vendredi 25 septembre 2009

Quéquetterie

Hier soir, rencontre des parents. Un groupe allumé, comme leurs enfants. Alors que je leur expliquais les attentes que j'ai envers leurs enfants, ils me regardaient et me souriaient, m'encourageant.

Je leur avais préparé une présentation Powerpoint pour colorer la réunion et parce que le fait de me décider à 15h30 à préparer cela alors que la réunion était à 20h00 m'apportait un sentiment d'urgence qui me manque en tant que père de trois jeunes enfants (!!!). Pas le temps de réviser le contenu mais je me fais confiance...

Arrive donc le moment où j'explique aux parents les attentes que j'ai envers leurs enfants.

On commence lentement, par l'ouverture d'esprit. Voici l'image qui accompagne ces mots:

Pas trop hot mais quand même. L'entrée ne doit pas être plus appétissante que le repas principal.

Ensuite vient le goût de l'effort:

Pas mal, non?

Ensuite, la curiosité:

In your face, non? Pas payé de licences mais bon, l'effet est réussi.

Finalement, la persévérance:

Pas mal, hein? HEIN? Quelles sont ces minuscules quéquettes qui volent au vent sur l'immense écran, pourtant invisibles sur mon portable?

CLIC-CLIC!!!

Les parents ont ri et, tout rouge, j'ai bien fini par en rire un bon coup moi aussi. Au moins, je ne leur ai pas dit que le premier coureur avait une longueur d'avance sur ses poursuivants...


vendredi 18 septembre 2009

Quand le nom te va

Présentation du personnel, lors de l'assemblée générale de l'école où ma Loutre a commencé en maternelle.

Directrice: La dernière et non la moindre, dans la classe de langage du troisième cycle, Mme BEAUPARLANT.

Quand la vie t'a choisi...

mardi 15 septembre 2009

J'ai une fée dans ma classe


Elle a un nom que l'on retrouverait dans un film de fées de Walt Disney mais elle n'est pas née au Pays des Rêves mais bien dans un quartier défavorisé du sud-ouest. Au lieu de passer ses journées à répandre de la rosée sur les fleurs, elle essaie du mieux qu'elle peut. À sa vitesse.


Elle porte des lunettes aux montures bleues comme celles que portaient les femmes fatales des films d'avocats des années 80. De grosses montures rondes qui cadrent parfaitement avec son visage rond.


Lorsqu'elle parle, ses yeux se promènent partout comme des girouettes par grands vents. Elle semble chercher les réponses autour de moi, sur les murs, au plafond, dans le visage des autres. Pourtant, elle devrait savoir depuis longtemps que les seules réponses qui se trouvent dans les yeux et les bouches de ses compatriotes de classe sont celles qu'elle ne veut pas entendre.


Vous l'aurez deviné, je vous parle ici de la reject de ma classe.


Il y a des enfants dont on ne s'étonne pas des réactions hostiles qu'ils viennent chercher chez ceux qui les entourent. Car nous, les enseignants, nous sommes humains. Et ils viennent chercher notre dédain aussi. La seule différence avec les enfants, c'est que nous nous en voulons alors. Et nous cherchons plus longtemps la fleur dans le champs de mauvais herbes que des ti-culs de 11 ans.


Je la regarde aller depuis une semaine. Elle n'arrête jamais de travailler mais ne termine jamais rien. Son problème n'est pas la paresse, c'est la vitesse. Elle réfléchit, parle, écrit trop lentement. Pas par perfectionnisme, simplement parce que c'est ce qu'elle est. Et comme une fée qui ne battrait pas assez rapidement des ailes, parfois elle pique du nez. Mais elle se relève tout le temps. Car elle a une tête dure.


Dans quelques semaines, ce sera le cross-country. Une course de 1,7 km sur un terrain accidenté qui donne toujours lieu à quelques incidents un peu bizarres. L'an passé, elle a terminé 7e du volet participation qui réunissait quelques centaines de filles de son âge. Je la soupçonne d'avoir utilisé ses ailes pour en dépasser quelques-unes, toujours à la même vitesse.


