mardi 9 octobre 2012

Le temps qui court

Le temps court plus vite que nous.  Je sais, je lui regarde le dos depuis quelques années.  J'ai beau lui crier de ralentir, de m'attendre, rien ne fonctionne.  Le temps est un entêté.  Et dans sa tête de cochon, toujours le même tic-tac, par beau temps comme par mauvais temps.  Le même tic-tac juste ou injuste pour tous.

Et pourtant, le temps d'une soirée, j'ai réussi l'impossible.  Un restaurant, quatre gars que je tire de force de mon enfance qui m'y attendent.  Une réunion mille fois évitée, des fois que ça ferait mal.  De grands sourires, des rires bruyants, des blagues au goût douteux mais combien réconfortantes.  Et derrière tout ça, derrière tout ce bruit, des yeux contents de se revoir et qui semblent se dire que la vie, dans le fond, c'est peut-être juste ça.  C'est peut-être tout ça.

On n'a pas refait le monde.  Même pas essayé.  De toute façon, on a assez mis de temps à se faire nous-même pour se défaire par la suite, souvent.  Mais quand je les revois, eux qui ne se sont jamais lâchés et qui, le temps d'une soirée, me font croire qu'en quelque part, j'étais toujours avec eux durant ces années folles, nos Années Folles, je me dis que toutes ces peines auront servi à quelque chose.  Et ce genre de pensée, y'a que l'amour pour te le donner.

Le temps a beau courir plus vite que moi, je vous jure, pendant un instant, pendant que mon coeur battait à s'époitriner, je l'ai dépassé.  Et je le referai encore.

jeudi 4 octobre 2012

Incompris dans son temps

Lui est distrait, très distrait.  N'écoute jamais les consignes.   Ne fais jamais rien comme il lui est demandé.  Jamais.  On jurerait qu'il le fait exprès.

MOI:  Coudonc, Tête-en-l'Air, quand ta mère a eu ses contractions, t'es-tu mis à remonter plutôt qu'à descendre?

La réaction du groupe m'a confirmé ce que je redoutais depuis longtemps.  Je suis trop en avance sur mon époque, côté humour.

lundi 24 septembre 2012

Retour à la nature

Deux meilleures amies.  Aussi allumées et intelligentes l'une que l'autre.  Et un sourire gros comme ça ce matin.

-Mr. Saignant, nous sommes allées au chalet en fin de semaine et nous n'avions qu'une seule feuille pour faire nos devoirs...
-... alors, pour ne pas nous chicaner, voici ce que nous avons fait!

Et sur ces mots, ils déposent deux morceaux d'écorces de bouleau sur mon bureau avec, gravé dessus, les réponses d'un devoir de maths et courent à leur place en riant.

Je les aime.  Et en même temps, je suis bien content qu'elles ne soient pas allées à la pêche.

jeudi 20 septembre 2012

Trouble de langage, surdité ou esprit mal tourné

Quand?  La rencontre d'information des parents

Où? Dans la classe de votre humble serviteur

Qui? L'Ensaignant et une maman à la dentition suspecte

Les faits:

Je regarde mon ordre du jour, en ordre et à jour depuis l'heure du souper qui a précédé l'évènement.  Je sue, je parle vite et ma gorge est sèche comme ma grand-mère (!?!).  J'en suis à la présentation, le kisséssa, le chukibataredemarde:

-... et finalement, j'aime écrire, le football, les siestes et toutes les formes d'art..


Rire devant moi, accompagné d'une haleine de cigarette et d'une toux timide, crasseuse et pas sexy du tout.  Je souris de mon sourire jaune d'ancien fumeur.  On est faits pour s'entendre.

-Tu as dit "toutes les femmes m'adorent"?

Je réfléchis.  Je souris poliment.  Je souris souvent.  Et là, ça me frappe.

-"Toutes les formes d'art", pas "Toutes les femmes m'adorent".

Nous rions, complices.

Blondinette, je te jure, ne me laisse jamais seul à la Pointe.  Il y a quelque chose entre moi et ce quartier.

Et vous, des histoires de malaises lors des rencontres de parents, vous en avez?


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mercredi 19 septembre 2012

141 mots

Aujourd'hui, pendant un instant, je n'étais plus prof.  Pendant la réunion, je regardais les bouches s'ouvrir souvent et se fermer parfois tout autour de moi mais je ne les entendais pas.  Les mots étaient transparents, inodores.  Ou alors c'est mes sens qui étaient dérangés.  Ou mon sens de l'horloge qui tournait à l'envers.

Puis, j'ai pensé à ici.  À ce qui a été.  Et surtout, à ce qui n'est plus.  Aux blogs qui se meurent parce que 141 mots, personne n'a le temps de lire ça.  141 mots, c'est la pellicule de film qu'on fait développer au centre de photographie plutôt qu'envoyer ses fichiers chez JC.  C'est nos mains qui caressent les CD de chez HMV plutôt que nos oreilles qui attendent d'être impressionnés par 30 secondes de musique au ITunes Store.

J'ai pensé à mes anciennes relations virtuelles et me suis demandé ce qu'ils devenaient.  J'avais le goût de leur demander s'ils bloggaient encore.  Ils m'auraient demandé si je blaguais.  V'là l'bug.

Les rires résonnent encore ici.  Et puis, il y a cette image de p'tit cul devenu homme accrochée au mur du salon.  À moins que ce soit celle d'un nobody qui fut quelqu'un pour un temps puis qui prit peur.  Parce que c'était trop.

Ce soir, pendant un instant, je n'étais plus chum ou papa.  J'étais redevenu l'Ensaignant.  Encore.

mercredi 18 janvier 2012

La tendresse attendra


Ai passé un beau moment avec Matthieu Simard ces trois dernières soirées. Ma blonde était un peu jalouse. Courez chez votre libraire vous le procurer. Un peu de mots que sur Twitter mais drôlement bien réussi et tout aussi "punché"... ;)

Il m'a redonné le goût d'écrire, l'ost...