dimanche 16 décembre 2007

Dimanche en tempête

C'est parti! C'est blanc partout. Au moment où j'écris ces lignes, elle tombe de travers. Un peu plus tard, elle tombera peut-être de l'autre côté. On dirait que le vent perd le nord dans une journée comme celle-ci.

Mes deux puces sont assises près de moi. Elles écoutent à la télévision un dessin animé sur un jeune enfant ayant comme responsabilité d'aider le Père Noël à bien faire son travail. Je ne connais pas son rôle exact mais ça m'a tout l'air d'être du cheap labor.

Nous sortirons un peu plus tard, une fois que papa sera bien réveillé, ce qui peut être long parfois. Mon petit koala prendra sa petite pelle rouge et ma moins petite loutre prendra la jaune. Elles viendront brasser la neige avec moi. Si je suis chanceux, elles joueront là où je ne suis pas encore passé. Sinon, elles sortiront leurs gros muscles pour foutre le bordel dans un espace déjà pelleté. Et je recommencerai ensuite.

Blondinette sera avec nous. Et là, ça me frappe de plein fouet. Ça sera tellement plus simple de les laisser devant la télévision. Je suis certain que je sauverais une bonne demi-heure et que je pourrais rentrer au chaud plus rapidement. En plus, Blondinette pourrait préparer son potage aux légumes qui sait réchauffer le coeur, même dans les moments les plus froids. Ouais, pourquoi ne pas les laisser dans la maison?

Parce qu'elles manqueraient de beaux moments et moi aussi. Je manquerais ma loutre qui descend la banquise, bédaine première, pour plonger dans un faux lac qu'est l'entrée du garage. Je manquerais mon koala tellement fragile sur ses pattes de deux ans que j'ai parfois peur qu'un flocon un peu trop pesant la fasse chavirer. Un koala fragile mais souriant devant son papa qui lui fait de grosses grimaces entre deux pelletées ou qui se met à danser en faisant le fou pour montrer à la tempête qu'elle ne me fait pas peur.

Et vous savez pour quelle raison je ne penserais jamais à laisser mes souris à l'intérieur? Parce que quand on va rentrer, après une heure de travail, ma loutre de 4 ans va me regarder avec son sourire des grands moments et va me dire, l'air le plus sérieux du monde: "On a fait du GROS travail, hein?" Oui ma grande, du très gros travail. Tu es vraiment une championne...

Je pense à mes grands. Ont-ils la chance de faire un GROS travail aujourd'hui? De se sentir fiers d'eux pour une raison autre qu'un high score dans un jeu vidéo? Et mes garçons, voient-ils leurs papas s'habiller chaudement pour aller pelleter en sifflant pour leur apprendre que le travail n'est pas que souffrance? Qu'il peut aussi être une occasion de rapprochement, de clins d'oeil et de loutres qui glissent de la banquise au lac?

Il est là notre plus grand défi. Donner un sens aux efforts de nos élèves. Leur montrer comment travailler. Surtout, leur permettre d'être fier d'avoir réussi chaque jour un GROS travail... ils le redonneront à la société un jour.

5 commentaires:

Catherine a dit…

Ce genre de texte nous fait apprécier toutes les tempêtes de neige!

Bonne journée aux joues rouges!

Le professeur masqué a dit…

Et on revient au rôle des parents dans l'éducation! On n'en sort pas.

Une Peste! a dit…

Merci.
C'est un très beau texte, effectivement.

;-)

Dobby a dit…

Très beau texte :) J'ai tout vu dans ma tête, et, ma foi, ça fait du bien entre une Robaxacet et un coussin chauffant. Bienvenue dans la blogosphère!

L'ensaignant a dit…

Merci à tous pour le bel accueil. Je suis heureux que le texte vous ait plu mais je n'ai aucun mérite, j'ai trois bonnes sources d'inspiration à la maison.

PM: Je crois qu'on ne peut y échapper. Notre influence réelle, sans chercher à minimiser notre engagement, est hélas beaucoup moindre que ce qui a été déjà construit ou détruit à la maison.

Bon congé demain (deux dans la même année?!?)