lundi 31 mars 2008

J'ai peur, n'aie pas peur

J'ai peur de vieillir et de mourir, de décevoir les autres, de me décevoir, d'aimer mal CELLE que j'aime le plus au monde, d'aimer mal CELLES que j'aime le plus au monde et surtout de les perdre.
Mon Koala est un petit bout de fille qui sait ce qu'elle veut et surtout, ce qu'elle ne veut pas. Les apprentissages qu'elle a faits durant ses presque trois longues années de vie lui permettent de choisir là où elle se sent bien et là où elle ne se sent pas bien. Elle est bien dans les bras de son papounet, la tête bien appuyée contre son épaule et le pouce dans la bouche. Ces épaules qui semblent lui dire:

-Nous sommes là pour te protéger contre les loups et les sorcières. N'aie pas peur!

Elle est bien aussi contre le coeur de sa maman qui semble lui dire:

-Je suis là pour t'aimer, pour te rappeller que c'est ma voix que tu as entendue en premier. Je ne t'abandonnerai jamais. N'aie pas peur!

Les peurs enfantines l'envahissent doucement mais nous sommes là pour lui rappeller que la plupart des objets de sa peur n'existent pas.

J'ai peur de lui ressembler, d'être trop différent de lui, d'attraper un cancer du poumon, de ne pas être lu, d'être trop lu, des rats et des souris.
Ma Loutre joue souvent seule durant de longues minutes, voire de longues heures. Elle aime placer des couvertures sur ses "bébés", lire des histoires en français ou en franglais, sinon, s'en inventer. Pourtant, arrive un moment où cette solitude lui pèse, comme quand elle doit ranger ses jouets seule comme une "grande fille". Elle a alors peur de ne pas réussir seule. Ou peut-être de réussir seule et ainsi, de grandir trop vite.

Heureusement que nous sommes là pour lui dire de ne plus avoir peur, que nous serons toujours là pour elle. Arrivent alors des calins chargés d'un abandon dont seule elle a le secret. L'objet de sa peur n'est que chimère...

J'ai peur des fantômes, ceux qui vivent et ceux qui sont morts, des personnes qui parlent trop et de celles qui ne parlent pas assez, des gens qui parlent trop fort et surtout, de ceux qui murmurent.

N'est-ce pas que notre rôle de parents est important? Protéger nos enfants contre leurs têtes qui leur jouent de vilains tours parfois, qui se font créatrices de fausses peurs. Les prendre dans nos bras et leur dire que tout ira bien. Et les embrasser. Et les chouchouter. Et leur donner des caresses grosses comme la Terre, comme l'Univers tout entier, comme notre Univers tout entier.


J'ai peur des trous noirs qui absorbent tout, même un système abritant une seule planète, un soleil étincellant et deux petites lunes qui gravitent autour.

dimanche 30 mars 2008

Le chouchou

Puisque jamais dans ma longue carrière d'étudiant, je n'ai mérité le titre de chouchou...



Un cadeau pour la première enseignante qui m'a donné ce titre. Merci Gooba!

jeudi 27 mars 2008

C'est l'histoire de...

C'est l'histoire d'un En Saignant le soir de la rencontre de parents. Il a une mère devant lui, mère d'un charmeur d'abeilles paresseux, assis juste à côté d'elle. Mais voilà, le charmeur d'abeilles ne sourit plus car on discute de la possibilité de lui faire recommencer sa sixième l'an prochain.

C'est l'histoire d'un En Saignant qui demande au charmeur d'abeilles d'aller faire un tour chez PMT afin de pouvoir parler à la mère tout seul, pour tenter de lui acheter du temps. Un temps de réflexion afin que le dernier bulletin soit le jugement final plutôt que celui-ci, trop rapide, trop tôt. Car il lui semble qu'il y a encore un souffle dans ce ventre-là. Et qu'il se sent capable de le faire sortir.

C'est l'histoire de Collègue Parfaite qui entre dans la classe pendant leur rencontre et qui nous invite à venir voir ce qui se passe dans le local de musique car c'est beau et que ça en vaut la peine.

C'est l'histoire de la mère du charmeur d'abeilles qui se lève en essuyant ses larmes et qui se dirige avec l'En Saignant au fond du couloir, à droite, peinée. Peinée mais intriguée.

C'est l'histoire d'un charmeur d'abeilles assis derrière un xylophone, trois autres élèves à ses côtés et de PMT qui les guide avec sa guitare.

C'est l'histoire d'une maman qui écoute la mélodie improvisée en une demi-heure. Une mélodie toute douce, toute simple.

C'est l'histoire d'un charmeur d'abeilles qui joue sans sourire mais qui a oublié que l'an prochain, il serait peut-être encore assis dans ce local avec des plus jeunes que lui. Et d'une mère qui sourit en le regardant et qui applaudit lorsqu'il termine.

PMT, tu me taquines souvent avec ma sensibilité. Si le charmeur d'abeilles était venu vers moi, j'aurais tenté de raisonner son chagrin avec des mots, sûrement trop de mots. Toi, tu as réussi à faire résonner sa peine avec des notes.

Réalises-tu seulement ce que tu leur fais?

lundi 24 mars 2008

Quel doigt êtes-vous?

Saviez-vous que les commentaires que vous laissez sur les blogues en disent beaucoup sur vous? À travers ce nuage de pixels, on peint tous, qu'on le veuille ou non, une image de la personne qui est à l'autre bout du monde, de la province, de la ville ou même de la rue, allons savoir. Une image sans visage, sans corps, qu'une personnalité, un âme qui erre quelque part...










Moi, j'aime imaginer que moi et vous, nous sommes comme les cinq doigts de la main. Pas que nous soyons proches à ce point, loin de là, mais plutôt à travers nos caractéristiques de blogueurs et de commentateurs des autres blogues, on peut appartenir à une de ces cinq catérogies que je vous présente à l'instant:

Les pouces


Ces lecteurs sont toujours là pour relever nos bons coups en nous regardant avec le sourire, le pouce en l'air. Ils sont nos appuis lorsque le marasme bloggal nous envahit. Ils nous disent des mots gentils, nous invitent à prendre un café virtuel ou encore, viennent faire du camping devant chez nous, même s'ils haïssent celà!


On se plante avec un billet? Pas grave, ils nous laisseront un commentaire pareil. Que ce soit un petit clin d'oeil, une petite blague, n'importe quoi pour égayer notre journée.



Les index


Ce sont eux qui montrent la voie. Ils ajoutent à la valeur de nos billets par leurs commentaires nous ouvrant souvent de nouveaux horizons. Il leur suffit souvent de quelques mots, très peu de mots pour nous pousser à réfléchir et du même coup, nous faire regretter de ne pas avoir inclus nos nouvelles découvertes dans nos écrits.


Ils sont les guides spirituels et virtuels, ceux qui nous assurent que nous sommes bien compris.



Les majeurs


Ils aiment la controverse, ils carburent à celà. Ce sont eux qui amènent de la vie dans nos blogues. Leur personnalité est souvent forte et les habitués viennent autant pour lire nos billets que leurs commentaires.


Si ce qu'on écrit n'est pas à leur goût, ou encore, si on a fait une faute dans l'appelation d'un terme musical, par exemple, ils nous le rappellent sans dentelle. Un doigt en l'air et voilà.


Mais comme nos élèves les plus tannants, on les aime d'autant plus pour ce petit quelque chose qui les fait ressortir de la masse.



Les annulaires



Ils sont d'une fidélité à toute épreuve. Ils sont souvent les premiers à lire nos billets car ils sont branchés sur nous. Plus discrets que la moyenne, ils apparaissent rarement dans les commentaires mais ils nous lisent et ils nous aiment.


Parfois, c'est notre personnalité qui les touche, d'autres fois, c'est un billet en particulier à partir duquel ils se forgent un image de nous. Nous faisons partie de leur route quotidienne, entre deux cafés et un rôti.



Les auriculaires


Les plus discrets de tous, souvent anonymes, ils viennent nous voir mais sont trop timides pour sonner à notre porte. Ils se contentent bien souvent de regarder par la fenêtre, se gavant des rires ou des pleurs qu'ils y entendent.


Et nous, lorsque le lendemain matin, nous apercevons leurs traces dans la neige, on est toujours un peu déçus qu'ils aient quitté sans laisser de noms ou d'adresses.




