jeudi 29 mai 2008

Les pourquoi de toute cette folie

Un jeune extraordinairement doué dans tout ce qu'il fait.

Une génitrice qu'on ne peut appeler une mère, that's for sure.

Une performance mémorable comme premier rôle dans le spectacle, même les médias qui sont venus l'ont souligné avec raison.

Un père, qui ne le voit pas très souvent, qui assiste au spectacle.

Des larmes en arrière-scène une fois le rideau baissé qui sont des larmes "joyeuses" selon lui.

Et un calin dans les bras de son papa, sous les yeux impatients de sa génitrice. Un long calin qui a dû durer un bon cinq minutes j'imagine. Je suis parti après deux, leur laissant ce moment d'intimité dans la foule juste pour eux.

Je vous jure que les larmes vous seraient venus aux yeux à vous aussi.

C'est pour des moments comme ceux-là que j'accepte, comme plusieurs autres, de faire 70 heures en cinq jours.

C'est pour des moments comme ceux-là que le coordonnateur (un n ou deux? je suis fatigué, il est près de 1h du matin...) accepte d'y travailler des centaines d'heure durant l'année et ce, de façon complètement bénévole (ou bénéfolle).

Je termine avec ses paroles bien à lui, qui résument si bien cette aventure:

"L'important, ce n'est pas le fil d'arrivée, mais le chemin parcouru"

Trois derniers spectacles demain et c'est la fin mais une chose est sûre, ça pue l'amour, ce projet-là.

mardi 27 mai 2008

Untitled

Vous auriez dû les voir ce matin lors de leur dernière générale. Ils ne manquaient aucune entrée en scène, toujours là avant le temps. Ils dansaient, exécutant chacun de leurs mouvements du mieux qu'ils le pouvaient, bien souvent en sync avec leurs amis. Ils chantaient de leurs voix aigües, s'amusant à les mêler aux autres. Ils "synthétisaient", ils "djembaient", ils "tambourinaient" comme c'est pas possible.

Je les avais prévenu qu'on ne ferait que s'entrevoir cette semaine, lors de leurs passages au théâtre. Ils étaient là et lorsque je suis arrivé sur scène, ils ont lâché leur plus beau "salut, En Saignant!" qu'il m'a été donné d'entendre.

Nous nous sommes croisés toute la journée. Ils étaient à la fois confiants et vulnérables, comme ils l'ont été toute l'année, un groupe balançant entre les deux pôles, capables du meilleur et du pire. Mais aujourd'hui, c'était le meilleur qui l'emportait, haut la main.

Ils m'ont laissé serrer leur pantalon, ils se sont tiraillés avec moi, ils ont accueilli mes tapes sur l'épaule d'un sourire qui semblait dire "merci d'être là" et mes pouces en l'air, lorsqu'ils sortaient de scène d'un éclat de rire qui disait "je te l'avais dit que j'y arriverais!". Oui, tu y es arrivé, et je suis désolé d'avoir douté de toi.

En après-midi, ils ont regardé jouer l'autre distribution dans le respect, mais un respect rempli d'énergie qu'ils lançaient aux autres sur la scène. La générosité qui se perdra peut-être avec le temps mais qui leur est si propre. Ils les applaudissaient, ils riaient de leur jeu parfois maladroit et juste à la fin, je me suis glissé dans la salle à leur insu pour les voir faire, de gestes discrets, les mouvements de danse de la finale qu'ils connaissent par coeur. Ils se tenaient par la main sans se regarder, pour le simple plaisir d'être là, ensemble, là, mais surtout ensemble.

Durant les deux prochains jours, ils donneront trois spectacles devant près de 2500 personnes. Ils seront applaudis à tout rompre. Des mains d'enfants, des mains de Koala et de Loutre qui rêvent à cette soirée depuis deux semaines, des mains de leurs parents.

Aujourd'hui, ils ne l'ont pas entendu mais c'est mon coeur qui les a applaudit, à tout rompre.

Je sais maintenant qu'ils seront durs à laisser partir. Ils sont beaux, vous n'avez pas idée. Sans le savoir, ils disent adieu à leur enfance mais avec leur sensibilité, ils vont faire de si beaux adultes...

lundi 26 mai 2008

Un palpitant billet d'un En Saignant qui n'a pas vu le soleil de la journée! (Jour 2)

Dans la pièce, il y a un chat. Il s'agit du chat d'une sorcière, mais pas noir du tout. Pour costumer les filles qui font ce chat, on leur a déniché une énorme tête dans les sous-sols d'une société bien connue que je ne nommerai pas pour ne pas les mettre dans l'embarras. Jusque là, à part le danger de chute à cause de vision réduite, tout est bien et même que le l'effet est assez réussi. Jusqu'à cet après-midi...

Je travaille dans la coulisse du côté cour avec le metteur en scène qui aujourd'hui, regardait les générales de la salle. Je suis donc seul dans un cubicule d'environ cinq pieds par huit. Les odeurs des enfants nous arrivent assez rapidement aux narines dans un si petit endroit.

La première fois que le chat est passé, j'ai eu comme une bouffée qu'on découvre normalement au printemps lorsqu'on est propriétaire de plate-bandes. Comme un odeur de jus de pomme laissé sur le comptoir un peu trop longtemps. Il y avait environ cinq comédiens qui entraient sur scène en plus des danseurs et des chanteurs qui sortaient. Je n'en ai donc pas fait de cas.

Mais voilà que le chat a la mauvaise habitude de se présenter un peu tôt en coulisses pour ses entrées en scène et vu la petitesse des lieux, les rapprochements sont inévitables. Et c'est là que j'ai vraiment senti l'intensité de l'odeur qui se dégageait de la petite. Je vous évite les superlatifs, qui ne seraient de toute façon pas assez forts pour décrire la situation. Et elle attend, et elle attend, et elle attend. À la fin du spectacle, je me tenais la moitié du corps en-dehors de la coulisse, c'est tout vous dire pour un "control-freak" comme moi.

Après le spectacle, bien décidé à éluder le mystère, j'ai pris son costume une fois les enfants partis et j'ai senti. C'est le masque et les gants, allez y comprendre quelque chose!

Jusqu'à maintenant, je n'ai qu'une seule hypothèse, observée parfois chez mon zoo lorsqu'on a le bonheur d'aller dans une toilette publique. Elles s'installent sur la toilette, se penchent un peu trop par en arrière et le jet manque la cible, pourtant bien blanche et bien grande. Il suffit d'avoir déposé son masque et ses gants devant soi et ...

Par respect pour l'autre qui aura à porter ce costume demain matin, on l'a soupoudré d'un liquide pour laver les habits de mascotte. Il sent l'orange.

Si quelqu'un a un autre hypothèse, qu'il se manifeste. Mais je ne vous en voudrais pas de ne pas en donner. C'est vraiment le genre de billet qui sort lorsqu'on passe trop de temps enfermé.

dimanche 25 mai 2008

Un palpitant billet d'un En Saignant qui n'a pas vu le soleil de la journée!

