vendredi 29 août 2008

Corneille

Deuxième journée avec eux. Je les connais à peine. Ils m'observent, tentent de me catégoriser. Est-ce un chialeux? Un exigeant? Un prof? Un mélange des trois?


Ils sont grands et petits, allumés et éteints. N'est pas venue l'heure des subtilités. Quelques semaines encore et ils seront rentrés chacun dans leurs petites cases. Je me connais.
Il est grand, il m'a regardé toute la journée d'hier, à travers les verres fumés de ses lunettes. Il a les cheveux ébouriffés, à peine peignés avec un sourire qui prend la moitié de son visage. Et il parle, et il parle. Je le connaissais déjà l'an passé et déjà, il parlait.
Ce matin, il entre dans ma classe. Il a le visage éteint, comme si une lumière s'était éteinte. Je le connais assez pour savoir qu'il peut être explosif dans ces moments-là, je l'ai donc à l'oeil le temps de la routine d'arrivée du matin. Soudain, il se lève, s'approche de moi et:
-Mes parents se séparent! Ils me l'ont dit hier! croasse t'il avec sa diction parfaite.
-...
Il retourne à sa place.
-Es-tu sérieux?
Il se retourne vers moi, les yeux déjà humides. Je ne peux m'empêcher de penser à une corneille en le regardant avec ses grands bras qui ressemblent à des ailes, avec ses cheveux hirsutes qui lui font comme un casque de plumes sur la tête.


-Oui, mon frère les a surpris à se chicaner et à parler de ça!
Dit fort devant tout le monde. Quand on reçoit une nouvelle comme celle-là, on se crisse des oreilles indiscrètes.
-Peut-être que ce n'est que passager, qu'en dis-tu?
Je vais te trouver de l'espoir, mon grand, quitte à t'en inventer. Il a un petit sourire en coin où dansent l'intelligence et l'orgueil.
-Ça fait deux mois qu'ils se chicanent tout le temps. Mon père est venu me parler après.
-Et il t'a parlé de se séparer d'avec ta mère?
-Oui. Il m'a dit qu'il achèterait une maison dans le coin afin de continuer de nous voir.
Une question me trottait dans la tête. Je l'ai posé, espérant pour lui qu'il me donne la bonne réponse.
-Ton père, lorsqu'il t'a parlé, avait-il l'air en colère ou calme?
-Il était calme. Pourquoi tu me demandes ça?
J'ai hésité. Il aurait compris si je lui avais expliqué, il est aussi brillant que ça. Il parle toujours mais la plupart du temps, c'est pour dire des choses intelligentes au moins.
-Rien. Écoute, bon courage, nous sommes avec toi.
Les sourires des autres me disaient que j'avais eu raison de lui dire cela. Comme une corneille, ses croassements leur tapent souvent sur les nerfs mais durant un instant, un court moment, ils ont oublié.
Il n'a plus croassé de l'avant-midi.

jeudi 28 août 2008

J'emmerde Dora

Acheter un trampoline pour notre Koala nous paraissait une bonne idée. Après tout, elle aura trois ans dans "deux dodos" et c'est la première fois qu'elle demande quelque chose qui ne se mange pas, alors...


On effectue quelques recherches, Blondinette et moi, et nous fixons notre dévolu sur un 8 pieds décoré sous le thème de Dora et son singe à bottes. Elle va l'acheter chez "Canadian Tired" et l'ammène à la maison lundi, en me proposant d'y jetter un coup d'oeil le lendemain, juste pour voir si ça a l'air compliqué à monter. J'ai envie de lui dire que je n'ai jamais eu besoin d'instructions pour monter quoi que ce soit, vivant ou non, mais je m'abstiens. En vérité, je rechigne un peu, lui disant que ça pourrait attendre mercredi soir. Après tout, sa fête est seulement jeudi, right?


