lundi 4 avril 2011

Comme une girouette

Encore une fois le goût d'aller voir ailleurs si je m'y trouve. Toujours pris entre cette impression de me répéter et le désir de me réinventer. Ça devient pathétique. Le milieu dans lequel j'enseigne a raison de moi à petit feu. Avant eux, je me sentais un professeur charismatique, motivant qui savait allumer même les élèves les plus éteints. Il me suffisait d'apercevoir un brasier et WOOOFFFF! Ça prenait. Pas cette année. Ils sont là à me bailler en plein visage, à dessiner durant plus longtemps qu'un cours d'art plastique, à se la jouer sans réaliser qu'ils se paient ma tête par le fait même. Pauvreté québécoise de souche qui me donne le goût d'aller à la rencontre de l'autre pauvreté. Celle des ethnies qui sont prêts à tous les sacrifices pour améliorer le sort de leur progéniture, pour empêcher de leur léguer leurs peines et leur désarroi en héritage. Tout le contraire de la moitié des parents de ma classe cette année, qui voit l'école comme un mal nécessaire, un lieu de torture où ils ont souffert eux-mêmes trop longtemps. Je suis aigri à ce point. C'est clair, le quartier est entrain de m'éteindre. Mais bon, si tout se passe comme prévu, je resterai en place. Peur d'affronter l'inconnu une fois de plus. Peur des efforts que je dois donner pour refaire ma place. Peur de beaucoup trop de trucs qui ne m'ont jamais tué. Mais peut-être, après tout, peur de me retrouver face à moi-même, au bout du chemin.