vendredi 15 février 2008

Pas O.K.

Elle était arrivée dans ma classe en même temps que les autres. Juste à voir son regard fuyant et le regard pénétrant que les autres portaient sur elle, j'avais deviné. Elle était une transfuge, une recyclée, une expatriée. Non qu'elle fut d'une autre couleur. Elle n'était pas rose, ni violette mais d'un blanc uniformisé comme les étudiants qui eux, parlaient fort, riaient entre eux, contents de se retrouver après deux mois à se voir seulement trois fois par semaine.


Je me suis approché de son bureau et me suis présenté.


-Bonjour! dis-je.

-Bonjour! murmura t'elle.

-Mon nom est En Saignant. Toi?

-Pas O.K., avec un espace entre le "Pas" et le "O.K.".

-Alors, bienvenue dans ma classe, Pas O.K.!



Elle n'avait plus dit un mot durant trois semaines. Non pas qu'elle était amorphe, loin de là. C'était une bonne étudiante, avec des aptitudes marquées en mathématiques. Elle ne levait pas la main mais chaque fois que je voyais son cahier, tout était parfait.



L'automne arriva rapidement et les feuilles autour d'elle tombèrent. Ce n'était pas un conifère finalement, celui qui garde ses épines à l'année longue. Ce n'était pas un chêne non plus, pas assez solide pour ça. Qu'un petit peuplier qui pliait à la moindre bourasque. Elle commençait à se rapprocher d'eux, de moi, de nous. Doucement, lentement, comme le renard du Petit Prince.



Elle s'était fait des amies, une à une, et les garçons la trouvaient drôle, à défaut de la trouver jolie. Sa meilleure amie était Bum, de la même taille qu'elle. Une délinquante comme on les aime, avec un sourire qui nous fait tout lui pardonner. Ils ne se lâchèrent plus d'une semaine, la bouée l'une de l'autre.



Puis vint un cours sur la division et surtout, sur l'abandon du mode "avec reste" que les enfants avaient appris jusqu'ici pour le mode "avec décimales". Et c'est là que ça se produisit.



-Bon, donc, à partir de maintenant, fini les restes. Lorsqu'on y arrive, on met une virgule, on met un zéro et on recom...

-Non, ce n'est même pas vrai, cria t'elle du fond de la classe.



Mes sourcils devinrent interrogateurs.



-Mais oui, Pas O.K., je sais que c'est difficile mais il faudra apprendre à dire adieu aux restes. Ce sont des restes, ils sont habitués d'être les laissés pour compte.

-Non, à mon autre école, on a appris à faire la division avec les restes!

-Je comprends ma chouette, mais maintenant, finis les restes. En sixième année, on travaille avec les nombres à virgule.

-Ce n'est même pas vrai! Tu mens!



Ce fut plus fort que moi, j'éclatai de rire, suivi de près par 25 autres élèves. Bum regarda Pas O.K., lui lança des yeux en l'air en me pointant du nez.



-Et en plus, je ne suis pas ta chouette! me lança t'elle, son regard dur pour bien appuyer ses dires.



Là, j'arrêtai de rire. Je sais, les enfants nous disent bien des bêtises et il ne faut pas les prendre au sérieux mais mon coeur manqua un battement. Certains élèves nous touchent plus que d'autres et c'était son cas.



L'hiver arriva et les remarques se firent de plus en plus acérées. Je ne m'étais pas apperçu qu'il y avait des épines sous cette rose. Mon Koala était maintenant née depuis six mois et nous avions convenu, moi et Blondinette, que je prenne mon congé parental collé sur la semaine de relâche. Six semaines...



Le printemps était à nos portes lorsque je revins en classe, regaillardi par ma reine et mes princesses. Elle me regarda entrer avec un regard sombre qui me fit sombrer. Mon coeur manqua deux battements.



-Ah ben, t'as décidé de revenir? me lança t'elle.

-Ça a bien l'air que oui. Tu t'es ennuyée on dirait bien...

-Pffffffff



Ce n'était pas le son qui me dérangea mais l'air assurée avec lequel elle le fit. Mon coeur manqua trois battements.



Je remarquai pendant la récréation qu'elle boîtait de son pied gauche. Je m'approchai d'elle et lui demanda ce qui avait bien pu lui arriver.



-Je suis tombée! me lança t'elle d'une voix sèche.



