lundi 28 juillet 2008

Les femmes de Boston

L’auteur de ce billet est de retour d’un voyage en amoureux de quelques jours à Boston.

New York l’éclatante, Boston la discrète. New York la gigantesque, Boston la toute menue. New York la superficielle, Boston l’historique.

On ne peut s’empêcher d’établir des comparaisons lorsqu’on visite ces deux villes. Et pourtant, il ne faut pas. Et pourtant, je le fais encore. Une autre preuve que je n’ai rien compris aux mots d’amours que m’a chuchotés cette ville durant trois jours. Exit les gratte-ciels, le Time Square et tout le tralala.

Pendant que je marchais et marchais et marchais tout le long de la Freedom Trail, dans le Beacon Hill, dans le Back Bay, je ne pouvais m’empêcher de comparer et de regretter. Comme si le tape-à-l’œil était la seule chose qui importait. Pourtant…

Pourtant, lorsque je prenais une rare pause sur Newberry St., dans le quartier de Back Bay, attendant Blondinette qui était entrée dans une boutique chic de cette rue huppée, j’ai soudainement été entourée de deux, puis de quatre, puis de plusieurs autres femmes plus belles les unes que les autres. Les cheveux attachés, blondes, brunes, rousses, j’ai tout vu. Comme un défilé de Victoria’s Secrets sous mes yeux, mais version habillée. Toutes aussi belles qu’elles étaient, il leur manquait toutes un petit quelque chose. Et puis j’ai vu. Elles n’avaient pas d’ombre!

Elles marchaient sur la rue, le pas parfait, le nez en l’air, pas un soupçon de doute ne se dégageait de leur être. Elles portaient les verres fumés même si c’était nuageux. Ne dit-on pas que les yeux sont le miroir de l’âme? Alors, elles ne prenaient pas de chance. Des femmes pareilles aux salons « de visite » de nos grands-parents, ceux où on n’avait pas le droit de nous asseoir, vous vous souvenez? Beau à regarder mais vide, sans aucune poussière ou bout de divan déchiré, pour nous rappeler la vie autour de soi.

Le lendemain, dans le T (nom du métro de Boston), il y avait une femme enceinte avec son jeune de cinq ans par la main. Un tatou de croix sur son bras droit, un autre représentant je ne sais trop quoi dans le dos. Elle n’avait pas une belle peau, des yeux cernés et ailleurs, peut-être dans une autre vie. Ses cheveux étaient couverts par un foulard blanc taché. Juste au moment où j’entendais sa respiration haletante auprès de moi et là, j’ai commencé à comprendre.

Puis, il y a eu cette serveuse au Dunkin Donuts du South End où était située notre hôtel. Un décolleté pas invitant pour deux sous, le regard sombre, le soupir lorsque je lui ai commandé trois sandwichs. Et même s’il n’y avait plus de soleil dans le ciel, je jurerais que j’ai vu son ombre et ça m’a touché de plein fouet. L’humanité, ses drames et ses soucis à nu là, devant moi.

New York la magnifique, Boston l’ouvrière. New York la criarde, Boston la timide.

J’aime New York, mais les femmes de Boston, surtout celles qui survivent plus qu’elles font semblant de vivre, celles qui ont de les mains usées d'eau de vaisselle ou le front plissé par les soucis, seront toujours plus intéressantes. Parce qu'elles sont vivantes, tout simplement.

5 commentaires:

La Souimi a dit…

C'est beau...
J'aime bien Boston. New-York aussi. Les deux ont leur personnalité. Comme Montréal et Québec. ;-)

Tu sais, tu devrais poster ce billet à la revue Châtelaine. Juste pour leur expliquer un peu la vraie vie...

Anonyme a dit…

Ca donne envie de jouer à Peter Pan tout ca! :)

Hortensia a dit…

Je ne suis jamais allée à Boston encore, mais j'ai bien saisi ce que tu veux dire dans ce billet. En plus, il est fort bien tourné...

Anonyme a dit…

La plus grande merveille de ce monde, n'est-ce pas une femme,tout simplement.

L'ensaignant a dit…

Souimi: Je ne crois pas que Chappe-de-Laine soit prêt à baisser ses standards à ce point. Surtout pas s'ils ont des journalistes prêtes à affirmer que "vous voudriez toutes être comme Josée Lavigueur", pas vrai, Souimi? :)

Mandoline: Ce héros des temps anciens... :)

Hortensia: Merci! Je te souhaite quand même une visite là-bas car je suis sûr que cette ville a beaucoup à offrir pour quelqu'un dans un "mood" contemplatif et passionné d'histoire.

Claude: Ouais, les femmes sont à la race humaine ce que Claude Michaud a été à la télévision québécoise durant les années 70 et 80... :$