Vous savez, ces petits crabes que l'on apperçoit, fuyant les vagues sur la plage? Avez-vous remarqué que plusieurs espèces courent sur le côté? Comme un "Moonwalk" sauf que c'est dans une autre direction et que les crabes ont depuis longtemps accepté leurs imperfections physiques et ils ne ressentent aucun besoin de s'auto-mutiler.

Donc, toute la journée, j'ai attendu l'occasion de faire le crabe à mon tour. Pour ceux qui sont étrangers au montage d'une pièce de théâtre, faire le crabe signifie marcher de côté lorsque la directrice technique essaie un éclairage. Je vous en donne un exemple.

Directrice technique: En Saignant, un peu plus du côté cour s.v.p.

En Saignant part vers sa gauche en sautillant pour rejoindre le point voulu.

Directrice technique: Euh, un peu plus encore.

En Saignant continue vers sa gauche en faisant un pas (ou est-ce deux?), un tout léger pas vers sa gauche.

Directrice technique: Euh, tu es trop à cour, bouge un peu vers jardin!

En Saignant exerce sa démarche vers la droite et mime des pinces avec ses mains en arquant les jambes, ses yeux ronds ne clignant pas. Il attend les rires qui ne viennent pas. Seulement un toussotement.

Directrice technique: On me l'a fait mille fois celle-là, En Saignant! Bouge encore un peu du côté jardin s.v.p.

Dans le fond, de tous les animaux que je connaisse, le crabe est peut-être le plus dénudé de sens de l'humour que je connaisse. C'est vrai, pouvez-vous vraiment imaginer une seule seconde un crabe s'avançant de côté sur une scène, les pinces en l'air et, une fois rendu sous le "follow spot", racontant une bonne "joke" au micro?

Mais voilà, il n'y a pas eu de crabe ce soir car on ne s'est pas rendus là. C'est donc les mollets un peu trop légers que je cours me coucher. À demain peut-être, pour un autre succulent billet (hum, hum!).

jeudi 22 mai 2008

Le clin d'oeil du week-end avant le week-end et une longue absence(vol.4)

Koala est debout dans sa chambre, à une heure où elle devrait être endormie dans son lit. Blondinette s'en approche et lui demande:

-Pourquoi tu es debout?
-Parce que je ne dors pas! lui répond-elle.
-Pourquoi tu ne dors pas? demande Blondinette.
-Parce que je suis debout!

À quel âge ça commence à être compliquée, une femme?

Je n'aurai pas tellement le temps d'écrire d'ici mardi. Un énorme projet rempli de sourires et de fierté à réaliser. Portez-vous bien d'ici là et si vous ne savez pas où aller, jetez un coup d'oeil par . Vous verrez avec quelle énergie on ressuscite des morts parfois!

lundi 19 mai 2008

Les tumultueuses aventures de Prof Malgré Tout, Prof Masqué et En Saignant (vol.2)

Un coup de marteau donné sur la ballustrade. Un "bang" qui fit taire les dizaines de personnes dans l'assistance. Un long silence et puis une seule parole, fixant le destin d'une poignée de gens biens:

-COUPABLES!

***

Tout d'abord, il y avait eu les mots. Des tonnes de mots, souvent intelligents, dispersés partout sur la blogosphère. Parfois, il s'agissait de commentaires semés ici et là, d'autres fois, il s'agissait d'un court billet sur sa famille. Il y avait même des sondages scrutant l'avis des blogueurs sur des sujets d'ordre sexuel.


Se créa alors une dépendance virtuelle sur le personnage de Gooba. Partout, on s'arrachait ses paroles qui venait tapisser chacun de nos billets, leur donnant une beauté impossible sans elles. Tout le monde cherchait à savoir qui se cachait derrière cette enseignante, cette mère, cette femme.

Puis, il y eut ce silence. Était-ce la balloune qui l'empêchait de parler? Était-ce seulement elle sur la photo? Et si elle s'était noyé dans son royaume de la rivière? Les questions abondaient de partout sur les blogues, y compris le sien, laissé à l'abandon. Qu'un petit post de son bien-aimé Bronsky, nous disant qu'elle était vivante, sans nous donner plus de détails. Et si c'était lui qui avait... Non, impossible.

Certaines personnes pensaient que la D.P.J. était dans le dossier. En effet, depuis qu'elle avait filmé un de ses enfants en train de s'endormir sur sa chaise haute, les plaintes s'étaient multipliées au bureau-chef.

***

-Oui, allo? répondit En Saignant.

-En Saignant, c'est Prof Masqué, on doit faire quelque chose! s'écria une voix à l'autre bout du téléphone.

-Euh..., répondit En Saignant, se rappellant trop fidèlement sa soirée télévisuelle avec lui. De qui parles-tu et que veux-tu dire?

-Pour Gooba, j'ai vraiment peur qu'il lui soit arrivé quelque chose. J'appelle PMT et on te rejoint chez toi! dit-il rapidement, avant de raccrocher.

En Saignant eut à peine le temps de convaincre Blondinette et son zoo de quitter la maison pour quelques heures que déjà, les effluves d'alcool emplissaient ses narines. Des effluves de scotch sur fond musical. À peine eut-il le temps de réaliser qu'ils étaient arrivés qu'ils étaient déjà assis dans sa cuisine, l'un masqué et capé, l'autre mal rasé et scotché.

-Bon, voici le plan, commença PM. Nous devons pénétrer sa vie réelle afin de sauver la Gooba virtuelle et ce, par tous le moyens!

-Bof, moi, vous savez, Gooba n'est qu'une lectrice parmi la centaine qui viennent visiter mon blogue. Alors..., interrompit PMT.

-Mais tu n'as rien compris! Une Gooba qui disparaît, c'est la blogosphère qui meurt un peu! s'écria PM, les émotions agitant son masque dans tous les sens.

-Si tu le dis... répondit PMT, sans aucune émotion.

PM expliqua le plan à ses comparses dans ses moindres détails. Chacun y irait avec ses forces, usant de ses super-pouvoirs afin de la rammener à la raison.

-Mais PM, ça me semble beaucoup de travail pour deux hommes vifs d'esprit comme nous et PMT, non? se demanda En Saignant. J'ai peur que cette fois, nous manquions à la tâche.

PM le regarda, profitant du moment de suspense. En fait, il profita tellement longtemps du moment de suspense que PMT sortit sa guitare et commença à jouer.

-O.K., O.K., O.K., je me dépêche alors! interrompit rapidement PM. En Saignant, tu me déçois. Moi qui t'aies pris sous ton aile dès ton arrivée ici, je te croyais plus perspicace!

En Saignant baissa la tête, la honte envahissant son coeur virtuel. D'une main, il s'amusait avec un jouet de son Koala chéri, de l'autre, il manipulait son masque de médecin, qui lui servait de déguisement pour ses missions de sauvetage héroïques.

-Và ouvrir la porte, je t'en prie. Je crois que des gens veulent nous joindre dans notre quête! dit PM, la voix dramatique.