Moi, sur la plupart des blogues, je suis à la fois le pouce, l'annulaire et l'auriculaire. Lorsque j'adopte un blogue, je vais y faire un tour dans ma tournée quotidienne, je laisse souvent des messages qui attirent les sourires ou me fait discret comme ce n'est pas permis, afin de ne pas gâcher les fresques créées par les commentaires déjà présents.


Et vous? Quel doigt êtes-vous?

samedi 22 mars 2008

Prise de Sang vol.1

Prise de sang familiale
  • Chères lectrices, je suis heureux de vous apprendre que d'après mon Koala, vous avez toutes une "vul". Je ne connais hélas pas la différence entre celle-ci et sa cousine...
  • Il aura beau tout faire ce qu'il veut, le Lapin de Pâques n'arrive décidemment pas à la cheville du Père Noël pour mes deux puces.
  • Je comprends mieux les hommes qui décident d'uriner assis depuis que j'ai eu à tourner de tous les côtés de la toilette pour empêcher mon Koala de voir le jet d'un peu trop près.

Prise de sang télévisuelle

  • Si ce n'est déjà fait, vous devez ABSOLUMENT acheter la série "Six Feet Under" en DVD. C'est simplement, à mon avis, ce qui s'est fait de mieux en télévision, avec une finale qui pourrait servir de modèle dans des cours de réalisation. Des mentions honorables pour "La Vie, La Vie" et "Minuit le Soir" tout de même.
  • Vraiment une saison moche en ce moment aux trois grands réseaux. Il n'y a qu'une émission qui m'accroche: "Tout sur Moi". Une comédie intelligente, mais qui réussit seulement à avoir la moitié des cotes d'écoute de "Km/h" en reprise. Allez comprendre quelque chose...

Prise de sang scolaire

  • Pourquoi les meilleures enseignantes que je connaisse n'ont-elles pas de stagiaires? Pourquoi est-ce que ça fait 12 ans que j'observe le même phénomène?
  • Est-ce tout le corps enseignant au grand complet qui saigne actuellement? Il me semble que chaque prof en a par-dessus la tête et le moral dans les talons. Je crois que le Québec au complet est fatigué et pour une fois, ce n'est pas à cause d'une chicane référendaire.
  • J'ai vraiment l'impression de ne jamais travailler depuis la relâche. En plus, on a une pédago vendredi qui s'en vient. Et moins on travaille, moins ça nous tente.

Prise de sang bloggale

  • J'ai une solution pour PMT et le débat du 450 et du 514. On coupe la poire en deux et on donne à tout le monde le code régional 482. J'aurais dû me spécialiser en médiation...
  • Heureux qu'elle soit de retour... Mon esprit commençait à stagner...
  • "En Saignant à la Maternelle", cette comédie dramatique, vous reviendra sous peu. Le rythme que je m'étais donné, n'ayant rien appris de mes erreurs avec mon théâtre-réalité, commençait vraiment à déteindre sur la qualité. Donc, moins souvent mais de meilleure qualité j'espère bien... pour les cinq fans!
  • Mon lectorat fond comme neige au soleil, lors d'un printemps suivant un hiver normal, on s'entend bien. Suis-je supposé m'en faire avec cela? Pourtant, vos commentaires sont toujours aussi riches à mes yeux. Encore là, la qualité n'est-elle pas mieux que la quantité?
  • Chez elle, c'est souvent une question d'ambiance. Ses billets sont pour moi un peu comme les chansons de Bélanger. Je ne comprends pas toujours mais j'aime ses mots et ses maux et aussi, je dois l'avouer, quelques photos.

Prise de sang météorologique

  • Dire que je me réjouissais de cette neige au mois de décembre, tout content d'avoir un Noël blanc. J'ai maintenant peur de ce que je vais retrouver sous cette neige quand elle fondra, vers la mi-juin. Surtout que j'ai aperçu une famille de pingouins qui se promenait sur mon terrain avant-hier.

Prise de sang sportive

  • J'ai été au Centre Bell pour une sortie de couple dernièrement (évitez les commentaires, s.v.p., les billets étaient de Blondinette!). J'ai compris pourquoi je n'avais pas mis les pieds là depuis huit ans environ. Des billets à 40$, ça donne qui comme voisin arrière? Le mur de ciment, tout en haut. Quand j'ai vu le prix des concessions, je n'ai jamais goûté de bouteille d'eau aussi bonne que celles que Blondinette avait caché dans sa sacoche. D'ailleurs, la prochaine fois qu'on déménage, je ne loue pas de camions. Sa sacoche devrait faire l'affaire...

jeudi 20 mars 2008

Un En Saignant à la maternelle (6e station)

Pour les lecteurs intéressés, retrouver les cinq premières stations dans mes archives. Inspiré par les aventures de Bagoo à la maternelle.

-Il y a des choses qui vont devoir changer, En Saignant! me dit-elle, le regard sévère.

-Si vous parlez du coin-blocs, j'avais peut-être quelques idées à vous suggérer, justement, lui dis-je.

-NON, JE NE PARLE PAS DU COIN-BLOCS! cria t'elle.


Je baissai la tête. Tous les élèves s'étaient tus et me regardaient en hochant la tête. Un premier s'avança pour me faire un calin, puis un deuxième, puis un à un, ils vinrent vers moi et se produisit la dernière chose que je croyais possible: un minuscule, mais tout petit sentiment d'amour, aussi petit que leurs petits bedons, me traversa. Une larme se pointa timidement au coin de mon oeil gauche.



-Madame, l'oeil d'En Saignant pleure! s'écria une fillette blonde comme les blés.


-Je veux goutter! s'écria Potelé.


-Non, moi! s'écria un petit rouquin la langue déjà sorti avec comme objectif ma joue.


-Qu'est-ce que vous f...? Nan! dis-je en me relevant d'un coup sec, entraînant un enfant suspendu à mon cou qui se mit à crier.



La maîtresse me regarda, la tristesse ayant remplacé sa colère.



-Tu viens de manquer une autre occasion de rapprochement, je crains bien.. me dit-elle.


-Un rapprochement? Il aurait donc fallu que je me laisse lécher le visage par des enfants de cinq ans pour me rapprocher d'eux? Et quand je voudrai vraiment établir un lien, devront-ils me péter au visage? lui répondis-je.



-Il a dit le "mot qui vente"! s'écria Peanut, toute fière d'elle.



-Tu as été la première à t'en apercevoir, alors c'est à toi que revient l'honneur, Peanut! répondit la maître-associée.



Peanut se dirigea vers la fenêtre, me traînant par la main. Elle me tourna dos à celle-ci et l'ouvrit.



-Allez, En Saignant, dis la formule magique.



-La formule magique? De quoi parles-tu? lui répondis-je, non sans avoir remarqué la mayonnaise qui décorait sa lèvre supérieure.



-Pfffffttttt, envole-toi et ne reviens plus dans cette classe-là! me dit-elle lentement afin que je comprenne bien ou tout simplement pour rire de moi.



-Bien voyons! Qu'est-ce que...



-Allez, En Saignant, la formule magique! Pense aux rapprochements! me dit la maître-associée.

-Mais le môme qui est accroché à mon cou, les ongles bien ancrés dans ma mâchoire, ça ne compte pas comme rapprochement? lui demandai-je.

-Sentirais-je un refus de s'engager? demanda l'enseignante.

-Non, non, ça va... Envole-toi, ne reviens plus dans cette classe-là! dis-je d'une voix monotone.

-Il n'a pas dit la formule comme il le faut, enseignante, il me semble que je sens encore quelque chose, dit Peanut en reniflant l'air autour de nous.

-Mais je n'ai même pas pété! criai-je.

-Encore le mot! cria Peanut.

-Pfffffff... dis-je, les yeux en l'air.

-Il a fait le son! cria Peanut.

-Moustache de mayo! lançai-je à la fillette.

-Fesses qui puent! lança Peanut.

-Ah, ah! lançai-je à la manière de la pub de Familiprix en regardant l'endroit où se trouvait l'enseignante quelques minutes plus tôt.

Mais elle n'était plus là, elle était maintenant adossée au mur à côté de la porte accompagnée de... la directrice qui me regardait d'un oeil loin d'être amusé.

