien! Je disparais un peu pour me remettre de cette journée, car perdre sa virginité, ça frappe aussi émotivement...