Je vous ai peut-être écrit sur le défi de taille qui m'attend l'an prochain. Il n'y aura qu'une sixième année dans l'école et j'hérite d'un groupe de 27 élèves faibles comme ce n'est pas possible. Et il ne se passe pas une semaine sans qu'on ne me rappelle le triste destin qui est le mien, selon certaines personnes pensant bien faire.
-J'espère que tu vas bien te reposer cet été parce que l'an prochain...
-Bonne chance!
-Eh oui, lui aussi, tu vas l'avoir dans ta classe.
Ce n'est pas fait de façon méchante, j'en suis presque certain. Soit qu'ils m'aiment bien et tiennent à ma santé mentale ou bien je ne me plains pas assez de mes élèves dans le salon du personnel et ils me pensent sûrement bien chanceux, oubliant que mes beaux groupes étaient souvent des groupes d'affreux l'année d'avant. Mais j'opte pour la première option car les gens de mon école sont tout sauf méchants. À vrai dire, je suis souvent le plus "bitch" d'entre eux.
N'empêche qu'un message mille fois répété, même faux, finit par faire son chemin. Il y a des semaines où je panique à l'idée de ce groupe qui s'en vient avec un nouveau bébé à la maison. Et à d'autres moments, je trouve ça rafraîchissant car ça demande une remise en question de mon organisation de classe pour l'adapter à leur niveau. La tête dans les nuages ou le nez dans la merde, c'est selon l'humeur du moment.
Je crois vous avoir aussi parlé de l'orthopédagogue qui "sévit" auprès des élèves du troisième cycle. Un être humain d'une valeur inestimable qui représente pour moi un idéal à atteindre en ce qui concerne l'amour inconditionnel qu'elle a pour la majorité de ses petits poqués. Si un élève me tape sur les nerfs, neuf fois sur dix, elle réussira à me faire changer d'idée sur le dit-élève, me rappelant qu'il vaut plus que je ne le crois. Une femme comme chacun en voudrait dans sa vie, je vous le jure.
Or, elle a écrit de courts poèmes avec les élèves de mon futur groupe. Des poèmes qui parlent de leur saison préférée et parfois d'autres sujets. Souvent naïfs, les lire m'aurait sûrement découragé une fois de plus. Mais je ne les ai pas lus, je les ai entendus. Comment? C'est là que le second héros de mon histoire entre en jeu.
PMT, oui, oui, lui-même en personne, a fait enregistrer les poèmes des élèves et les a mis en musique, accompagnés d'un beat hip-hop qu'ils choisissaient eux-mêmes. Il a le don de réussir de petits miracles, plusieurs fois par année, qui nous rappellent la valeur qu'il a dans cette école.
Le résultat? Des slams. De la poésie de rue, assez directe, sans fla-fla. Comme de l'art naïf craché sur un ton monocorde. Comme si les mots n'avaient pas assez de poids à eux seuls et qu'on les ornait des plus belles parures pour leur donner un sens. D'une beauté à émouvoir, lus par des petites bouches qui réalisent du même coup de grandes choses. Comme j'aimerais vous faire écouter le résultat mais le côté légal me dérange quelque peu. Mes mots ne suffisent pas ici.
Ils ne sont pas encore entrés dans ma classe, mes poqués, mais je les aime déjà. Ils sont plus beaux qu'hier. Grâce à un coup de foudre écouté en revenant chez moi qui m'a mis les larmes aux yeux. Et surtout, grâce à deux être généreux pour qui, durant un instant, la plus minime réussite d'un groupe de mal-aimés a été plus importante que les autres tâches professionnelles.
On fait vraiment un beau métier.
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14 commentaires:
J'suis vraiment ému...
Moi aussi quand je les entends, ça me rentre dedans et pourtant, faut pas se le cacher, ils sont faibles en français et en math.
J'ai cru voir notre voisine (l'ortho en question) se frotter les yeux en les entendant pour la première fois. Maudites allergies...
Mais je sais la job de bras qu'elle a fait sur eux. Elle leur a arraché chaque mot.
Ensaignant pis PMT, j'sais pas pourquoi... Mais j'ai tellement pas de misère à croire les propos de ce billet.
Z'êtes des saints!
Oh, j'ai des frissons à te lire !