-Oh mince! lançais-je en signe de désespoir.

-Chippeur, arrête de chipper! lança une petite frimousse à mes côtés.

-Je peux te voir dans mon bureau, En Saignant? demanda la directrice.

Alors que je quittais la classe, sous les regards inquiets des élèves et le sourire satisfait de Peanut, je me demandai si j'y reviendrais un jour.

-Je peux reprendre mon élève? demanda l'enseignante en décrochant le minuscule-cul, qui avait lentement migré vers mes cheveux.

Je marchai avec la directrice d'un pas lent vers son bureau, comme un agneau qui s'en va à l'abattoir. Je vis du coin de l'oeil la femme que j'avais rencontré et qui m'avait fait entrer dans une classe un peu spéciale. Elle s'approcha de moi, marchant au même rythme que moi, sortit un foulard de sa poche et m'essuya le visage avec.

-Ne les laisse pas t'avoir! Viens me voir demain, cogne à la case 124, me chuchota t'elle.

-Space, retourne dans ta classe tout de suite! cria la directrice.

-Oui madame, dit-elle en repliant son foulard.

En quittant, elle mima avec sa main les chiffres 1, 2 et 4. Je lui souris et suivit la directrice vers mon destin...

Bientôt, la septième station: En Saignant tombe pour la deuxième fois.

mercredi 19 mars 2008

Des ados à dos

L'autre jour, reculé dans mes derniers retranchements face à mes "adotestostérones", j'ai été obligé d'être clair, très clair. Une clarté qui fait mal aux yeux. J'aurais dû les avertir, ils auraient pu apporter leurs verres fumés.


Quelques jours plus tôt, deux mâles avec un léger retard de maturité ont encore joué à la tag dans ma classe. Oui, vous avez bien lu, deux grands de sixième année qui jouent à la tag, pensant comme de raison que je ne les vois pas. C'est connu, les enseignants de troisième cycle ont tous d'énormes problèmes de vue et d'ouie. Si au moins ils avaient été assis l'un à côté de l'autre, sûrement qu'ils auraient réussi à m'en passer une. Ce n'est pas que je ne peux pas tout voir mais je ne VEUX pas tout voir. Mais voilà, ils n'étaient pas du tout assis l'un à côté de l'autre.

L'un part aiguiser son crayon et effleure l'épaule de l'autre. L'autre, aussi souriant que l'un, vient me poser une question au degré de difficulté quelconque, repart à sa place sous mon regard éberlué en faisant un lllllloooooonnnnngggggg détour par l'équipe de l'un. Il lui tape sur la tête, me regarde et repart à sa place.

-Est-ce que vous jouez encore à la tag? leur demandai-je.

-Non! répondit l'un.

-Non! répondit l'autre.

-Alors, lâchez-vous ou mariez-vous! répondis-je.

O.K., j'en conviens, pas fort face à des "adoplaisants". Mais parfois drôlement efficace, vous pouvez me croire. Si vous essayez, imaginez deux aimants aux pôles positifs qui se rencontrent et vous aurez un sourire aux lèvres.

La veille, ils remettent ça, pendant un cours de maths. J'interviens un peu plus fort. Les autres élèves se font complice avec des hochements de tête désaprobateurs de leur comportement et un sourire en coin. Comprenez-moi bien, qu'ils jouent à ce jeu à la récréation, je n'ai absolument aucun problème avec ça. En fait, il y a deux éléments qui ne font pas partie du jeu qui me causent problème.


Un, ils me prennent pour un con, c'est bien évident. Ils ont raison, mais seulement en partie. Je trouve toujours un moment dans la journée pour me trouver con, c'est inévitable. Mauvaise intervention avec Koala ou Loutre, blague ratée avec une collègue, lorsque je prends le temps de lire un commentaire de PMT et, lorsque je suis spécialement con, d'y répondre... Mais pas quand je devine le jeu auquel ils jouent et qu'ils me regardent avec un air éberlué, comme si je venais de leur réciter un passage de la Bible.

Deux, le regard, comme si j'étais un prof plate. Je suis tout sauf un prof plate. Compréhensif, drôle la plupart du temps, charismatique à mes heures, etc. Suis-je plate à cause que je veux qu'ils réussissent leur année scolaire?


J'arrive à l'école le lendemain matin et je l'ai encore en travers de la gorge. Il y a de ces choses qui sont pires qu'un os de poulet. Et il n'existe pas mille façons de les enlever. Et je n'ai pas le goût de les prendre à part car je leur en veux.

Je commence donc une discussion avec le groupe.

-Vous savez c'est quoi l'amour inconditionnel?

-... répond le groupe.

-C'est l'amour qu'un parent ressent pour ses enfants.

-Oui, ma mère m'aime, répond Petite Élève Blonde et Parfaite.

-Oui, je sais que ta mère t'aime ma chouette, et ça paraît! lui dis-je, sans aucun sarcasme. Pour vous donner un exemple, c'est l'amour qu'a une mère ou un père pour son enfant. C'est ce qui fait que même sur la chaise électrique, l'enfant peut toujours compter sur ses parents pour être présents, les larmes aux coins des yeux.

Un silence régnait dans la classe. J'avais leur attention, je le sentais. Une main se lève, mon petit Schtroumpf à lunettes, pas toujours cohérent mais je prend une chance.

-Oui, Schtroumpf à lunettes.
-Je pense que je sais de quoi tu parles, je l'ai vu à la télévision hier soir, me dit-il.
-Ah oui? Raconte...
-Lorsqu'un gars est sur la chaise électrique, du sang lui piss...
-O.K., on arrête là! le coupais-je. Donc, levez vos mains, ceux qui savent ce qu'est l'amour inconditionnelle.

La plupart des mains se levèrent, même celle de Baboune, ce qui n'est pas peu dire. J'étais prêt à faire de l'effet, maintenant.

-Eh bien, ce n'est pas ce que je ressens pour vous! leur dis-je.

Ils me regardèrent, ne sachant pas trop comment réagir.

-Ne vous inquiétez pas, je vous aime, mais pas de cet amour-là. Je ne suis pas votre père et notre relation est à refaire chaque jour. Comment réagiriez-vous si je faisais exprès de vous écoeurer à chaque matin?

Leur silence parlait, disant tout haut que j'étais sur la bonne voix.

-Je ne crois pas que vous m'aimeriez, hein? Et vous auriez raison.

Et arriva le coup de grâce, le but de mon intervention. Je pointai mes deux "tagueux".

-Alors, lorsque vous continuez à jouer à la tag, même après mes multiples avertissements sans conséquences, et qu'en plus vous avez le culot de me regarder comme si je venais de dire la pire des conneries alors que je vous ai pris sur le fait, vous savez vers quoi vous vous dirigez?

-...

-Vous vous arrangez pour que mon amour pour vous s'éteigne et que la fin de l'année, autant pour vous et pour moi, soit plus longue qu'un sermon à l'église.

-Un quoi? dit une élève.

-Oh, laisse faire. Je crois qu'ils ont compris...

Je ne sais pas si cette intervention portera fruit. Il y a deux issus possibles, je crois bien. Soit ils regretteront et feront attention à notre relation, soit ils fouteront tout en l'air, volontairement. Après plus de sept mois de ce manège, je joue ma dernière carte...

D'après vous, c'était trop "raide"?

lundi 17 mars 2008

L'amour, tout simplement

J'aime les fajitas, j'adore les fajitas, je vénère les fajitas, les deux genoux dans la crème sûre et un peu de salsa me dégoulinant sur la tête. Bon, j'exagère un peu. Mais disons que les fajitas sont pour moi ce que le rôti du roi est pour plusieurs. Bon, pas vraiment parce qu'on parle ici de deux viandes différentes, l'une qui fait "meuh" et l'autre qui fait "cot, cot" mais bon, c'est à peu près pareil. Enlevez-lui les plumes, rajoutez-lui un anneau dans le nez et l'affaire est ketchup, non? Excusez, trop de congés dernièrement...

Donc, je crois que vous avez compris que j'aime beaucoup les fajitas. J'aime couper les oignons, les piments (ou les poivrons pour les becs pincés!), nettoyer les champignons, en particulier les petites graines de terre qui se retrouvent entre le corps et la tête, coincés dans les plis... En passant, un vieux champignon nous ressemble drôlement, avez-vous déjà remarqué? Les taches sur la peau, la molesse des tissus... Je suis certain que je viens de changer votre vie, juste là! Mais revenons à nos moutons.