En Saignant franchit l'espace entre la cuisine et la porte d'entrée d'un pas hésitant, se demandant si PM n'était pas tombé sur la tête. Il ouvrit la porte et vit que deux personnes l'attendaient sur le balcon. L'une portait un habit de travailleur avec le casque jaune, les outils à la taille et surtout, un masque rose lui bandant les yeux et l'autre était équipée d'une ceinture remplie de crayons de correction, habillée d'un habit d'écolière dignes des plus grands établissements d'enseignement privées.

-En Saignant, PMT, je vous présente Marie-Andrée et Hortensia, les nouveaux membres de notre groupe! dit PM. Ils nous aideront à réussir notre plus grande mission jusqu'à ce jour, sauver Gooba!

Les deux nouvelles comparses entrèrent dans la cuisine et s'y assirent, attendant la suite.

-Ils connaissent mieux Gooba que quiconque. Ils sauront nous aider à créer le contact.

-Mais PM, je crains que ce ne soit pas assez, dit En Saignant. Je ne veux pas te sous-estimer mais ton emploi du temps occupé entre la lecture de tes 50 romans hebdomadaires et l'écriture de tes 10 billets quotidiens ne te permettra sûrement pas de voir au bon déroulement de l'opération.

-Ne t'en fais pas pour ça! J'ai plusieurs ressources!

Les quatre super-héros et super-héroïnes discutèrent longuement pendant que PMT écoutait et buvait. Le plan était parfait, ne manquait plus que l'exécution.

***

Par un samedi pluvieux, Gooba était à l'épicerie avec ses huit enfants, les quatre avoués sur la blogosphère et les quatre qu'elle avait eu le temps d'avoir depuis sa disparition. Avouons qu'elle savait faire bon usage de son temps libre! Bronsky était cependant un peu agacé lorsqu'elle le sondait avec choix de réponse après "l'acte".

Alors qu'elle poussait son panier jusqu'à la caisse, elle fut arrêtée par un personnage qu'elle ne connaissait pas et qui bien rapidement, l'attira vers l'arrière-boutique. Elle le suivit bien malgré elle lorsqu'elle apperçut sa horde de stylos de toutes les couleurs accrochés à sa ceinture.

-Allez, sors les items de ton panier que je corrige les prix, ma chère amie! lui dit Hortensia d'un air suspect, sous les yeux remplis de surprise de ses huit enfants. Si ce sont des problèmes d'argent qui t'empêchent d'écrire, j'ai le pouvoir d'arranger cela!

Gooba fuit l'arrière-boutique pour retrouver Bronsky qui traînait devant les cannes de petits pois, quelques allées plus loin. Ils laissèrent le panier là et s'enfuirent par la porte principale, pas avant d'avoir pris la présence de leur marmaille, y compris la quatrième qui dormait dans le panier.

Arrivée devant son auto, elle aperçut PM qui l'y attendait, une pile de papiers sous les bras.

-Regarde Gooba, j'ai écrit tes cinquante prochains billets pour bon blog. Tu n'auras qu'à les copier, je ne te ferai pas d'histoire! Ça parle de plein de choses, de tes enfants, de sexe et de moyens d'émulation au cas où ça serait le manque d'inspiration qui t'empêcherait d'écrire. Il y en a même un qui est un résumé d'un article du devoir sur... Oups, ça, c'est le mien! s'écria t'il, en jettant des regards furtifs à gauche et à droite, semblant craindre l'arrivée d'autorités quelconques.

Bronsky saisit PM par la cape et le fond de culotte et le lança vers l'horizon, paraissant à peine surpris de le voir s'envoler au-dessus de l'épicerie. Ils démarrèrent rapidement et quittèrent le stationnement à bord de leur autobus jaune qui servait de transport à sa classe personnelle.

-Chéri, je sais que tu dois avoir le goût de rentrer à la maison le plus rapidement possible mais peux-tu arrêter à la S.A.Q.? Je crois que j'ai vraiment besoin d'un "remontant"!

Bronsky sourit et stoppa la voiture quelques coins de rue plus loin devant le magasin. Gooba sortit de la voiture et y pénétra.

Elle entendit le son d'une guitare qui semblait l'appeller dans le fond du magasin, juste en face des boissons fortes. Là se trouvait un personnage mal rasé, portant une chemise bohème et des jeans patchés. Une forte odeur de scotch l'enveloppait.

-Écoute, Gooba, la boisson n'est pas la solution, crois-moi. Je sais que tu traverses une mauvaise passe mais l'alcool ne t'aidera en rien. Alors, je ne peux te laisser sortit de la S.A.Q. avec tout ce vin! Borde, écris un billet, bordel! Tu verras, tout ira mieux, tout le monde ira mieux!

Gooba déguerpit le plus rapidement possible et sauta dans l'autobus qui l'attendait à l'extérieur, laissant tout derrière elle. C'est alors qu'une vieille voiture, immatriculée SAIGNANTMOBILE se gara devant elle, empêchant l'autobus de quitter le stationnement.

Un personnage d'une beauté exceptionnelle sortit de la voiture et revêtit les deux grands panneaux attachées avec des chaînes qui lui servaient d'habit d'homme-sandwich. Sur un côté était inscrit les mots "GOOBA, ABOOG, BAGOO..." et sur l'autre, la phrase-clé: "... PEUT IMPORTE TON NOM, ON NE PEUT SE PASSER DE TOI!". Il dansait, encourageant les voitures à klaxonner sur leur passage.

L'autobus démarra sur les chapeaux de roues, laissant En Saignant danser tout seul. Ils se précipitèrent vers leur maison avec l'espoir d'y trouver un peu de paix. Ils débarquèrent de la voiture, comptèrent les enfants et au moment où ils se tournaient vers leur maison après avoir pagayé durant quelques minutes afin de s'y rendre dans leur canot d'écorces, ils l'apperçurent. Elle les attendait, le marteau dans une main, la scie ronde dans l'autre.

-Si ce sont les rénovations qui t'empêchent d'écrire, Gooba, laisse-moi t'aider! dit Marie-Andrée. Je peux te faire ça en quelques années, mes preuves sont faites!

Ils claquèrent la porte derrière eux, laissant le personnage seul sur le balcon. Ils n'était pas aussitôt assis sur le sofa que Bronsky la regarda d'un air grave et lui dit:

-On doit faire quelque chose! C'est vraiment rendu du harcèlement, ce que tes namis font pour toi, ne trouves-tu pas?

-Oui, je suis d'accord, appelle les avocats! répondit Gooba, délaissant son sondage qu'elle se faisait à elle-même pour passer le temps, une mine désolée assombrissant son visage malgré tout.

***

Après avoir écouté la défense du groupe d'individus qui plaidaient la dépendance virtuelle bloguale, le juge fut sans équivoque. Les mots prononcés, d'une gravité sans pareille, jetèrent la consternation parmi les cinq super-héros. C'est alors que la porte du tribunal vola en éclats. Y entra un personnage portant une soutane lui recouvrant le visage. Comme seule décoration, sur le brun de son habit, était inscrit un Z en lettres majuscules.

Elle s'avança devant les spectateurs ébahis et prit la parole.

-Monsieur le juge, vous ne pouvez condamner ces héros. Ce ne sont pas eux les coupables. C'est moi qui est en arrière de tout ça! dit Zed. Croyez-vous vraiment ces personnes capables d'un plan aussi parfait?