Arriva l'été et la fin de l'année. J'avais organisé un spectacle à l'auditorium de la polyvalente de quartier et un des numéros était un ballet sur l'air d'Évangéline, chantée par des élèves. La finale était une fresque humaine où chaque élève devait aller se placer sur scène sur une pose qu'ils avaient eux-mêmes pratiquée. Elle avait choisi de s'enfouir le visage dans les mains, comme si elle pleurait.



Lorsqu'elle me quitta, elle me sauta dans les bras à trois ou quatre reprises en me criant:



-Je ne veux pas te quitter! Ça fait trop mal!

-Allez, tu vas vivre de beaux moments au secondaire. Vas-y ma chouette!

-Non....



Puis elle partit. Enfin, elle ne partit pas tout à fait.



À l'automne suivant, je faisais mon entrée dans ma nouvelle école et je restai un bon mois sans parler. J'observais, tentant de trouver ma place parmi cette équipe tricotée serrée. Quelle ne fut pas ma surprise de la voir apparaître un vendredi après-midi durant la récréation.



-Pas O.K., qu'est-ce que tu fais ici?

-J'avais envie de te voir et je voulais te dire quelque chose.

-Vas-y!

-Tu te souviens mon pied l'an passé, quand je t'ai dit que j'étais tombée?

-Oui, vilaine chute, hein?

-Ben, je ne suis pas tombée...

-Ah bon! Qu'est-ce qui était arrivée?

-Je m'étais tirée dessus avec le fusil de mon frère.

-...



Mon coeur manqua quatre battements. On jasa un peu mais ma tête était ailleurs, quelque part entre la détonation du fusil et la balle qui pénètre le dessus du pied. Ce n'est pas du sang qui avait du en couler mais des larmes. De Pas O.K., elle était maintenant devenue Poquée.



L'hiver arriva, je tardais à répondre à ses e-mails qu'elle m'envoyait régulièrement et elle se pointa encore une fois, sans prévenir. Elle était accompagnée d'une amie cette fois-là.



-Salut Poquée! Quel bon vent t'ammène?

-Je voulais te montrer quelque chose. Tu es le seul qui peut me comprendre.



Elle défit un bandage qu'elle avait au bras et me montra des entailles faits avec je ne sais quoi, sur une longueur de quelques centimètres. Ça partait de l'avant-bras et ça courrait jusqu'au poignet.



-Ouch, dis-je.

-C'est moi qui s'est fait ça! Ma mère et mon père disent que je devrais aller voir un psychologue mais ça ne me tente pas. J'ai déjà été en voir un et il m'a fait chier avec ses questions.

-Et tu es venue chercher un conseil?

-Oui, je suis certain que je peux te faire confiance.

-Alors, vas-y, cours chez le psy ma chouette. Ça presse...



Elle fit un sourire et repartit. Mon coeur manqua cinq battements.



Le printemps était bien installé et je n'avais aucune nouvelle d'elle à part un courriel auquel je n'avais pas répondu. Je ménageais mon coeur du mieux que je le pouvais. Elle réapparut à mon école encore une fois, accompagnée d'une amie que je ne connaissais pas.



-Je peux te parler? dit-elle.

-Tu devrais me prévenir la prochaine fois. On essaierait d'arranger quelque chose car là, je suis un peu occupé.

-Ça ne sera pas long!

-Vas-y mais je t'avertis, je n'ai pas beaucoup de temps.



Et elle se mit à me raconter qu'elle s'était fait abuser par le technicien de notre spectacle de fin d'année chez elle, pendant que son grand frère était parti au dépanneur. Elle avait contacté les policiers, après s'être confiée à la psychologue de son école et avait porté plainte contre lui. Son frère et ses amis le cherchait et lorsqu'ils le trouveraient, ça serait sa fête. Et elle me racontait celà avec le sourire et les larmes aux yeux en même temps. Mon coeur s'arrêta net.



Je ne l'ai pas revu depuis cette confidence. Je n'ai pas répondu à ces e-mails non plus. Ça fait des mois qu'elle ne m'a pas écrit maintenant.



J'ai eu peur de ses histoires, peur d'elle. Comme j'ai eu peur d'un paquet de gens dans ma vie. Et chaque fois, je me suis sauvé d'eux à une vitesse que je ne me connaissais pas. Courir pour survivre, c'est ce que j'ai fait et plus qu'une fois. Pourquoi?