Arrive mardi soir et à la fois pour lui faire plaisir et surtout, parce qu'elle se trompe rarement lorsqu'elle défie ma procrastination, je daigne y jetter un coup d'oeil. Premier constat, sur la boîte, il est écrit "facile à monter". J'ai le goût de rentrer à la maison pour lui faire une blague sur ce qui est facile à monter, vivant ou non, mais je m'abstiens. J'ouvre la boîte, cherche les instructions, bien dissimulées sous quelques poteaux de fer qui serviront à soutenir un Koala et une Loutre qui sautent.

Bon, anglais ou français? Je choisis le français, qui n'est en vérité qu'une traduction mot à mot de la version anglaise. Du déjà vu. Je reviens donc vers la langue de Sir Paul.

Premièrement, je dois monter le "frame", idéalement avec l'aide de deux adultes en santé. Je vous jure que c'est vrai, c'est écrit. Avec une belle image représentant trois rednecks, le polo rentré dans les pantalons et les bas apparents, tenant sans efforts le dit "frame". Comme je suis un brin obstineux, seul et pas en forme, je trouve là la motivation de commencer à monter la bête. J'ai le goût de prendre mon cellulaire et d'annoncer à Blondinette que je m'apprête à monter une bête mais je m'abstiens.

Les poteaux entrent tout seuls dans les intersections en T, c'en est presque décevant. Même pas là la moindre occasion de montrer à mes voisins toute l'étendue de ma force légendaire. OK, je pousse un peu, mais si j'ai de la misère à croire que je suis fort, on parle bien de légende, non? Arrive alors "the" poteau, celui qui s'est déformé par je ne sais pas trop quel choc durant le voyagement ou sa construction dans les sweats shops chinois. Pas grave, je cherche mon marteau, ne le trouve pas et prend une paire de pinces pour corriger le petit défaut de fabrication. Et je frappe, et je manque mon coup, et je frappe, et j'ai peur de l'abîmer sans réussir à rendre le poteau droit et de ne pouvoir la retourner au magasin. Je retourne dans le garage et, après quelques secondes d'efforts, retrouve mon marteau. Trois ou quatre petits coups et ça rentre comme "popa dans moman". J'ai le goût de crier à Blondinette une blague sur trois ou quatre petits coups qui rentrent comme "popa dans moman" mais je m'abstiens.

Avant de ranger le marteau, je prends quelques minutes pour regarder mon ombre armé du marteau et me rend compte que je ne serai jamais un vrai manuel. Pas plus que je serais devenu une nageuse synchronysée si je m'étais mis un bidule en caoutchouc sur le nez.

Vient le temps de poser les ressorts. Rien de plus simple: un crochet dans la toile et un autre dans un trou du "frame". Dans le pamphlet contre la bonne utilisation de la langue française, il est écrit d'accrocher les ressorts à l'opposé l'un de l'autre afin de bien répartir la tension et ensuite, de répéter l'opération. Rien de plus facile, n'est-ce pas? Je prends le premier ressort et l'attache, sans aucun effort. L'autre, à l'opposé, est aussi facile à mettre. Et il en va ainsi, temps durant lequel je pose une quinzaine de crochets.

Je recule pour apprécier mon travail, fier de moi, espérant que Blondinette se pointe à la fenêtre pour m'admirer une fois de plus... Ah, il y a quelque chose de bizarre! Je m'approche, compte les trous restants entre deux crochets: 1, 2, 3, 4, 5. O.K. Combien de crochets, maintenant? Quatre! Pas grave, tout comme Dora, je ne me découragerai pas aux premières difficultés, même si je n'ai aucun singe à mes côtés!

Ah, c'est drôle, le crochet est difficile à enlever. Je force un peu, voilà! Je suis vraiment le champion du trampoline. À moi la job au cirque du soleil. Tiens-toi bien, Laliberté, j'arrive et je n'ai rien d'un contortionniste. Je calcule bien, identifie le bon trou et hop! Euh.... hop! Bien voyons, HOP!!!

