Imaginez-vous attablés dans votre restaurant préféré. Vous êtes entouré d’amis, parmi lesquels se trouvent ceux que vous appréciez le plus. La soirée se déroule très bien jusqu’à maintenant. Le volume de la musique est parfait, l’éclairage, tamisé comme vous l’aimez et les sujets de discussion ne manquent pas. Puis, arrive le menu.
Vous étudiez les différentes possibilités avec soin, tentant de vous concocter un souper à la hauteur de vos attentes. Vous ne voulez pas de poulet, alors, vous le rayez mentalement. Le bœuf, le canard et le lapin semblent trois choix intéressants et vous les mettez de côté. Les pâtes? Bah, Blondinette en fait de meilleures de toute façon alors, vous ne pourrez qu’être déçu.
Vous avez faim et pourtant, vous êtes incapables de fixer votre choix. Pas parce que tout semble succulent mais parce que vous ne savez pas ce dont vous avez envie. Frustrant, non? Alors, vous finissez par demander aux gens autour de la table ce qu’ils prendront et vous imitez, espérant du même coup que vos papilles gustatives apprécieront.
Moi, ma réalité quotidienne, elle ressemble à ça. Incapable de faire des choix. Capable de dire ce dont je n’ai pas le goût mais impossible de ressentir une attirance envers une activité, un plat ou tout simplement la façon de passer le temps en un après-midi pluvieux.
Pourquoi? Parce que je ne connais tout simplement pas mes besoins. Je les ai tellement longtemps réprimés que maintenant, ils me boudent, refusant d’envahir mon esprit ou même mon cœur, alors que je me retrouve enfin dans un environnement familial qui permettrait leur pleine éclosion. Mal faite, la vie?
De là vient sûrement la raison pour laquelle j’apprécie tant mon travail. La cloche sonne, je n’ai aucune question à me poser, je monte en classe. L’horaire des surveillances dit que c’est à mon tour, j’y vais sans hésiter. Une période de spécialiste? Pas de problèmes, le travail ne manque pas.
Lorsque je reviens à la maison, vers les 16h00, je m’amuse avec les filles, prépare le repas avec Blondinette, fait la vaisselle, donne les bains, couche les filles et il me reste environ trois heures à tuer. Souvent, la télévision fait le travail.
En vacances, je me retrouve toujours devant une page blanche que je ne sais pas comment remplir. Seuls les mots que je ne désire pas y mettre me viennent à l’esprit.
Heureusement que l’écriture prend maintenant une place importante dans ma vie. Ça comble les trous et ça m’empêche de prendre trop conscience.
Et rien de tout ça n’est de la mauvaise volonté. Je suis pourtant curieux comme pas un, vous ne pouvez pas vous imaginer. Et pourtant, j’ai beau me forcer, me questionner, me provoquer, rien.
Suis-je le seul à me sentir ainsi?
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5 commentaires:
Je crois que ce n'est pas nécessairement négatif. Je me sentais comme toi lorsque j'étais plus jeune. Affreusement coupable de "ne pas profiter au maximum" de ces 7 semaines de vacances. À part les voyages avec mes filles et mon conjoint, je m'en voulais à mort de ne pas remplir mes journées à pleine capacité.
Les années m'ont fait prendre conscience que je comblais parfaitement un besoin immense: celui de NE RIEN FAIRE. Je suis tellement sollicitée toute l'année avec ces 4 groupes de 32 élèves, la famille, les amis, les collègues, les responsabilités, les tâches etc, que lorsqu'arrivent les vacances, je n'ai qu'un seul désir: me taire et m'isoler.
Mais là, dès le premier juillet, le téléphone se met à sonner, on sollicite, sollicite, sollicite (elle est en vacances, on va enfin pouvoir se rencontrer). Mais je m'isole. Je refuse les invitations en juillet car j'en ai besoin.
Puis, je prends mon temps... Je vais marcher, je lis un peu, j'écris, je ne fais vraiment pas grand chose. Puis j'aime ça. Parce que c'est de ça que j'ai besoin.
Qui a dit qu'il fallait absolument s'étourdir pour être comblé? Ça rend fou. J'ai tourné le dos à ce rythme cruel que la société impose. J'm'en fiche. Puis ceux qui ne sont pas capables de comprendre cela manquent une très belle occasion d'apprivoiser un univers complètement différent et beaucoup plus,,,simple.
As-tu déjà vu le vieux film Alexandre le Bienheureux? C'est un de mes favoris. Philippe Noiret y est absolument superbe. Il me semble que tu aimerais ça.
Et bien je suis heureuse de voir que je ne suis pas seule à ne pas me connaître, à avoir tant refoulé et fait ce que je croyais que l'on attendait de moi que j'en ai oublié l'odeur de ma propre essence.
Moi aussi, je cherche à savoir ce que je veux, au-delà des besoins des autres. Et moi, c'est en dehors du couple que se trouv(ait) une partie de la réponse...
Je cherche encore, c'est sûr, mais j'ai l'impression de retrouver des petites pièces du puzzle.
alors non, "t'es pas tout seul, Jeff !"
Bonsoir en Saignant!! Un commentaire qui n'a pas rapport avec le sujet de ton billet.
Mais bon, voici pour toi sur ce lien ci http://nickie.canalblog.com/archives/2008/07/23/9996530.html
Une excellente journée à toi ;)
Choisir de ne pas choisir pourrait être un choix intéressant, d'autant plus que c'est tellement plaisant de ne rien faire.
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