J'ai été élevé dans le silence, où vivre ses émotions est péché et en partie par un Inconnu, qui a fait de mon coeur ce qu'il est. Un organe fragile et défectueux. Je commence seulement à accepter que je ne suis pas responsable de la souffrance des autres et surtout, que je ne peux pas tous les sauver. Je dois accepter mon cheminement et mon rythme, celui d'un transfuge, d'un recyclé et d'un expatrié.



Et sûrement qu'un jour, je serai capable de m'occuper des Pas O.K., même quand ils deviennent des Poquées.

17 commentaires:

Jhon a dit…

Il y a un point qui me chicotte dans l'histoire: pourquoi ne pas répondre à ses mails ? Une ou deux fois par oubli ou manque de temps ok, mais les autres ? Par peur de blesser/être blessé ? Je crois pas, mais me semble que j'ai pas "catché" quelque chose là-dedans.

Valérie-Ann a dit…

Tu devrais lui écrire un mail. Peut-être qu'il n'est pas trop tard. Et si tu ne le fais pas, si tu ne fais pas ce que tu peux pour cette petite, je le dis par expérience, tu le regretteras toute ta vie. Pas sans arrêt, non, mais chaque fois que son souvenir se rappellera à toi, tu auras mal de savoir que tu aurais pu et que tu n'as rien fait. Et si un jour tu vois sa photo dans la rubrique nécrologique et que ce jour là tu n'as toujours rien fait, le sentiment sera terrible. Tu ne peux rien changer au passé, mais travaille aujourd'hui à ce que ton futur ne soit pas plein de regrets.

Bonne chance.

Anonyme a dit…

Mon beau coeur d'amitié...

Je t'ai déjà dit... Que d'années perdues dans ce monde à interdire aux hommes les sentiments, les émotions. À les construire agressifset agresseurs. Et à faire des filles des chiques molles ornementales. Obsédées par leur capacité de séduction, afin d'obtenir protection d'êtres transformés en murailles.

Je suis tellement touchée, moi l'utilisatrice de scie alternative, circulaire, de perceuse à percussion, qui démolit et construit, la brasseuse de cage politique et idéologique, par toutes ses carapaces qui tombent et toutes ces personnes magnifiques qui vont chercher leur véritable force là où elle se trouve.

On ne peut venir en aide aux autres quand on est soi-même enmuré. C'est parfois si long.

Zed

Une femme libre a dit…

Je trouve vos textes admirables et courageux. Vous ne vous donnez pas le beau rôle et cette authenticité rend vos écrits particulièrement touchants.

Anonyme a dit…

je dirais aussi écris-lui... en lui disant excuse-moi du retard, mais je suis là...pas pour te sauver, pas pour te changer mais juste pour t'écouter...
mais tu dois aussi trouver la force et le courage pour qu'après l'avoir écouté tu puisses te détacher... ça c'est la partie la plus difficile, pcq des poquées il y en aura tout le temps et c'est vrai tu ne peux pas toutes les sauvées...mais tu peux toutes les écouter et des fois c'est déjà beaucoup.

mais suis ton coeur et s'il n'est pas prêt, écoute le.
Parce que avant d'écouter les autres, tu dois t'écouter toi-même...

mais t'es pas mal plus fort que tu ne le crois!

Miss Klektik a dit…

Il y a des poquées qui s'en sortent mieux que d'autres. Parfois, suffit juste d'être là quand elles passent. Tu m'as touchée fort avec ce post-là.

Anonyme a dit…

Je peux juste dire à quel point je comprends tout, tout. Les non réponses, la survie, le coeur en miette, le temps qu'on donne et celui qu'on préserve.

Merci pour ce texte.

Une Peste! a dit…

Mon idée que c'est elle l'aidante; pas toi.

Elle t'aide par sa souffrance "in your face".

P'tête que ce qu'il faut en apprendre, c'est de te (re)construire, de .. ou de .. Je ne sais, je ne te connais pas. Non pas pour être un meilleur prof. Mais seulement (seulement?!?) pour être plus heureux.

La Vie ou les anges ou les grenouilles magiques s'organisent pour nous donner des outils pour lui survivre. Cette petite fera sa vie telle qu'elle doit la faire, mais p'tête qu'elle devait croiser ton chemin pour t'enseigner des trucs à toi.

On a souvent l'impression qu'on doit faire cesser la souffrance de l'autre. Et lorsqu'on ne le peut pas; on rage et on se sent inadéquat. Pourtant. Qui dit qu'il ne faut pas dans certaines situations regarder tout cela par l'autre bout de la lorgnette? Il ne s'agit pas de se nourrir de la peine des autres. Mais p'tête qu'on peut en apprendre quelque chose. Que c'est drette pour cela qu'on croise le chemin de multipokés.