-Euh, en effet, non! dut avouer le juge, ce qui fit baisser la tête au groupe tout entier, sauf à PMT, qui dormait déjà après avoir bu sa troisième bouteille de whisky.

-Voyez-vous, votre seigneurie, Gooba est essentielle à la survie de la blogosphère. Elle en est l'âme, la mère, l'enseignante, la femme!

-Que voulez-vous dire par la mère, l'enseignante, la femme? s'encquérit le juge.

-Je ne sais pas, c'est écrit sur son blogue! répondit Zed. Anyway, écoutez, comme je suis sensible à absolument TOUTES les causes, de l'homophobie à la survie des phoques en Arctique, en passant par le droit des saumons de frayer en toute liberté, j'ai monté toute l'opération afin de sauver les blogueurs et les blogueuses, qui ont aussi des droits!

-Votre défense me semble juste et vraie, Mme Zed. Mais à moins que Gooba ne décide elle-même de retirer sa plainte, le jugement a été rendu, répondit le juge.

Toutes les personnes se regardèrent, le suspense était palpable, on le goûtait presque. Gooba se leva et prit la parole.

-J'ai peut-être compris ce qu'il y a derrière tout ça, dit-elle, d'une voix émue. Mais j'ai simplement eu l'envie de disparaître un peu, histoire de voir ce que ça faisait. Et oui, je retire ma plainte. Mais s.v.p., cessez de me harceler...

-Tu reviendras? lui demandèrent-ils, les yeux remplis d'espoir.

-Continuez à visiter mon blogue et vous verrez! dit-elle, avant de sortir du tribunal, un sourire au coin des lèvres, suivie de Bronsky, de ses huits enfants et de son neuvième, qu'elle avait eu le temps de faire en attendant dans la salle d'attente du palais de justice.

Les comparses se regardèrent, ayant l'impression qu'ils avaient fait tout ça pour absolument rien, découragés. Zed les prit à part et leur annonçant, fière d'elle:

-Si elle n'est pas revenue d'ici une semaine, j'ai déjà convaincu 25 blogueurs d'écrire un billet sur eux, ne vous en faites pas!

enFIN!

vendredi 16 mai 2008

Ce n'est pas passé aux nouvelles

Écrit pour la Journée Internationale contre l'Homophobie, tel que promis à Zed.

Photos prises en 1972, à l'aide d'une caméra Minolta
Premier cliché: Il est là, dans les bras de sa mère. On peut voir son père, les favoris longs comme Elvis, le regard fier et surtout ce sourire. Un sourire qui veut dire: "Je t'aime déjà!"

Deuxième cliché: Dans les bras de grand-papa, un vétéran de la Deuxième Guerre Mondiale, qui tient un biberon à la main. Et toujours ce même sourire. Par la fenêtre en arrière-plan, on peut voir les derniers morceaux de glace qui descendent le fleuve, sous le soleil de mars.

Premier film maison muet datant de 1975

On le voit en train de courir en culottes courtes à bretelles, sous les yeux attentifs de sa maman. Court à ses côtés son cousin du même âge et l'autre, de deux ans son aîné. Le soleil éclaire la scène d'une telle façon qu'on jurerait qu'il fait plus chaud en regardant ces images. Et surtout son sourire.

Court extrait audio enregistré avec une vieille enregistreuse vers les 1980

-Allez, on chante celle-là! dit une voix féminine.

-O.K., es-tu prête? lui répond-il.

-As-tu les doigts sur Play et Record? lui demande t'elle.

-1.......2.......3........go! crient deux voix à l'unisson.


"Love is in the air
Everywhere I look around
Love is in the air
Every sight and every sound
And I don't know if I'm being foolish
Don't know if I'm being wise
But it's something that I must believe in
And it's there when I look in your eyes"

La dernière note est trop basse pour leurs voix et soudainement, il y a ce rire franc, celui qu'on entend seulement dans ces instants d'éternité entre un frère et une soeur.

Photos prises en 1987, avec le même appareil Minolta

Premier cliché: Il est là, les yeux sombres et la mèche à la Robert Smith devant les yeux, tout de noir vêtu. Un faible rictus accroché aux lèvres, rappellant ses sourires d'antan. Il est dans sa chambre, une pile de livres sur la table de chevet à côté de lui. Il est appuyé sur un mur, assis sur son lit.

Deuxième cliché: Il est avec sa meilleure amie. Elle est appuyée la tête sur son épaule. Ils ont tout les deux un verre à la main. Sûrement prise dans un party, on entend presque la musique en arrière-plan. Son front bien appuyé sur sa joue, elle sourit. Lui a le regard ailleurs.

Extraits de son journal personnel, 19 janvier 1989

"J'aimerais tellement être comme tout le monde. Aujourd'hui, en sortant du Cégep, on m'a encore traité d'ostie de fif. C'est ça, juste un ostie de fif. Fif, fif, fif, fif, c'est tout ce que j'entends. J'aurais mieux fait de rester dans l'ombre. J'assume mais les autres m'assomment. Suceux de graine, enculé, enculeur, gadge à marde, poignet cassé, trou slaque... Je les ai tous entendus. Pis mon père qui ne me regarde même plus. Même nos voyages de pêche sont annulés. Il doit avoir peur que je l'embrasse dans la chaloupe! Faudrait peut-être lui rappeller que son spermatozoïde ne devait pas être tellement viril. Alors, fidèle à ma réputation, je vous encule tous!!!"

Un son, non enregistré, aucun témoin, 1993

BANG!

Pour qu'un jour, le mot "gai" veule encore dire "qui est heureux"...

jeudi 15 mai 2008

Le clin d'oeil du week-end avant le week-end (vol.3)

Avant cette semaine, j'avais un certain nombre de certitudes. Rien d'important, quelques petites notions que mon cerveau a fini par accepter comme vraies. Des exemples? La Terre est ronde, les enseignantes de maternelle mangent toujours leurs lunchs dans trop de petits plats, certains spécialistes de musique commencent à ressentir un léger stress à l'approche d'un certain spectacle... Rien d'important. Tout allait changer grâce à deux petites, hautes comme trois pommes, déjà remplies de sagesse.

En début de semaine...

Loutre: Papa, c'est quoi sur ta tête?

En Saignant: Bien, des cheveux ma belle.

Loutre: Non, dans le milieu, juste là!

En Saignant: Bien, un peu moins de cheveux!

Loutre: On dirait une île!


Hier soir...


Koala: Ouach, mes pieds puuuuuuuueeeeennnnnnttttt!

Blondinette: Ouach!!!

Koala (avec le sourire fier): Comme les pieds de papa!


Voilà, grâce à ma grande générosité et à mon amour-propre suspecte, plus jamais je ne serai un blogueur inconnu pour vous. À partir de maintenant, je suis le blogueur avec un début de calvitie et des pieds malodorants.

lundi 12 mai 2008

Mon Koala

Elle ressemble à tous les autres koalas. C'est un peu ce qu'on veut comme parent, non? On veut nos enfants ressemblant aux autres avec un petit extra, quelque chose que les autres n'auront pas et qui fera la différence contre l'indifférence. Qui leur permettra de se fondre dans la foule mais qui fera en sortes que tous les gens sauront toujours où ils sont.