Après cinq essais, quelques gouttes de sueur me coulant sur le visage, je réussis enfin. Chaque crochet que je dois déplacer, pour compenser ma première erreur, est de plus en plus difficile à enlever et surtout, à remettre. Imaginez le plus grand effort que vous ayez fait dans votre vie, répétez-la une trentaine de fois en une demi-heure et vous devinez la soirée que j'ai passée.

Bon, deux jours après le début de ce billet, voilà maintenant mes deux puces qui sautent sur le trampoline. Ils trippent à fond et moi, je les regarde, cinq heures de travail plus tard échelonnées sur deux soirées maringouineuses et avec un éclairage quelconque et je me dis que dans le fond, elle est là ma paye.

Mais quand je vois Dora et Babouche bien installés sur des pancartes de chaque côté du monstre, lorsque les filles ne me regardent pas, je leur sors mon majeur le plus droit avec mon plus beau sourire sarcastique en coin. Et le pire, c'est que ça me fait du bien...

lundi 25 août 2008

Parce qu'on finit toujours par rentrer

Dors plus depuis une bonne demi-heure... La tête qui tourne, la valse des questions qui est commencée.

  • La Collègue Parfaite, a-t-elle passé un bel été?
  • Vais-je réussir à trouver la petite aux cheveux noirs un tantinet attachante?
  • De quel opéra va-t'on s'inspirer cette année pour faire notre show?
  • Devrais-je commencer à trouver des commanditaires pour les activités des finissants dès septembre?
  • Prof en Exil est-elle réveillée elle-aussi?
  • Est-ce que je vais avoir quelques garçons leaders cette année?
  • Quelle sera mon horaire de spécialiste?

C'est bien simple, je passerais le "social" et me dirigerait directement vers ma classe cette année. De toute façon, ça m'angoisse ces bébelles-là. Je ne suis pas très fort en grand groupe. Je ne sais jamais quoi dire ou quoi demander. C'est bien simple, si j'étais adepte de natation, je nagerais surement le 100 mètres, peut-être le relais mais jamais la nage synchro. Trop difficile d'être synchro pour moi. Je me sens un peu inapte et socialement déconnecté.

  • Quel impact aura la disparition du petit dynamo de notre équipe-école, partie "en saigner" dans une école du Plateau?
  • Vais-je m'attacher autant à mon nouveau groupe qu'à celui de l'an passé, qui était vraiment exceptionnel?
  • Aurons-nous l'énergie pour transformer notre étage en Paradis pour les grands, tel que nous nous l'étions promis l'an passé?
  • Devrais-je planifier mon année complète d'un seul coup ou y aller une étape à la fois?

La planif... Notre repère à nous, les enseignants. Une fois qu'elle est bien faite, on peut se permettre des escapades en-dehors des sentiers battus. Comme une boussole pour l'explorateur. Ma sécurité. Je crois bien que c'est la première chose que je vais faire ce matin après la réunion. Bon, d'accord, ce sera cet après-midi...

  • Comment se passera la rentrée de Blondinette?
  • Mon Koala s'adaptera-t-elle facilement à son nouveau groupe à la garderie?
  • La journée de ma Loutre sera-t-elle à la hauteur de ses attentes?
  • Mon amie Marie-Soleil, avec qui nous avons passé de merveilleux moments cet été... C'est sa rentrée post-congé de maternité. Y aura-t-il un traffic assez dense sur le Pont Champlain pour lui permettre de sécher ses larmes après avoir laissé sa petite à la garderie?

Il y a moi et les autres. Car mon bonheur passe aussi par là. Comme une croix que l'on traîne sur notre coeur. Je me protège souvent des sentiments parce que je suis ainsi fait: quand j'aime, mon coeur devient un condo.

Comme cent questions auxquelles je n'ai aucune réponse. Comme cent points d'interrogations attendant d'être transofrmés en un millier de points d'exclamation.

Et je pense à vous aussi. Les parents qui se courrent dans les magasins pour faire les dernières emplettes. Un pousse-mine? Des crayons de plomb? Ce chandail est-il trop sexy? Pas assez?

