lundi 5 janvier 2009

Clic!

J'ai toujours aimé la photographie. J'aime autant prendre des photos qu'en regarder. Pas les regarder lorsqu'on me met l'album de voyage sur les genoux et qu'on m'explique chaque photo. Non, là, ça ne va pas du tout. J'aime regarder en... voyeur. Et y comprendre ce que je veux. Parce que la photo, c'est de l'art. Et que l'art ne s'explique pas, elle se vit.

Durant les Fêtes, les "kodak" se font aller, c'est bien connu. Et encore plus que d'habitude. Et encore plus qu'avant grâce aux caméras numériques. C'est correct, c'est un temps pour ça. Le mononcle avec la matante, le grand-père avec la grand-mère, la brue avec le gendre, le grand-père avec la brue... On dirait un club d'échangistes parfois tellement ça se mêle à qui mieux-mieux (ou meuh-meuh lorsqu'il s'agit de la belle-maman. Ben non, je suis gâté!).

Les Fêtes, c'est peuplé de moments uniques. Des éclats de bonheur dans les yeux, des sourires attendrissants avec le vin aidant, des retrouvailles au parfum nostalgique, des calins doux (et forcés parfois, hélas...). Et là, on a les chasseurs d'images, l'arme au poing, prêts à dégainer. Mais ils sont différents des chasseurs de caribou, ceux-là. Je m'explique.

Si je vais à la chasse et que j'aperçois THE buck devant moi, à quelques dizaines de mètres, je n'ai qu'à tirer. Il se peut que je manque mon tir et qu'il soit bien loin déjà quand j'aurai réalisé qu'il faudrait que je tire à nouveau. Vais-je lui demander de revevenir, de se replacer devant son tas de quenouilles, le cul vers moi comme il était tantôt pour tirer à nouveau? Ou encore, lui demander de ralentir sa course parce que "je n'ai pas eu le temps"? Nan. C'est la loin de la jungle.

J'aime la photographie, mais j'ai oublié de vous dire que j'aime la photographie spontanée. Uniquement elle et rien d'autre. Ne me demandez pas de reprendre une pose avec mon Koala parce que c'était magnifique lorsqu'elle m'a dit: "Je t'aime, papa!" de façon spontanée et que je lui ai donné un calin. Je suis un chevreuil et vous avez manqué votre coup.

Ne demandez pas à ma Loutre de reprendre son cousin par le cou comme elle vient de le faire. C'était à vous d'être là. Tout simplement.

De toute façon, ces photos finiront toutes sur un disque dur où elles seront oubliées durant des années durant. Si elles sont chanceuses, elles aboutiront peut-être dans un vieil album poussiéreux qu'on sortira une fois par dix ans pour se dire: "Mon Dieu que le temps passe vite!"

Par contre, si votre regard n'est pas caché par un objectif et que vous prenez bien soin de vivre le moment plutôt que de vous demander si l'éclairage est bon ou non, il se pourrait bien que quelques instants demeurent en vous plusieurs heures, plusieurs jours ou plusieurs années. Et ça, aucune photo ne vous le donnera.

Parce qu'il y a un temps pour chaque chose...

3 commentaires:

Lapsus a dit…

Peut-être mais je pense que les photos se perdent trop vite, surtout lorsque les êtres chers s'en vont. 100 photos ont moins de chance de se perdre que 10?

La Tortue têtue a dit…

"Des photos ? Non. C'est de la conserve, les photos. Pour que ces paysages me nourrissent pendant quelque temps, il faut que je les aie respirés."
Le voyage en Chine,Pierre Foglia, La Presse 2 août 2008.

Ça résume toute ma pensée sur les photos.

Mon père et moi / 1 000 km de vélo en une semaine / même pas 10 photos!!!

Super bon post! :)

L'ensaignant a dit…

Lapsus: Oui, ça en prend mais pas à outrance. Ce n'est pas tant les photos qui me dérangent que toute l'organisation qui entoure les dites photos.

CArthasis: Bravo! Et je suis certain qu'aucune photo ne saurait remplacer les souvenirs qui t'habitent...