Ils sont beaux, n'est-ce pas? Reconnaissez-vous celui de gauche, celui qui se tient fermement après sa soeur? C'est Koala. Je m'étais promis de ne jamais montrer mes enfants en photo sur mon blogue mais je me suis trahi. Si au moins c'était la première fois.

Elle, sa différence jusqu'à tout récemment, c'était son caractère. Elle sait ce qu'elle veut et lorsqu'elle le veut, elle le veut fort. Et elle fonce sur quiconque l'empêchant de l'avoir. Une très forte personnalité contenue dans une boule d'affection. Un vrai Koala collée contre son papa, sa maman ou sa grande soeur. Une charmeuse que je vous dis. Elle vous fait choquer un moment et vous fait une blague la minute d'après où vous devez vous empêcher de rire afin de garder votre air "grave".

Il y a environ six mois, lorsqu'elle était très énervée, elle nous regardait et les mots se bousculaient dans sa bouche. Ça donnait quelque chose comme:

-Ma...ma...maman, je veux du j...jus!

Moi et Blondinette, on se regardait avec le sourire. C'était seulement sa tête qui réfléchissait plus rapidement que sa bouche. Tant d'énergie dans cette championne du calin.Celle-ci, c'est une de mes préférées. Remarquez le regard intelligent qu'elle a. Vous êtes vraiment chanceux, c'est peut-être notre seule photo où nous sommes sérieux tous les deux. Aucune grimace, rien.

Puis, les mois ont passé. Blondinette a été la première à s'inquiéter de ces petites difficultés langagières. Moi, je la rassurais du mieux que je pouvais mais elle n'y croyait pas, ça se sentait. Juste une étape dans le développement, sans plus. Un Koala, ça passe tellement de temps collé contre nous que lorsqu'il se décide à descendre de son arbre, il est seulement normal d'hésiter sur certains mots, pas vrai?

Depuis deux semaines, c'est de plus en plus frappant. Je ne vous ferai pas de citations pour vous exposer la situation car ça me fait un peu mal, je dois l'avouer. Disons qu'on parle ici de plusieurs secondes avant que la phrase se mette en marche bien souvent. Des secondes durant lesquelles mon coeur de papa se serre. Des secondes trop longues.

Je sais, ce n'est pas grand chose me direz-vous. Un bon vétérinaire nous donnera très rapidement des exercices qui l'aideront et qui lui permettront de bien contrôler ces "hésitations de la voix". Elle n'est pas atteinte d'une maladie grave comme plusieurs autres enfants qui ont Ste-Justine comme maison, je le sais aussi.

Si j'étais arrivé sur votre blogue ce matin et qu'un tel billet s'y était trouvé, j'aurais hésité entre la tape dans le dos ou les conseils, si j'en avais. Et je me serais dit que vous avez écrit sur le coup de l'émotion, que vous verriez bientôt comment tout paraît plus simple avec du recul. Je sais.

Mais vous êtes-vous déjà coupé avec une feuille de papier? Même si l'on sait que l'on ne sera pas amputé, même si l'on sait que l'on n'est pas en danger de mort, n'empêche que ça fait mal sur le coup... Mais heureusement, ça cicatrise vite...Celle-là, elle est spéciale pour moi. Je venais de vivre une semaine de fou au travail et j'étais tellement fatigué. Vous voyez son air? On dirait que c'est elle qui s'occupe de moi, qui me soutient, qui m'aide à passer à travers, qui me fait une imitation, semblant me dire que tout n'est pas si mal...

Elle ressemble à tous les autres koalas. C'est un peu ce qu'on veut comme parent, non? On veut nos enfants ressemblant aux autres avec un petit extra, quelque chose que les autres n'auront pas et qui fera la différence contre l'indifférence. Qui leur permettra de se fondre dans la foule mais qui fera en sortes que tous les gens sauront toujours où ils sont.

dimanche 11 mai 2008

Le clin d'oeil du week-end (vol.2)

Blondinette donne un billet de rappel à un de ses élèves de première année. Ces billets portent autant de noms qu'il y a d'écoles au Québec. Ce sont comme des contraventions données pour autant de raisons.

L'élève ramène son billet de la maison avec la signature de ses parents. Blondinette a un doute. Elle observe le billet, sourit malgré elle et demande au jeune:

-Est-ce bien sûr que c'est ta mère qui a signé ce billet?
-Oui, regarde! lui répond-il.

Et de son doigt, sûr de lui, il lui montre l'endroit où il est écrit signature. Qu'est-ce qu'on peut y lire?

MAMAN, en grosses lettres "détachées", écrites par un enfant qui était très loin de l'être.

La naïveté des petits, surtout lorsqu'elle est mise au service du mensonge, n'est-elle pas craquante?

jeudi 8 mai 2008

Henriette: revue et corrigée

Avertissement: Ce billet a été conçu durant une journée de congé et pourrait ne pas convenir aux yeux sensibles.

(Musique entraînante d'ambiance)

Grands et petits, vous êtes tannés d'entendre toujours les mêmes airs depuis plus de quarante ans? Voici arrivée LA compilation de l'année, qui saura mettre le soleil dans votre demeure:

"Henriette Major, je t'honore"



Interprétées par une des plus grande voix du Québec, nul autre qu'En Saignant, vous entendrez les airs qui ont bercé votre enfance, celle de votre mère, de votre grand-mère et de Jeanne d'Arc mais accompagnées de paroles au goût du jour. Vous entendrez entre autre:

(Sur l'air de "La mère Michel")


C'est la mère de Michel qui a perdu son gars


Qui crie à son mari: "Va le chercher, gros tas!"


Mais l'mari qui a trop bu, il lui a répondu:


"Va donc voir dans' ruelle ça fait trois jours qu'ça pue!"


Sur l'air du tralalala (bis)

Sur l'air du tradécadavra

Cadavra


Ce n'est pas tout, vous entendrez aussi:


(Sur l'air du Bon Roi Dagobert)


Le plus vieux de Robert


A mis sa calotte à l'envers


Le père plein d'émoi

Lui dit: "Ô mon gars


Vas-tu la r'placer, ou j'vais la r'tourner."


"C'est fresh! lui dit son gars,


Veux-tu qu'on parle du blanc d'tes bas!"



Pour seulement 18.99$, vous aurez aussi la chanse d'entendre:



(Sur l'air de Cadet Rousselle)


Regardez donc ses pantalons (bis)

Y'avez-vous vu l'califourchon (bis)

Pas évident d'aller à la selle

Faudrait lui mettre des bretelles

Ah! Ah! Ah! Oui, vraiment,

Y vont y faire jusqu'à vingt ans

De vieilles chansons rééditées pour les jeunes d'aujourd'hui. La poésie pimentée au goût du jour, tout ça dans un coffret comprenant aussi:

(Sur l'air de "I went to the market")

I went on internet

Dans ma chambre qui est en bas

The first girl I met

Avait trente ans pis c'tait un gars.

