mercredi 7 janvier 2015

Je suis Charlie

Ce matin, je me souviens de J.  Toute jolie, toute souriante.  Un jour, elle vient à mon bureau.

-Je peux te parler, Ensaignant?

Je l'ai écouté du mieux que je le pouvais à cet époque.  Mais dans ce temps-là, j'émettais plus que je recevais.

-Les gars de la classe, ils ont écrit que j'étais une bitch pis une pute sur les bandes de la patinoire pis ça m'écoeure.

Sur l'heure du midi, j'ai été faire un tour sur la patinoire située juste derrière l'école et j'ai vu les mots des gars,  les maux de J.

L'intervention a été courte et efficace.

Le lendemain, je retrouve J. en larme à son bureau durant la récréation.  De nouveau, je me la ferme et j'écoute.

-Les gars me traitent de snitch...

Et elle n'a plus souri pendant longtemps.

Encore aujourd'hui, je ne comprends pas cette façon de penser.  Peut-être parce que parmi la pleiade de défauts que je possède, la méchanceté n'en fait pas partie.  Peut-être parce que je crois que les victimes ont le droit de parler, tout comme les agresseurs ont le droit.

Je suis un has-been.  Peut-être même un never-been.

J'écoute les infos de ce matin et je pense à J.  Elle était un peu Charlie.  Je le suis aussi.  Vous l'êtes aussi, si il y a autre chose que de l'absence par ici.

Et notre gueule, même si c'est moins souvent, moins longtemps, elle va rester bien ouverte.


1 commentaire:

Zed a dit…

Oui, elle va le rester, plus fort que nous! On dirait juste que le son qui sort est plus mordant, trouves-tu?

Zed ¦-)