Acheter un trampoline pour notre Koala nous paraissait une bonne idée. Après tout, elle aura trois ans dans "deux dodos" et c'est la première fois qu'elle demande quelque chose qui ne se mange pas, alors...
On effectue quelques recherches, Blondinette et moi, et nous fixons notre dévolu sur un 8 pieds décoré sous le thème de Dora et son singe à bottes. Elle va l'acheter chez "Canadian Tired" et l'ammène à la maison lundi, en me proposant d'y jetter un coup d'oeil le lendemain, juste pour voir si ça a l'air compliqué à monter. J'ai envie de lui dire que je n'ai jamais eu besoin d'instructions pour monter quoi que ce soit, vivant ou non, mais je m'abstiens. En vérité, je rechigne un peu, lui disant que ça pourrait attendre mercredi soir. Après tout, sa fête est seulement jeudi, right?
Arrive mardi soir et à la fois pour lui faire plaisir et surtout, parce qu'elle se trompe rarement lorsqu'elle défie ma procrastination, je daigne y jetter un coup d'oeil. Premier constat, sur la boîte, il est écrit "facile à monter". J'ai le goût de rentrer à la maison pour lui faire une blague sur ce qui est facile à monter, vivant ou non, mais je m'abstiens. J'ouvre la boîte, cherche les instructions, bien dissimulées sous quelques poteaux de fer qui serviront à soutenir un Koala et une Loutre qui sautent.
Bon, anglais ou français? Je choisis le français, qui n'est en vérité qu'une traduction mot à mot de la version anglaise. Du déjà vu. Je reviens donc vers la langue de Sir Paul.
Premièrement, je dois monter le "frame", idéalement avec l'aide de deux adultes en santé. Je vous jure que c'est vrai, c'est écrit. Avec une belle image représentant trois rednecks, le polo rentré dans les pantalons et les bas apparents, tenant sans efforts le dit "frame". Comme je suis un brin obstineux, seul et pas en forme, je trouve là la motivation de commencer à monter la bête. J'ai le goût de prendre mon cellulaire et d'annoncer à Blondinette que je m'apprête à monter une bête mais je m'abstiens.
Les poteaux entrent tout seuls dans les intersections en T, c'en est presque décevant. Même pas là la moindre occasion de montrer à mes voisins toute l'étendue de ma force légendaire. OK, je pousse un peu, mais si j'ai de la misère à croire que je suis fort, on parle bien de légende, non? Arrive alors "the" poteau, celui qui s'est déformé par je ne sais pas trop quel choc durant le voyagement ou sa construction dans les sweats shops chinois. Pas grave, je cherche mon marteau, ne le trouve pas et prend une paire de pinces pour corriger le petit défaut de fabrication. Et je frappe, et je manque mon coup, et je frappe, et j'ai peur de l'abîmer sans réussir à rendre le poteau droit et de ne pouvoir la retourner au magasin. Je retourne dans le garage et, après quelques secondes d'efforts, retrouve mon marteau. Trois ou quatre petits coups et ça rentre comme "popa dans moman". J'ai le goût de crier à Blondinette une blague sur trois ou quatre petits coups qui rentrent comme "popa dans moman" mais je m'abstiens.
Avant de ranger le marteau, je prends quelques minutes pour regarder mon ombre armé du marteau et me rend compte que je ne serai jamais un vrai manuel. Pas plus que je serais devenu une nageuse synchronysée si je m'étais mis un bidule en caoutchouc sur le nez.
Vient le temps de poser les ressorts. Rien de plus simple: un crochet dans la toile et un autre dans un trou du "frame". Dans le pamphlet contre la bonne utilisation de la langue française, il est écrit d'accrocher les ressorts à l'opposé l'un de l'autre afin de bien répartir la tension et ensuite, de répéter l'opération. Rien de plus facile, n'est-ce pas? Je prends le premier ressort et l'attache, sans aucun effort. L'autre, à l'opposé, est aussi facile à mettre. Et il en va ainsi, temps durant lequel je pose une quinzaine de crochets.
Je recule pour apprécier mon travail, fier de moi, espérant que Blondinette se pointe à la fenêtre pour m'admirer une fois de plus... Ah, il y a quelque chose de bizarre! Je m'approche, compte les trous restants entre deux crochets: 1, 2, 3, 4, 5. O.K. Combien de crochets, maintenant? Quatre! Pas grave, tout comme Dora, je ne me découragerai pas aux premières difficultés, même si je n'ai aucun singe à mes côtés!
Ah, c'est drôle, le crochet est difficile à enlever. Je force un peu, voilà! Je suis vraiment le champion du trampoline. À moi la job au cirque du soleil. Tiens-toi bien, Laliberté, j'arrive et je n'ai rien d'un contortionniste. Je calcule bien, identifie le bon trou et hop! Euh.... hop! Bien voyons, HOP!!!
Après cinq essais, quelques gouttes de sueur me coulant sur le visage, je réussis enfin. Chaque crochet que je dois déplacer, pour compenser ma première erreur, est de plus en plus difficile à enlever et surtout, à remettre. Imaginez le plus grand effort que vous ayez fait dans votre vie, répétez-la une trentaine de fois en une demi-heure et vous devinez la soirée que j'ai passée.
Bon, deux jours après le début de ce billet, voilà maintenant mes deux puces qui sautent sur le trampoline. Ils trippent à fond et moi, je les regarde, cinq heures de travail plus tard échelonnées sur deux soirées maringouineuses et avec un éclairage quelconque et je me dis que dans le fond, elle est là ma paye.
Mais quand je vois Dora et Babouche bien installés sur des pancartes de chaque côté du monstre, lorsque les filles ne me regardent pas, je leur sors mon majeur le plus droit avec mon plus beau sourire sarcastique en coin. Et le pire, c'est que ça me fait du bien...
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
4 commentaires:
Wow! tu les déteste vraiment Dora et le singe. Moi c´est inspecteur Gadget, mais j´avais dix ans. Si on analyse tres rapidement tes commentaires, et que l´on se dit que Blondinette va surement lire de toute facon les 4 blagues (ou la blague 4X)que tu ne lui as pas faites, je me demande si tu as pas un petit coté beauf . Moi ces blagues la je les fais, ma blonde ne rit plus du tout par contre.
premièrement félicitations pour avoir réussi! ;)
deuxièmement merci d'avoir écrit un trampoline! ;)
p.s. c'est quand même plus drôle avec les gestes! ;)
Tu as oublié un petit bout à ton histoire...
Tu as eu besoin de mon aide les deux soirs pour terminer de le monter...
Je commence à être fatiguée d'avoir toujours raison!!!!!
Enregistrer un commentaire