For I love you

Une crisse de galère

I love you!

Chu dans' marde jusqu'au cou!

En vente dès maintenant, chez tous les bons disquaires ainsi que dans les magasins de matériel éducatif...

EXCUSEZ-LES!

Merci!

Juste un petit billet pour écrire un gros merci à celui, celle ou ceux qui ont pensé à moi pour le Gala de la Fêlée. Me retrouver en nomination pour le prix du "Meilleur Blogueur" a été une énorme surprise pour moi après seulement six mois de vie virtuelle.

Ça aide à donner un sens à ce que j'écris à tous les deux ou trois jours.

J'en suis très touché et parfois, même à moi, les mots manquent...

mardi 6 mai 2008

Celle qui l'a perdu, celle qui a failli la perdre et celui qui le perdra

Lundi matin

Les élèves le savaient depuis la semaine passée, c'était ce matin le grand jour. Un des moments les plus excitants de leur année scolaire était finalement arrivé. Dès leur réveil, je suis certain qu'ils y pensait et qu'ils ont couru jusqu'à l'école. Était enfin arrivé le moment de... la situation d'écriture du ministère!

Les élèves étaient tranquilles, un peu plus, on se serait cru dans une bibliothèque ou dans un salon funéraire. Tiens, parlant de salon funéraire, elle s'approche de moi, les yeux dans l'eau et m'annonce, sans aucune préparation aucune que son grand-père est décédé samedi. Je la regarde et compatit avec elle en lui annonçant toutefois qu'elle n'a pas le choix de se concentrer sur la tâche de ce matin et que parfois, le travail est la meilleure façon d'oublier ses malheurs, ne serait-ce qu'un moment. Sensible, l'En Saignant, hein? Je ne suis pas fier de mon coup mais lorsque je la vois les yeux rivés sur sa tâche à accomplir, je me dis que mon insensibilité a peut-être été bénéfique malgré tout.

Son résultat jusqu'à maintenant, à partir de la magnifique grille du ministère? 13 sur 15. Pas si mal pour une élève qui n'a jamais eu plus de 70% en écriture cette année.

Mardi matin

Elle revient après avoir été absente la veille, sa première absente de l'année. Celle-là, je ne vous en ai jamais parlé. Elle est blonde, tout comme l'autre, mais est tout simplement parfaite. Si vous attendez le "punch", vous serez déçus. Il n'y en a pas. Je vous jure que jamais en 12 ans de carrière n'ai-je vu un enfant comme elle.

Elle a une beauté naturelle, un sourire qui, lorsqu'il ose se présenter, vous récompense de votre bonne blague, des yeux intelligents, d'un bleu discret, elle est une des meilleures joueuses de soccer de la province de son groupe d'âge, elle excelle en musique, elle est de loin la plus douée des élèves que j'ai eue dans ma classe, etc. Je vous le dis, tout est parfait. Et pour finir, elle prend toute la place qui lui revient dans la classe. Une vraie leader respectée par tous les autres.

Je l'aperçois au moment où elle entre en classe et lui demande des nouvelles de sa santé. Elle me répond que ce n'est pas pour cela qu'elle a été absente hier et quitte vers son bureau. Je la ramène vers moi et lui demande ce qui se passe.

-C'est ma mère, elle a fait un anévrisme samedi.
-Ouch... Comment c'est arrivé?
-Elle avait mal à la tête depuis le début de la journée et ça lui faisait de plus en plus mal. J'ai téléphoné à mon père et il m'a dit d'appeller l'ambulance.
-...
-Alors, je l'ai appellé et je me suis habillée pour l'accompagner à l'hôpital.
-Comment va t'elle?
-Son opération a duré six heures. J'ai su après qu'il y avait une chance sur trois qu'elle ne s'en sorte pas, une chance sur trois qu'elle soit paralysée et une chance sur trois que tout soit correct.
-Et puis?
-Elle a seulement de la difficulté à voir de son oeil gauche.

Pendant qu'elle me parlait, elle se passait la main dans les cheveux, se frottait la joue, s'imaginant une doudou qui n'était plus là ou encore la main de sa maman. J'aurais voulu la prendre dans mes bras mais devant tout le groupe, avec la pudeur qu'elle a, elle n'aurait pas aimé. Elle s'est assise devant son examen, une journée en retard sur tout le monde et, entre plusieurs soupirs, a pondu un texte correct, sans plus, pour elle. 4 fautes sur 157 mots.

Son résultat jusqu'à maintenant? 15 sur 15, toujours sur la même fantastique grille du ministère.

Ses larmes ne sont pas venues, mais son coeur faisait de gros boum! boum!

Je l'ai entendu.

Mardi midi

Un jeune au nom tout doux. Il est beau, vous devriez le voir. Mais un vrai ti-crisse. Je vous jure, un élève qui a dans son sac tous les trucs pour faire ch... les profs. Et au fil des années, il les a tous utilisés.

Vous voulez une idée? La semaine passée, il a mangé deux vers de terre, pour rien. Dans mon temps, quand quelqu'un se commettait ainsi, il y avait une récompense pécunière qui accompagnait l'acte. Pas lui. Soupir.

Je l'ai vu cette année se lever de sa place avec son berlingot de lait dans la main et aller le verser sur le cahier d'une élève si douce et si gentille pour absolument rien. Lorsque je lui ai demandé pourquoi il avait fait cela, il a haussé les épaules. Je suis certain qu'il n'en a aucune idée.

Je l'ai vu plancher sur son examen et comme d'habitude, il m'a bien eu. J'ai pensé qu'il avait été absorbé par la grande motivation qui avait gagné ma classe à force de discours bien sentis de ma part mais non. Il m'a trompé, encore.

Son résultat? Pas mauvais. 11 sur 15 jusqu'à maintenant. Mais intelligent comme il est, il devrait avoir beaucoup plus, comme d'habitude. Un acteur né.

Ce midi, je parle avec la psycho-ed de mon école, une fille au coeur d'or, qui m'annonce qu'elle a rencontré la mère du ti-criss. Elle était venue lui demander conseil. Avait-elle des trucs pour l'annonce qu'elle allait lui faire cet été?

Pas grand chose, un tout petit détail dans sa vie de ti-criss. Son père n'était pas son père biologique.

Il est arrivé dans la vie de ti-criss lorsque ce dernier avait huit mois.

J'obervais mon élève cet après-midi et me disait qu'il devait avoir hâte à cet été et surtout, de ne plus m'avoir sur le dos. Hâte à cet été...

La semaine est encore jeune et pourtant, je me sens si vieux... De quoi annuler le congé prévu pour jeudi.

dimanche 4 mai 2008

Êtes-vous éteints?

Je me promène dans un parc non loin de chez nous, tentant de profiter des premières chaleurs de l'été naissante. Beaucoup de gens ont décidé de faire comme moi. Blondinette et mon petit zoo m'accompagnent. Koala court en cercle après Loutre, qui ralentit son pas pour laisser sa soeur s'approcher d'elle avant de repartir de plus belle. Partout autour de nous, les cris d'enfant se mélangent aux chants des oiseaux...