Et finalement, il y a vous qui n'avez eu que deux semaines de vacances cette année... Sachez que j'apprécie ma situation.

Alors, Blondinette, Koala, Loutre, Marie-Soleil, ma BS, La Souimi, PMT, Intellex, PM, Zed, Hortensia, Gooba, Marie-Andrée, Calliopé, Peste, Miss Klektik, Grande Dame, Femme Libre, Mme Gronde Lacolère, Yano, Daniel Rondeau, Benicio, CArthesis, Un autre prof et tous ceux que j'ai oublié ou qui se cherchent encore une identité sur le Web mais qui viennent faire un tour chez moi de temps en temps...

... bonne rentrée, peu importe vers quoi vous revenez!

jeudi 21 août 2008

Sur le manque d'inspiration, "Bodily Delta", Sénécal et quelques autres observations de vacances

Un calepin avec un dauphin dessus, un stylo en simili-bois avec "Ogunquit" écrit dessus, le tout acheté pour la modique somme de "ten dollars" à un magasin qui s'apelle "Ten Thousand Gifts". Quoi demander de mieux?

Les pieds dans le sable, notre petit zoo à nos pieds, ma belle-mère à une distance respectable de moi (c't'une joke!), la mer en toile de fond, tout était parfait. J'allais vous pondre le billet des billets, la pièce d'anthologie qui me permettrait peut-être d'avoir mon premier lecteur russe, pays qui me boude toujours.

Je mets le IPod sur mes oreilles, réfléchis quelques minutes et choisis Marie-Jo Thério et sa chanson "Bodily Delta". Je prends mon stylo d'érable, ouvre mon cahier-Flipper et... rien.

La voix de la Maline a beau chanter tout ce qu'elle aurait pu être, mélangeant les tons graves et aigus en arrière-champ, je regarde la mer et... rien. Je laisse mes outils de côté et vais me lancer le ballon de football en mousse avec le beauf. Ce n'est pas grave, ça ira mieux demain!

Le lendemain, je regarde ma Loutre essayer sa planche de surf sur les vagues qui se retirent, observe mon Koala qui en est déjà à sa deuxième crise du voyage durant une bonne demi-heure et m'installe finalement sur ma chaise bleue Canadian Tire, qui a lacéré mon épaule où était apparu la veille un coup de soleil durant ma longue marche sur le bord de la plage afin de se trouver un coin de plage pas trop peuplé. Je sors mon stylo de chêne et mon "fishy notebook" et... rien. Ce n'est pas grave, je vais m'étendre sur le sable, armé des jouets de plage de mes filles et m'installe pour créer LE château de sable. Pas ceux-là quétaines avec un tas de tours mises les unes à côté des autres mais "the castle". Je cherche mon inspiration mais... rien. À sec comme le pire des alcoolos.

Ce petit manège a duré cinq jours. J'ai tout essayé pour m'inspirer. Philippe Tisseyre, qui m'a donné le fixe en regardant ces moments de joies des familles qui nous entouraient sur une musique mélancolique au possible, la Thério qui m'a fait me demander si j'avais choisi la bonne voie comme métier. Même essayé "Histoires d'hiver" de Rivard comme traitement choc mais rien n'y fit. Qu'un seul mot me revenant sans cesse en regardant les vagues: "infini".

Pour ceux qui se demandent ce que j'ai été faire là, sachez que je vous parle seulement de quelques petits moments très précis des longues heures salées que j'ai passé sur la dune. Le reste n'a été qu'émerveillement et repos, y compris celui du cerveau.

J'ai quand même eu le temps de me taper un livre de cinq cents pages qui m'a tenu en haleine durant toutes ces vacances. Il s'agit du roman "Aliss" de Patrick Sénécal. Si vous êtes capables de passer à travers les moments très trash qui nous attendent toujours avec cet auteur, vous embarquerez aussi, pas le choix!