Donc, j'adore les fajitas. Même faire cuire les légumes dans l'huile chaude qui nous éclabousse le bedon est plaisant. C'est comme un truc sado-maso j'imagine. chaque goutelette me fait frémir et souffrir en même temps. Je regarde les champignons qui baignent tranquillement sans se douter qu'ils seront bientôt réduits à une taille microscopique, un peu comme moi avant de plonger dans la mer froide.

Oui, j'aime beaucoup les fajitas, y compris le moment où le poulet vient rejoindre les légumes. Ils se mélangent sans aucun racisme, sans faire de différence entre les classes sociales. En effet, de mémoire, jamais un piment (ou poivron pour les amoureux des mots doux!) n'a chiâlé à se retrouver avec une lamelle d'oignon gluante attachée autour du cou. Je vous mens. C'est peut-être arrivé mais dans ma cuisine, le "fan" au-dessus du poêle est vraiment très fort. Anyway.

Donc, les fajitas font mon bonheur et quand la poudre chili vient rejoindre la fête dans le poêlon, se collant à tous et à toutes, les enrobant d'une mince couche rosée, je suis souvent ému. Les odeurs qui remontent, les piments suffoquants me criant d'arrêter le feu, je suis peut-être sadique mais ce moment est pour moi l'équivalent des préliminaires avant la relation sexuelle. Ils savent que je les aurai mais je les fais languir encore un peu. "Allez, nous sommes prêts, viens vers nous" qu'ils me crient de leurs voix excitées. Nan, pas tout de suite...

Je voue une religion aux fajitas, y compris au moment de mettre un peu d'eau sur les pains avant de les mettre au four quelques minutes. Et là, l'équilibre est mince. La concentration doit être parfaite. Je me tiens souvent à genoux, devant la fenêtre pleine de crasse impossible à laver du four, et je guette, je guette. Parfois, mes enfants viennent me voir, essayant de me parler ou voulant jouer avec moi mais je les repousse. C'est mon moment, celui que j'attends depuis un mois. Blondinette comprend et les amène ailleurs. Quand j'attends ainsi, dans ma quête de la perfection, je n'ai plus d'enfants, plus de conjointe. Que les fajitas et moi.

Quand enfin, ils se retrouvent dans mon assiette, et que j'ai toujours mis trop de mélange dedans, et qu'ils dégoulinent, tentant de se sauver de leur destin car ils n'ont pas vu la fourchette à côté de mon assiette, je me dis, juste à ce moment précis, que les fajitas ne sont vraiment pas une bouffe de première "date".
Bon appétit!

samedi 15 mars 2008

L'après-choc

Un gars de 39 ans, père de deux fillettes. Plus de gars de 39 ans, deux fillettes sans père. Voici les conséquences d'une fin de vie en quelques caractères.

L'Ex arrive à l'appartement du gars accompagnée de ses deux fillettes, inquiète. Plus de deux mois sans nouvelles, des rumeurs qu'il avait recommencé à consommer et surtout sa fragilité qu'elle avait côtoyée au quotidien durant quelques années. Un mélange explosif, ou plutôt implosif.

La porte est barrée et son instinct lui crie de téléphoner à la police. Pour une fois, elle suit son instinct. La porte s'ouvre et voilà le gars pendant au bout d'une corde qu'il aura passé une vie à tresser, puis à étirer. Une corde comme un lien entre la vie et la mort. L'histoire ne dit pas si les fillettes ont aperçu leur père ou non. Quelque chose de certain, elles n'ont pas vu leur papa.

Très libéral de nature, le suicide m'affecte moins que la plupart des gens. Même que je le respecte en temps normal. Je le vois parfois comme une longue décision bien murie, lorsqu'il ne vient pas d'un coup de tête. De toute façon, qui suis-je pour juger de tout ça? Je ne connais même pas le gars, n'ai jamais vu ses fillettes de ma vie et ne les verrai jamais. Qui suis-je, je le répète, pour juger de ça?

Que le père de deux fillettes qui ont besoin de lui. Qui viennent le coller chaque matin, qui lui lavent les cheveux lorsque je leur donne le bain le soir, qui font des calins à faire fondre le coeur, qui lui disent des "je t'aime gros comme..." qui recousent les trous dans le coeur.

Et ce que je vois dans cette histoire, c'est l'après-choc. C'est deux fillettes qui se demanderont toute leur vie si elles étaient assez belles pour qu'on veuille bien rester auprès d'eux. Deux petits bateaux qui ont perdu leur phare et qui se cogneront peut-être contre tous les récifs. Pourvu qu'elles ne prennent pas l'eau... Leur tsunami, ils viennent de le prendre plein la gueule.

Ne reste qu'à espérer qu'ils trouveront quelqu'un pour leur dire que ce n'est pas eux que leur père a abandonnées mais tout le reste.

Alors, pour deux petites poulettes que je ne connais pas, une chorégraphie de Mia Michaels qui s'imagine sa rencontre avec son papa au ciel...

jeudi 13 mars 2008

La tache

Situation fictive:
Moi et Blondinette marchons dans la rue. Une femme vient à notre rencontre, accompagnée d'une amie, peut-être sa soeur. Elle a une tache de confiture bien visible sur sa joue. Blondinette lui dit, question qu'elle puisse l'essuyer. Elle lui répond:
-Je le sais!
Son amie la regarde et cherche la tache, pourtant bien visible sur sa joue.

Situation réelle:
Moi et Blondinette, qui avons pris congé ensemble afin de fêter ses 33 ans, allons chez Subway ce midi afin d'aller se chercher à dîner. Sur une pancarte jaunie par le temps, écrit en lettres de six pouces: "Demendez-nous notre choix de sauces". Blondinette lui fait remarquer qu'il y a une énorme faute sur sa pancarte, afin qu'elle puisse la corriger. La préposée lui répond:
-On le sait!
L'autre préposée regarde à plusieurs reprises, cherchant la faute pourtant bien visible.

Je ne sais pas ce que je trouve de plus absurde dans cette histoire...

mardi 11 mars 2008

Un En Saignant à la maternelle (5e station)

Cinquième station: En Saignant se fait aider à porter sa croix

Ça y est, le grand jour était finalement arrivé. Ma première heure seul avec mon groupe de maternelle qui ressemblait, dans ma tête, à ma dernière heure dans le monde de l'enseignement. Si jeune pour un suicide professionnel...

-Es-tu certain que ça va aller? me demanda ma maître-associée.

-Bien oui, ne me dis pas que ça t'inquiète! lui répondis-je.

-Non, non... les pansements sont dans le troisième tiroir et mon cellulaire est ouvert. Bonne fin d'avant-midi! me lança t'elle, en embrassant chacun des élèves en leur rappelant comment elle les aimait, une larme à l'oeil.

Bon! Enfin seul avec eux. C'était facile, un atelier tout simple qui consistait à placer des dessins représentant des éléments de différentes saisons dans la bonne pochette. "Ils réussiront celà les deux doigts dans le nez", pensai-je en observant Potelé qui en avait justement trois de rentrés dans la narine gauche.

-Allez, tout le monde, on vient s'asseoir! criai-je de ma voix enthousiaste.

-En Saignant sent le vomi! entendis-je.

Je fis comme si je n'avais rien entendu car je ne savais pas qu'elle était le rime de l'enseignante avec cette expression-là. Plusieurs expressions me faisaient hésiter: "Le vomi, par la sortie!", "Tout ce qui pue, dans la rue!" ou encore, "Tout ce qui remonte, à la dompe!"

-Allez, hop! Au cercle des sentiments avant que j'en exprime un! criai-je.

Deux ou trois frimousses entendirent et vinrent s'asseoir, vous l'aurez deviné, sur mon genoux gauche, sur mon genoux droit et l'autre aggrippé sur mon cou en appuyant bien ses mains sur ma pomme d'Adam. Ce qui me donna une voix un peu bizarre, un peu comme un Winnie the Pooh. Une voix qui vient des profondeurs, comme Pierre Bruneau qui lit ses malheurs. Les enfants trouvèrent celà très drôle, m'imitant tous à tour de rôle, dans une cacophonie épouvantable. Ceux qui étaient restés plus loin s'approchèrent, invités par leurs amis pour venir voir le "freak-show". Enfin, je les tenais.

