Pour mon deuxième jogging à vie, inspiré par la Presse de ce matin, j'ai invité ma Loutre à se joindre à moi. C'est que la quarantaine s'est rapprochée un peu plus de moi il y a quatre jours et après quatre années de sédentarité, j'ai décidé qu'il était peut-être temps de penser à moi un peu.
Ses petites jambes multiplient les pas. Elle n'en a rien à faire de garder son énergie. Elle est belle, sa queue de cheval battant le vent, lui indiquant dans quelle direction souffler pour aider son papa qui souffle, qui souffre en arrière d'elle.
Chaque fois qu'on arrêtait de courir, histoire de reprendre notre souffle en continuant à marcher, on se fixait un nouvel objectif. Parfois, c'était un arbre singulier. D'autres fois, un pylone à haute tension qui borde la piste cyclable derrière chez nous. Et nous repartions, moi l'encourageant, elle battant le rythme.
Puis, elle voit un chien au loin. Elle ralentit et vient à mes côtés, se plaçant dans mon ombre dont elle sortira trop vite. Je suis à ce moment-là son paratonnerre, son bouclier, son parapluie contre les intempéries de la vie.
Je lui avais dit qu'on irait jusqu'en face du IGA. Elle ne me croyait pas. Tout est tellement loin dans la tête d'une petite fillette de cinq ans. Un voyage chez ses grands-parents et la voilà rendue dans un autre pays.
Je lui montre l'épicerie et elle sourit et je perçois une lueur dans son regard. Cette petite lueur, tellement difficile à exprimer pour elle mais pourtant si importante. La fierté. On se tape dans la main. Je lui dis que je suis content qu'elle soit venue avec moi et que je l'aime. De sa petite voix, elle me répond: "Moi aussi, je t'aime, Papa!"
Les moments de courses sur le chemin du retour furent de plus en plus long. Elle regardait les nuages qui s'approchaient et commençait à craindre que la pluie nous attrappe. Elle est toujours pressée de rentrer lorsqu'il pleut.
Elle demande si elle peut tenir ma main en courant. C'est très inconfortable mais très réconfortant. De savoir que même à l'aube de son entrée en maternelle, je suis encore là, auprès d'elle. Nos coeurs battent au même rythme.
Une fois rendus près de la maison, où nous avions commencé trente minutes plus tôt, je lui ai dit une nouvelle fois combien j'étais fier d'elle. Elle n'a pas compris que ça dépassait notre petite course, que ce que je voulais lui dire, c'est que la petite fille qu'elle est me ravit. Et que l'adolescente qu'elle deviendra m'éblouit déjà.
Sur le trottoir, elle me regarde soudainement, rougissant.
-Tu sais, Papa, qui sera mon amoureux?
-Non, ma belle. Qui?
-Lucas. Il est drôle!
Puis, elle a éclaté de rire et j'ai entouré ses épaules de mon bras. Ce sera Lucas ou un autre, tu auras toujours un tas de choix, ma Loutre.
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10 commentaires:
Je te souhaite une bonne fête en retard mec! T'inquiètes, j'suis pas trop loin derrière qui sent le souffle de la quarantaine me rentrer dedans... 6 ans ouais, c'est vite passé!
Bon j'te laisse, j'dois aller essuyer cette larme ou deux que ton texte a provoqué ;-) Ça doit être ça l'élan de fierté paternel
Ils devraient t'enfermer toi pour écrire des affaires de même.
Touchant.
et bravo pour le 30 minutes avec fillette!
= )
Ouf, magnifique de tendresse ce joli texte ! Votre fille a un père formidable ! qui l'aime beaucoup, ça se sent...
C'est l'heure de la pause au bureau. 15 minutes. Comme internet est au tapis à la maison, j'en profite pour lire mes blogs préférés. Et voila que j'ai les yeux plein d'eau !
Tout tendre, tout joli, vive les papas enfin présents!
Zed ¦)
Drew: Ouais, ces petits moments de fierté qui nous rappellent pourquoi on accepte que notre vie soit bouleversée comme elle l'est.
Yano: C'est vrai que lorsque le gros barbu tatoué me demanderait ce que je fais dans la même cellule que lui, ça paraîtrait bien! ;-)
CArthasis: Je savais qu'il te plaîrait, celui-là...;)
Anonyme: Je te le renvoie...
Méli: Formidable, pas si sûr, mais qui l'aime, ça oui, madame...
Lionne: 15 minutes, c'est le temps total que ça m'a pris pour faire trois enfants. OK, j'vais m'coucher...
Zed: J'aime ton ENFIN, et je crois que tu comprendras pourquoi, deux fois plutôt qu'une...
5 ans... déjà...
Wow. Décidemment, j'ai fait une belle découverte aujourd'hui ! Je suis vraiment émue :)
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