Maintenant de retour chez moi, je sais que les vacances sont terminées. Pour vous, il me reste quatre jours mais pour moi, c'est le décompte final. Pour un nouveau commencement et des idées de "posts" à profusion. Et trois petites relations rénovées au cours de l'été à conserver.

Pour terminer ce billet encore une fois un peu décousu, quelques observations pour en finir avec le camping et la plage:
  • Je déteste les voyeurs de camping, ceux qui passent devant notre terrain et nous fixent droit dans les yeux. Je les plaints de ne pas avoir autre chose à faire jusqu'à ce que je parte pour les toilettes et que je fasse exactement la même chose qu'eux.
  • Les douches payantes: pas capable. Et en plus, ils ont le "guts" de nous dire que c'est pour la conservation de l'eau. C'est sûr que si je ne payais pas, je resterais quinze minutes sous un mince filet d'eau tiède, entouré de nombreux poils qui ne m'appartiennent pas et de quelques araignées au plafond me regardant comme si j'étais une mouche qui pouvait les nourir durant une année entière. La logique même.
  • Impossible, absolument impossible de se faire un café avec la cafétière qui va sur le "Coleman" sans mâcher la dernière gorgée, la bouche remplie de grains de café. Ost...
  • Le sac de couchage que je me suis acheté lorsque j'étais adolescent a rapetissé. À moins que... nan, j'aime mieux imaginer qu'il a rapetissé.
  • Du sable dans des sandwichs, ce n'est pas si mal si on a une imagination fertile et qu'on s'imagine que c'est du poivre.
  • Pourquoi, lorsque la vague arrive vers moi et que je ne suis pas "saucé", je ne peux m'empêcher d'effectuer ce petit saut qui vient tuer en moi toute trace de masculinité, les deux mains s'agitant en l'air de petits gestes rapides. J'ai vraiment essayé de rester les talons bien au fond mais impossible. C'est plus fort que moi. Que nous?
  • Il faudrait peut-être expliqué aux messieurs que les "speedo", c'est comme les bikinis. Ça ne fait pas bien à tous. Dailleurs, je n'en porte pas.
  • Il faut avoir entendu la phrase suivante de Loutre: "Papa, on fait un château?" pour comprendre que le "on" exclut vraiment la personne qui parle. Et plus je regardais autour de moi, plus je me rendais compte que je n'étais pas le seul paternel à m'être fait prendre.
  • Impossible d'avoir des nouvelles de nos canadiens dans le "USA Today". Par contre, je peux y apprendre que Joe Smith, de Grand Rapîds, a terminé quarante-troisième à une compétition de sport équestre. Peut-être qu'on devrait apprendre à se câlisser d'eux un peu nous aussi...
  • Je pense vraiment avoir aperçu l'un des Denis Drolet sur la plage. Bizarre. Mais dans le fond, quel qualificatif juste dans leur cas.

mercredi 13 août 2008

Et moi qui a peur de tout!

Mes amis d'enfance se sont envolés avec mon départ définitif de la petite ville où je suis né. Certains, sans un aurevoir, d'autres avec un clin d'oeil et enfin, quelques-uns en me donnant une tape sur la gueule. Mais il y en a un qui a fait exception, qui a trouvé une nouvelle façon de s'éloigner. Il est parti avec la glace du fleuve en dérivant, tout simplement. Je le sais, je l'ai vu passer dans la cour de ma maison d'enfance.

Il y a presque vingt ans pourtant, nous étions deux ti-culs nés dans une ville de motard. Je ne me souviens plus comment on s'est connus mais ça importe peu. Lorsque nous étions l'un avec l'autre, rien n'était à notre épreuve. Nous réinventions le monde à chaque seconde, même si nos visions de celui-ci se trouvaient au nord et au sud. Lui était fédéraliste et moi, indépendantiste. Mais pourtant, au milieu, il y avait toujours de la place pour nous deux.