Apprendre quelque chose sur soi, sans nécessairement les sauver. Les sauver tous.

Anonyme a dit…

En saignant,

j'ai commencé à me promener ici, après avoir lu vos commentaires faits chez Zed. Ce texte m'a touchée au coeur (plus la larme à l'oeil), à cause de la souffrance de cette fillette d'abord, et ensuite à cause du sentiment d'impuissance à aider parfois, par peur souvent (qui a un sale visage, que la plupart des gens préfèrent ignorer, moi la première, même si elle domine ma vie !), alors on fait ce qu'on peut pour donner un moment de réconfort, d'écoute, en sachant pertinement que ça ne suffit pas.

Il est impossible de porter toute la douleur des autres sur les épaules, car la vie serait intenable! Vous avez un grand coeur (saignant), ce que bien peu de gens peuvent dire. Et votre attitude n'était pas de l'indifférence, il est facile de voir votre bouleversement.

Étant donné que je n'ai pas de blogue je ne devrais pas me permettre une telle suggestion, mais pourquoi ne pas lui écrire un courriel, afin de savoir ce qu'elle est devenue...

Anonyme a dit…

On t'aime, nous!

Zed

Anonyme a dit…

j'aurais bien aimé vous avoir comme prof! et en plus j'imagine que profmalgrétout aurait été mon prof de musique! haha!

Prof Malgré Tout a dit…

Je jure que le commentaire précédent n'était pas de moi... mais il aurait pu!

Sans blague...

Tu te souviens de mon ancienne élève qui s'était pointée à l'école une journée où j'étais absent? Elle était ensuite allé dans ta classe et celle de notre collègue d'étage pour parler de suicide ou un truc du genre aux classes. On avait du la faire sortir...

Même genre d'histoire.

Non, mais quelle merde!

L'ensaignant a dit…

Jhon: Je peux vous donner une piste, juste parce que c'est vous. Lorsqu'on décide de faire un changement majeur dans notre vie, il y a des choses qu'on laisse derrière. À défaut de paraître sans-coeur, décider de SE choisir pour une des spremière fois de sa vie ne se fait pas sans dommages collatéraux, hélas. Je comprends que ça peut être difficile à comprendre pour vous mais bon, je ne peux pas tout expliquer non plus. Allez relire attentivement les derniers paragraphes de mon billet sous cet éclaraige nouveau...

Valérie-Ann: Rebienvenue chez nous. Ne t'en fais pas pour moi et pour l'impact que je pourrais encore avoir dans sa vie. Je crois qu'il est pire pour qqun comme Poquée de suivre les conseils d'un simple prof alors qu'elle peut et est allée chercher des services de professionnels des coeurs brisés et des âmes abusées. Et je ne le regretterai pas toute ma vie, c'est promis!

Zed: Au nombre de mots que j'écris, tu es courageuse d'encore lire entre mes lignes. Quelle lectrice tu fais, dis donc.

Une femme libre: Merci et bienvenue chez nous. J'ai appris à me méfier de ceux qui ont toujours les beaux rôles ainsi que de ceux qui ont toujours les mauvais. Je devrai faire attention, je crois bien :)

Prof en Exil: Ton petit coeur loin de chez toi a bien dû s'occuper de lui quelques fois. C'est ce que le mien s'habitue à faire, tranquillement. Malgré la résistance au changement. Je sais que je suis plus fort que je ne le pense mais pour connaître cette force, je crois que je dois d'abord connaître mes limites, égoïste que je suis!

Miss Klektik: Bienvenue chez nous. Je fais confiance aux Poquées et à ce qu'ils doivent apprendre pour se guérir. Il n'y a pas de niveau de "poquage", seulement des niveaux de résilience. Et parfois, malgré tout notre bon vouloir, nous sommes seulement de passage sur leur route, comme vous l'avez si bien dit, comme plusieurs personnes ont été de passage sur ma route et plusieurs autres sur votre route sûrement. Merci du commentaire et de vous être laissée toucher par mes mots.

Circé: Bienvenue chez nous. Merci pour le commentaire. "Le temps qu'on donne, celui qu'on préserve", quelle belle phrase, toute simple mais remplie de vérité. J'ai passé ma vie à la donner au plus demandant. Alors que maintenant, je commence à en garder un bout pour moi, Blondinette et mes deux filles, je me sens égoïste. Bizarre, la vie intérieure, ne trouves-tu pas?