Et pendant une journée, le lendemain, elle avait eu droit aux félicitations de tout le monde. Elle était devenue la Fée qui court vite plutôt que la Fée mal-aimée. Une journée après, elle avait retrouvée son titre. Celle qu'on accuse lorsqu'il n'y a personne à accuser et qui nous répond de ses grands yeux roulant dans leurs orbites, cherchant une réponse pour se défendre mais ne trouvant que le silence.


C'est un de nos plus grands défis qui m'est constamment rappelé par mon Ortho Préférée. Aimer. Pour mieux enseigner. Pour mieux faire comprendre les notions. Pour changer des vies. Pour faire battre des ailes de fée plus vite encore. Surtout, pour donner le goût aux autres d'aimer un peu plus, un peu plus longtemps.


On s'en reparle...


mardi 8 septembre 2009

Ovation

O.K., analysons ce qui s'est produit cet après-midi, vers les 13h25.


J'enseigne dans un quartier défavorisé... check!

Les jeunes de milieux défavorisés sont moins portés sur la chose (la chose étant la lecture)... check!

Les garçons préfèrent de loin les jeux vidéos aux romans... check!


Maintenant, détruisons ces clichés en une phrase.


Cet après-midi, la fin de la lecture collective de ce roman m'a donné droit à une salve d'applaudissements, à grande majorité des grands garçons de ma classe:



Même que le Témoin en avait les larmes aux yeux. C'est décidé, la prochaine fois que quelqu'un de sa communauté vient frapper à ma porte un dimanche matin, je le "frenche"!

dimanche 6 septembre 2009

Le pouvoir des mots

J'ai un kid qui a une coupe Beatles de 1963, intemporelle. Un énergumène populaire en classe par l'originalité des niaiseries qu'il invente pour faire rire les autres. Et le p'tit maudit, il me fait rire aussi. Vu sa religion, et parce que c'est facile à retenir, je l'appellerai le Témoin.


Vendredi après-midi, j'amène les enfants au gymnase pour se taper un mini-tournoi de soccer. Parce qu'ils ont bien travaillé pour une première semaine et surtout, parce que la réputation qui les précédait annonçait tout le contraire.


Lors de la dernière partie, mon regard est attiré vers deux mains qui s'agitent en tout sens et qui se rapprochent de moi. Je tourne la tête et le voit, suivant la ligne de touche, marchant au rythme d'une musique que seul lui entend, se secouant les mains à la manière d'un danseur de Charleston, le sourire bien accroché aux lèvres. Tellement concentré dans sa routine que le ballon qui siffle à ses oreilles ne le dérange même pas.


Je décide alors de tester une phrase bien connue, souvent efficace, afin de vérifier si elle transcende les religions pour rejoindre le ti-cul orgueilleux à l'intérieur de lui.


-Témoin, viens ici!

-Quoi?

-T'es pas game de traverser le terrain en imitant une poule.


Il me regarde, le doute dans le regard. Et soudainement, un sourire s'accroche à ses lèvres et il part à courir, battant l'air de ses bras recroquevillés et traverse le terrain en plein sur la ligne du milieu, dérangeant le jeu et s'attirant des regards où se mêlent les points d'interrogation et d'exclamation.


Je vais avoir du fun cette année.

mardi 1 septembre 2009

(Baillements)

Une photo juste pour toi, mon Drew...
Difficile, difficile. De loin, la rentrée la plus difficile de ma carrière. Et je ne suis même pas certain si ce sont les élèves qui sont en cause, pour une fois. Je crois que c'est moi. Manque de sommeil durant une partie de l'été, insomnies fréquentes depuis une semaine, fin de semaine épuisante, tout y est.

Ce qui entraîne automatiquement un manque de persévérance. Trop vache pour écrire ici, lorsqu'il est rendu huit heures du soir et que mon "chiffre" a commencé à six heures du mat'. Trop vache pour écrire chez vous, même pour penser à un commentaire que je pourrais vous laisser.

Donc, en état de survie, le temps que le quotidien reprenne son cours, version 3.0. L'Héritier est toujours un bon bébé mais c'est un bébé quand même.

Je vous reviens bientôt. Mes élèves ont beaucoup de potentiel littéraire cette année. Un peu trop, même. Dans le fond, je crois qu'ils sont un peu, un tout petit peu, la source de mon épuisement eux-aussi.

Nous vaincrons!