Nous écoutions la lutte à chaque fin de semaine et nous y croyions, même si nous savions que c'était "fake". Parce que c'était plus l'fun ainsi, tout simplement. Lui aimait Roddy Rowdy Pipper et moi, Hulk Hogan. Nous les imitions parfois et avions même fait un grand gala dans sa piscine, déguisés et tout. Une dizaine d'ados qui tentaient de se catapulter à l'extérieur et d'éviter le filtreur. Il avait filmé quelques entrevues avant. Les a-t-il toujours?

Il m'a fait découvrir Richard Desjardins sur une cassette qu'il m'avait enregistré dans sa chambre au toît cathédrale pour me réveiller le matin car j'étais camelot à l'époque. Sept enregistrements différents pour les sept jours de la semaine. Et nous n'étions même pas en amour!

Puis un jour, une anglaise est entrée dans sa vie et deux ou trois québécoises sont passées dans la mienne et c'en était fait de nos niaiseries de jeunesse. Certes, il nous arrivait encore de nous rencontrer pour boire un "pot" ensemble et se souvenir d'un temps plus naïf mais tout ça s'est espacé doucement, pour ne pas que ça fasse mal.

Pourquoi je vous parle de lui aujourd'hui? C'est parce que sur son blogue, j'ai découvert une maladie qui m'a déjà enlevé un être cher et qui est venue lui rendre visite à son tour. 37 ans, sacrament...

Mais j'ai surtout découvert un battant et redécouvert l'homme de coeur qu'il est toujours aujourd'hui. Et moi qui pensait que c'était seulement avec moi.

Je pars pour une semaine à Ogunquétainequit pour mon dernier camping de la saison. Au retour, ce sera la rentrée. Il n'y aura aucun nouveau billet ici. Alors, si l'envie vous en prend, allez le visiter et lisez ses archives pour bien comprendre sa démarche. Vous verrez, son écriture a un petit quelque chose qui vous fera probablement y retourner.

Et si vous l'aimez, même si vous ne l'avez jamais vu, sachez que je l'aime toujours, même si on ne se voit plus.

Bonne semaine!

lundi 11 août 2008

L'éloge de la routine

Une discussion hier soir, lors d'un souper dans la famille Blondinette:

-Moi, si je gagnais un million..., dit le beau-frère.
-Qu'est-ce que tu ferais? demande Blondinette.
-Tout ce que je veux!
-Tu serais capable d'arrêter de travailler?
-Oui, pis je me demanderais jamais quoi faire, tu peux être sûre! affirme le BF.

Se demander quoi faire... Il me semble que j'ai passé ma vie à me demander ça, sans jamais arriver à une réponse satisfaisante. Je vous en avais déjà parlé dans un billet précédent: je ne me connais pas ou à peu près pas. Ce n'est que par l'écriture que je réussis à mettre mes idées en place et à m'exprimer un tant soit peu. À l'oral, ça sort comme... mal! Anyway!

Donc, les vacances qui tirent à leur fin comme nous le soulignent toutes les annonces à la tévé, à la radio, sur internet, partout. Des vacances bien remplies, ponctuées de mini-voyages et d'un plus grand qui s'en vient dans quelques jours. Des voyages entrecoupés de petites escales à la maison pour défaire des bagages, faire sécher la tente, ranger le matériel de camping, se refaire une liste de choses à apporter, sortir le matériel de camping, pondre un billet moyen et repartir. Des vacances tellement occupées que jamais je n'ai eu à me demander quoi faire, ce qui est une bonne chose en soi, étant donné le peu de réponses que ma bouche ose offrir à mes interrogations.

Dans deux semaines, c'est la rentrée. Je ne suis pas amer. J'aime mon travail. Vous devinez pourquoi? À cause de l'horaire, des cloches, de la fin du questionnement. Je n'aurai plus à me demander ce que je ferai le mardi matin, entre 10h20 et 11h20. C'est aussi niaiseux que ça et ça le restera jusqu'à temps que je me connaisse mieux. Mais au rythme où avance ma thérapie, ce n'est pas pour demain...