Je commençai donc mon activité, muni de mes cartons dans mes mains.

-Bon, les namis, nous allons jouer à un jeu. Est-ce que ça vous tente?

-Oui!!! Moi, je veux jouer aux Barbies! dit une petite fille qui se leva aussitôt.

-Moi, aux blocs, dit un petit garçon aux lunettes immenses qui se leva, trébucha sur son lacet détaché, se releva, trébucha sur les jambes étendues de la voisine, se releva à nouveau et courut trébucher plus loin.

Tous les élèves se levèrent ainsi, m'annonçant le jeu qu'ils avaient choisi. Je restai seul avec Potelé, qui respirait difficilement à cause de la pression mise sur son bedon plié en deux.

-Toi, Potelé, as-tu envie de jouer à un jeu? lui demandai-je.

-Boffffffffffffff, me répondit-il avec le son d'un ballon qui perd de l'air.

Je regardai le groupe, chacun occupé à son activité et je me trouvai bon pour la première fois du stage. J'avais réussi à organiser une activité structurée et à placer chaque élève au bon "atelier". Pour la première fois, je me sentais à ma place. J'étais devenu Pré-En-saignant, heureux propriétaire de 18 enfants qui totalisaient 90 années de vie. Tant pis pour l'activité que j'avais pris plus de trois heures à bâtir la veille, n'était-ce pas dans la spontanéité que l'on reconnaissait les meilleurs titulaires?

L'enseignante revint au bout d'une heure et me retrouva bien écrasé dans mon fauteuil, les deux pieds sur Potelé qui était rendu à quatre pattes, après 25 minutes d'effort pour se remettre debout.

-Qu'est-ce que tu fais? me demanda t'elle.

-Regarde autour de toi, ils sont en plein processus de création, ne trouves-tu pas celà touchant? lui dis-je, ému.

-Non, les pieds sur un élève, tu es confortable au moins? me demanda t'elle, s'inquiétant de mon sort.

-Oui, oui, ne t'en fais pas! lui répondis-je.

Ah, la belle vie...

Bientôt, la sixième station: Une femme pieuse essuie le visage d'En Saignant.

lundi 10 mars 2008

Trou Noir

Un trou noir se forme lorsque la force de gravité est suffisamment grande pour dépasser l’effet de la pression, chose qui se produit quand l'astre progéniteur dépasse une certaine masse critique.

Il y a bien deux jours que j'y suis tombé. Pas de grandes raisons mais une foule de petites, sans prétentions. Deux jours que j'ai quitté ma maison sans vraiment la quitter, comme un homme sait si bien le faire. S'absenter en restant présent de corps, attiré vers le néant.

Koala et Loutre regardent à travers moi, semblant me chercher, ne sachant plus où trouver Papa-Clown, ne trouvant que Papa-dans-la-Brûme. Leurs yeux déçus devraient suffir à me faire revenir, non? Non. Les trous noirs, ils nous aspirent et nous laissent ressortir quand bon leur semble, il semble bien.

Dans ce cas, plus aucune force connue ne permet de maintenir l’équilibre, et l’objet en question s’effondre complètement.

Plus de plaisir, plus de fou-rires, plus de chatouilles, plus de grenouilles qui sautent sur mon bedon, qu'un vide qui se remplit de "petits rien tous noirs bordés en gris". L'équilibre tombe et revoilà Blondinette qui tient le fort pendant que je m'affaiblis. Tiens bon ma belle, juste un peu encore, le temps que je touche le fond pour y prendre élan et remonter.

Une question cruciale à propos des trous noirs est de savoir sous quelles conditions ils peuvent se former.


Chercher les raisons, dans ces moments précis, me font descendre plus profondément dans mon antre et la lumière s'y fait plus rare. L'air est à peine respirable et lorsque j'en prends une trop grande bouffée, je m'étouffe.

Au centre d’un trou noir se situe une singularité gravitationnelle. Pour tout type de trou noir, cette singularité est « cachée » du monde extérieur par l’horizon des événements.

Les indices se retrouvent sur ce blog. Essayer d'être drôle quand le coeur n'y est plus, comme dans le billet d'aujourd'hui. Essayer d'inventer une histoire pour la Loutre: une grenouille qui pète si fort qu'elle vole plus haut que les oiseaux avant de tomber dans la mer et résister à l'envie de la noyer, afin qu'elle continue, à travers ses yeux d'enfant, à avoir un papa amusant. Maintenir l'image à tout prix, pour le bien de tous, pour mon malheur à moi.

Au bout d'un temps incommensurablement long, les trous noirs finissent par libérer l'information qu'ils ont emprisonnée.

Alors, ne vous inquiétez pas. Je reviens bientôt avec la suite de l'histoire quand mon coeur et ma tête seront de nouveau sur la même longueur d'ondes. Peanut n'a qu'à bien se tenir car quel enseignant voudrait qu'elle termine l'histoire en ayant le dessus sur lui? Ouais...


p.s. Vous voulez savoir quoi? Au moment-même où je m'apprête à mettre ce billet en ligne, ma Loutre arrive dans la chambre et, sans aucune création de ma part, en voici le contenu mot à mot:

En Saignant: Qu'est-ce que tu fais?

Loutre: Je voulais juste te dire quelque chose.

En Saignant: Quoi ma chérie?

Loutre: Je t'aime plus que tous les bonbons de la Terre.

En Saignant: (soupir)

Loutre: Et je veux que demain, tu viennes me réveiller.

En Saignant: Bonne nuit.

Loutre: Bonne nuit Papa.

Comme quoi, même au fond du trou noir, des étoiles en pyjama rose et au coeur gros comme l'Univers peuvent parfois être aperçues.

Un En Saignant à la maternelle (4e station)

L'inspiration de ce billet vient des doutes de Bagoo sur son "orientation pédagogique".

Ce n'est pas de ma faute. C'est la faute de l'U.Q.A.M. Obliger les futurs enseignants à aller faire un tour dans la jungle préscolaire pour plus d'un mois, ça pouvait sembler une bonne idée pour la plupart mais pas pour le principal intéressé. Vraiment pas. Résumé d'un chemin de croix.

Quatrième station: En Saignant rencontre sa Très Sainte Mère

Donc, après quelques jours de stage, voici l'étendu des dégats: des odeurs suspectes, des postillons dans les cheveux d'une élève, une gomme avalée de travers, des liquides corporels plein le corps, une morsure sur le bedon et des blessures corporelles légères causées à quelques enfants. J'étais un peu découragé par la direction que prenait ce stage et demandai à mon maître-associé si je pouvais aller aux toilettes.

-Pas besoin de me le demander, tu es grand, tu peux y aller tout seul. À moins que tu aies besoin de quelqu'un...

Peanut, assise sur ses genoux, fut prise d'un fou rire que j'entendais encore lorsque je quittai la classe.

Je marchai dans les corridors déserts de l'école. La seule présence qui m'accompagnait était l'écho de mes pas. Les murs "jaunes rhume" contrastaient de façon quelconque avec les tuiles vertes forêts du plancher. Heureusement que les moulures noires en ciment venaient embellir le tout.

Je pris le premier corridor à gauche, le deuxième à droite et m'aventurai vers une section de l'école que je n'avais jamais visité encore. Les fenêtres dans les portes des classes me montraient des élèves assis derrière leurs bureaux, écoutant les enseignants. Mes yeux se remplirent de larmes. C'était ÇA, l'enseignement. Pas des minuscules-culs qui sautent sur nous à la moindre occasion.

Je continuai mon chemin quand j'entendis "PSSSTTTTT", venant d'une classe située au bout du corridor. Je m'approchai d'un pas discret. C'est alors que je vis une tête sortir d'un casier. Une tête énorme avec des lunettes tellement épaisses qu'un alcoolique y aurait vidé son cognac.-Viens voir, j'ai quelque chose à te montrer! C'est par ici!

Je suivis cette femme qui aurait pu avoir quarante comme cinquante-cinq ans, allez savoir. Il y a de ces gens qui n'ont pas d'âge.