Peste: Rebonjour. Là, tu m'as jetté en bas de ma chaise, je dois t'avouer. Ma mère m'a pourtant répéter souvent de chercher à comprendre ce que chaque situation pouvait nous apporter mais je l'ai oublié avec le temps. C'est intéressant de tenter de voir cette rencontre de l'angle dont tu la décris. Peut-être étions-nous là l'un pour l'autre, tout simplement... Merci pour l'éclairage nouveau.

Lise: Bienvenue et bien content de faire finalement votre connaissance car si vous avez zieuté mes commentaires laissés dans le lieu de non-culte qu'est le blogue de Zed, sachez que j'ai fait de même avec les vôtres.

Qui vous a dit que ça prenait un blogue pour laisser des suggestions? No way, pas ici en tout cas. Je suis plutôt libéral et des commentaires de personnes venant de personnes avec des avis intéressants, j'en prendrais à la pelle. Et puis, de toute façon, plusieurs commentaires ont beaucoup plus de contenu que plusieurs blogues que j'ai déjà apperçu.

Merci pour la compréhension mais pour le e-mail, je crois que ça ferait seulement rouvrir une porte pour elle que je lui claquerais à nouveau en plein visage un jour ou l'autre. Il y a un rôle qui revient aux enseignants de sixième année et qui est méconnu: celui de laisser aller les élèves vers d'autres horizons. On s'en reparlera bien un jour car j'ai une idée de blogue là-dessus.

Au plaisir, ici ou ailleurs.

Zed: Je le sais et malgré celà, ça me fait encore plaisir de le lire :)

Anonyme: Si tu étais mon élève, je t'inviterais à te donner un pseudo quelconque qui te ressemble... :) Merci du commentaire et ne te gêne pas pour revenir.

L'ensaignant a dit…

PMT: Ne te crois surtout pas plus important que les autres à cause que tu as droit à un "carré" tout seul, c'est juste que pendant l'heure que ça m'a prit répondre aux autres messages, je crois que tu écrivais... Great minds think alike! :)

Oui, trève de plaisanteries, quelle merde. Tu sais en quoi on se ressemble, moi et toi? On traite la plupart des élèves avec respect pour ce qu'ils sont et on exige une relation véritable avec eux. Alors, quand on les laisse tomber pour faire place à de nouvelles relations avec de nouveaux élèves, ils se sentent abandonnés. Mais ils apprendront que la vie est ainsi faite. De courtes et de longues rencontres. Dans le fond, les rencontres, c'est un peu comme les nez!

Je t'aime.

unautreprof a dit…

oh, ton histoire me serre le coeur.

Tu sais, il ne faut pas nier que de voir la souffrance de nos élèves est difficile, parfois oui, on a envie de courir loin, de ne pas trop voir.
Se sentir impuissant est ardu.

Nous ne sommes pas des Saints, on agit aussi par peur, par protection.

Merci d'avoir partagé.

Jhon a dit…

C'est "beau", comme vous dites de votre côté de l'océan, j'ai compris :) Comme j'ai pas encore eu à faire ce genre de choix, j'avais pas vu l'histoire sous cet angle; effectivement ça rend tout plus clair. J'espère me souvenir de cette leçon quand mon tour sera venu d'enseigner...
Merci d'avoir pris le temps de faire des réponses personnalisées pour tout le monde !

L'ensaignant a dit…

Un autre prof: Le milieu de l'éducation est un drôle de milieu pour cheminer. On dirait que tellement est attendu de nous dès l'entrée en fonction qu'il faudrait être un humain parfaitement équilibré dès les premiers moments.

Au moins, je me console en me disant que je fais un peu de route à chaque jour, essayant du mieux que je peux d'être meilleur pour moi avant tout, et pour les autres par le "rebound".

Jhon: Tu sais ce qui sera le plus difficile en entrant dans la profession, Jhon? À moins qu'à Bruxelles, les choses se passent vraiment autrement que par ici, ce sera de voir toutes tes convictions s'écrouler une à une. Et ensuite viendra l'épisode où tu auras à combattre ton impression de tout laisser tomber tes idéaux. Mais viendra enfin une compréhension globale de la profession et ton rôle à jouer dans celle-ci, qui sera différente de la mienne et de tous tes collègues, mais qui te ressemblera de plus en plus.

Bonne chance, c'est un beau voyage!