Arrivez-vous à vous souvenir de vos jeux d'enfance? Réussissez-vous à revoir, dans des minuscules bouts de film en noir et blanc, le décor de la maison de votre enfance où vous vous cachiez, vous imaginant poursuivi par une sorcière? Vous souvenez-vous de votre cachette préférée, celle où vous avez cru que vous pourriez passer le reste de votre vie sans être découvert?


Vous souvenez-vous du moment précis, de l'instant même où vous avez dit à votre petit cousin que c'était bébé, jouer à la cachette? À quand remonte votre dernière partie?

Des amoureux se tiennent main dans la main, échangeant des regards complices et de doux baisers volés au temps. D'autres sont assis sur un banc de parc, elle appuyée sur lui ou lui sur elle, la tête perdue dans les chauds souvenirs de la nuit passée ou dans l'anticipation de celle qui s'en vient...

Vous souvenez-vous des premières fois où vous avez fait l'amour à votre amour? Vous souvenez-vous du temps où toutes les occasions étaient bonnes pour un calin ou un baiser passionné? Les responsabilités entouraient vos acrobaties et non pas le contraire, non? En fouillant bien, réussissez-vous à compter les endroits où ça s'est produit?

Un couple de vieillards passe devant nous. Ils se tiennent main dans la main. Il lui fait une blague, elle rit de bon coeur et dans son regard se lit toute l'amour du monde. Il lui donne une petite tape complice sur la fesse et elle, elle se colle contre son cou comme un oiseau qui a froid, le sourire là, tout là, encore là, jamais las...

Devrait-on leur dire qu'à leur âge, on est supposés s'éteindre lentement, comme une bougie sous la brise? Que les tapes sur les fesses, aussi innocentes qu'elles paraissent, n'ont plus leur raison d'être, bouffées elles-aussi par le quotidien? Que l'amour, toujours aussi présente, est supposée évoluer vers d'autres formes, surtout à leur âge?

Mais dans le fond, nous, nous savons. Les enfants, les comptes à payer, le ménage à faire, les rénovations, le chalet à payer, la job et ses soucis, la maladie, les trous noirs, les passages à vide, la dépression, le burn-out, le congédiement, etc., etc., etc... Après tout, nous avons eu raison de nous éteindre, non? Non? Non? Mais ça fait tellement de bien de se le dire, non? Non? Non?

Alors que nous arrivons à notre auto, nous croisons une jeune famille. Quatre marmots âgés entre 2 et 6 ans environ. Elle a les yeux cernés de fatigue et bouffis d'avoir pleuré. Il a le regard ailleurs. Elle s'approche de lui, lui prend la main. Il la regarde et semble lui dire que tout sera correct. Et que par moments, tout sera comme avant...

samedi 3 mai 2008

Le clin d'oeil du week-end

Est-ce que nos jeunes passent trop de temps devant les jeux vidéos?

Je n'aime pas répondre à cette question car cela implique trop souvent à porter un jugement sur une génération entière. Il y a pourtant des signes qui ne mentent pas...

Blondinette donne un devoir à sa classe de première année. Ça consiste à dessiner un arbre selon les consignes données et ensuite, à répondre à des questions sur le dessin. Voilà une des questions et ce qu'un élève a répondu:

-Les fruits dans l'arbre sont-ils rouges?
-Wii

...

jeudi 1 mai 2008

Les tumultueuses aventures de Prof Malgré Tout, Prof Masqué et En Saignant

Blondinette me regardait, l'air découragé. Ça faisait maintenant deux jours que ma bouche semblait faire la grève des mots. Le moral n'y était tout simplement pas, emprisonné dans la mitaine de Martin Biron.

-Tu devrais vraiment faire quelquechose, En Saignant! Même la Loutre m'a demandé ce que tu avais et je ne peux lui dire que c'est de la faute du Canadien!

-Bah, elle a le droit de savoir, tu sais? De toute façon, ce n'est pas de ma faute, c'est de la faute à Bégin... lui dis-je d'un air triste.

Certes, j'avais honte mais les performances de la Sainte-Flannelle déchiraient mon coeur en parcelles.

-Je crois que je sais ce qui te remonterait le moral! m'annonça fièrement Blondinette, d'une voix qui trahissait son soulagement. Tu sais, ta vie a beaucoup changé depuis l'arrivée des enfants. Pourquoi n'invites-tu pas des amis pour venir écouter le match avec toi?

-Ouais, le problème, c'est que je n'ai plus beaucoup d'amis "de gars". Ils semblent avoir disparu au même rythme que mes cheveux.

-Mais tu as tes amis blogueurs, non? me demanda t'elle. Ça existe, des amis, dans ton monde virtuel?

-C'est seulement que je ne suis pas certain qu'ils soient très amateurs de hockey. PM en parle quelquefois mais en ce qui concerne PMT, je suis loin d'être sûr que ça rentre dans sa définition d'une belle soirée.

-Essaie, tu verras... me dit-elle.

Quarante-six e-mails plus tard, nous étions samedi. J'étais assez excité à l'idée de regarder le Canadien se débattre pour une dernière fois en compagnie masculine. J'avais tout préparé: la bière, les chips, trois chandails bleu-blanc-rouge et mon plus bel enthousiasme.

-Étais-tu aussi excitée le soir de notre premier rendez-vous? me demanda Blondinette, appuyant sa réplique d'un clin d'oeil.

-C'est certain mon amour, même si je savais que mon charme fou ferait danser ton coeur...

La sonnette retentit, au même moment où elle sortait par la porte arrière en compagnie de ma descendance. J'ai envie de courir mais je marche jusqu'à la porte, me donnant un air calme et décontracté. L'image à tout prix.

J'ouvre la porte et ne trouve personne. Alors que j'étais sur le point de la refermer, un vent me fouette le visage et je vois apparaître dans le hall d'entrée un homme âgé dans la trentaine, une cape rouge et jaune sur le dos, portant une paire de "legging" et un chandail ajusté sur lequel est inscrit "PM". Son masque, mal ajusté, tremble à chacun des mots qui suivent.

-Salut, En Saignant. Je m'excuse pour le retard mais le vent était du Nord aujourd'hui! me dit-il, en ôtant un de ses gants pour me serrer la main.

-Tu n'es pas en retard, ne t'en fais pas. Mais... tu es vraiment un Professeur Masqué? lui demandai-je.

-Oui, que croyais-tu? Mais toi, tu ne me sembles pas très "saignant". Je m'avoue un peu déçu! me dit-il, secouant sa cape pour en faire tomber les insectes qui s'y étaient écrasés et qui se retrouvaient maintenant sur mon plancher.

J'allais l'inviter à s'asseoir quand un faible "Toc, toc, toc" se fit entendre, suivi d'un gigantesque "Boum". Je courut vers la porte, suivi de PM, qui s'avançait en regardant à gauche et à droite, semblant craindre l'arrivée d'un méchant quelconque. J'ouvris la porte et reçu Prof Malgré Tout qui avait perdu l'équilibre dans mes bras, ainsi que quelques gouttes de sa bouteille de cognac à moitié vide sur les pantalons. Je le dirigeai vers le salon et l'assit sur le divan de cuir noir à deux places.