J'entrai dans une classe peinte en vert et jaune fluo. Elle était habitée par une faune comme je n'en avais jamais vu. Des adultes qui semblaient tout ce qu'il y a de plus normal mais qui faisaient des choses complètement bizarres.

Deux jouaient au Monopoly sans dés ni cartes, se contentant de déplacer leurs doigts sur le plateau. Un autre qui, à l'aide d'un tournevis, s'amusait à faire le tour des chaises et des bureaux de la classe afin d'en vérifier la solidité. Enfin, une autre enfilait des chandails les uns par-dessus les autres. Elle en avait maintenant six, suait à grosses gouttes et se préparait à en enfiler un septième.

-Qui sont-ils? demandai-je.

-Et toi, qui es-tu? me demanda t'elle.

-En Saignant, stagiaire dans la classe de maternelle.

-Tu crois? me demanda t'elle.

-...

Je la regardai. Elle me regarda, les yeux hagards à travers ses lunettes. Elle avait cet air qui me faisait douter de son étât de conscience. Je sortis du local rapidement, sans regarder en arrière, me promettant d'y revenir en inventant une autre raison pour quitter la classe.

Alors que je parcourais le corridor en sens inverse, j'entendis une case s'ouvrir. Je regardai et vit disparaître le personnage dedans, la porte se refermant derrière elle.

Je passai par les toilettes pour prendre un bout de papier brun que je mouillai et dissimula dans ma main, sous mon chandail dont je laissai pendre la manche et rentrai en classe.

L'enseignante était assise par terre, entourée des élèves qui chantaient une chanson. Peanut était seule dans le coin des poupées. Je m'approchai d'elle discrètement, sans qu'elle me voit. Je sortit le papier et lui essuya la bouche avec, sans qu'elle eut le temps de réagir. Le fromage à la crème qu'elle gardait depuis le matin disparut aussitôt. Elle me jeta un regard qui aurait fait trembler de peur le plus dur des directeurs d'école. Je me retournai, ravi et alla rejoindre le groupe.

Alors que nous commençions le troisième couplet de "Trois Petits Chats", au deuxième "Paillasson-son-son", pour être plus précis, une petite main me tapocha sur l'épaule. Je me retournai et vit Peanut avec une nouvelle couche de confiture au-dessus des lèvres, un sourire victorieux à la bouche. Sourire qui disparut lorsque Potelé lui saute dessus pour lui lécher le visage.

Je ne comprenais plus rien...

Bientôt, la cinquième station: En Saignant se fait aider à porter sa croix.

dimanche 9 mars 2008

Un En Saignant à la maternelle (3e station)

L'inspiration de ce billet vient des doutes de Bagoo sur son "orientation pédagogique".



Ce n'est pas de ma faute. C'est la faute de l'U.Q.A.M. Obliger les futurs enseignants à aller faire un tour dans la jungle préscolaire pour plus d'un mois, ça pouvait sembler une bonne idée pour la plupart mais pas pour le principal intéressé. Vraiment pas. Résumé d'un chemin de croix.



Troisième station: En Saignant tombe sous le poids de sa croix



Maintenant, c'était pour de vrai. Plus question de reculer. Ma maître-associée héritait maintenant d'un nouvel élève à temps plein. Finies, les petites saucette par ici et par là. Ma torture devenait maintenant permanente. Ça fait mal? Attendons demain, et l'autre demain...



Dans notre dernière rencontre pré-stage, notre superviseur nous avait demandé à tour de rôle comment s'était déroulé la première journée. Mon tour arriva bien assez rapidement.

-Disons que ça a été tout un choc! lui répondis-je.

-Quelle sorte de choc? avait demandé l'homme devant qui je m'éfondrerais quelques semaines plus tard.

-Un choc comme celui qu'on reçoit assis sur une chaise électrique, je crois bien!



Tout les filles avaient ri, comme il m'arrivait de réussir à l'occasion. Pas lui. Il m'avait regardé et j'ai pu lire dans ses yeux que je commençais avec un B en partant et que ça ne pouvait que descendre.



Donc, assis avec mon manteau de minuscules-culs sur moi dans le cercle des sentiments, je faisais face à l'enseignante qui expliquait dans les plus minuscules détails les ateliers de la journée à SON groupe. Je réfléchissais à mon attitude envers eux et à la façon de me faire accepter dans le groupe sans devenir l'ami. De toute façon, ils me semblaient bien matures pour moi. Lorsque l'enseignante dit:

-Quelle serait la meilleure façon de souhaiter la bienvenue à notre nouvel ami? Quelqu'un a une idée?

Peanut leva la main tout en se léchant la lèvre supérieure remplie de confiture. En la regardant, je savais qu'elle savait que je savais. J'avais compris son petit manège et ses yeux devinrent inquiets.

-Oui, Peanut.

-Lui mettre une robe et du rouge à lèvre? dit-elle.

-Mmmmmhhh, je ne crois pas que ce soit une bonne idée ma chérie. Les hommes ne portent pas de robes, répondit le professeur.

-Mais, Madame, vous savez....

-Oui, je sais mais ce n'est pas le moment d'en parler, ok? la coupa t'elle.



Quoi? À qui fait-on des cachoteries? À moi? Combien de temps pour être dans la gang?



-Quelqu'un d'autre a une idée?



Potelé leva la main, découvrant son nombril au passage.



-Oui, Potelé?

-On pourrait faire un sandwich.



Bonne idée, j'avais faim. Je n'avais pas pu avaler une bouchée ce matin car j'étais trop nerveux. Oui, un bon sandwich aux viandes froides garnie de laitue et de tomates.



-Oui, pourquoi pas? répondit l'enseignante. Vous êtes prêts?



Ils s'accoupirent tous, me fixant de leurs yeux minuscules, comme des chats qui ont aperçu un gros oiseau. Les secondes qui suivirent me parurent tellement longues...



-Allez-y, sandwich! s'écria l'enseignante.



La meute de minuscules-culs, certains sentant bon et d'autres moins bon me sautèrent dessus. Tous les liquides corporels semblèrent m'atterir dessus en même temps. Mais bon, ce n'était pas si désagréable que ça, non? Une façon comme une autre de briser la glace. Pour les faire rire, je me relevai après de multiples efforts, en échappant deux ou trois au passage, dont Potelé qui n'avait pas la force requise dans ses bras pour supporter le poids de son bedon.



Je me mis à marcher, sans rien voir dans la classe, mais entendant clairement le rire de l'enseignante. J'étais en train de me dire que tout irait bien quand soudainement, je sentis quelque chose sur mon bedon. Comme une piqûre au début, mais allant en s'accentuant. La douleur devint en trois secondes insupportables. Mon corps se pencha par en avant d'un coup sec, envoyant quelques bambins voler dans la pièce. Le son que faisaient les petits corps qui tombaient au sol me laissaient présager le pire mais je m'en foutais. Je voulais seulement arrêter de souffrir.



Pendant que l'enseignante était occupée à ramasser et à consoler les victimes de l'effroyable stagiaire des neiges, je levai mon chandail et apperçut une trace de morsure sur ma bédaine, juste à droite du nombril. Je saignais presque. Lorsque je rabaissai mon chandail, je vis qu'il était souillé de... confiture!



Je jetai aussitôt un regard vers Peanut, qui me dévisageait un sourire aux lèvres, en se léchant les babines. Je m'approchai d'elle et lui murmurai, à travers les pleurs des autres enfants:

-Je t'aurai, je connais ton secret, et tu ne m'intimideras pas.



Elle me fixa, sans arrêter de sourire et me dit:

-Bienvenue en enfer.


Bientôt, la quatrième station: En Saignant rencontre sa Très Sainte Mère.

samedi 8 mars 2008

Un En Saignant à la maternelle (2e station)

L'inspiration de ce billet vient des doutes de Bagoo sur son "orientation pédagogique".



Ce n'est pas de ma faute. C'est la faute de l'U.Q.A.M. Obliger les futurs enseignants à aller faire un tour dans la jungle préscolaire pour plus d'un mois, ça pouvait sembler une bonne idée pour la plupart mais pas pour le principal intéressé. Vraiment pas. Résumé d'un chemin de croix.