Vrai qu'on fait un foutu d'beau métier. Bon, parfois (sic ;-PP), on en arrache, on râle. N'en demeure que cela donne des coups de coeur, de papillons dans l'estomac qui nous réconcilient avec la grandeur de l'âme humaine.
VIOLENCES+VOL :
Ceci est une tentative de gros scandale public parce que ça calme pas mal les gros connards en attendant de trouver enfin un avocat qui réglera ce problème de non respect de mes droits les plus élémentaires et je le conseille à chacun qui peut avoir des ennuis avec ce gros connard de sarkozy ou sa clique de clowns de flics minables : je suis donc en train de régler un petit problème du genre détail avec cette grosse tache de si peu président de la république Française, en lui envoyant un avocat pour mises sous surveillance illégales, lynchage numérique inspiré de bonnes vieilles méthodes qui ne déplairaient pas au ku klux klan, lynchage qui n'a mobilisé personne sur le web ou dans la presse et plagiat, par une grosse pouffe, vulgaire et ridicule et qui passe à la télé, de mes petits textes web.
Quant a sarkozy, s'il n'aime pas le web, et s'il n'aime pas la rue qui sait, la preuve, très bien se défendre, qu'il la quitte !
PMT: notre ortho se frotte souvent les yeux devant les réussites des mal-aimés. Dans le fond, elle est allergique au découragement et à l'abandon.
Drew: le saint des enfants et le sein de PMT. Tu parles d'un destin! ;)
Morgane: envoie-moi un coucou dans mon courriel et je t'envoie quelque chose... tu auras des frissons à l'écouter.
Peste: ouais, et on est témoin de l'éclosion de cet âme et parfois même, pour le meilleur et pour le pire, à sa transformation.
Mais quel beau métier quand même...
Qu'est-ce qu'il me faut répondre à ça autre que espèce de Saint Des Seins ;-)
Quel beau métier en effet.
Les vacances seront appréciées mais ce coup de foudre rendra sûrement ta rentrée bien agréable.
Je persiste et je signe. Que des profs gardent le feu sacré en cette période si déprimante d'un point de vue "manque de vision ministérielle" tient du miracle. C'est exactement ce genre de personne qui devrait se retrouver au ministère en train d'émettre des directives. Pour une fois, elles seraient sensées ! Malheureusement, cela impliquerait que les-dits profs ne seraient plus en classe à réaliser leur passion. Un véritable noeud gordien.
Continuez, continuez ! Le monde n'en sera que meilleur.
Lionne : Le manque de vision est frustrant, mais les élèves restent souvent notre point d'ancrage, ils nous rappellent pourquoi on fait ce métier.
Nos collègues passionnés aussi.
Je suis tombée sur votre blog par presque hasard et je suis impressionnée. Avec prof Malgré Tout et Une autre Prof, vous m'avez inspiré, merci !
Drew: ou sans-dessins, c'est selon ;)
unautreprof: je l'espère car c'est vraiment un grand défi qui m'attend cette fois-ci. Mais je suis bien entouré.
Lionne: tu sais quoi? Ils me paieraient cher, très cher pour aller m'asseoir au ministère, entouré de ces cravateux. Les enfants, ils te font chier souvent mais au moins, ils donnent en retour.
unautreprof: entièrement d'accord avec toi.
Future Prof: bienvenue! Merci de ton gentil commentaire. Au plaisir de te relire...
Oui, les entendre!
Ce serait formidable! Bravo à vous deux, profs passionnés et dévoués.
Zed ¦)
Quand les gens disent que les enseignants ont la vocation, ça me fait toujours sourire. Oui, c'est dur, oui, on se bat tout le temps pour avoir plus pour nos ti-loups, mais on apprend autant que les enfants à qui on enseigne.
Si je me sens si bien dans une école, c'est que tous les jours j'y apprend quelque chose; parfois une nouvelle connaissance en histoire, parfois une nouvelle façon d'enseigner les fractions, mais, plus souvent, j'apprends à mieux me connaître et j'apprends que chaque enfant n'a besoin que d'une chose pour apprendre: l'amour. Plus ils sont pockés, plus ils en demandent et plus on veut leur en donner.
À te lire, on devine que tu les aimes déjà. Et, sachant que tu les aimes déjà,je te prédis de grosses larmes en juin prochain!
Bonnes vacances, cher En Saignant!
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