Vous devez vous dire que je ne suis pas bien chez moi. C'est tout faux! J'ai passé de très belles vacances avec mon petit zoo. Des éclats de rire, des soirées étoilées, des drôles de faces, quelques pets sur la bédaine... Et Blondinette... Je suis vraiment chanceux de l'avoir. Elle me connaît et surtout, me respecte dans ce que je suis et ne suis pas et c'est rare aujourd'hui. Trop rare.

Alors, un autre voyage qui commence bientôt. Un voyage de dix mois avec un équipage que je ne connais même pas ou si peu. Un voyage qui me mènera encore d'un drame à l'autre mais qui se terminera bien encore une fois, même si j'en aurai douté cent fois et me serai remis en question mille fois.

Mais surtout, un voyage organisé où tout est planifié pour nous, où on n'a qu'à suivre le courant avec les vingt-quatre petites vagues qui le surplombent. Peut-être même avec un roman prêt pour être porté au jugement des éditeurs en juin 2009. En tout cas, si ça ne marche pas, je le publie ici même, c'est promis. Un chapître par jour durant 18 jours consécutifs, vous ne croirez pas ça!

Allez, on se revoit bientôt. Car, le croiriez-vous, même savoir quoi écrire ici est une corvée actuellement. Mais je suis certain que lorsque la cloche sonnera...

samedi 9 août 2008

Quand la météo se prend pour l'horoscope

Lu dans la Presse de ce matin...

Aujourd'hui: Passages nuageux en après-midi. Probabilité de précipitations: 10%. Facteur humidex 26.

Cette nuit: XX XX en soirée, passages nuageux au cours de la nuit. Probabilité de précipitations: 10%. Facteur humidex nul, en soirée.

Et moi et Blondinette qui se demandaient quoi faire ce soir!

dimanche 3 août 2008

Billet vraiment décousu sur la création

Ressentez-vous parfois l'urgence de créer? Vous êtes bien assis, entouré des être qui comptent le plus pour vous, votre esprit quitte le concret pour un instant et c'est parti. L'idée est venue et tant qu'elle n'est pas sur papier (ou sur écran, nous sommes en 2008), rien à faire. Une partie de vous a quitté le monde réel et est partie se réfugier dans l'univers de la création.

Ce qu'il y a de plus drôle, c'est que c'est parfaitement involontaire et parfaitement dur à vivre pour ceux qui nous entourent. Moi, je deviens alors comme un zombie, calculant le temps où je pourrai mettre mes mots les uns au bout des autres pour voir si ça se tient. Je ne profite plus de rien à cent pour cent. Dans ma tête se profile un plan, j'efface et recommence sans cesse et la seule façon d'arrêter le manège est d'accoucher.

Je sais, ça peut sembler prétentieux de parler de création ainsi. Mais je crois sincèrement que la création est partout autour de nous. Vous devriez voir Blondinette avec Koala et Loutre. Elle est créative avec eux comme je ne pourrai jamais espérer. Elle invente des mondes, des danses, des nouvelles façons de se bécoter, de se caliner. Et mes filles, plongées dans son univers, tricotent avec elles à travers ces images. De toute beauté. À cent milles lieux de ce qui se passe ici.

Créer, ça peut vouloir dire cuisiner, coudre, jardiner, danser, bricoler... Créer, c'est toucher quelque chose et l'embellir pour soi, en espérant que notre oeuvre trouvera un écho quelque part.

Et ce qu'il y a de plus beau dans la création, c'est qu'on ne peut l'évaluer. On peut aimer ou ne pas aimer mais ça ne change pas sa valeur pour autant.

Billet décousu, je sais. Je crois qu'il est vraiment temps que je parte en camping. Trouver une façon de prendre sa douche sans toucher les murs et le rideau et ensuite, s'habiller dans une tente en essayant de trouver une position confortable, c'est créer, non?

Et vous, votre processus créatif, ça se passe comment?