Deuxième station: En Saignant est chargé de sa croix





C'était le matin de la première rencontre. Le contact devait se faire vers les 8h00 du matin mais il y avait un grave problème. En fait, tout mon corps avait un grave problème. Il y avait eu un party la veille. Que dis-je, un party? Le party d'entre tous les partys. Et j'avais fait ma part pour l'animer, croyez-moi.





Le cadran sonne vers les 6h00 du matin, je suis couché dans mon lit, n'osant pas faire un geste. Mes yeux sont collés et je sens que ça ne va pas. Pas assez de sommeil, pas assez de temps passé entre la dernière consommation et le réveil. Je n'ai pas le choix, je me lève. Je pars aussi vite en diagonale, d'un pas chancelant et m'écrase dans le fauteuil de mon un et demi. Des sueurs apparaissent sur mon front. Je dois emprunter le Pont Jacques-Cartier. La diagonale m'ammène droit vers les montagnes russes de la Ronde. Je trouve l'idée drôle.



Je prends une douche, déjeune mais évite à tout prix la cigarette. Habituellement, je fume à jeûn mais là, je n'ose pas. Je laisse encore passer du temps. Je me rince la bouche au moins dix fois avec du Scope et celà semble donner un effet.




J'embarque dans la Saignantmobile et commence mon périple. Mon corps me suit environ un coin de rue en retard, ma tête est encore dans mon lit.





-Ce n'est pas grave, ils sont jeunes. Ils ne s'apercevront de rien. Pour l'odeur, ils croiront que c'est le voisin qui a pété et ils pèteront à leur tour. Ils trouveront celà drôle. Pour la marche en diagonale, ils croiront que je suis un clown et les minuscules-culs, ils adorent les clowns. Succès assuré!, me disais-je.




Sans trop réfléchir, je m'allume une cigarette et la tête se met à me tourner dans tous les sens. Je la jette aussitôt par la fenêtre et me met à regretter amèrement la soirée au bar. Pourquoi étais-je le seul à rencontrer son groupe le lendemain?




En garant ma voiture, à l'heure, je me rends compte que l'odeur remonte des profondeurs. Le Scope a des limites, surtout face à de multiples shooters dans l'estomac. Heureusement, j'ai de la gomme et en prend une.




Ma maître-associée m'accueille, je lui dis bonjour sans la regarder, tentant de lancer mon haleine vers la porte des toilettes située juste à côté. Elle m'invite à venir chercher les enfants avec elle par la porte de côté. Je la suis, ce ne peut pas être si pire que ça après tout. N'existe t'il pas une bonne poignée d'hommes enseignants en maternelle parmi les milliers de profs de la province?




Le troupeau entre, suivant le berger. Des pupilles tournées vers moi, des sourires qui s'accrochent aux lèvres. Ça va bien aller, je crois bien.





L'enseignante m'invite à m'asseoir en cercle avec les "namis". Les "namis"? C'est bizarre, dans l'univers où j'habite, mes "namis", ils ont 30 ou 40 ans. Anyway... Je m'asseois donc en cercle et aussitôt, j'ai une fillette qui vient s'asseoir entre mes jambes croisées, un garçon qui prend mon bras gauche et un autre qui renifle qui m'attrape le bras droit. N'en manque qu'un dans mon dos et... ah, le voilà! Y'a t'il déjà quelqu'un qui a mis les mots pudeur et petite-enfance dans la même phrase?





-Tu vois, ils t'aiment déjà! me lance t'elle.



-Oui, je vois, ne sachant plus par où respirer.



-Enseignan-an-an-te! dit une petite fille avec une lèvre supérieure peinturée de beurre d'arachide du matin.



-Oui, Peanut.



-Le monsieur, il a un shwing.



-Un quoi? dis-je, en regardant vers mon pantalon, un peu inquiet. Je remarque aussitôt que tout a l'air tranquille par là.



-Un quoi? répète l'enseignante.




-Un shwing-homme.




-Un quoi? dis-je.




-Un quoi? répète l'enseignante.




On aurait dit une famille de corneilles. Et après, nous dirons que ce sont les enfants qui sont les rapaces.




-Un che-wing-gum! épelle la petite.




-En Saignant, as-tu une gomme à mâcher? me demande ma maître-associée.




-Non, elle a dû mal voir, tu sais, les enfants et leur imagination... lui répondis-je.




Peanut prend une lèche sur ses lèvres (elle l'a fait exprès ce matin, j'en suis certain, pour pouvoir manger toute la journée!), me regarde les sourcils froncés et semble accepter la situation.




Je ne fais ni un, ni deux, j'avale ma gomme du mieux que je peux, mais elle ne passe tout simplement pas. Elle reste bloquée dans ma gorge. Je commence à tousser et tousser à propulser mes poumons à vingt mètres, éclaboussant les cheveux de ma cavalière devant moi.




-Ouach, c'est dégueulasse! s'écrie t'elle en se relevant.




-Comme du pipi de souris! crie un petit morveux.




-Ou du caca de chat! crie un autre.




-Qu'est-ce que j'ai dit sur le pipi et le caca? demande l'enseignante.




-LE PIPI ET LE CACA, C'EST PAR LÀ! crient les enfants, pointant de leurs petites mains la porte des toilettes.




J'ai arrêté de tousser, j'ai des sueurs plein le visage, le goût de la téquila qui remonte...




Le reste de la journée se passe sans autre anicroche majeure. À la toute fin, alors que les enfants viennent de quitter, l'enseignante s'approche de moi.




-En Saignant, j'aimerais te parler de quelque chose, me dit-elle doucement, comme seule une enseignante de préscolaire et PMT sont capables de le faire.




-Oui, je sais, c'est l'odeur, hein? Ce n'est vraiment pas mon genre de sortir lorsque je suis en classe le lendemain, vous savez? Mais c'était une belle soirée et bon... Mais ne vous en faites pas, ça ne se reproduira plus, promis. Vous pensez qu'ils s'en sont apperçu?




-Euh.... Je voulais juste te dire que je l'avais vu, moi aussi, la gomme, me dit-elle.




Soupir... Combien de jours, le stage?




Bientôt, la troisième station: En Saignant tombe sous le poids de sa croix

vendredi 7 mars 2008

Un En Saignant à la maternelle (1ère station)

L'inspiration de ce billet vient des doutes de Bagoo sur son "orientation pédagogique".


Ce n'est pas de ma faute. C'est la faute de l'U.Q.A.M. Obliger les futurs enseignants à aller faire un tour dans la jungle préscolaire pour plus d'un mois, ça pouvait sembler une bonne idée pour la plupart mais pas pour le principal intéressé. Vraiment pas. Résumé d'un chemin de croix.

Première Station: En Saignant est condamné à mort


Il y a de ces détails qui vous échappent. La plupart du temps, les plus importants. Votre copine vous envoie à l'épicerie acheter des olives noires, un oignon rouge et un concombre et vous enregistrez le tout mais lorsqu'elle vous chuchote qu'elle a envie de vous faire l'amour pendant une échappée de Kovalev, oups... hors-jeu.


Donc, je savais que nous aurions des stages à faire durant notre bac. C'est normal, il faut bien s'approcher de ces petites bêtes pour connaître leurs habitudes, leur odeur, leurs sons. Mais un bon six à huit semaines ont passé avant que j'apprenne que notre deuxième stage devait OBLIGATOIREMENT se passer avec les minuscules-culs, plus petits que les ti-culs. Ouch.


-En Saignant, on dirait que tu viens d'apprendre que tu as une bactérie mortelle! me lance une confrère.

-Si tu parles de vingt-quatre minuscules bactéries qui morvent, qui reniflent, qui crient, qui pleurent, alors oui, c'est ce que je viens d'apprendre, lui réponds-je.

-Bien voyons, ça ne peut pas être si pire que ça!

-Wait and see, darling!



Pas de minuscules-culs comme voisins, comme cousins, comme neveux, rien. Aucune expérience auprès de cette faune microscopique. Je ne les ai même jamais regardé au microscope. Ce qui m'effraie, j'ai tendance à m'en éloigner, alors je m'en tiens loin. Plus pour longtemps...

Mon oncle à l'époque était directeur général d'une commission scolaire pas trop loin de Montréal. Ma mère me convainc donc de faire appel à ses services pour trouver un stage. Un lobbying soft avec une fin hard. Il me déniche une femme originale, gentille comme tout. Je la rencontre.