-Ça va? lui demandais-je.

-Oui... BORDEL, c'est sûr que ça va... me dit-il d'une voix hésitante où les mots semblaient se perdre à travers son haleine alcoolisée. BORDEL, à quelle heure elle commence, cette BORDEL de partie?

-Bientôt... lui répondis-je. Hey, je voudrais te présenter Prof Masqué!

Lorsque je me retournai, je ne vis personne. Il n'y avait plus aucun signe de mon super-héros du blogue. Je me grattai la tête en fronçant les sourcils, les yeux tournant à gauche et à droite.

-BORDEL, où est-il? me demanda PMT. Disparaître fait-il partie de ses super-pouvoirs?

Je quittai le salon et parcourut la maison, à la recherche de PM, inquiet. Aucun bruit ne me donnait le moindre signe sur son emplacement. Arrivé près de la chambre, j'entendis un bruissement de pages très rapide. J'ouvris la porte et le retrouvai assis sur la chaise en osier, une pile de livres à ses côtés, tournant des pages à un rythme effarant.

-Oh, désolé, j'ai senti qu'il y avait des connaissances par ici et en entrant, j'ai trouvé une bonne vingtaine d'ouvrages que je n'avais pas encore lu. La biographie de Ron Jeremy m'a particulièrement intéressé. J'en ai profité...

-Allez, lâche les livres et viens dans le salon, la partie va commencer bientôt! lui lançai-je, en tournant les talons.

-Encore ces trois ouvrages et je suis avec vous, me dit-il d'une voix excitée.

Je tournai le pas et me dirigeai vers le salon, traversant le corridor en me demandant dans quoi je m'étais embarqué.

-BORDEL! BORDEL! BORDEL!, entendis-je d'une voix venant du salon.

Je me précipitai en criant, l'espoir remplissant mon coeur.

-Est-ce qu'ils ont marqué? Est-ce que Brière a marqué? Est-ce Kovalev?

-BORDEL, calme-toi, la partie n'est même pas encore commencée. C'est seulement la BORDEL de chanteuse. Elle a raté une note durant l'hymne national. C'est impardonnable... me dit-il, la colère dans les yeux et la bouteille de cognac à la main. C'est certain, j'écrirai un PUTAIN de billet là-dessus.

Je soupirai et m'apperçut que PM ne me suivait pas. Je retournai donc vers la chambre en soupirant encore plus fort, commençant à regretter une première période avec la Loutre et le Koala assises sur mes genoux. Je retrouvai PM assis devant mon ordinateur, sa page de "Blogger" ouverte devant lui, la cape au vent.

-Oh, tu termines un billet? lui demandai-je, d'une voix intriguée en regardant par-dessus son épaule, tout heureux d'avoir accès à son mode de création.

-Non, en fait, j'ai eu le temps d'en écrire trois depuis que j'ai ouvert l'ordi, m'annonça t'il, d'une voix remplie de fierté. Si ce n'était pas des bruits de l'ivrogne, j'aurais pu en faire encore plus!

Je commençais à comprendre l'étendue de ses super-pouvoirs. Non seulement pouvait-il voler, mais en plus, il pouvait écrire et lire à une vitesse dépassant tout ce que j'avais vu jusqu'à maintenant. Le seul bruit qui émanait de la chambre était celui ressemblant à une centaine de doigts appuyant sur le clavier en même temps. Comme un long son continu.

Je tournai les talons, me souvenant soudainement que les Habs jouaient leur vie ce soir-là et me dirigeai vers le salon.

-BORDEL! BORDEL! BORDEL! entendis-je encore une fois.

-Quoi? Price a encore donné un mauvais but? demandai-je d'une voix forte et essouflée.

Lorsque j'arrivai dans le salon, PMT était couché sur le dos, la bouteille de cognac à la verticale, tentant d'y recueillir une dernière goutte qui coulait lentement le long du goulot. Il tourna sa tête vers moi.

-Tu as du cognac en quelque part? me demanda t'il.

-Non, désolé. Pas très amateur mais je peux t'offrir du vin rouge si tu veux.

Son visage passa de l'espoir à la fureur. Là, j'étais vraiment inquiet.

-BORDEL, jamais! Tu oses m'offrir du vin rouge? Moi qui croyais qu'on venait regarder le hockey ce soir... me dit-il, des tonnes de reproches dans les yeux.

-Oui, mais habituellement, lorsqu'on pense à des gars qui regardent le hockey, on imagine plus des bouteilles de bière vides sur la table basse du salon, lui répondis-je.

-De la bière? Pour un artiste comme moi? BORDEL! Tu ne me respecteras vraiment jamais? Tu ne comprends pas qu'une bouteille de bière sur un clavier, c'est beaucoup moins chic qu'un Jack Daniels? BORDEL!

-Écoute, je suis vraiment désolé... Je me sens un peu mal, là... Tu veux un peu de lait? lui offris-je, découvrant mon sein.

-Nan, laisse faire! m'annonça t'il, reprenant son étui à guitare de la main droite et son manteau de jeans de la main gauche. Je m'en vais... Je dois aller composer des tounes, BORDEL!

Il se dirigea vers la porte, se cognant aux murs en chemin. Je le suivis d'un pas pressé, la déception dans la voix.

-Mais la partie? lui demandais-je, d'une voix implorante.

-PFFFFFTTTTT! me dit-il, en signe de remerciement.

C'est à ce moment que je compris que ce n'était pas PMT qui était venu ce soir mais plutôt CMT, Chiant Malgré Tout, son alter ego qui vivait sur mon blogue. J'aurais dû m'en douter.

Au moment où je le regardais s'éloigner d'un pas titubant, je sentis comme un coup de vent défaire mon "brushing". Je fus surpris de voir apparaître PM devant moi, sur le balcon, les yeux balayant la rue, le regard perdu dans l'univers des lettres.

-Écoute, me dit-il, ne le prend pas mal mais je crois que je vais quitter. J'ai lu toute ta bibliothèque et écrit une série de six blogues sur la littérature du monde enseignant. Je crois que je vais retourner chez nous pour répondre aux commentaires.

-OK, vas-y..., lui répondis-je en tentant de ne pas laisser le regret teinter ma voix.

Je rentrai et m'écrasai dans mon salon, juste à temps pour entendre la sirène annonçant la fin de la première période. Mais le résultat du match m'importait peu à présent. Le sort du Canadien, pourtant si important pour moi quelques heures auparavant, avait laissé place à une grisaillerie.

Lorsque Blondinette revint vers les 23h00, Koala endormie dans ses bras, j'étais encore assis les yeux ouverts, ne pouvant croire ce à quoi j'avais assisté. Au moment où j'allais sortir chercher la Loutre, endormie elle aussi dans l'auto, elle m'arrêta d'une main remplie de tendresse.

-Ça va? demanda de cette petite voix inquiète dont seule elle a le secret. Où sont tes amis?

-Retournés dans leur monde virtuel, lui répondis-je, un sourire en coin...