-Je ne prends plus de stagiaire depuis quelques années déjà mais je fais un spécial pour toi, me dit-elle.
-Merci, et je sens la pression gonfler mon ballon.
-Des garçons en maternelle, c'est tellement rare, rajoute t'elle.
-Oui, c'est vrai. Et la balloune gonfle encore un peu.
-J'ai vraiment hâte, tu m'as l'air de quelqu'un de bien, dit-elle encore.
-Merci.

Je suis vraiment prêt à éclater. Pourquoi tant d'attentes? Peut-être qu'intérieurement, elle savait que j'allait être son dernier stagiaire. Un gros-cul à éduquer parmi ses minuscules-culs...



C'est ainsi que mon calvaire a commencé. Et vous pensiez que Schwarzenneger était drôle? Attendez voir...



Bientôt, la deuxième station: En Saignant est chargé de sa croix

mercredi 5 mars 2008

Allégorie prétentieuse sur la vie, la mort, le bonheur et le malheur

Il y a bien longtemps, dans un village hors du temps et de l'espace, vivait un homme seul.

Il avait les cheveux noirs et le tein foncé. Il s'habillait toujours de longs habits foncés où la lumière venait s'éteindre. On l'avait surnommé "La Mort".

La Mort avait triste réputation au village. En effet, il semblait toujours être présent lorsque des évènements malheureux se produisaient. Si ça n'avait été que ça, il aurait vécu comme tout le monde mais il y avait plus. Lorsqu'un villageois perdait la vie, il était toujours là à ses côtés, le tenant par la main, une larme coulant sur sa joue. Ses compatriotes finirent par se méfier de lui et personne ne voulut le recevoir chez lui.


Un jour, en revenant de la chasse, il l'apperçut. Elle était vêtue d'une robe fleurie et elle sentait la lavande. Ses cheveux, blonds comme les prés, dansaient sous les airs d'une douce brise. Elle lui sourit. Et pour la première fois, il eut envie d'autre chose que d'assister au dernier soupir d'un paysan. Il la surnomma "La Vie".


Les deux tombèrent follement amoureux et, après quelques semaines de fréquentation seulement, se marièrent. Alors que les hommes du village se mirent en rang pour danser avec la mariée, dans l'espoir d'entendre son rire doux qui savait faire sourire les coeurs de pierre et de roc, aucune femme ne voulait danser avec La Mort. Il se tenait à l'écart, guettant du coin de l'oeil l'aînée du village qui tremblait sur sa chaise. Il s'en approcha à pas feutrés, lui prit la main en esquissant un sourire et lorsqu'elle le vit, elle lança un dernier soupir. Ce fut la fin de la fête.


La Vie tomba enceinte rapidement, plus rapidement que les moeurs le permettaient. Les gens du village commencèrent à répandre la rumeur que le mariage s'était peut-être consommé avant même d'avoir eu lieu. Mais peu à peu, un changement se produisit.


La Mort, trop occupé à rendre La Vie confortable cessa de rendre visite aux vieux du village. On ne le vit plus rôder aux frontières de la route ou près des pics des montagnes. La Mort épargnait tout le monde de sa présence et personne ne s'en ennuyait. On se mit même à le saluer de loin lorsqu'il descendait du bois mais lui se gardait bien de leur rendre leur salut. Il n'avait de pensée que pour sa Vie et le bonheur qu'elle faisait apparaître dans la maison.


Neuf mois passèrent et La Vie donna naissance à deux jumeaux. Deux beaux petits garçons qui s'attachèrent rapidement à leur mère. Dans leurs yeux se voyait toute la bonté du monde. Les gens coururent de partout pour prendre dans leurs bras ces êtres fragiles qui distribuaient généreusement les sourires.

Toute leur attention dirigée vers la beauté exceptionnelle des deux enfants, ils ne s'apperçurent pas de l'état de La Vie, qui suait à grosses gouttes sur son lit, La Mort à ses côtés.

Les semaines passèrent et un bon matin, alors que des femmes avaient ammené les jumeaux au loin, La Vie s'addressa à La Mort de sa voix printannière.

-Prends-moi la main, veux-tu? Je suis fatiguée d'avoir mal.
-Non, je ne veux pas, dit-il d'une voix fatiguée d'avoir passé autant de nuits debout.
-M'aimes-tu? lui demanda t'elle.
-Tu sais très bien que je t'aime. Pourquoi me demandes-tu celà?
-Alors, prends moi la main, que j'habite en toi pour toujours.

Cela ne dura qu'un moment. La Mort tremblait de tous ses membres, des sueurs perlant sur son front, des larmes coulant sur ses joues comme des torrents. Il l'embrassa doucement sur le front alors qu'elle rendait son dernier soupir.

Lorsqu'au village, on apprit la nouvelle, les gens furent outrés. Ils se dirent que ça avait été un erreur de laisser La Vie seule avec La Mort. On rendit rapidement les jumeaux à leur père et on lui ordonna de marcher, sans regarder en arrière, jusqu'aux frontières du village. Et de là, jusqu'aux frontières du pays. Et de là, jusqu'à la mer...

Il partit donc, chacun de ses fils sous les bras. L'un ne faisait que pleurer et quémander toute l'attention de La Mort à tout moment. Il le baptisa "Malheur". Le deuxième était tout discret, un léger sourire accroché au visage qui semblait y habiter en permanence. Il le nomma "Bonheur".

Sur une île où ils avaient trouvé refuge, les deux enfants grandirent et le père vieillit. Sentant la fin approcher, il leur demanda de venir le retrouver dans l'abris précaire qui leur servait de refuge.

-Partez par le premier vol d'oiseau qui survolera cette île, leur demanda t'il.
-Mais pourquoi, Père? demanda Malheur.
-Parce que c'est ainsi. Je dois terminer mon voyage dans ce monde seul, sans personne à mes côtés.
-Je ne comprends pas, dit de à voix basse Bonheur.
-C'est ainsi, c'est tout. On se reverra un jour, le dernier jour...

Ils quittèrent l'île et parcoururent le Monde à la recherche d'un endroit pour eux. Ils entraient parfois dans une maison, durant un dîner ou une soirée. Pendant que Malheur chantait et dansait pour séduire ses hôtes, Bonheur se faisait tout petit dans son coin et personne ne le remarquait. Parfois, une bambine de cinq ans lui demandait de venir jouer avec elle et il s'exécutait mais Malheur, cherchant toujours l'attention, s'assurait de venir y mettre son grain de sel.

Bonheur se tanna vite de ce petit jeu. Il quitta son frère, le persuadant qu'ils trouveraient une demeure plus rapidement séparés. Avec comme seule loi de ne jamais se retrouver ensemble au même endroit. Malheur accepta et partit d'un pas décidé.

Malheur habita trouva refuge dans de nombreuses familles, souvent pour très longtemps. Il s'adaptait très bien à chacune des maisons qu'il visitait et prenait alors toute la place.

Bonheur, de son côté, se risqua dans quelques demeures mais on ne semblait pas le voir. Il quittait alors le regard bas, s'ennuyant de sa mère et de l'amour de ses yeux.

Encore aujourd'hui, ils parcourent le Monde, l'un sonnant trois fois aux maisons pour y entrer et y faire la fête, l'autre cognant tout doucement sans que personne ne l'entende, cherchant encore quelqu'un qui saura ouvrir tout grand les yeux et lui ouvrir tout grands les bras pour le réchauffer et le garder près de lui.

Humour de relâche

(sur l'air d'une chanson connue)



Mercredi matin, le Boss, la psy, la secrétaire

Sont v'nus à l'école, en s'demandant quoi faire

Mais comme personne n'est là

La secrétaire a dit

Puisque c'est comme ça, nous reviendrons lundi



Excusez-là!

dimanche 2 mars 2008

Soirée de relâche

Qu'un papa, un Koala les deux pieds appuyés sur sa bédaine, une Loutre jouant avec ses doigts, Blondinette à ses côtés, un bol de pop-corn, "Lilo et Stitch" à la tévé.



Parfois, elles me pensent drôle.

Parfois, elles me pensent stressé.

Parfois, elles me pensent compliqué.



Ce soir, elles me pansent...